ARTICLE 14

Suppression du régime spécial de l'ancienne
chambre de commerce et d'industrie de Roubaix

Commentaire : cet article tend à l'absorption par le régime général du régime spécial de retraite de l'ancienne chambre de commerce et d'industrie de Roubaix.

I. UNE OPÉRATION DONT LES PARAMÈTRES SEMBLENT MAL CONNUS


Le régime spécial de retraite de l'ancienne chambre de commerce et d'industrie de Roubaix a été clos le 1er janvier 1967, à la suite de la fusion des chambres de commerce et d'industrie de Lille, Roubaix et Tourcoing intervenue en juillet 1996. Seuls les agents recrutés antérieurement à cette date continuent de relever de ce régime en voie d'extinction, le personnel embauché par la nouvelle chambre de commerce et d'industrie unique relevant du régime général de sécurité sociale.

La situation démographique exacte du régime spécial de l'ancienne chambre de commerce et d'industrie de Roubaix semble assez mystérieuse. Si l'on en croit le rapport fait par M. Denis Jacquet au nom de la commission des affaires culturelles et sociale de l'Assemblée nationale, il ne compterait plus que 9 cotisants 10( * ) . Si l'on en croit le rapport fait par M. Augustin Bonrepaux au nom de la commission des finances de l'Assemblée nationale 11( * ) , il comporterait " 6 actifs, 117 retraités et 119 futurs retraités". Enfin, si l'on s'en tient à la liste des régimes obligatoires de base de sécurité sociale présentée l'an dernier en annexe de la loi de financement pour 1997, en application de l'article LO 111-4 du code de la sécurité sociale, ce régime à géométrie variable comporterait 0 actifs cotisants et 111 retraités, dont 95 de droits propres. La charge annuelle des pensions du régime serait de 6,1 millions de francs.

Le présent article propose de supprimer, à compter du 1er janvier 1998, le régime spécial de l'ancienne chambre de commerce et d'industrie de Roubaix, ses ressortissants actifs et retraités étant affiliés au régime général et aux régimes de retraite complémentaires.

Les obligations contractées par l'ancienne chambre de commerce et d'industrie de Roubaix seraient transférées au régime général, dans la limite des propres règles de ce dernier pour l'âge d'ouverture des droits, la durée de cotisation et le montant maximal de la pension. La fraction des pensions excédant cette base servie par le régime général serait prise en charge par les régimes complémentaires.

Le bouclage financier de l'opération serait assuré, d'une part, par le versement d'une contribution, sorte de droit d'entrée, de la chambre de commerce et d'industrie de Lille-Roubaix-Tourcoing au régime général et, d'autre part, par des cotisations de celle-ci aux régimes complémentaires de retraite.

Le montant de la contribution "pour solde de tous comptes" au régime général, qui serait fixé par décret, devrait s'élever à 28,6 millions de francs, selon le ministère de l'emploi et de la solidarité.

Compte tenu d'une charge de pensions annuelle d'environ 6 millions de francs, ce montant correspond, en total non actualisé, à moins de 5 années de fonctionnement du régime existant.

Votre rapporteur pour avis relève que cette somme apparaît excessivement modeste, sauf à spéculer sur une espérance de vie fâcheusement courte des retraités de l'ancienne Chambre de commerce et d'industrie de Roubaix.

II. LA NÉCESSITÉ D'UN EXAMEN D'ENSEMBLE DES RÉGIMES EN VOIE D'EXTINCTION

Votre commission n'est pas opposée au principe de la mesure proposée par le présent article, car il est toujours souhaitable de simplifier la structure institutionnelle inutilement fragmentée de notre système de protection sociale.

Néanmoins, elle considère qu'il n'est pas de bonne méthode de procéder ainsi ponctuellement, sans bien connaître tous les tentants et aboutissants de l'opération, alors que le régime de l'ancienne chambre de commerce et d'industrie de Roubaix n'est pas le seul dans sa situation.

En effet, la liste des régimes obligatoires de base de sécurité sociale annexée au projet de loi de financement de l'an dernier montre qu'il existe, en dehors du cas particulier des 104 régimes spéciaux d'Alsace et de Moselle, 8 régimes spéciaux en voie d'extinction.

Le cas du régime de la SEITA est un peu à part,. car sa privatisation par la loi n° 94-1135 du 27 décembre 1994 s'est accompagnée du maintien de la garantie de l'Etat pour les retraites des personnels recrutés avant l'accès de cet ancien établissement public industriel et commercial au statut de société en 1980.

Cette garantie de l'Etat est posée par l'article 6 de la loi n° 84-603 créant une société nationale d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes. Elle se traduit par le versement d'une subvention budgétaire inscrite au budget des Charges communes. Le régime de retraite de la SEITA est le seul qui comporte encore des actifs cotisants, au nombre de 3.932 pour un effectif de retraités s'élevant à 11.004.

Mais, les autres "micro-régimes" spéciaux de retraite en voie d'extinction, parce que clos, sont dans des situations vraisemblablement comparables à celles du régime spécial de l'ancienne chambre de commerce et d'industrie de Roubaix.

Un examen d'ensemble de ces régimes s'impose donc, avant toute mesure ponctuelle.

Votre commission vous propose donc de surseoir, à titre conservatoire, à la suppression du régime spécial de la chambre de commerce et d'industrie de Roubaix et de demander au Gouvernement de présenter, à l'appui de la loi de financement de la sécurité sociale de l'an prochain, un rapport :

- analysant la situation de chacun des régimes spéciaux de retraite en voie d'extinction ;

- déterminant des règles communes pour leur éventuelle absorption par un autre régime de sécurité sociale ;

- et évaluant, pour chacun des régimes concernés, les incidences financières de leur absorption éventuelle.

Décision de la commission : votre commission vous demande d'adopter cet article dans la rédaction qu'elle vous propose.

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