III. LA POSTE

Après avoir connu une situation difficile en 1995, la santé financière de la Poste reste fragile.

La réforme de l'exploitant public et la restructuration nécessaire de ses activités interviennent alors que les perspectives de libéralisation européenne des services postaux restent encore incertaines.

A. LA SITUATION ACTUELLE

Le chiffre d'affaires de la Poste s'est établi à 81,2 milliards de francs en 1995 , en baisse de 0,5 % par rapport à 1994.

En 1996, le chiffre d'affaires atteint 83,5 milliards de francs décomposé en 63,4 milliards pour l'activité courrier et 20,1 milliards pour l'activité " services financiers ".

Le tableau ci-après présente les principales données chiffrées sur la situation de la Poste.

(en millions de francs)

1995

1996

Chiffre d'affaires

82,2

83,5

dont : . produits du courrier

61,22

63,48

.  services financiers

20,007

20,1644

Résultat financier

- 1,18

- 1,435

Endettement (moyen et long terme)

31,2

28,37

Charges financières

2,93

2,47

On observera que la Poste a poursuivi la réduction de son endettement en 1996, celui-ci étant passé de 36,2 milliards de francs à la fin de 1992 à 28,3 milliards de francs à la fin de 1996.

En revanche, le résultat courant reste négatif à - 571 millions de francs, alors qu'il était légèrement positif en 1994, après un exercice 1993 également déficitaire.

Cette évolution résulte d'une forte dégradation du résultat d'exploitation, passé de + 3,6 milliards en 1994 à 776 millions en 1996 et du maintien d'un résultat financier négatif (- 1,43 milliard de francs après - 1,23 milliard de francs en 1995).

1. L'activité courrier

Le chiffre d'affaires du courrier regroupe les activités courrier de la Poste et de ses filiales. L'augmentation du chiffre d'affaires courrier en valeur est de 2,3 milliards de francs par rapport à 1995. La hausse tarifaire de mars 1996 a généré un chiffre d'affaires de 1,8 milliard de francs.

La suppression de la franchise postale depuis le 1 er janvier 1996 se traduit selon La Poste par une diminution du chiffre d'affaires réalisé avec le grand compte " Etat " de l'ordre de 700 millions de francs qui s'explique essentiellement par les rationalisations mises en œuvre par les administrations dans la gestion de leur courrier.

La suppression de la franchise postale

A un paiement forfaitaire national, différé et global (de 3,25 milliards de francs en 1995) datant de l'Ancien Régime, est substitué, à compter du 1er janvier 1996, un système de paiement "au réel", délocalisé et immédiat.

Sur un plan budgétaire, rien n'est modifié pour l'Etat, si ce n'est un changement des règles d'affectation des crédits correspondants, désormais inclus dans les frais de fonctionnement de chaque ministère.

En revanche, la clarté et la transparence des relations entre l'Etat, ses différents services, et la Poste sont considérablement améliorées. En outre, des rapports de type "clients-fournisseurs" pourront être établis, en particulier à l'échelon local, ce qui doit contribuer à une meilleure responsabilisation des différents intervenants.

Pour les ministères

Un crédit de 3,25 milliards de francs a été inscrit au budget des charges communes de 1996 pour être réparti entre les différents ministères.

Après régulation budgétaire, ce montant n'est en fait que de 3,026 milliards de francs , montant qui a été reconduit dans le projet de loi de finances pour 1997.

Pour les collectivités territoriales

La franchise postale dont bénéficiaient les maires, les présidents de conseils généraux et régionaux au titre de leurs fonctions de représentants de l'Etat a cessé dans les mêmes conditions. A compter du 1er janvier 1996, ils doivent procéder à l'affranchissement de leur courrier.

La compensation de cette nouvelle charge pour les communes s'est traduite par un abondement en 1996 de la dotation globale de fonctionnement accordée aux communes de 97,5 millions de francs . Cette somme est répartie entre les communes au prorata du nombre d'habitants.

Par ailleurs, pour le courrier administratif des écoles dont la charge revient également aux communes, l'Etat a décidé de majorer la dotation forfaitaire des communes de 22 millions de francs , répartis au prorata du nombre des écoles primaires et maternelles situées sur le territoire des communes à la rentrée scolaire de 1994.

Au total, la DGF des communes a donc été majorée de 119,5 millions de francs en 1996.

Pour le courrier des présidents de conseils généraux et régionaux , la compensation par l'Etat s'est traduite par l'inscription d'un crédit supplémentaire de 87,41 millions de francs au profit de la dotation générale de décentralisation.

Enfin, l'aide au transport de la presse a été maintenue à 1,9 milliard de francs en 1996 et 1997, conformément au contrat de plan entre l'Etat et la Poste.

L'aide au transport de la presse

La Poste a transporté en 1995 environ 2.084 millions d'exemplaires de journaux et publications dont :

- 1.853 millions pour la presse éditeur ;

- 170 millions pour la presse associative ;

- 61 millions pour les publications administratives.

Cette quantité est pratiquement stable depuis 1990.

Le tarif préférentiel applicable au transport postal de la presse constitue une aide à la presse, mais aussi un manque à gagner important pour La Poste. Aussi, afin de compenser ce coût, l'Etat accorde un soutien budgétaire à la Poste. Le contrat de plan entre l'Etat et La Poste prévoit que cette contribution annuelle de l'Etat est fixée à 1,9 milliard de francs pour la période 1995-1997.

Cette somme est inscrite au chapitre 41-10 du budget de la Poste, des télécommunications et de l'espace.

Cette aide sera de 1,85 milliard de francs en 1998. Toutefois, un certain nombre de mesures ont été adoptées à la suite des travaux de la table ronde Etat-Presse-Poste mise en place à la fin de 1995.

Ces dispositions devraient permettre une évolution souple du dossier et un progressif rééquilibrage des charges incombant aux différents secteurs intéressés.

Accord conclu dans le cadre de la table ronde Etat-Presse-Poste

L'accord conclu le 4 juillet 1996 doit permettre une profonde rénovation des relations entre la presse et la Poste au cours des 5 prochaines années.

Les mesures adoptées sont les suivantes :

1. Un assouplissement de la réglementation du transport et de la distribution de presse interviendra d'ici la fin de l'année 1996 pour prendre en compte les évolutions technologiques intervenues, répondant ainsi aux voeux exprimés de longue date par la presse.

2. Tout en préservant certains principes de solidarité, notamment envers les publications à faible poids ou à faible ressources publicitaires, ces travaux ont permis de déterminer les principes d'une nouvelle grille tarifaire conformes aux voeux de la presse et de la Poste et qui favorisera ainsi la recherche de gains de productivité dans l'ensemble de la chaîne d'acheminement de la presse : linéarisation du tarif en fonction du poids, prise en compte du degré de préparation et du degré d'urgence.

3. A partir de 1997, une mesure de la qualité de service du transport et de la distribution de la presse par un organisme indépendant sera mis en place. Elle permettra d'analyser les variations de cette qualité et donc de l'améliorer à terme.

4. Une revalorisation de la contribution de la presse à son transport et à sa distribution de 50 % en francs constants en cinq ans interviendra, soit un effort supplémentaire annuel pour la presse de l'ordre de 8,7 %. La Poste s'engage parallèlement a améliorer sa productivité de 1,5 % par an.

Cet effort partagé contribuera à la maîtrise des déficits publics et rapprochera la contribution de la presse à son transport et à sa distribution des pratiques de nombre des partenaires européens.

5. Sans remettre en cause le bénéfice de l'aide pour l'ensemble des formes de presse qui en bénéficient actuellement, le taux d'aide au transport et à la distribution de presse sera modulé de manière à ce que la presse concourant prioritairement au pluralisme d'expression et à la démocratie bénéficie d'un soutien particulier.

2. Les services financiers

Le chiffre d'affaires des activités financières de la Poste a augmenté de 160.000 F en 1996. Ce résultat masque des variations importantes.

La rémunération des CCP a diminué de 900 millions de francs par rapport à 1995, le taux moyen de rémunération des CCP étant passé de 5,8 % en 1995 à 5,02 % en 1996, soit une baisse de 1,2 milliards de francs. Cette baisse a été en partie compensée par un effet volume de 3,65 % qui a rapporté 300 millions de francs à La Poste.

Le livret A a accusé une décollecte de 31 milliards de francs compensée par l'effet capitalisation d'intérêts. Une partie de cette décollecte s'est reportée sur les autres produits (LEP, PEP, Codévi, épargne-logement) qui enregistrent une augmentation de leur rémunération de 480 millions de francs par rapport à 1995. L'assurance-vie en a aussi bénéficié avec une rémunération en croissance de près de 200 millions de francs.

Les OPCVM ont connu une baisse de leur rémunération de 140 millions de francs du fait de la baisse des taux qui a entraîné une importante décollecte.

La rémunération des fonds des CCP

Le contrat de plan entre l'Etat et la Poste pour 1995-1997 a prévu que la rémunération des fonds des CCP déposés au Trésor serait fixée par référence au taux du marché.

Ainsi, la rémunération perçue par le Poste est égale au taux des BTF à 13 semaines, diminuée d'une commission de 0,4 % en rémunération de la garantie apportée par l'Etat aux dépôts sur les comptes courants postaux.

L'application de cette formule ne peut toutefois conduire à une rémunération inférieure à 4,75 % ou supérieure à 6,5 %.

De ce fait, la Poste a perçu une rémunération moyenne de 5,8 % en 1995 au lieu de 5,2 % en 1994 et de 5,5 % en 1992 et 1993.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page