B. FRANCE TÉLÉCOM

France Télécom est quatrième opérateur mondial du secteur des télécommunications, après le japonais NTT, l'américain ATT et Deutsche Telekom. Toutefois, après la récente annonce du rapprochement entre British Telecom et MCI, France Télécom devrait revenir à la cinquième place.

Votre rapporteur ne revient pas sur la clarification de la situation des personnels et sur le règlement de la question des charges de retraite des agents fonctionnaires de France Télécom, sujets qu'elle a développés dans son précédent rapport.

Rappelons simplement qu'en contrepartie du versement par l'Etat des charges de retraite des agents fonctionnaires de France Télécom, l'opérateur public a versé une contribution forfaitaire exceptionnelle ou " soulte " de 37,5 milliards de francs, destinée à diminuer le montant de la charge qui reviendra en définitive à l'Etat au titre de ces pensions.

En outre, une contribution employeur à caractère libératoire, a été instituée. Proportionnelle aux sommes payées à titre de traitement et soumises à retenue pour pension, cette contribution est assimilable à une cotisation vieillesse et doit faire en sorte que France Télécom soit placé dans les mêmes conditions que ses principaux concurrents,

1. La situation financière de France Télécom

Conformément à l'article premier de la loi du 26 juillet 1996 relative à l'entreprise nationale France Télécom, l'exploitant public France Télécom est transformé en une entreprise nationale dont l'Etat détient directement plus de la moitié du capital social à compter du 31 décembre 1996.

Le tableau ci-après fournit les principales données chiffrées sur la situation de France Télécom.

(en milliards de francs)

1994

1995

1996

Chiffre d'affaires

Résultat d'exploitation

Résultat financier

Prélèvement ou impôt sur les sociétés

Résultat net après impôt

129,3

25,9

- 8,1

7,3

9,2

133

26,5

- 6,8

7,6

9,7

134,7

26,1

- 4,8

12 ,2

- 4,2

En 1996, le chiffre d'affaires a progressé de 1,3 % enregistrant l'impact de la progression du volume du trafic et, en sens inverse, des baisses de prix des communications téléphoniques nationales et internationales.

Le résultat d'exploitation reste du même ordre de grandeur qu'en 1995 et 1994. Il reflète notamment l'augmentation des charges liées au développement important des mobiles, avec l'extension de la couverture du réseau, les coûts associés aux activités de marketing et de promotion commerciale, ainsi que l'augmentation des paiements aux autres opérateurs de réseau.

L'amélioration sensible du résultat financier traduit principalement la réduction du niveau d'endettement de France Télécom et la baisse des taux d'intérêt. En effet, la réduction de la dette financière du groupe s'est accéléré sur l'exercice et le désendettement net a atteint 15,1 milliards de francs en 1996, la dette financière nette s'élevant à 69,9 milliards de francs en 1996, contre 85 milliards de francs en 1995 et 94,3 milliards de francs en 1994.

Le niveau du résultat net s'explique par l'impact des éléments spécifiques et non récurrents liés au changement de statut de France Télécom. Un résultat exceptionnel de - 13,4 milliards de francs résulte :

- de l'enregistrement en produit de la reprise de provision pour lissage des charges de retraite constituée antérieurement compte tenu du nouveau régime de financement des retraites évoqué plus haut ;

- de l'enregistrement en charges de la dépréciation exceptionnelle des immobilisations de 34,6 milliards de francs pour tenir compte des nouvelles conditions d'exploitation : changement de statut, nouvelle réglementation des télécommunications, changement du statut légal des actifs précédemment classés dans le domaine public, réforme tarifaire, évolution technologique et baisse généralisée du prix du marché immobilier.

Depuis le 1 er janvier 1994, France Télécom est assujettie aux impôts et taxes dans les conditions prévues par l'article 1654 du code général des impôts. L'impôt sur les sociétés acquitté par l'entreprise est passé de 7,6 à 12,2 milliards de francs. Elle devrait supporter une charge de 8,14 milliards de francs en 1997.

Le montant du prélèvement sur résultat versé à l'Etat au titre de l'exercice 1996 s'est élevé à 4,5 milliards de francs.

2. L'ouverture du capital de France Télécom

Une partie du capital de l'entreprise a été mise sur le marché entre le 7 et le 14 octobre 1997. Plus de 3,8 millions de souscripteurs individuels se sont portés acquéreurs de titres de l'opérateur public. Compte tenu du succès de l'opération, le nombre d'actions offertes aux personnes physiques a été porté de 94 millions à 105,5 millions d'actions, soit un montant de 19,2 milliards de francs.

Au total, la fraction du capital de France Télécom ouverte aux actionnaires extérieurs, s'est élevée à 20,9 % à laquelle s'ajoutent 2,3 % cédés aux salariés.

Cette opération, qui permettra à l'entreprise de se maintenir parmi les tous premiers opérateurs mondiaux du secteur, a rapporté une somme de 42 milliards de francs à l'Etat, dont l'essentiel sera affecté aux recapitalisations :

- 11 milliards de francs pour le GAN,

- 10,8 milliards de francs pour Thomson Multimédia,

- 8 milliards de francs pour le Réseau ferré de France,

- 3,7 milliards de francs pour Giat-Industries,

- 2,45 milliards de francs pour Charbonnages de France,

- 7,7 milliards de francs pour l'EPFR.

Enfin, 1 milliard de francs devrait être affecté à un fonds de capital-risque pour les entreprises de haute technologie. Le solde sera affecté essentiellement au secteur de la défense (Giat-Industries, Aérospatiale, Thomson-CSF et Snecma).

Il s'agit de la plus importante opération de privatisation jamais réalisée en France. Cette ouverture du capital a rencontré plus de demande que la privatisation partielle de Deutsche Telekom l'an dernier.

Le nombre de souscripteurs internes de l'entreprise a atteint 128.000 personnes, dont 10.000 retraités et anciens salariés. Plus de deux actifs sur trois ont par ailleurs souscrit à l'opération.

L'article 31 du projet de loi de finances rectificative pour 1997 prévoit par ailleurs d'étendre les conditions préférentielles de souscription réservées aux personnels de l'entreprise aux agents partis à la retraite avant 1991 qui n'ont pu en conséquence bénéficier de la loi du 26 juillet 1996.

Votre rapporteur se félicite de l'ouverture du capital de France Télécom. Une telle opération ne pourra qu'accroître les moyens de l'entreprise et lui permettre d'affronter de façon satisfaisante la concurrence internationale.

En effet, cette concurrence, dans un secteur hautement stratégique, va devenir de plus en plus vive au cours des prochains mois et des prochaines années. Il est en conséquence impératif que France Télécom puisse conserver sa position actuelle et son niveau d'excellence, tout en renforçant ses activités à l'international.

3. Le règlement des arriérés de paiement de l'Etat à l'égard de France Télécom

Fin 1996, les impayés des administrations à l'égard de France Télécom figurant dans les comptes de l'opérateur public s'élevaient à environ 2,5 milliards de francs . Sur cette somme, un montant de 500 millions de francs représente l'encours normal des factures compte tenu des délais de règlement (2 mois). Sur les 2 milliards de francs restant, un montant de l'ordre de 800 millions de francs remonte à la période antérieure à 1992.

Jusqu'à présent, les tentatives de règlement de cette situation dénoncée par la Cour des comptes n'avaient pu aboutir.

Observations de la Cour des Comptes sur les arriérés de paiement des services de l'Etat à l'égard de France Télécom

(Rapport public - Octobre 1996)

Les services de l'Etat ont depuis longtemps pris la mauvaise habitude de ne régler qu'avec retard et parfois incomplètement leurs factures de téléphone.

Avec l'augmentation du nombre de lignes installées et le développement corrélatif des communications ainsi que des prestations connexes procurées par la télécopie et le Minitel, la consommation téléphonique des services publics s'est fortement accrue au cours des dernières années, les retards de paiement dont ils étaient déjà coutumiers prenant dans le même temps une ampleur considérable, sur laquelle la Cour a déjà appelé l'attention dans ses derniers rapports sur l'exécution des lois de finances, à propos des reports de charges à l'exercice suivant.

Le niveau ainsi atteint par ces impayés, soit environ 2 milliards de francs, est devenu d'autant moins supportable que le changement de statut de France Télécom et la libéralisation prochaine de son marché ne permettent plus de maintenir dans ses comptes des créances aussi fortement et durablement incertaines. La régularisation complète et définitive de cette situation s'impose désormais. Les premières mesures engagées à cette fin doivent être généralisées et éventuellement complétées.

Un accord global de règlement de cette dette a donc été conclu par le précédent Gouvernement, en 1997, afin de mettre fin à cette situation. Cet accord, tenant compte des contestations formulées par les différents ministères (intérieur, équipement, affaires étrangères notamment) conduira à un règlement par l'Etat de 1,2 milliards de francs sur 4 ans pour aboutir à un apurement complet de cette créance.

France Télécom a par ailleurs consenti un abandon de créance de 800 millions de francs, sans impact significatif sur ses comptes compte tenu de la provision passée à cet effet dans les comptes de 1996.

La dette résiduelle portera intérêt au taux de 3 % à compter du 1 er janvier 1998. Le calendrier des versements de l'Etat conduira cependant à limiter les intérêts versés à l'entreprise au montant maximum de 50 millions de francs. Les premiers paiements devaient intervenir dès 1997 et les crédits correspondant pour 1998 ont été prévus parmi les moyens de fonctionnement de chacun des ministères.

Votre rapporteur se félicite que l'Etat ait adopté une attitude responsable sur ce sujet.

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