CHAPITRE II
LA POLITIQUE DE L'ENERGIE ET DES MATIERES PREMIERES

Les dotations affectées à l'énergie et aux matières premières dans le budget de l'industrie pour 1998 s'élèvent à 6,8 milliards de francs, en hausse de 3,8 % par rapport aux crédits votés pour 1997, à structure constante.

En dépit de cette hausse, la part de ces dépenses dans le budget de l'industrie diminue par rapport à 1997, en raison de l'inclusion des crédits de la Poste et des Télécommunications dans le budget de l'Industrie. Elle est également en très forte diminution par rapport à ce qu'elle était avant 1994 ; elle atteignait alors 60 % du budget.

I. LA POLITIQUE DE L'ÉNERGIE

Trois secteurs sont principalement concernés par les crédits de l'énergie : le nucléaire, le charbon et la maîtrise de l'énergie.

Par ailleurs, le ministère exerce la tutelle des établissements et grandes entreprises intervenant dans le domaine de l'énergie.

A. L'ÉNERGIE NUCLÉAIRE

La production nucléaire s'est montée en 1996 à 378,2 TWh contre 358,8 TWh en 1995, soit une augmentation de 5 %. Les prévisions pour 1997 laissent présager une production nucléaire globale de 379,7 TWh, soit un augmentation de 0,4 %. La part du nucléaire dans la production totale passerait ainsi de 77,6 % en 1996 à 82,2% en 1997 en raison de l'amélioration de la disponibilité du parc.

Votre rapporteur considère que le maintien des acquis du programme nucléaire français doit rester une priorité pour trois raisons essentielles : d'un point de vue stratégique, il s'agit de diminuer la dépendance énergétique française ; économiquement, il s'agit de réduire la facture énergétique extérieure : en effet, le nucléaire constitue une assurance contre les incertitudes des prix des combustibles fossiles ; enfin, du point de vue de l'environnement le nucléaire contribue à la lutte contre l'effet de serre.

A cet égard, la sûreté, dont le niveau d'exigence est périodiquement relevé, et la gestion de l'aval du cycle du combustible (retraitement des déchets), ainsi que la préparation du démantèlement des installations qui vont devenir obsolètes, représentent autant de sujets de réflexion et d'intervention que votre rapporteur considère comme majeurs pour les années à venir.

1. L'avenir du programme nucléaire

Le parc de production en service aujourd'hui résulte de décisions prises avant 1986, date du dernier engagement nucléaire. Depuis, la demande s'est considérablement ralentie et la disponibilité du parc nucléaire s'est améliorée. Le parc de production d'électricité apparaît globalement excédentaire d'environ 8.000 MW. Ce suréquipement est à la fois d'origine nucléaire et thermique classique.

Compte tenu de la mise en service au cours des prochaines années des dernières tranches nucléaires (CHOOZ B1 et B2, CIVAUX 1 et 2), du ralentissement durable de la croissance de la consommation, et des perspectives de développement de la cogénération, le suréquipement devrait se résorber assez lentement. Le parc de production devrait rester globalement excédentaire jusqu'en 2002-2003.

Compte tenu de la durée d'exploitation des tranches existantes (40 ans en moyenne dans de bonnes conditions de sûreté, de fiabilité et d'économie, voire 50 ans pour les tranches les plus récentes), le programme de renouvellement du parc existant ne devrait pas intervenir avant 2010.

a) Les orientations actuelles du Gouvernement

Les perspectives d'évolution de l'équilibre offre-demande ont conduit le Gouvernement à reporter l'engagement de nouvelles tranches nucléaires au delà de l'an 2000. Le ministère de l'Industrie et le Conseil d'administration d'EDF ont demandé à l'établissement d'analyser les conséquences de ce report sur l'industrie électronucléaire française.

Les résultats des études menées par EDF montrent que l'industrie nucléaire ne peut préserver son outil de production sans une cadence minimale de commandes de réacteurs neufs, et que cette cadence ne saurait être assurée par le programme d'équipement national au cours des prochaines années. Le marché international apparaît en outre relativement limité à moyen terme et son accès est difficile, la concurrence des Américains et des Japonais étant très vive.

Aussi, EDF a-t-elle identifié plusieurs voies permettant de maintenir ces compétences :

le suivi rapproché des fournisseurs (environ 100 entreprises) des produits stratégiques utilisés sur les tranches nucléaires d'EDF, doit permettre d'éviter leur disparition qui aurait dex conséquences importantes pour l'exploitation du parc existant ou pour la construction de tranches nouvelles ;

la maintenance du parc en exploitation : le ralentissement du programme d'équipement est partiellement compensé par le volume des activités de maintenance du parc en exploitation (54 tranches) qui permettant de maintenir la compétence des entreprises du domaine nucléaire ; EDF s'est engagé à développer de véritable partenariats avec les entreprises de maintenance et depuis 1995, les contrats sont passés sous forme pluriannuelle ; par ailleurs, EDF aide ces entreprises à maintenir un niveau élevé de qualification de leur personnel.

l'assistance aux pays d'Europe centrale et orientale : dans le cadre de missions internationales, EDF participe à la remise aux normes de l'AIEA de plusieurs centrales nucléaires dans les PECOs ;

L'exportation : EDF contribue à valoriser l'option nucléaire en Europe et en Asie par certaines réalisations " vitrine " sur le parc nucléaire en exploitation ou en apportant son concours aux démarches de l'industrie française à l'exportation ;

L'étude des réacteurs du futur : les activités de recherche et d'études sur les centrales du futur permettent de maintenir chez certains industriels une activité pour leurs bureaux d'études ; les études réalisées dans le cadre du futur projet de réacteur franco-allemand (EPR) en font partie.

Malgré ces voies de maintien des compétences, le risque existe de voir certaines parties de l'industrie électronucléaire française disparaître. Le ministère de l'industrie a décidé de poursuivre les travaux avec EDF en vue de préciser les objectifs industriels (par exemple, maintien d'une filière industrielle nationale totalement indépendante ou accords internationaux sur certaines parties de cette filière).

b) La collaboration entre industriels allemands et français

Actuellement, 75 % du parc nucléaire mondial est constitué par les réacteurs à eau légère. C'est donc sur ceux-ci qu'une large part des recherches et nouveaux développements se concentre. Dans ce but, et conformément aux souhaits des pouvoirs publics, un ensemble de partenaires français et allemands (EDF, FRAMATOME et SIEMENS au sein de NPI) se sont unis depuis 1990 pour créer le réacteur à eau sous pression de nouvelle génération EPR (European Pressurized Water Reactor). Celui-ci devra répondre à des critères élevés en termes de sûreté et viser une meilleure compétitivité. L'accord initial réserve à chaque associé la commercialisation de l'EPR sur son territoire national et une approche commune pour les autres marchés.

Pour la France, le programme EPR s'inscrit dans la préparation du renouvellement, le moment venu, du parc de réacteur actuellement en exploitation. Toutefois, la viabilité technique et économique du futur réacteur franco-allemand n'est pas encore démontrée. C'est précisément l'enjeu des études qui sont en cours.

c) L'avenir de Framatome

FRAMATOME, premier constructeur mondial de réacteurs nucléaires, s'est préparée depuis quinze ans à la baisse de construction des centrales en renforçant ses activités liées à l'exploitation et à la maintenance des réacteurs. Ainsi, les activités de service d'ingénierie, de maintenance et de vente du combustible représentent désormais 60 % des activités nucléaires du groupe. Néanmoins, confrontée à la baisse du marché des équipements nucléaires et à l'achèvement des travaux pour améliorer la sécurité du réacteur Phénix, l'entreprise prévoit une décroissance de ses effectifs.

A cet égard, le Gouvernement voit d'un œil favorable le rachat par l'entreprise de l'activité nucléaire (Energy Systems) de l'américain WESTINGHOUSE qui vient de céder sa division Powergen (centrales électriques traditionnelles) au groupe SIEMENS. L'acquisition de cette entreprise permettrait à FRAMATOME d'améliorer la qualité de son offre à l'exportation et d'accéder au marché américain de la maintenance.

Par ailleurs, la précarité de l'équilibre actionnarial actuel de FRAMATOME caractérisé par la forte présence d'ALCATEL-ALSTHOM (44 %) et la dispersion de l'actionnariat public (CEA-Industrie, EDF, Crédit Lyonnais) incite le Gouvernement à s'interroger sur la dévolution future de cet actionnariat. Il n'a pour l'instant pas donné d'indications sur ses intentions, mais a observé que sa réflexion prendrait en compte " la définition d'une stratégie industrielle à long terme " et ne perdrait pas de vue " l'attrait que peut exercer l'importance de la trésorerie (7 milliards de francs) de FRAMATOME ". Le Gouvernement a toutefois précisé que le groupe resterait public, ce qui a mis un terme au projet de fusion entre Gec-Alsthom et Framatome.

L'alliance récente de SIEMENS et du groupe britannique BNFL ferme par ailleurs la possibilité d'un rapprochement avec le groupe allemand qui aurait toutefois posé des problèmes de position dominante sur le marché français. Le président de FRAMATOME se déclare prêt à poursuivre la collaboration avec la nouvelle société issue du rapprochement dans le cadre du projet européen EPR mais indique que de nouvelles discussions doivent s'ouvrir pour rediscuter les conditions de cette collaboration.

En outre, la société issue du rapprochement entre SIEMENS et BNFL, confortée par la déréglementation de la production d'électricité, pourra venir offrir des services et des combustibles sur le marché français, ce qui aura sans nul doute un impact sur la recomposition du paysage nucléaire français.

Il convient donc que Framatome développe sans tarder ses actions et ses partenariats internationaux pour ne pas se laisser distancer.

d) L'abandon de SUPERPHÉNIX

SUPERPHÉNIX est un prototype industriel (1200 MW) des réacteurs à neutrons rapides (RNR). Il est exploité par la société NERSA, détenue à 51 % par EDF, à 33 % par ENEL (électricien italien) et à 16 % par un consortium d'entreprises allemandes, belges et hollandaises dénommé SBK.

L'objectif initial assigné à SUPERPHÉNIX était de valider la faisabilité de réacteurs surgénérateurs, c'est-à-dire de réacteurs capables de produire plus de matières fissiles, en l'occurrence de plutonium, qu'ils n'en consomment. Dans l'immédiat, le faible prix de l'uranium et des énergies en général, qui rend moins attractive à court terme la capacité des réacteurs à neutrons rapides à fonctionner en mode surgénérateur, a conduit le Gouvernement à décider l'abandon de SUPEPHÉNIX. Il a également indiqué qu'il se donnait le temps de la réflexion, soit environ six mois, pour arrêter les modalités et le calendrier de la fermeture du surgénérateur.

L'impact d'une telle décision doit se mesurer à la lumière des conséquences induites pour les partenaires étrangers d'EDF, pour le budget de l'Etat, pour l'emploi, pour les collectivités locales et pour l'application de la loi du 30 décembre 1991 sur les déchets nucléaires.

Compte tenu de toutes les difficultés induites, le Gouvernement a chargé M. Jean-Pierre Aubert, inspecteur général de l'industrie et du commerce, d'une mission destinée à évaluer les problèmes qui apparaissent localement afin de faire des propositions quant à la reconversion du site de Creys-Malville.

Votre rapporteur avait pris acte des observations faites par la Cour des Comptes dans son rapport public de 1996 sur le coût élevé de cet outil. Il lui avait alors paru nécessaire de bien déterminer ce que l'on attendait de ce "laboratoire de recherche" en essayant d'évaluer régulièrement le coût du fonctionnement du réacteur au regard des retombées scientifiques et industrielles qu'il permet. Il estime néanmoins que la décision d'arrêter Superphénix doit résulter d'une comparaison scrupuleuse entre le coût généré par l'exploitation du surgénérateur et le coût de son démantèlement. Cette comparaison doit notamment intégrer toutes les pertes et tous les gains induits

Le coût financier et humain du démantèlement de SUPERPHÉNIX

Le tableau ci-après recense le coût de l'arrêt de SUPERPHÉNIX :



Les relations financières entre EDF et les actionnaires étrangers de NERSA sont régies par deux conventions dont l'une date du 15 septembre 1995. Par cette dernière, EDF garantit à ses partenaires étrangers la fourniture de 2,4 TWh par an jusqu'à l'an 2000, cette quantité correspondant à 49 % de la production de SUPERPHÉNIX pour une disponibilité du réacteur d'environ 50 %.

Sur les 20,2 milliards de francs identifiés plus haut, et en supposant le maintien des accords actuels entre EDF et ses partenaires étrangers, la répartition est la suivante :

- 15 milliards de francs sont à la charge de l'Etat ;

- 5,2 milliards de francs sont la charge des actionnaires étrangers (3,1 milliards de francs de dette et 2,1 milliards de francs de retraitement).

En cas de désengagement financier de ses partenaires étrangers après l'arrêt du réacteur, l'arrêt de SUPERPHÉNIX conduirait à un surcoût possible pour EDF de 6,4 milliards de francs par rapport à une poursuite de l'exploitation jusqu'en 2000.

En cas d'arrêt de SUPERPHÉNIX en 1997, EDF serait en effet amenée à débourser immédiatement :

- au minimum un montant de 3,4 milliards de francs correspondant au remboursement de sa quote-part de dette (2,8 milliards de francs) et à l'apurement de son compte courant avec la société NERSA (0,6 milliards) ;

- au maximum un montant de 6,5 milliards de francs en cas de désengagement des ses partenaires étrangers (EDF serait alors amenée à reprendre sa quote-part de dette des partenaires, soit 3,1 milliards de francs).

Par ailleurs, les emplois directs induits par le fonctionnement de SUPERPHÉNIX sont d'environ 1.110 personnes en fonctionnement normal (717 personnes employées sur place + 400 personnes au titre des activités de sous-traitance) et s'élèvent à environ 1.450 personnes en période d'arrêt programmé. Le nombre d'emplois induits dans la région est estimé à 1.300.

En outre, on peut considérer qu'une partie du personnel qui mène les actions d'études et de R&D de support direct de l'exploitation (EDF, CEA et surtout NOVATOME à Lyon et COGEMA), verra son activité supprimée. La diminution correspondante en emplois est estimée grossièrement à 300/400 personnes.

Pour les collectivités territoriales, la perte de taxe professionnelle représente un manque à gagner de l'ordre de 100 millions de francs par an, alors que certaines se sont endettées pour accompagner l'implantation de SUPERPHÉNIX.

La loi du 30 décembre 1991 sur la gestion des déchets radioactifs impose d'étudier d'ici 2006 les possibilités de séparation et de transmutation des radioéléments à vie longue, c'est-à-dire de transformation en radioéléments à vie plus courte plus simples à gérer. Or, SUPERPHÉNIX est, avec le réacteur Phénix, le seul outil en France où peuvent être menées des expérimentations de transmutation à une échelle significative dans les délais prévus par la loi.

Enfin, l'arrêt définitif de SUPERPHÉNIX, avec un cœur à moitié consommé, n'ayant pas été anticipé, les études techniques nécessaires n'ont ni été réalisées par l'exploitant NERSA, ni, a fortiori, contrôlées par l'autorité de sûreté.

2. Le Commissariat à l'énergie atomique

Cinquante ans après la création du Commissariat à l'énergie atomique et à l'issue d'une analyse stratégique poussée, un premier contrat d'objectifs a été signé en mars 1995 entre l'Etat et le CEA pour définir les programmes de recherche civile de l'établissement public au cours de la période 1995-1998.

Ce contrat confirme que la recherche nucléaire est la mission centrale du CEA. Il identifie les axes de recherche sur lesquels le CEA concentrera en priorité ses efforts dans le domaine nucléaire civil :

- montrer la capacité de gérer les déchets radioactifs à vie longue, conformément à la loi du 30 décembre 1991 ;

- assurer le recyclage du plutonium ;

- étudier les procédés d'enrichissement de l'uranium par laser ;

- préparer des nouvelles générations de réacteurs encore plus sûrs.

Le CEA apporte également une contribution à d'autres priorités nationales de recherche : progrès de la connaissance fondamentale, santé, environnement, développement technologique, formation. En coopération avec les autres organismes de recherche, le CEA valorise auprès de l'industrie ses connaissances en physique fondamentale, biologie, radiobiologie, micro-électronique et génie des matériaux.

Le CEA doit enfin poursuivre sa démarche de diffusion technologique et de transmission du savoir en direction des PME-PMI (environ 1.000 par an bénéficient de conseils, de transferts et de prestations techniques ou technologiques).

Le contrat d'objectifs prévoit que les ressources publiques concourant au financement des activités civiles du CEA seront stables en francs constants sur la durée du contrat.

Pour atteindre ces objectifs, le CEA doit poursuivre l'effort de modernisation de ses méthodes de gestion (comptabilité analytique, mise à plat systématique des programmes de recherche et des procédures de gestion), de transformation de ses structures, notamment par un resserrement géographique, de rajeunissement et de renouvellement de son personnel.

a) La subvention de fonctionnement reste constante

Le budget du CEA, alimenté pour un peu plus des trois quarts de son montant par des dotations budgétaires, et pour près d'un quart par des recettes externes, a augmenté jusqu'en 1989, mais diminué ensuite pour se stabiliser désormais à environ 19 milliards de francs.



La dotation civile du CEA comprend, d'une part, une subvention du budget de l'industrie, d'autre part, des crédits transférés en cours d'année en provenance du budget de la recherche. Les crédits destinés au financement des activités civiles du Commissariat à l'énergie atomique représentent 20 % du budget de l'industrie en 1998.

La subvention de fonctionnement est regroupée sur deux articles du chapitre 36-83, de façon à isoler les moyens destinés à l'Institut de protection et de sûreté nucléaire , qui s'élèvent à 666,7 millions de francs , en diminution de 26 % par rapport au budget de 1997 (898,67 millions de francs).

La subvention de fonctionnement du CEA proprement dite atteint 2,25 milliards de francs dans le projet de budget pour 1998, ce qui représente une hausse de 1,2 % par rapport à la subvention votée pour 1997 corrigée pour tenir compte de la nouvelle répartition du financement du CEA entre l'industrie et la recherche 16( * ) .

Au total, le Commissariat devrait recevoir 5,83 milliards de francs de subvention pour son fonctionnement, répartis à égalité entre les budgets de l'industrie et de la recherche. Cette subvention doit lui permettre de procéder à 419 recrutements, sur un total de 16.689 agents en activité.

b) La rebudgétisation des crédits de recherche du CEA

Le projet de budget pour 1998 est marqué par la rebudgétisation des crédits de recherche du CEA : à cet effet, 325,5 millions de francs sont inscrits, en autorisations de programme comme en crédits de paiement, au titre VI (chapitre 62-00), ce qui représente 5,5 fois la dotation votée en 1997. En tenant compte de la participation du ministère de la recherche, ce sont au total 651 millions de francs que l'Etat consacrera aux investissements civils du Commissariat, soit une progression de 117 % par rapport à 1997.

Il convient cependant de comparer cette somme au montant des dotations accordées en 1997 complété par l'enveloppe de 200 millions de francs inscrite au budget de la défense, au titre de la recherche duale, ainsi que par la dotation en capital de 350 millions de francs qui devait être versée en 1997 à partir du compte d'affectation spéciale alimenté par le produit de cessions de titres appartenant à l'Etat.

On rappellera enfin que ce chapitre 62-00 n'a pas été doté de crédits de 1991 à 1995 et qu'en 1996, 200 millions de francs étaient inscrits, tant en autorisations de programme qu'en crédits de paiement. Ce chapitre est généralement doté en cours d'exécution de crédits transférés en provenance du budget de la défense. Ces versements ont évolué comme suit depuis 1993 :



Au total, l'agrégat " Commissariat à l'énergie atomique " augmente de 10,6 % dans le projet de loi de finances pour 1998. Il est celui qui connaît la plus forte croissance dans le budget de l'industrie après l'agrégat " Accompagnement de l'activité industrielle ".

Votre rapporteur se félicite de cette évolution qui permettra au CEA de respecter les objectifs fixés par le contrat évoqué plus haut.

En outre, les 651 millions de francs inscrits pour 1998 au titre de la recherche civile seront complétés par les ressources externes que l'établissement obtient de ses partenaires ainsi que par ses ressources propres issues de la valorisation de ses actifs. Le CEA est en effet présent dans le capital de plusieurs filiales :

CEA-Industrie est né de la volonté du CEA et des pouvoirs publics de faire passer au stade industriel les résultats des recherches et des procédés développés dans les laboratoires du CEA. En 1995, CEA-Industrie représentait un chiffre d'affaires consolidé de 52 milliards de francs pour lequel COGEMA et FRAMATOME contribuaient pour 93 % ;

COGEMA dont le capital est désormais réparti entre l'Etat par l'intermédiaire du CEA et de CEA-I à hauteur de 89,2 % et le groupe TOTAL pour 10,8 %, est spécialisé dans la production de matières et la fourniture de services touchant à toutes les phases du combustible nécessaires aux centrales électronucléaires. En 1995, le chiffre d'affaires consolidé de COGEMA s'est élevé à 30,6 milliards de francs, en progression de 15 % dont 37 % réalisés à l'étranger.

enfin, CEA-Industrie détient 36 % du capital de FRAMATOME . Le chiffre d'affaires du groupe s'est élevé à 17,9 milliards de francs en 1994.

Les ressources tirées par le CEA de la valorisation de ses actifs sont passées de 3,5 milliards de francs en 1993 à 4,9 milliards de francs en 1997, dont 550 millions de francs en provenance de CEA-Industrie. En 1998, elles devraient atteindre 4,5 milliards de francs.

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