D. LES PRÉCONISATIONS DU RAPPORT DE LA DATAR

Le rapport publié en mars 1997 préconise 13 orientations pour que les pays deviennent de nouveaux territoires de développement. Cette approche est d'autant plus intéressante qu'elle constitue la première synthèse sur l'état d'avancement d'un politique que d'aucuns ont jugée trop floue pour être opérationnelle.

Selon la Datar :

1. Le pays sera une nouvelle échelle d'action stratégique d'aménagement et de développement du territoire.

" Le pays sera donc d'autant moins un échelon administratif qu'il deviendra un forum entre les différents partenaires publics et privés qui, en vertu de leurs compétences respectives, concourent à l'aménagement et au développement du territoire ".

2. La charte de pays servira de cadre de référence à la contractualisation avec l'Etat, les régions et les départements.

" Le pays, par sa neutralité, sera, avec le niveau de l'agglomération dans les milieux urbains très denses, le cadre spatial le plus pertinent pour organiser de nouvelles synergies. Des chartes de pays, élaborées sous l'autorité des élus, serviront de document de référence ouvrant la possibilité de contractualiser avec l'Etat, les régions et les départements. Les engagements feront l'objet de contrats particuliers annexés à la quatrième génération de contrats de plan Etat-région (2000-2004). "

3. Le pays aura une taille critique et une offre urbaine minimale pour rendre crédibles les projets de développement.

" Le pays s'approchera dans de nombreuses localités du bassin d'emploi, voire de l'arrondissement. Assurant un compromis entre ces différentes dimensions administratives, économiques et historico-culturelles, le pays verra néanmoins son découpage opéré localement, de manière décentralisée, avec tout le pragmatisme requis par un tel exercice. Il devra proposer une entité spatiale susceptible d'être appropriée par ses habitants. " [...].

" Selon les premières évaluations effectuées et la morphologie des territoires déjà constatés en tant que pays, la France devrait se couvrir à moyen terme d'une trame cohérente de 400 à 500 pays ".

4. Il sera un lieu privilégié de la concertation locale .

" Chaque pays devra associer les acteurs socioprofessionnels, les associations ou autres acteurs pertinents de la vie locale à travers une instance de concertation aux modalités de fonctionnement librement définies à l'échelle locale.

Tout en étant piloté dans ses instances exécutives par les élus du suffrage universel, le pays devra affirmer sa différence et sa valeur ajoutée par une activité participative plus intense des forces vives du territoire (socioprofessionnels, associations, agences d'urbanisme, universitaires, ...). Il devra de ce fait donner lieu à une forte transparence des débats et à des processus de décision particulièrement concertés
".

5. Le pays constituera un cadre d'exercice de " l'intercollectivité "

" Faire du pays un enjeu de pouvoir politique et un nouvel échelon de représentation en le soumettant à la compétition électorale reviendrait à compromettre la mission fédératrice et la dimension inter-institutionnelle du pays. De même, destiné à mobiliser l'ensemble des échelons territoriaux, le pays excédera la notion, limitative par nature, de l'intercommunalité classique qu'il conviendra parallèlement d'encourager . ".

6. Le pays pourrait se doter d'une personnalité juridique minimale pour pouvoir contractualiser avec l'Etat, les régions et les départements.

" Bien que la création d'un établissement public offre seule la pérennité, la transparence et la fiabilité requises pour pouvoir négocier avec la représentativité nécessaire des financements publics substantiels, comme l'affirment déjà nombre de régions et départements, la forme associative pourrait, au moins dans une première phase, pédagogique, être acceptée. Le cas échéant, la formule ouverte du syndicat mixte , associant des représentants des différents échelons territoriaux, serait la plus adaptée pour servir de support à l'intercollectivité. C'est d'ailleurs le statut juridique privilégié par les pays les plus aboutis ".

7. Le pays sera une instance de programmation et de suivi des actions

" La phase d'élaboration d'une charte concertée de développement ainsi que la préparation d'un schéma directeur d'aménagement dans le cadre des pays seront les moments forts de la réflexion spatiale. Ils concrétiseront la vocation du pays à s'affirmer comme premier niveau stratégique d'aménagement et de développement du territoire que l'Etat devra prendre en compte. La pérennisation de ce nouveau cadre territorial de concertation facilitera l'élaboration des projets [...] : politiques de l'habitat, affectation de l'usage des sols, mesures de protection environnementales, opérations de restructuration de l'artisanat et du commerce, plans de déplacement et organisation des transports collectifs, schémas de services publics, schémas d'équipement commercial... ".

8. Il permettra une mise en oeuvre de la déconcentration administrative

" L'Etat gagnera à mieux faire coïncider ses services déconcentrés et les différents services d'intérêt public avec la cartographie des pays.

Le nouveau maillage territorial pourra être l'occasion d'une véritable entreprise de rationalisation de la carte administrative et des différents réseaux de services publics ou d'intérêt collectif. Prenant appui sur ce nouvel espace de concertation, administrations et entreprises publiques pourront proposer des réaménagements de leur organisation dans un sens plus qualitatif. Toute contraction pourra être compensée par une amélioration concomitante du service rendu (meilleures cadences du réseau SNCF, délégations de pouvoir accrues au profit des services déconcentrés, prestations scolaires renforcées, ...).
"

9. Il serait souhaitable de renforcer la solidarité fiscale au sein du pays

" Dans une perspective de réforme de la fiscalité locale et d'amplification des mécanismes de solidarité financière entre collectivités, la mise en oeuvre progressive d'un taux unique de taxe professionnelle dans le cadre des pays permettrait d'atténuer les rivalités intercommunales et les surenchères du " marketing territorial ". Organisant de nouvelles solidarités ville-campagne, le pays pourrait de surcroît servir de cadre de négociation décentralisé pour un meilleur partage des charges de centralité que certaines communes assument parfois trop seules au profit de leurs voisines, enjeu qui ne se pose que rarement dans les mêmes termes selon les territoires ".

10. Il serait judicieux d' optimiser les dispositifs publics d'intervention tant régionaux et nationaux, qu'européens

" Sur la base d'un diagnostic approfondi des potentialités économiques locales et de soutien réorientés vers l'amélioration de l'environnement des entreprises , le pays devra servir d'interface pour proposer des actions mieux ciblées et certaines prestations " sur-mesure ".

Les fonds structurels européens ainsi que les programmes d'initiative communautaire ou encore les pactes territoriaux pour l'emploi pourraient voir leur processus d'allocation largement optimisé par l'élaboration de véritables projets globaux de développement dans le cadre des pays
".

11. Il permet de renforcer les synergies internes des systèmes productifs locaux

" Comme dans les " districts " italiens, les microcosmes " danois ou les " clusters " nord-américains, des systèmes spécifiques de soutien permettraient d'aider des réseaux de PME à se doter de systèmes de formation adaptés, à organiser leurs filières d'exportation (parrainage, cadre export commun ...), à éventuellement entreprendre des actions de sous-traitance collective ou de co-traitance pour les grands donneurs d'ordre, à s'entraider dans des démarches de certification, à financer en commun des programmes de recherche ou des actions de transfert technologique. Cadre de mutualisation par excellence, le pays devra faciliter la constitution de " grappes de PME " et leur accès à de nouvelles ressources (financières, éducatives, technologiques, commerciales, informationnelles, ...) ". Cet effort d'organisation est d'autant plus nécessaire que le tissu de PME français, seul créateur net d'emplois, est réputé pour la faible taille moyenne des unités qui le composent ; réalité qui freine nombre de projets de développement. Le pays devra, pour ces raisons, être orienté vers le tissage de réseaux d'entreprises ".

12. Le pays constitue un " point d'entrée privilégiée " dans les systèmes d'aides publiques à l'emploi et au développement

" Inscrit dans une logique de simplification administrative, le pays devra favoriser la " lisibilité " des aides publiques. Il pourra traduire ces mesures et appuyer le montage des dossiers mais il devra surtout concrétiser la mise en réseau des différents organismes prestataires . Le pays pourrait ainsi jouer un rôle de " point d'entrée privilégié " voire de guichet unique en matière de dispositifs d'aides aux entreprises."

13. Le pays est un cadre de concertation pour développer une offre nouvelle de services ou d'emplois de proximité

" Observatoire du territoire, le pays pourrait en priorité être doté d'indicateurs de besoins efficaces en matière de services aux entreprises et aux personnes. Il pourrait également servir de cadre de structuration d'une offre adaptée à partir de partenariats public/privé peu à peu professionnalisés à l'image des " plates-formes d'initiatives locales " animées par " France Initiative Réseau ".

Votre Commission des Affaires économiques souhaite que les pays soient animés par un esprit de développement et qu'ils échappent à toute " institutionnalisation " qui tendrait à faire d'eux un nouvel échelon d'administration locale.

Elle considère que leur création est l'une des innovations majeures de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire et elle souhaite la poursuite d'une politique active des pays.

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