III. PREMIER BILAN DE LA CREATION DES ZONES FRANCHES

Un an après la création des Zones franches urbaines (ZFU), votre Commission des Affaires économiques juge particulièrement important de dresser un premier bilan -même sommaire- des résultats obtenus par celles-ci. En effet, la Délégation interministérielle à la ville prépare un étude exaustive sur l'incidence de ces zones mais celle-ci ne sera disponible que dans plusieurs mois.

Or le temps presse et il est souhaitable, dès à présent, de faire le point sur les réussites qu'elles ont permis d'obtenir et sur les difficultés que rencontrent leur promoteurs.

Il ne pouvait être question, pour votre rapporteur, d'effectuer une étude exhaustive sur l'ensemble des ZFU. Il a choisi d'étudier les exemples offerts par les zones franches de Mantes-La-Jolie, celles de Marseille, de Cherbourg et de Vaulx-en-Velin.

Une remarque s'impose : les zones franches ont suscité un intérêt certain de la part des chefs d'entreprises : A Mantes, 20 entreprises ont été installées dans des bureaux administratifs, des commerces ou des logements transformés en bureaux. Une zone d'aménagement concerté de 9 hectares a été créée pour accueillir des PME et des PMI. Les activités sont assez diversifiées puisqu'il est prévu de livrer 1.000 mètres carrés de bureaux de janvier et avril 1998, et 1.500 mètres carrés d'ateliers.

A Marseille la zone franche couvre 250 hectares situés dans le quartier nord, elle appartient au grand projet urbain de Marseille. La ville y dispose d'une réserve foncière de 15 hectares. On a d'ores et déjà assisté à 70 création d'entreprises. A Vaulx en Velin, 24 entreprises ont été créées.

On observe à Marseille et Vaulx en Velin que la moitié des installations dans la zone relèvent de délocalisations ou de transferts d'entreprises (on dénombre 29 transferts ou délocalisations pour chaque zone franche).

L'ensemble de ces résultats doit être analysé avec prudence. En effet les créations d'entreprises peuvent être retardées par des circonstances locales particulières. C'est ainsi, par exemple, qu'à Cherbourg il a été nécessaire de réviser le plan d'occupation des sols afin de doter la commune de réserves foncières. Il s'ensuit un délai appréciable dans la création de la zone franche.

Le premier acquis des zones franches est de montrer qu'il n'existe pas d'ostracisme des entrepreneurs vis-à-vis des quartiers en difficulté, ce qui constitue un succès.

La création d'emplois dans les zones franches se poursuit à un rythme semble-t-il assez soutenu.


A Mantes-La-Jolie, les 37 entreprises ou commerces qui se sont installés ou sont en voie d'implantation ont créé 205 emplois. Il est prévu qu'ils créeront une centaine d'emplois supplémentaires en 1998. A Marseille, selon les estimations communiquées à votre rapporteur, 336 emplois seront créés dans la première année de fonctionnement de la zone franche. A Vaulx-en-Velin, l'ensemble des créations d'emplois dépasse les 500 à la date de publication du présent rapport, dont 150 créations pures et simples et 350 délocalisations.

Votre rapporteur estime que ces chiffres sont encourageants, mais qu'il serait souhaitable que le Gouvernement étudie avec précision les conditions dans lesquelles s'effectuent les transferts d'entreprises vers les zones franches urbaines.

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En conclusion, votre Commission des Affaires économiques souhaite appeler l'attention du Gouvernement sur l'absolue nécessité de privilégier, dans la politique de la ville, une action de continuité. La politique de la ville ne doit pas devenir un champ d'affrontements partisans. C'est pourquoi on peut s'interroger sur l'opportunité de présenter les conclusions de l'étude demandée à M. Sueur par le ministre, à la veille des élections de mars 1998.

De la même façon, elle souhaite que le Gouvernement s'interroge sur une éventuelle mise en concordance de la signature des contrats de ville tant au plan spatial qu'au plan temporel.

Au plan spatial, votre commission souhaite que les contrats de ville prennent en compte les intérêts de l'agglomération. Une telle politique constribuerait à l'institutionnalisation des agglomérations que la commission thématique sur l'organisation des villes sur le territoire réunie à l'occasion de la préparation du schéma national d'aménagement et de développement du territoire a appelé de ses voeux 9( * ) .

Au plan temporel elle estime judicieux d'envisager un report d'un an des contrats de ville, sous réserve du maintien des moyens de fonctionnement qu'ils prévoient en 1999, qui présenterait l'avantage de mettre leur durée en concordance avec celle des contrats de plan Etat-Régions et avec les programmes européens qui viendront à échéance la même année.

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Suivant les conclusions de son rapporteur pour avis, la commission a décidé de donner un avis défavorable à l'adoption des crédits de la ville inscrits au projet de loi de finances pour 1998.

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