EXAMEN PAR LA COMMISSION

Au cours de sa réunion du mardi 25 novembre 1997 sous la présidence de M. Jean François-Poncet, président, la commission a procédé à l'examen du rapport pour avis de M.Francis Grignon sur l'industrie.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a d'abord déclaré que le budget de l'industrie -qui représente 1,3 % du budget de l'Etat- bénéficierait en 1998 de 16,36 milliards de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement et de 5,31 milliards de francs en autorisations de programme. Il a insisté sur la nécessité d'apprécier le " taux de rentabilité " d'un budget d'incitation dont la principale caractéristique est sa capacité à démultiplier la création de richesses par les entreprises.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a ajouté que l'industrie était, selon lui, au coeur de l'économie française en rappelant :

- qu'elle représentait, en incluant le bâtiment et les travaux publics ainsi que les services qu'elle induisait, 50 % du produit intérieur brut (PIB),

- qu'elle occupait 6,3 millions de personnes sur un total de 13,4 millions de salariés dans le secteur marchand non agricole ,

- qu'elle était à l'origine de 63 % de l'effort de recherche de développement,

- qu'elle représentait, enfin, 75 % des échanges commerciaux avec l'étranger.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a, ensuite, relevé que les effectifs salariés globaux de l'industrie avaient enregistré une baisse de 2 % par rapport à 1989. Il a souligné que la politique de recentrage, d'externalisation et, plus généralement, de restructuration des grands groupes expliquait ce phénomène et que seules les PME-PMI pouvaient être en mesure de renverser cette tendance.

Le rapporteur pour avis a encore signalé que si l'investissement industriel connaissait une certaine stagnation, la production industrielle proprement dite bénéficiait, quant à elle, d'une certaine reprise depuis le début de l'année, l'indice de la production manufacturière se rapprochant enfin de son niveau de 1990.

Puis, M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a relevé les évolutions suivantes dans un certain nombre de secteurs :

- le secteur de l'habillement enregistre depuis plusieurs années une baisse de ses effectifs de 5 à 6 % par an ; sur ce point, il a souhaité que le Gouvernement mette tout en oeuvre pour pérenniser le " plan textile " ;

- le secteur automobile connait de grandes difficultés ; il a relevé, à cet égard, que l'arrêt des primes avait entraîné au premier semestre 1997 un recul des immatriculations de 22 %;

- la machine-outil a baissé de 50 % entre 1990 et 1993 en raison de restructurations sur le plan mondial ;

- la sidérurgie a enregistré en 1996 un solde commercial appréciable, le groupe français Usinor occupant le premier rang en Europe et le quatrième sur le plan mondial ;

- l'industrie pharmaceutique est le quatrième " contributeur " à la balance commerciale en dégageant un solde de 12,7 milliards de francs ;

- la chimie enregistre un excédent commercial de 46,7 milliards de francs, même si elle subit une lente diminution de ses effectifs salariés en raison des restructurations ;

- les industries de l'électronique et de l'informatique paraissent engagées dans un cycle de croissance significatif.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a ainsi estimé qu'il convenait de nuancer les pronostics, souvent pessimistes, formulés ici ou là sur l'avenir de notre outil industriel.

Il a ensuite mis l'accent sur l'innovation et l'exportation qui sont, selon lui, au coeur de la création des richesses économiques.

Le rapporteur pour avis a rappelé que le précédent Gouvernement avait retenu, au Conseil des ministres du 10 avril 1996, dix-sept orientations dans le cadre d'un " plan de relance de la croissance par l'innovation ".

Certaines de ces orientations, a-t-il ajouté, ont été confirmées par le secrétaire d'Etat à l'industrie :

- l'innovation sera facilité par des mesures tendant à assurer une concurrence plus loyale entre le secteur public et secteur privé ;

- l'Agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) ne devra plus se substituer aux organismes de capital-risque, ni disperser ses actions mais, au contraire, se concentrer sur les entreprises de moins de 2.000 personnes ;

- le système de l'interlocuteur unique, facteur déterminant de simplification administrative pour les PMI, sera généralisé ;

- les brevets, licences, acquis technologiques et marques seront rendus moins coûteux, le futur protocole européen de Madrid devant faciliter l'établissement d'une zone de garantie européenne ;

- les fonds propres des PMI seront renforcés, l'accent étant mis sur l'adaptation de la fiscalité de la transmission des entreprises de ce secteur.

M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a, cependant, relevé l'absence d'initiatives claires sur plusieurs orientations importantes :

- la politique tendant à faire bénéficier les PMI des résultats des grands programmes technologiques ;

- les actions ayant pour objet de doubler, en quatre ans, le nombre de brevets déposés par les chercheurs publics et exploités par les entreprises ;

- la mobilisation de 500 millions de francs pour investir dans les fonds propres des PMI innovantes ;

- le recentrage du Fonds de la recherche et de la technologie (FRT) sur l'aide à l'innovation des PMI en région ;

- les mesures tendant à contraindre les entreprises soumissionnaires à innover.

Le rapporteur pour avis a, enfin, regretté l'insuffisante implication de fonctionnaires français dans les organismes européens chargés de la normalisation.

Après avoir souligné qu'il importait de combler ces lacunes, M. Francis Grignon, rapporteur pour avis, a proposé à la commission de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits consacrés à l'industrie dans le projet de loi de finances pour 1998.

M. Alain Pluchet s'est inquiété des risques de délocalisation en Europe de l'Est de certains constructeurs automobiles français.

M. Jean François-Poncet, président, a souligné, en réponse, que les délocalisations constituaient un phénomène mondial en citant, notamment, l'exemple de la firme allemande Mercédès qui, depuis environ quatre ans, a implanté des unités de production dans de nombreux pays après une longue période de " cantonnement " en Allemagne.

Puis, après l'intervention de M. Jean Huchon, la commission, sur proposition du rapporteur pour avis, a décidé de s'en remettre à la sagesse du Sénat sur les crédits consacrés à l'industrie dans le projet de loi de finances pour 1998, le groupe socialiste votant pour leur adoption.

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