2. Le volet insertion du RMI est en panne pour certaines catégories de bénéficiaires

Comme l'a souligné M. Paul de Viguerie, directeur général de l'Association des présidents de Conseils Généraux, entendu par votre rapporteur, alors que la consommation des crédits d'insertion réservés par les départements à hauteur de 20 % des crédits d'Etat, a atteint, en 1996, près de 98 % des crédits inscrits en budget primitif, il subsiste toujours une difficulté pour mettre en place des parcours d'insertion durable pour certains publics marginalisés qui bénéficient du RMI sans doute quasiment depuis sa mise en place .

50 % des bénéficiaires du RMI relèvent du dispositif depuis deux ans au moins. Plus l'ancienneté de présence dans le dispositif est grande, plus la sortie du dispositif est difficile; Il y a ainsi une " spirale " du RMI qui est aussi une " spirale " du chômage de longue durée.

Le taux de sortie demeure encore insuffisant puisqu'en 1996 seulement 320.000 allocataires ont quitté le RMI, soit à peine un titulaire du RMI sur trois.

Flux des entrées et des sorties du RMI (France entière)

Entrées

Sorties

Solde

1993

301.764

181.603

120.161

1994

382.058

268.393

113.665

1995

362.830

326.012

36.818

1996

387.445

324.016

63.429

L'autre aspect symptomatique des dysfonctionnements du volet insertion -le " I " du RMI- se lit à travers le faible taux de contractualisation des allocataires et sa lente montée avec la durée de passage au RMI.

En principe, la loi et ses circulaires d'application prévoient que, pour tout allocataire, un contrat d'insertion doit être signé dans les trois mois suivant la mise en paiement du RMI. Le droit à l'allocation n'est, par ailleurs, attribué que pour trois mois ; il est ensuite prorogé de trois mois à un an au vu du contrat d'insertion. Les renouvellements ultérieurs, par périodes de même durée, se font au vu de la mise en oeuvre du contrat par la commission locale d'insertion.

Alors que la signature d'un contrat d'insertion est en principe obligatoire, on notera que seulement un peu plus d'un titulaire du RMI sur deux est titulaire d'un tel contrat (52,9 %).

Evolution du taux de contractualisation (1) des allocataires du RMI

1993

1994

1995

1996

45 %

48,3 %

51,1 %

52,9 %

(1) Le taux de contractualisation retenu est le rapport entre contrats d'insertion en cours et bénéficiaires payés.

Au demeurant, l'existence d'un contrat n'est pas forcément le signe d'un retour à l'activité.

En effet, selon une enquête réalisée en 1994 3( * ) , un tiers des contrats a simplement pour objet le " développement de l'autonomie sociale " du titulaire, qui s'engage alors à entreprendre des démarches en matière de santé ou dans le domaine administratif. Certes, deux tiers des contrats visent à l'insertion par l'emploi ; encore faut-il noter que dans 66 % des cas, il ne s'agit que de la réalisation d'un bilan professionnel ou d'un simple engagement du titulaire de rechercher un emploi.

Parmi les actions visant à développer l'autonomie sociale, 12 % des contrats d'insertion concernent les démarches liées à la santé et 9 % des démarches administratives. Ce sont les bénéficiaires âgés de plus de 50 ans qui bénéficient principalement de ce type de mesures (25 % pour les démarches liées à la santé, 21 % pour les démarches administratives).

L'insertion par l'emploi concerne à 66 % les signataires d'un premier contrat, mais dans deux cas sur trois le contrat porte sur la réalisation d'un bilan professionnel ou sur une simple aide à la recherche d'activité d'insertion, d'un stage ou d'un emploi.

Beaucoup de contrats mentionnent davantage des perspectives d'insertion plutôt que des solutions effectives . Les formules sont alors du type " recherche d'un emploi ", éventuellement assorties de quelques précisions concernant le métier ou le domaine d'activité. La réalisation de l'objectif ainsi défini dépendra alors de la réalité de l'offre d'insertion locale qui se révèle le plus souvent globalement insuffisante pour assurer à toutes les personnes concernées l'embauche recherchée.

Supprimer l'allocation à ceux qui sont depuis trop longtemps dans le dispositif n'est pas en soi une solution, encore qu'il faille noter qu'en 1996 environ 32.000 suspensions-sanctions ont été prononcées dans l'hypothèse où le titulaire refuse de prendre le moindre engagement dans le cadre d'un contrat d'insertion.

La délégation interministérielle au RMI (DIRMI) estime ainsi, à partir d'une extrapolation, à 27.000 le nombre de suspensions en 1994, à 29.980 celles de 1995 et à 32.350 celles de 1996, en progression de 7,9 % à l'échelle métropolitaine. Les suspensions-sanctions représenteraient ainsi 5 % des contrats signés.

Il est clair qu'il faut distinguer ceux qui se maintiennent dans le dispositif alors qu'ils ont d'autres sources de revenus non déclarés, de ceux, profondément marginalisés, qui ne peuvent revenir à une activité sociale minimale que dans le cadre d'un accompagnement social particulièrement soutenu.

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