INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

Cet avis s'inscrit dans un cadre différent de celui de l'année dernière puisqu'il commente les crédits relatifs à la politique de la ville et à l'intégration, qui étaient rattachés, l'année dernière, à un ministère délégué à part entière mais qui s'insèrent, cette année, au sein de l'ensemble des crédits du ministère de l'emploi et de la solidarité.

S'agissant de la politique de la ville, le projet de budget pour 1998 se situe à un tournant.

Tout d'abord, parce qu'il intervient à l'issue de la première année d'application du Pacte de relance pour la ville, décidé en 1996, et qui a pour objet de donner une impulsion forte à l'activité économique dans les quartiers sensibles.

Ensuite, parce qu'il est le premier budget relatif à la politique de la ville du nouveau gouvernement formé à l'issue des dernières élections législatives.

Concernant le bilan du Pacte de relance pour la ville, votre Commission a considéré comme encourageants les premiers résultats généraux présentés par MM. Jean-Claude Gaudin et Eric Raoult en mai dernier, ainsi que les données locales spécifiques qui lui ont été fournies par notre collègue, Mme Nelly Olin, maire de Garges-les-Gonesse, sur la zone franche urbaine de sa commune.

Pour autant, votre Commission a regretté que le Gouvernement n'ait pas pris l'option de présenter quelques " ordres de grandeur ", à caractère indicatif, sur le bilan du Pacte de relance pour la ville dans la perspective de la présente discussion budgétaire.

S'agissant de la politique de la ville suivie en 1997, votre Commission a souhaité :

- que les efforts consentis, en vue de faciliter la meilleure insertion des jeunes accueillis en stations balnéaires dans le cadre des opérations Villes-Vie-Vacances, sous la forme d'un encadrement expérimenté et d'une information des communes d'accueil, soient poursuivis en 1998 ;

- que la mise en oeuvre, amorcée en 1997, de la convention signée par l'Etat en janvier dernier avec la Mutualité Française, en vue de faciliter l'accès aux soins des personnes les plus démunies dans quatorze quartiers de la politique de la ville, soit suivie avec une particulière attention en 1998 ;

- que les projets du Gouvernement en matière de renforcement de la sécurité dans les quartiers, par le recours à des adjoints de sécurité recrutés dans le cadre des emplois-jeunes, ne se substituent pas au nécessaire redéploiement des effectifs de policiers titulaires engagé par le précédent Gouvernement.

Concernant les orientations de la politique de la ville décidées par le nouveau Gouvernement, votre Commission a émis quatre observations qui l'ont conduite à porter un jugement défavorable sur le présent budget.

Tout d'abord, elle a regretté que la structure gouvernementale ne permette pas d'assigner à la politique de la ville la priorité qui devrait être la sienne, ni d'intégrer celle-ci dans la perspective de la politique de l'aménagement du territoire en liaison avec une politique de revitalisation de l'espace rural.

Ensuite, elle a déploré que les incertitudes apparues sur la conception que se faisait le Gouvernement de la politique de la ville aient pu entraîner, sur le terrain, une certaine inquiétude de nature à affaiblir l'impact du Pacte de relance.

Par ailleurs, elle a souligné que les emplois-jeunes ne présentaient pas les mêmes garanties en termes de recrutement et de formation des jeunes des quartiers sensibles que les emplois-villes mis en place par le Pacte de relance en s'inquiétant, à terme, d'un possible " effet d'éviction " des jeunes des banlieues de ces nouveaux contrats.

Au demeurant, votre commission a adopté un amendement de suppression de l'article 64 du projet de loi de finances qui abroge le dispositif des emplois de ville à compter du 1er janvier 1998 afin de souligner que les emplois-jeunes ne présentent pas les mêmes garanties juridiques que les emplois-villes en matière de recrutement de jeunes résidant en zones urbaines sensibles.

Enfin, elle s'est demandé si l'évolution à la baisse des crédits de paiement au titre des contrats de ville prévue pour 1998 ne sous-estimait pas les besoins en crédits qui résulteraient de l'achèvement en 1998 des actions et travaux en cours.

Concernant les crédits relatifs à l'intégration, votre Commission a estimé qu'une appréciation pourra être réellement portée sur ceux-ci lorsque seront mieux connus les effets des textes à venir en matière de nationalité et de conditions d'entrée et de séjour des étrangers sur notre territoire.

Compte tenu de ces observations, votre Commission a émis un avis défavorable à l'adoption des crédits relatifs à la ville et à l'intégration dans le projet de budget pour 1998.

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