CHAPITRE PREMIER
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UNE POLITIQUE DE LA VILLE FRAPPÉE PAR UN RISQUE DE DÉMOBILISATION APRÈS L'IMPULSION DONNÉE PAR LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE

I. LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE : UNE AMBITION QUI COMMENCE À PORTER SES FRUITS

Avant de porter un premier regard sur le bilan du pacte de relance pour la ville et d'examiner les résultats de certaines actions conduites en 1997, il est utile de rappeler les principales caractéristiques de la nouvelle géographie prioritaire de la politique de la ville.

A. UNE NOUVELLE GÉOGRAPHIE PRIORITAIRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE ADAPTÉE AUX PARTICULARITÉS DES QUARTIERS EN DIFFICULTÉ.

La politique de la ville poursuivie à travers la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville s'inscrit dans le cadre de la politique de " discrimination territoriale positive " dont les fondements avaient été posés par la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire.

Comme l'avait rappelé M. Francis Idrac, alors délégué interministériel à la ville, cette politique " consiste, dans le respect du principe républicain d'égalité de l'ensemble des citoyens devant la loi, à doter certains territoires d'une capacité de faire mieux, mais aussi d'une capacité de faire autrement et différemment qu'ailleurs ".

Il ne s'agit donc pas, suivant les principes de la discrimination au sens anglo-saxon, de reconnaître la diversité des communautés ethniques et d'imposer des quotas -ce qui ne serait pas conforme à nos principes constitutionnels- mais, plus simplement, d'adapter la politique aux situations rencontrées et d'accroître les moyens avec intelligence, en proportionnant strictement les efforts au niveau de déficience de l'action publique constaté dans les quartiers.

1. Une géographie prioritaire qui cerne au plus près les difficultés

Les 214 contrats de ville qui ont pour objet, dans le cadre du XIème Plan (1994-1999), d'accroître l'efficacité des interventions publiques en matière d'habitat et de cadre de vie, d'activité économique et d'emploi, de services publics, de prévention de la délinquance et de citoyenneté, concernent 771 communes signataires et recensent 1.300 quartiers , dont 930 quartiers prioritaires périphériques, 112 centres villes, 195 quartiers sensibles à traiter préventivement et 71 quartiers d'action thématique ciblée.

Le dispositif issu du Pacte de relance pour la ville distingue trois niveaux de quartiers qui appellent chacun un degré d'action plus poussé :

a) Les zones urbaines sensibles

Les zones urbaines sensibles (ZUS) correspondent à des grands ensembles et des quartiers d'habitat dégradé souffrant d'un déséquilibre accentué entre l'habitat et l'emploi.

Elles sont d'abord apparues dans la loi du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement du territoire qui faisait référence à la liste des grands ensembles et des quartiers d'habitat dégradé mentionnée par le décret du 5 février 1993 1( * ) .

Une nouvelle liste de 750 ZUS (dont 34 dans les départements d'outre-mer) situées sur le territoire de 490 communes dans 87 départements, a été sélectionnée parmi :

- les quartiers inscrits dans les contrats de ville,

- les quartiers inscrits au décret du 5 février 1993 précité, mais ne bénéficiant pas de contrat de ville,

- quelques quartiers hors des procédures précitées, mais dont les caractéristiques sociales étaient fortement dégradées.

Cette liste résulte du décret n° 96-1156 du 26 décembre 1996 pris en application de la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du pacte de relance .

Les habitants des ZUS bénéficient :

- des emplois de ville (article 8 de la loi n° 96-376 du 6 mai 1996 relative à la réforme du financement de l'apprentissage),

- d'une dérogation aux plafonds de ressources du PLA,

- d'une exonération du supplément de loyer de solidarité en HLM,

- d'un développement du programme " Ecole ouverte ",

- d'une extension des zones d'éducation prioritaire (ZEP).

Les entreprises peuvent y être exonérées par le conseil municipal de taxe professionnelle (exonération non compensée par l'Etat à la charge des communes).

Les fonctionnaires travaillant en ZUS bénéficient de la nouvelle bonification indiciaire (NBI). Ces zones bénéficient aussi d'avantages en termes d'équipement et d'aménagement urbain (prêts projets urbains, transformation des grands logements, ...).

b) Les zones de redynamisation urbaine

Les zones de redynamisation urbaine (ZRU) avaient été définies par la loi du 4 février 1995 précitée en ne prenant en compte que les ZUS comprises dans une commune éligible à la dotation de solidarité urbaine (DSU).

La loi du 14 novembre 1996 de mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville se réfère à une sélection de critères tirés de plusieurs éléments représentatifs de la dégradation des conditions de vie dans les ZRU à savoir, la population, le taux de chômage, la proportion de jeunes de moins de 25 ans, la proportion de jeunes sortis du système scolaire sans diplôme et le potentiel fiscal des communes de rattachement.

Les 416 ZRU actuelles (dont 20 dans les DOM) ont été sélectionnées dans 343 communes et 76 départements parmi les 750 ZUS 2( * ) .

Le dispositif visant à conforter ou à recréer de l'activité économique dans ces quartiers très défavorisés, est constitué pour l'essentiel d'exonérations fiscales et sociales accordées aux entreprises.

Les mesures applicables en ZRU sont les suivantes :

- exonération, compensée par l'Etat, de taxe professionnelle, pour les établissements nouveaux, ou déjà existants, pendant cinq ans sur la totalité de la base imposable, plafonnée à 1 million de francs pour la création ou l'extension, et à 500.000 francs pour les établissements existants (art. 1466 A I ter, du code général des impôts),

- exonération d'impôt sur les bénéfices, totale les deux premières années puis dégressive les troisième, quatrième et cinquième années, sans plafonnement, pour les entreprises nouvelles (article 44 sexies du code général des impôts),

- exonération de taxes foncières sur les propriétés bâties, pendant deux ans, pour les entreprises nouvelles ou les établissements créés ou repris à une entreprise en difficulté (article 1383 du code général des impôts),

- exonération sur douze mois des charges sociales patronales du quatrième au cinquantième salarié pour les entreprises nouvelles ou existantes sur une fraction de salaire n'excédant pas 1,5 fois le SMIC.

c) Les zones franches urbaines

Enfin, les zones franches urbaines (ZFU) ont été déterminées, après appel à projet, parmi les quartiers de plus de 10.000 habitants présentant les caractéristiques les plus dégradées en termes de chômage des jeunes, de qualification professionnelle ou de ressources des communes.

Les ZFU, qui bénéficient des exonérations fiscales et de charges sociales les plus importantes, sont au nombre de 44, dont 38 en métropole et 6 dans les départements d'outre-mer. Elles sont déterminées par le Législateur qui en a fixé la liste en annexe à la loi n° 96-987 du 14 novembre 1996.

La délimitation de ces zones a été fixée par deux décrets du 26 décembre 1996 3( * ) . Le périmètre d'une ZFU peut inclure une ou plusieurs ZRU en totalité ou en partie.

L'effort de l'Etat est particulièrement concentré et repose sur des mesures d'exonération fiscale et sociale renforcées :

- exonération compensée par l'Etat de taxe professionnelle pour les établissements nouveaux ou déjà existants ou étendus, pendant cinq ans, sur la totalité de la base imposable, plafonnée à 3 millions de francs (article 1466 A I quater du code général des impôts),

- exonération d'impôt sur les bénéfices totale pendant cinq ans, avec plafonnement à 400.000 francs par an, pour les entreprises nouvelles ou existantes (article 44 octies du code général des impôts),

- exonération de taxes foncières sur les propriétés bâties pendant cinq ans (article 1383 A du code général des impôts),

- exonération des charges sociales sur douze mois des charges sociales patronales du quatrième au cinquantième salarié pour les entreprises nouvelles ou existantes sur une fraction de salaire n'excédant pas 1,5 fois le SMIC.

Les dispositifs de développement, le programme global d'aménagement et le périmètre de ces zones doivent avoir fait l'objet d'une convention entre l'Etat et les communes concernées.

2. Des indicateurs sociaux qui témoignent d'une situation très dégradée

En 1997, la Délégation interministérielle à la Ville a fait réaliser par l'Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) une exploitation particulière du recensement général de la population de 1990 pour préciser et réactualiser la situation socio-démographique des différentes zones visées par le pacte de relance pour la ville.

La population des quartiers identifiés dans les contrats de ville est de 6,5 millions d'habitants à mettre en comparaison avec les 17 millions de personnes résidant dans les communes signataires des contrats de ville.

La population est de 4.664.000 habitants dans les ZUS métropolitaines (soit 8,2 % de la population française), 3.189.000 dans les ZRU métropolitaines (soit 5,6 % de la population française), et 745.000 dans les ZFU métropolitaines (soit 1,4 % de la population française).

Le taux de chômage des jeunes est sensiblement plus élevé dans les quartiers en difficulté.

En mars 1990, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans dans les ZUS s'élevait à 28,5 %, 30,2 % dans les ZRU et 31,2 % dans les ZFU alors que ce même taux était de 21,1 % dans l'ensemble des agglomérations où se situent ces quartiers et de 19,9 % pour la France métropolitaine.

Le niveau de connaissance des enfants scolarisés dans les quartiers en difficulté n'est appréhendé que par un seul critère : la possession ou non d'un diplôme à la sortie du système scolaire.

A cet égard, il apparaît qu'en 1990, 39,3 % de la population des jeunes âgés de plus de 15 ans sortait du système scolaire dans les ZUS en ne possédant aucun diplôme. Le taux analogue pour les ZRU était de 40,9 % et celui des ZFU de 42,5 % alors que le taux national était de 29,1 %.

Il est frappant de constater que l'administration ne dispose pas d'indicateur clair concernant le niveau de connaissance des élèves .

Certes, chaque année il est procédé systématiquement dans tous les établissements à une évaluation des connaissances des élèves, en français et en mathématiques, à l'entrée en sixième. Une analyse par sondage sur un échantillon représentatif des résultats de ces tests permet de bâtir un tableau national des élèves en fonction des niveaux atteints dans ces deux matières.

Toutefois, le ministère de l'éducation nationale indique qu'il n'est pas possible d'assimiler un établissement scolaire strictement à la population d'un quartier car l'aire géographique de recrutement des élèves d'un établissement ne coïncide pas exactement avec la délimitation des zones de la politique de la ville.

Cette absence d'information est regrettable car elle ne permet pas de mesurer les effets des politiques suivies dans le secteur scolaire.

Enfin, s'agissant des services publics et des commerces , il convient de remarquer, en premier lieu, que la situation des services publics semble néanmoins assez variable suivant la nature de l'équipement : selon une enquête réalisée par l'IGAS en juillet 1991 et portant sur 320 quartiers en difficulté, 90 % des quartiers ont une école maternelle, 84 % une école primaire, 70 % un équipement de loisirs (maison de jeunes, centre de loisirs, centre culturel), 68 % un équipement sportif, 66 % un commerce, 64 % un service de protection maternelle et infantile, 61 % une ligne d'autobus, 61 % un bureau de poste, 47 % une pharmacie, 48 % une halte-garderie et 44 % une bibliothèque.

S'agissant des commerces, la situation apparaît beaucoup plus difficile.

Une enquête réalisée en 1994 sur 1.400 quartiers relevant des contrats de ville indique qu'un tiers des quartiers n'a plus de commerce.

Sur les deux tiers restants, cette enquête précise qu'un tiers des quartiers ont un équipement commercial réduit à une grande surface de type " maxi discounter " située parfois en bordure de la zone sensible.

Les difficultés rencontrées dans ces quartiers et parfois leur similarité avec celles que traversent les zones rurales en voie de dévitalisation, soulignent, s'il en était besoin, l'utilité d'une réflexion globale en termes d'aménagement du territoire.

Comme votre rapporteur le rappellera ci-dessous, la structure ministérielle retenue lors de la formation du Gouvernement ne permet pas de prendre suffisamment en compte cette dimension territoriale de l'action de la politique de la ville.

Cette approche globale était pourtant celle qui était à l'oeuvre à travers le pacte de relance pour la ville, dans le droit fil de la loi d'orientation relative à l'aménagement du territoire.

B. L'ÉLAN INCONTESTABLE DONNÉ PAR LE PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE

Le Pacte de relance pour la ville, lancé le 18 janvier 1996 à Marseille par MM. Jean-Claude Gaudin et Eric Raoult, constitue un programme d'action global et pluriannuel dont la loi du 14 novembre 1996 précitée ne représente que le volet " législatif ".

Le pacte de relance comprend six objectifs dont le contenu a été exposé, de manière détaillée, dans l'avis de votre Commission de l'année dernière : créer de l'activité et des emplois ; renforcer la sécurité afin de rétablir la paix publique ; rétablir les chances scolaires ; favoriser la mixité de l'habitat ; mieux aider les partenaires de la politique de la ville ; renforcer la présence des services publics dans les quartiers.

Ce qui importe le plus est que l'accent est mis en priorité sur la revitalisation de l'activité économique dans les quartiers.

La loi du 14 novembre 1996 précitée est de mise en oeuvre relativement récente.

Il est néanmoins satisfaisant de constater que ce texte, qui comprend 45 articles et dont les textes d'application requièrent de multiples compétences ministérielles, a donné lieu à 18 décrets d'application dont 11 décrets en Conseil d'Etat et à 2 instructions ministérielles qui ont été publiés le 12 février 1997 au plus tard, soit à peine moins de trois mois après la promulgation de la loi .

Alors que l'application des lois est souvent insatisfaisante, votre rapporteur a tenu à souligner le caractère positif de la mobilisation de la DIV, placée alors sous l'autorité de M. Francis Idrac.

1. L'absence de données complètes et définitives

Votre rapporteur aurait souhaité pouvoir présenter dans cet avis une évaluation de l'impact en matière de développement économique des mesures d'exonération fiscale et sociale prévues par le Pacte de relance pour la ville .

Cette démarche ne semble pas prématurée car, même si les derniers textes d'application remontent à février 1997, le Pacte lui-même avait été annoncé publiquement dès janvier 1996, le débat au Parlement avait débuté à l'Assemblée nationale dès le printemps de l'année dernière et les décrets essentiels, qui délimitent géographiquement les zones, remontent à la fin du mois de décembre. Compte tenu des effets d'anticipation des acteurs économiques, l'administration dispose maintenant en réalité d'un recul de près de neuf mois sur l'application du texte.

Force est pourtant de constater le laconisme de l'administration actuelle sur le bilan du Pacte.

Dans le " jaune " budgétaire, le coût des dépenses fiscales et sociales et des compensations est maintenu, pour ce qui concerne les ZRU, au même niveau en 1998 qu'en 1997, soit 1.685,80 millions de francs.

S'agissant des ZFU, les manques à gagner en matière d'exonération d'impôt sur les bénéfices (180 millions de francs) et d'exonération de cotisations sociales (350 millions de francs) sont reconduits à l'identique d'une année sur l'autre, la seule différence provenant d'une légère augmentation du coût du remboursement des exonérations dues au titre de la taxe professionnelle. L'évaluation du manque à gagner fiscal et social est donc de 790,80 millions de francs pour les ZFU.

Il est précisé par ailleurs qu'au premier semestre 1997, 956 salariés sont concernés par l'exonération de charges sociales en ZFU, que 675 entreprises se seraient installées dans les ZFU sur la même période, ce qui correspond à 2.170 créations d'emplois sur les 26.000 bénéficiaires des exonérations au titre des ZFU en 1997.

La réponse à la question posée sur le bilan par votre rapporteur se borne à préciser que :

" Les mesures d'exonération, instaurées par la loi du 14 novembre 1996 relative à la mise en oeuvre du Pacte de relance pour la ville, sont en application depuis trop peu de temps pour qu'un bilan précis puisse être réalisé aujourd'hui.

" Les comités d'orientation et de surveillance ainsi que les comités de pilotage des zones franches urbaines ont tous été installés.

" En application de l'article 45 de la loi précitée, le Gouvernement remettra au Parlement le premier rapport annuel en guise de bilan et d'évaluation. En ce qui concerne notamment les zones franches urbaines, ce rapport devrait permettre d'apprécier l'impact de ces mesures sur les recettes fiscales et sociales et leurs effets en matière de développement des activités économiques et de l'emploi. "


Outre un délai de recul, jugé trop faible, M. Jean Daubigny, délégué interministériel à la ville entendu par votre rapporteur, fait valoir qu'une analyse précise devrait reposer sur les déclarations des employeurs transmises par l'URSSAF et sur les déclarations fiscales qui ne seront disponibles que cinq mois après l'année d'imposition. Il ne serait donc pas possible d'obtenir un bilan réellement incontestable avant le premier semestre 1998, date à laquelle devrait parvenir au Parlement le rapport prévu à l'article 45 de la loi du 14 novembre 1996 précitée.

2. Les premiers signes d'un nouvel élan

Votre Commission tient néanmoins à souligner le très grand intérêt que présenteraient pour les élus nationaux, mais aussi pour les responsables des collectivités territoriales concernés par les 44 zones franches urbaines, la possibilité de disposer de premières estimations, basées sur des ordres de grandeur recueillies sur le terrain, y compris par des contacts auprès des services des diverses communes intéressées.

Une telle démarche a déjà été réalisée au printemps 1997 .

Au cours d'une communication en conseil des ministres du 21 mai 1997, MM. Jean-Claude Gaudin, alors ministre de la ville et de l'intégration, et Eric Raoult, alors ministre délégué à la ville et à l'intégration, ont souligné que, quatre mois après la mise en place des dispositifs d'exonérations, les implantations d'entreprises nouvelles avaient permis d'augmenter, déjà, de plus de 10 % le nombre d'emplois dans les zones franches urbaines. En métropole, 675 entreprises se sont installées, y apportant ou créant 2.700 emplois ; 1.500 projets seraient en cours. L'obligation légale d'embauche de 20 % de résidents des quartiers " est largement dépassée, atteignant parfois 75 % ".

Votre rapporteur a tenu à s'informer de l'impact au niveau local du dispositif . Il a reçu M. Thierry Verrier, chargé de la politique de la ville dans la commune de Garges-les-Gonesse dont le maire est notre excellent collègue, Mme Nelly Ollin.

L'encadré ci-après retrace les principales données recueillies par la mairie de Garges à propos de la ZFU de Garges-les-Gonesse-Sarcelles, dans le département du Val d'Oise.

Données relatives à la zone franche de Garges-les-Gonesse

établies par le service de développement économique de Garges

Les informations ci-dessous sont de source déclarative : elles ont été recueillies à partir de fiches de renseignements retournées par les entreprises contactées et complétées, le cas échéant, par des enquêtes téléphoniques. Ces données ne concernent pas la partie de la zone franche relevant de la commune de Sarcelles.

· 89 entreprises se sont implantées sur la zone depuis le 1er janvier 1997

- 47 entreprises sont des créations,

- 31 entreprises ont été totalement transférées (délocalisation simple),

- 8 entreprises se sont implantées au titre d'une délocalisation opérée dans le cadre d'un projet de développement ou de maintien de l'activité,

- 3 entreprises se sont implantées dans le cadre d'une opération de développement d'une activité principale ou d'une activité secondaire alors qu'elles étaient déjà implantées sur la commune.

· Les services aux entreprises constituent une activité dominante

Les 47 entreprises nouvellement créées opèrent :

- à 35 % dans le secteur des services aux entreprises essentiellement dans les domaines de l'expertise et du tertiaire supérieur (informatique, publicité, expertise technique et expertise comptable),

- à 16 % dans le domaine du bâtiment ;

- à 22 % dans le secteur du commerce de détail.

· La zone franche a permis de générer 343 emplois nouveaux dont 189 emplois transférés et 154 emplois créés.

Ces emplois nouveaux relèvent à 54 % du secteur des services aux entreprises, à 10 % du secteur du bâtiment et à 10 % du secteur des transports.

· Enfin, il est à noter que 77 emplois sont occupés par une personne résidant à Garges soit un taux de 50 %.



Ces résultats appellent deux observations .

· Ces données partielles ne permettent pas de procéder à une généralisation sur l'ensemble des zones franches . Toutes les ZFU ne jouissent peut-être pas des mêmes atouts que la zone de Garges en termes de superficie, de disponibilité foncière et de dessertes.

En revanche, ils démontrent à l'évidence que l'instauration des mesures d'exonérations fiscales et sociales du pacte de relance pour la ville a bien eu un effet d'appel auprès des entreprises ou des créateurs d'entreprises, et ceci dès les premiers mois d'application de la mesure.

En décembre 1996, près de 70 demandes d'implantation étaient déjà en stock à la mairie de Garges-les-Gonesse : l'annonce du Pacte et le débat parlementaire ont donc bien donné une relative publicité au dispositif. En août 1997, le nombre de demandes d'implantation s'élevait à 350. La hausse des intentions d'installation en zone franche est donc remarquable, même si le rythme de dépôts de demandes supplémentaires se ralentit à partir de mai 1997 en raison sans doute des incertitudes qui vont peser alors sur la poursuite du dispositif.

La création des zones franches pouvait sembler un pari risqué en raison de l'état de dégradation immobilière dans certains quartiers ou de la situation d'insécurité qui y règne. Il est clair que cette image globalement négative, parfois renforcée dans certains médias, ne fait pas reculer les entrepreneurs, ce qui semble relativement rassurant.

· L'analyse des résultats devra être affinée : les créations nettes d'entreprises ont un caractère plus satisfaisant que les délocalisations consistant en un simple " déménagement " d'une entreprise préexistante car elles correspondent à une véritable création de richesses supplémentaires.

Il reste que si certaines implantations d'entreprises peuvent être mues par un simple " effet d'aubaine ", les cas d'espèce doivent être examinés avec attention. Peut-on considérer comme due à un " effet d'aubaine " la décision d'une entreprise de s'installer en ZFU pour pallier un manque de fonds propres de nature à entraver son développement et à l'empêcher de recruter un salarié supplémentaire ?

Les cas de délocalisation doivent donc être appréciés à partir d'un faisceau de critères faisant intervenir la santé financière de l'entreprise ainsi que l'évolution de ses effectifs. Il est à noter, en tout cas, que l'application des textes permet d'éviter l'implantation par l'intermédiaire d'un intermédiaire qui servirait simplement de boîte aux lettres.

3. Un besoin réel d'indicateurs

Votre rapporteur comprend le souci de l'administration de fournir les informations les plus exactes possibles.

En revanche, il regrette que des enquêtes " déclaratives " du type de celles réalisées en mai 1997 n'aient pas été prévues dans la perspective de la présente discussion budgétaire afin d'éclairer au mieux les parlementaires. Des chiffres recueillis sur le terrain, à l'image du travail effectué à Garge-les-Gonesse, pourraient être utilement présentés avec toutes les précautions d'usage.

Cela serait évidemment d'un grand intérêt pour les créateurs d'entreprise souhaitant s'implanter en ZFU et qui veulent légitimement savoir s'ils ne seront pas isolés dans leur démarche ou s'ils pourront recueillir des conseils ou des informations auprès d'autres entreprises qui les ont précédés.

De tels chiffres permettraient aux collectivités locales dotées de zones franches de comparer leurs résultats respectifs et d'examiner les causes d'éventuels dysfonctionnements.

En tout état de cause, il paraît difficilement imaginable que M. Jean-Pierre Sueur, chargé d'une mission d'évaluation sur la politique de la ville, puisse rendre son rapport sans disposer des résultats d'une enquête préalable sur les résultats du pacte de relance pour la ville.

Il ne semble pas anormal que la représentation nationale, qui a fait clairement état de son souhait de pouvoir disposer d'un bilan du dispositif, soit alors destinataire, en priorité, des évaluations mêmes partielles qui seront réalisées par l'administration.

C. QUELQUES ASPECTS DE LA MISE EN OEUVRE DE LA POLITIQUE DE LA VILLE EN 1997

Votre rapporteur a souhaité examiner certains aspects sectoriels de la mise en oeuvre de la politique de la ville intéressant plus particulièrement votre Commission dans les domaines des opérations " Villes, Vie, Vacances ", de l'amélioration de l'accès aux soins et du rétablissement de la sécurité dans les quartiers sensibles.

1. Les opérations " Villes, Vie, Vacances " : la nécessité de maintenir de bonnes conditions d'encadrement

Baptisées à l'origine " opérations préventions Eté ", devenues en juin 1995 les opérations " Villes, Vie, Vacances ", ces opérations qui ne concernaient au départ que 12.000 jeunes, ont touché près de 800.000 jeunes en 1997.

Ces actions s'adressent en priorité aux jeunes âgés de 13 à 18 ans des quartiers ou des zones urbaines qui connaissent des difficultés. Elles mobilisent le secteur associatif, les communes ainsi que des associations parapubliques tels que les centres de loisirs ou d'animation jeunesse (CLJ), des associations sportives de la fonction publique ainsi que des associations de quartier ou d'insertion.

Le 21 avril 1997, une circulaire des ministres de la ville, de l'aménagement du territoire et de l'intégration a rappelé que viser les jeunes les plus marginalisés et les plus exposés devait être un objectif prioritaire des opérations " Villes, Vie, Vacances ". Il a été souligné par ailleurs que cette période privilégiée de contact avec la jeunesse devait être utilisée pour renforcer les actions de prévention et de sensibilisation à l'égard de fléaux tels que la drogue, la délinquance, le Sida.

Il s'agit notamment :

- de mieux repérer les jeunes en difficulté, voire les plus marginalisés ;

- de privilégier l'accueil des jeunes filles mais aussi d'assurer un encadrement disposant d'une réelle expérience et d'informer systématiquement les préfets des départements d'accueil des projets et de l'arrivée des groupes de jeunes.

a) Une diversification des activités pratiquées

Le nombre de départements inscrits dans les opérations est désormais de 91 (87 départements métropolitains et 4 départements d'outre-mer) contre 39 départements en 1995. Tous les départements comprenant une zone urbaine sensible sont concernés par les opérations. Les crédits apportés par sept ministères différents, qui se sont élevés à 83,65 millions de francs en 1997 contre 80,65 millions de francs en 1996, sont répartis entre les départements en fonction de leur ancienneté dans le dispositif et de la proportion de leur population vivant en zones urbaines sensibles.

Les activités réalisées dans le cadre des opérations " Villes, Vie, Vacances " sont de plus en plus diversifiées.

D'une manière générale, les activités se rapportent à une offre de loisirs traditionnels . Les activités à dominante sportive sont présentes en permanence dans les propositions faites aux jeunes ou élaborées par eux, surtout en période préparatoire à la Coupe du monde de football. Le ministère de la jeunesse et des sports complète généralement ces projets par une aide financière, technique ou un apport en personnel, en liaison avec ses propres programmes.

Parmi les activités, les sports mécaniques exercent un attrait fort auprès des publics adolescents. La police nationale met à disposition dans les centres de loisirs jeunesse (CLJ) sur des quartiers sensibles ou dans les opérations " piste itinérante " des personnels de la police et des compagnies républicaines de sécurité ainsi que des structures et du matériel.

Les relations qui s'établissent entre le public jeune et les fonctionnaires de police ou du ministère de la défense favorisent une meilleure compréhension réciproque . Les activités développées (activités sportives, éducatives, apprentissage de la conduite, du comportement sur la route...) permettent également à des jeunes, souvent en rupture, d'intégrer les règles et de mieux comprendre la loi.

Les opérations à caractère humanitaire sont prises en charge pour partie par le ministère de la coopération dans un programme intégré aux opérations " Ville, Vie, Vacances-solidarité internationale ". Ce ministère, en collaboration avec celui des affaires étrangères, a étendu aux pays du Moyen-Orient le champ d'action de ces opérations.

Ce type d'action, préparée longtemps à l'avance, outre le sens de la solidarité qu'il développe, permet aussi aux jeunes en difficulté de relativiser leurs problèmes et leurs attentes face à la situation précaire de certaines populations rencontrées. Ces activités créent souvent une motivation à la solidarité par l'impact que provoque l'accueil des pays étrangers sur le public jeune des quartiers. Elles favorisent également l'autonomie des jeunes par le travail pédagogique mené autour des projets.

Les activités culturelles , en particulier la musique et les activités périphériques, remportent un vif succès auprès des jeunes. On constate, à la suite de la participation du ministère de la culture dans les opérations " Ville, Vie, Vacances " une augmentation de toutes ces actions. Activités de danse, théâtre, cirque, vidéo font partie de la panoplie des activités proposées aux jeunes des quartiers et présentent un réel degré de qualité.

Plus original, les ouvertures de musées, la découverte du patrimoine, les ateliers d'écriture sont des actions qui viennent enrichir encore les propositions faites.

Au cours de l'été 1997, la DIV a contribué à mettre en place, en partenariat avec la direction du livre et de la lecture ainsi qu'avec le concours de la mission solidarité de la SNCF, l'opération " Un livre pour l'été " qui a consisté, grâce aux dons des éditeurs, à distribuer 100.000 livres à 100.000 jeunes.

L'implication dans les opérations " Ville, Vie, Vacances " des clubs de prévention spécialisée, financés par les conseils généraux, des personnels et des services de la protection judiciaire de la jeunesse et de l'administration pénitentiaire permet de répondre à l'un des premiers objectifs de ces opérations : sensibiliser des jeunes en difficulté ou en voie de marginalisation, pas ou peu intégrés dans les activités existantes et faire participer un encadrement spécialisé. Près de 20.000 jeunes détenus bénéficient de ce programme.

b) La nécessité de maintenir un réel effort des effectifs du personnel d'encadrement

Dans son avis sur le projet de budget pour 1996, votre rapporteur avait appelé l'attention du ministre sur les difficultés, apparues ponctuellement dans certaines stations balnéaires participant aux opérations " Ville, Vie, Vacances ", dues aux tensions voire aux agressions, causées par les jeunes accueillis.

Dès février 1996, des consignes avaient été données pour que le personnel d'encadrement soit mieux formé et dispose d'une réelle expérience dans le domaine de la prévention.

L'été 1997 s'est déroulé dans des conditions que l'on peut considérer comme satisfaisantes et les incidents semblent avoir été moins fréquents que les années précédentes.

Pour prévenir d'éventuels incidents pouvant se produire sur des sites de tourisme, en particulier dans les stations balnéaires du littoral girondin et roussillonnais, une réunion à laquelle étaient invitées les préfectures des départements côtiers, s'est tenue, le 7 mai 1997, au cabinet de M. Eric Raoult, ministre délégué. Les deux départements de la Gironde et des Pyrénées-Orientales ont mis en place un " plan littoral ", c'est-à-dire un dispositif d'accueil et d'animateurs de rue et de renforcement de la surveillance venant compléter les renforts de sécurité (gendarmerie, police nationale, police municipale). Il a été demandé de signaler immédiatement les incidents pouvant être provoqués par des jeunes estivants relevant du dispositif " Ville, Vie, Vacances ".

Le Gouvernement a indiqué à votre rapporteur que cette focalisation sur le dispositif à partir de quelques faits délictueux ou criminels n'était pas nouvelle. Un amalgame semble être opéré entre les groupes accueillis au titre de " Ville, Vie, Vacances ", qui ne posent en principe pas de problèmes particuliers, et les autres déplacements de jeunes organisés par des mairies, ou spontanés.

Le ministère estime " qu'il est impératif de relativiser les faits car il s'agit de quelques dizaines de cas soumis à des manifestations d'exaspération de la part des commerçants ainsi que de la population locale " et note " cette année une réaction plutôt modérée des élus et des médias qui tout en s'indignant de l'attitude des jeunes ont pris soin de ne pas mettre en cause le dispositif " Villes, Vie, Vacances " lui-même puisque de fait celui-ci a offert les garanties attendues ".

Il est indiqué que les interrogations que pose le dispositif sont révélatrices de dysfonctionnements plus généraux :

- responsabilités respectives de l'Etat, des collectivités, des associations et des parents ;

- prise en compte dans l'offre de loisirs de la demande évolutive du public jeune qui n'a plus les mêmes comportements aujourd'hui qu'il y a seulement cinq ou dix ans ;

- le problème général de l'encadrement des groupes et du suivi des opérations ;

- la forte pression exercée par les jeunes désoeuvrés auprès des structures municipales pour partir en vacances.

Le ministère met en avant deux pistes de réflexion :

- certaines réactions de rejet telles que les refus d'entrée dans les campings ou les discothèques attisent l'hostilité réciproque ;

- plus généralement le séjour de groupes de jeunes (organisé ou lié à un déplacement privé) tend à présenter un certain nombre de risques pour les communes d'accueil.

Il est souligné qu' " au-delà des efforts supplémentaires centrés sur le dispositif Villes, Vie, Vacances, c'est sur le cadre plus général des déplacements estivaux des jeunes qu'il faut intervenir ".

Il est précisé qu'il est nécessaire de renforcer la mobilisation des administrations locales sur la surveillance de ces séjours, " d'informer et aider l'ensemble des communes qui le souhaitent à s'organiser lors de l'envoi et devant l'arrivée d'un flux de population qu'elles auront de toute façon à accueillir, nonobstant l'existence de programmes de loisirs jeunes en bénéficiant par exemple des emplois d'encadrement que peut permettre le programme emplois-jeunes (emplois dans l'Education nationale, emplois sécurité) ".

Votre rapporteur constate que les collectivités locales qui accueillent les jeunes au titre des opérations " Ville, Vie, Vacances " voient leur capacité d'accueil des estivants diminuer. En outre, les jeunes qui ont visité des stations de tourisme dans le cadre de telles opérations peuvent avoir le souhait de revenir les années suivantes par leurs propres moyens dans un lieu qu'ils connaissent et qu'ils ont apprécié.

Il serait erroné de faire reposer sur les collectivités locales, et elles seules, les coûts des personnels d'encadrement requis, en saison estivale, pour assurer un minimum d'ordre et de civilité.

L'objectif du Gouvernement est d'étendre les opérations " Ville, Vie, Vacances " à l'ensemble des zones urbaines sensibles en 1998, soit la quasi-totalité des départements. Le souci d'étendre quantitativement les effectifs des jeunes concernés par les opérations est compréhensible ; mais il ne faut pas négliger les coûts induits par l'accueil, dans de bonnes conditions, des jeunes concernés au sein de la population locale.

Le Gouvernement devra poursuivre les efforts engagés au cours de ces dernières années pour assurer le bon déroulement des opérations qui constituent incontestablement un atout important pour apaiser le " climat social " dans les quartiers sensibles au cours des périodes estivales.

2. Une expérience novatrice en matière d'accès aux soins

Lors de la préparation de la dernière loi de finances, M. Jacques Barrot, alors ministre du travail et des affaires sociales, avait fait part de son souci de constituer dans le cadre de la politique de la ville des réseaux de santé de proximité, associant professionnels du champ sanitaire et social, hospitalier et libéral en vue d'offrir des réponses adaptées en matière d'accès à la protection sociale et aux soins " pour les populations pour lesquelles cela ne va pas de soi " 4( * ) .

Votre rapporteur a souhaité se pencher sur la convention de partenariat que MM. Jacques Barrot, ministre du travail et des affaires sociales, Jean-Claude Gaudin, ministre de l'aménagement du territoire, de la ville et de l'intégration, Eric Raoult, ministre de la ville et de l'intégration et Xavier Emmanuelli, secrétaire d'Etat à l'action humanitaire d'urgence ont signé, le 8 janvier 1997, avec M. Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité Française afin d'améliorer l'accès aux soins des personnes les plus démunies dans les quartiers sensibles conformément aux décisions prises lors du comité interministériel des villes du 2 juillet 1996.

Il s'agit d'une expérimentation conduite dans 14 sites choisis parmi les quartiers prioritaires de la politique de la ville et en fonction des difficultés que rencontre cette population dans le domaine de la santé.

La démarche entreprise ne vise pas à recréer des dispositifs qui existent déjà. Elle consiste, sur la base d'un diagnostic préalable, à promouvoir des solutions concrètes voulues par tous les partenaires concernés, et permettre une meilleure couverture en matière de santé complémentaire.

LISTE DES SITES-PILOTES

pour l'application de la convention du 6 janvier 1997 prise dans le cadre du pacte de relance pour la ville et relative au programme expérimental d'accès aux soins pour les personnes en difficulté des quartiers sensibles

VILLES QUARTIERS

Nice L'Ariane

La Seyne-sur-Mer Berthe

Marseille Hôpital nord

Arles Griffeuille

Romans La Monnaie

Nîmes Le Mas de Mingue

Vaux en Velin Ville

Mulhouse Les Côteaux

Clichy Monfermeil Le Territoire

Charleville Mezières Centre ville (avec accès
aux quartiers difficiles)

Lille Faubourg de Béthune

Brest Pontanezen

Rouen La Grande Mare

Saint-Denis de la Réunion Les Camélias

a) Un dispositif novateur

A l'origine le projet part d'un constat, celui d'une société à " deux vitesses ", en ce qui concerne l'accès aux soins. D'un côté, il y a ceux qui ayant un emploi bénéficient d'une protection obligatoire et le plus souvent d'une protection complémentaire, de l'autre ceux qui, en situation de précarité avec des ressources limitées, ne bénéficient pas d'une couverture suffisante ou sont éloignés d'une façon plus ou moins transitoire de l'accès à l'offre de soins.

Ainsi, on estime aujourd'hui, que 17 % des Français n'ont ni mutuelle ni assurance privée complémentaire. Comme l'a rappelé le Conseil économique et social, les couches les plus défavorisées de la population doivent prendre en charge en moyenne 26 % de leurs dépenses de santé, lorsqu'elles ont fait le choix de se faire soigner. Le même rapport souligne que 20 % des Français auraient renoncé à des soins, notamment à des soins dentaires en 1994, pour des raisons financières. Beaucoup de ceux-là sont à la fois trop défavorisés pour s'offrir de tels soins et pas assez défavorisés pour pouvoir bénéficier de l'aide médicale qui leur garantirait une bonne prise en charge. Ce sont en quelque sorte les " exclus de l'exclusion ", les victimes " des phénomènes de seuil " qui se retrouvent partout dans les pays développés.

Il a été confirmé à votre rapporteur lors de l'audition de M. Philippe Calmette, directeur général de la Mutualité française, qu'une cassure semble s'être opérée au début des années 90 . Avant 1991, la consommation des soins médicaux était relativement indépendante du niveau des prix ; à partir de 1991, il est constaté que lorsque le coût d'accès aux soins médicaux augmente, certains adhérents de la Mutuelle vont diminuer le niveau de leurs prestations de soins, tandis que d'autres vont quitter leur mutuelle pour ne pas acquitter le coût mensuel d'adhésion à une couverture complémentaire. Ce phénomène est surtout constaté chez les assurés bénéficiaires de minima sociaux ou dont le niveau de revenus est légèrement supérieur au seuil.

Il a enfin été indiqué que, s'il n'y avait pas de statistiques sur le niveau de santé des personnes les plus démunies dans les quartiers sensibles, plusieurs phénomènes étaient constatés empiriquement. Tout d'abord, des pathologies considérées comme maîtrisées dans nos sociétés industrialisées, telles que la tuberculose, connaissent une recrudescence inattendue. De plus, les incidents surviennent fréquemment au cours de la situation de grossesse en raison d'un manque de suivi. Les pathologies de la peau importantes, telles que la gale, réapparaissent. Les cas de saturnisme, dus à l'intoxication au plomb en raison de l'état défectueux des conduites d'eau, doivent être pris en considération. Enfin, les problèmes d'ordre bucco-dentaires sont relativement aggravés par le manque systématique de soins. Les déficiences visuelles ou auditives font rarement l'objet des traitements appropriés.

Le déficit en médecins scolaires rend particulièrement criants les cas de retard scolaire parfois uniquement imputables à un problème auditif ou visuel non détecté et, évidemment, non pris en charge. Plus grave, il ressort d'une étude menée dans des établissements de la région lyonnaise que, même informés, les parents n'agissent pas en invoquant une raison financière.

b) Le contenu de la convention

Etant donné la difficulté de ces populations à faire valoir leurs droits dans le système sanitaire et social traditionnel et l'obstacle que représente pour elles le ticket modérateur, la mise en place de la convention comporte trois volets :

- une " porte d'accès aux soins " : il s'agit de favoriser l'accès aux droits sociaux et aux ressources sanitaires et sociales existantes ou à compléter en organisant une information, une prise en charge adaptées au contexte urbain local et à la situation sociale des habitants ;

- l'accès à une mutuelle pour les populations utilisant le dispositif : l'objectif est de mutualiser les populations les plus défavorisées de la géographie concernée et n'étant pas ou plus en mesure de bénéficier d'une couverture complémentaire de leurs soins ;

- l'accompagnement de la personne : l'objectif est de les amener progressivement à une attitude autonome et responsable en matière de santé et de les réintégrer dans les dispositifs de droit commun participant ainsi à un retour vers l'exercice de la citoyenneté.

Le dispositif doit intégrer un accompagnement personnalisé des personnes concernées, permettant un accueil, une orientation et un accès vers l'ensemble des structures sanitaires et sociales qui leur seraient nécessaires en liaison avec les organismes institutionnels concernés et en fonction des compétences de chacun.

c) Un retard de mise en oeuvre

La mise en place du dispositif qui devait être opérationnel au début de 1997 a connu un certain retard en raison de la difficulté de recruter des personnes opérationnelles rapidement sur les postes de " référents santé " .

Le référent santé constitue la cheville ouvrière du programme. Il est investi d'une double mission : d'une part, assurer le lien entre les populations en difficulté et les dispositifs de soins appropriés (réseau de médecins, de dentistes, centres de soins, centres optiques, établissements de soins, etc.) ; d'autre part, accompagner la mutualisation des personnes afin de les réinsérer dans un réseau de solidarité et de responsabilité.

Aller au devant des personnes visées par ce programme, les écouter, les orienter, les aider à faire valoir leurs droits le cas échéant, à remplir les documents administratifs, être l'interlocuteur des différents institutions, services et associations concernées, cela demande avant tout une bonne connaissance du terrain, des populations et de leurs modes de communication, une grande disponibilité aussi avec des horaires appropriés.

Les personnes concernées doivent être recrutées, après une formation préalable courte sur l'aspect technique des tâches à effectuer, par un groupement local de la Mutualité française (union départementale ou mutuelle), porteuse du projet.

Les difficultés de recrutement et de formation des " référents santé " illustrent la difficulté de faire émerger des emplois nouveaux, tels que ceux préconisés à travers les emplois-jeunes, sans former au préalable les jeunes qui sont recrutés.

En revanche, malgré le retard pris en matière de recrutement de permanents ayant le titre de " référent santé ", des comités de pilotage locaux ont été installés dans toutes les zones concernées afin de définir et de lancer les projets.

La mise en oeuvre de ce programme représente un coût de 2,4 millions de francs : 1,2 million de francs est assuré par la Mutualité française, 800.000 francs parviennent de la DIV et 400.000 francs ont été dégagés par le Fonds d'action sociale.

Le fonds national de solidarité mutualiste, quant à lui, a, par décision du 25 juin 1997, accepté d'octroyer une subvention de 23,1 millions de francs à la Mutualité française, permettant le financement, pour chacun des 14 sites, de l'accès à une mutuelle pour 500 personnes et des frais de fonctionnement du dispositif local.

Votre Commission souhaite vivement que cette opération, qui a pris un certain retard dans son exécution, puisse être menée à bien au cours de cette année 1998 car le déroulement de cette expérience peut apporter des éléments d'information utiles en vue de faciliter l'accès aux soins des personnes les plus démunies.

3. Le préalable indispensable du rétablissement de la sécurité dans les quartiers

Un troisième point essentiel est celui du rétablissement de la sécurité dans les quartiers. Le Sénat avait fait remarquer lors de la discussion de la loi portant mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville, que le rétablissement d'un niveau minimal de sécurité dans les quartiers en difficulté apparaissait comme une condition indispensable à la reprise de l'activité économique et commerciale dans ces zones.

Notre Commission est d'autant plus intéressée à la sécurité que les effectifs policiers jouent également un rôle déterminant pour l'encadrement des jeunes au cours de leurs activités sportives, leur insertion dans le monde du travail ou l'accompagnement des toxicomanes.

553 policiers assistés dans leur action par 51 policiers auxiliaires ont accueilli chaque jour une moyenne de 11.400 jeunes dans le cadre d'activités de loisirs à dominante sportive.

Le prolongement en 1996 de l'opération " police insertion ville ", engagée en 1995 au profit de 165 jeunes des quartiers défavorisés de 15 départements, a permis à 25 d'entre eux de réussir le concours de gardien de la paix, 8 autres des concours administratifs (police municipale) ; 17 ont obtenu des emplois permanents ou temporaires dans le secteur privé.

Enfin, le partenariat avec la fédération française des sociétés d'assurance, axé sur la réinsertion de jeunes en difficulté (chômage, drogue...) au travers de 6 centres de loisirs de jeunes, a permis depuis 3 ans l'obtention d'un emploi à durée déterminée ou indéterminée pour 80 jeunes sur les 113 ayant suivi une formation qualifiante.

a) Les engagements du Gouvernement actuel

Lors du colloque de Villepinte organisé à l'initiative du Ministère de l'intérieur, intitulé " Des villes sûres pour des citoyens libres ", le Premier ministre a pris plusieurs engagements portant sur la création d'un conseil de sécurité intérieure, la clarification du statut pour les polices municipales, le redéploiement des effectifs de la police nationale sur le territoire et un traitement particulier du phénomène de la délinquance des mineurs. M. Jean-Pierre Chevènement a rappelé la nécessité " de rétablir la paix civile dans les quartiers où elle est menacée ".

S'agissant des perspectives pour 1998, il a été indiqué dans les réponses aux questionnaires transmises à votre rapporteur que le Gouvernement entendait mettre l'accent sur les contrats locaux de sécurité et les emplois d'adjoints de sécurité recrutés dans le cadre des emplois-jeunes.

·  S'agissant des contrats locaux de sécurité , il est indiqué qu'ils s'intégreront dans une approche plus large de la politique de prévention de la délinquance et de maintien de la cohésion sociale. A cet effet, l'Etat associerait à ses actions ses partenaires traditionnels, au niveau de la commune et de l'agglomération.

Le Gouvernement précise que si la responsabilité de l'Etat d'assurer au quotidien la sécurité des concitoyens peut s'exercer pour partie au plan départemental, il est également nécessaire de mobiliser les énergies des acteurs locaux pour mesurer et suivre l'évolution des phénomènes, articuler les interventions des administrations avec celles des services communaux, introduire de la cohérence dans les actions et adapter les réponses à la variété des situations rencontrées sur le terrain. C'est dans cet esprit que devraient être élaborés les contrats locaux de sécurité qui s'inscriront dans une démarche de police de proximité afin de donner davantage de " visibilité " à l'action quotidienne de la police.

Il est souligné que les " maires des communes concernées seront directement impliqués dans leur mise en oeuvre et qui au même titre que le représentant de l'Etat dans le département, ils disposent de l'initiative en la matière ".

·  Concernant les 35.000 emplois de proximité destinés à améliorer la sécurité de la population française au titre des emplois-jeunes, 15.000 sont prévus dans les services de sécurité publique, dont 12.000 pour des fonctions opérationnelles de " terrain " et 3.000 pour des activités administratives et techniques, telles qu'interprète, informaticien, psychologue, photographe ou moniteur d'encadrement sportif.

Les services de sécurité publique seraient à même d'absorber 2.500 emplois (2.000 opérationnels, 500 administratifs et techniques lors de la première tranche de recrutement). En termes budgétaires, les objectifs pour 1998 plus modestes : 230 millions de francs devraient être consacrés à la création de 8.250 emplois d'adjoints de sécurité d'ici 1998.

b) Les efforts prévus par le Pacte de relance pour la ville

Les déclarations récentes ne doivent pas faire oublier que la recherche d'une meilleure sécurité dans les quartiers sensibles faisait partie des objectifs des gouvernements mis en place depuis mars 1993 et que cet objectif a été confirmé clairement dans le cadre du pacte de relance pour la ville.

En particulier, les unités répressives ont été nettement renforcées, les effectifs des brigades anti-criminalité (BAC) départementales, dont la mission est de lutter contre la petite et la moyenne délinquance -essentiellement par la recherche du flagrant délit- ainsi que la lutte contre les violences urbaines, ont été sensiblement étoffés et portés à 3.556 fonctionnaires. Par ailleurs, en 1996, 2 BAC créées dans le Val d'Oise et la Seine-et-Marne sont venues s'ajouter aux 5 unités existant déjà dans les départements périphériques d'Ile-de-France.

De plus, ont été créées en 1995, les sûretés départementales , qui assurent une mission de sécurité publique et sont appelées à ce titre à intervenir tant en matière judiciaire que dans le domaine de la police administrative. Elles ont pour missions prioritaires la lutte contre la délinquance de voie publique, les violences urbaines, le trafic local de stupéfiants.

13 départements en sont dotés : Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Corse du sud, Haute-Corse, Nord, Rhône, Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val d'Oise, La Réunion.

L'objectif est de doter ces unités de 100 fonctionnaires en petite couronne, 60 en grande couronne et 30 pour les départements de province et d'outre-mer.

Les 780 fonctionnaires en service dans ces unités ont traités en 1996 9.631 affaires judiciaires dont 7.457 ont été élucidées. Leur taux global d'élucidation est de 77,4 %.

Les compagnies et sections d'intervention , souples d'emploi, et utiles lorsqu'elles interviennent en combinaison avec des BAC et des unités de renfort, ont vu leurs effectifs remis à niveau, notamment dans la région parisienne grâce à des affectations prioritaires au titre du pacte de relance pour la ville.

L' îlotage a poursuivi son développement tout en devenant plus opérationnel, l'îlotier étant considéré comme un policier à part entière, chargé de faire respecter la loi et de garantir la paix publique.

A l'heure actuelle, 3.249 îlotiers assurent une mission permanente sur 1.744 îlots. Malgré ce cadre contraignant, l'îlotage s'est adapté tant pour répondre au souhait de la population de voir l'îlotier se transformer en agent de police judiciaire actif que pour faire face à une délinquance en mutation dans les quartiers sensibles. Dans plusieurs départements, le plan d'îlotage a été revu dans ses horaires, ses missions, ses techniques.

Enfin, il est à remarquer que dans les zones périurbaines sensibles relevant de la compétence de la gendarmerie, la Direction générale de la gendarmerie nationale a commencé à mettre sur pied, à compter de 1997, des Brigades de prévention de la délinquance juvénile , unités d'un type nouveau, à vocation essentiellement préventive.

c) Des résultats tangibles qui ont permis une inversion des courbes de délinquance

Les chiffres significatifs de l'activité judiciaire des services de sécurité publique dans les zones urbaines sensibles au cours des trois années écoulées peuvent être synthétisés dans le tableau ci-après.

1994

1995

1996

Evolution 95/96

Faits constatés

2.387.667

2.282.108

2.276.247

- 0,26

Faits élucidés

475.291

482.737

474.729

- 1,66

Taux d'élucidation

19,91

21,15

20,86

-

Personnes mises en cause

364.842

387.331

396.151

+ 2,28

Gardes à vue

174.766

180.187

182.596

+ 1,34

Ecrous

31.137

28.229

ignoré

-

En 1996, la sécurité publique a constaté 2.275.247 crimes et délits, nombre en très léger recul par rapport à 1995 mais qui s'inscrit dans la dynamique de baisse enregistrée depuis trois ans. La baisse cumulée depuis 1994 est de 4,67 %.

Par rapport à 1995, la délinquance de voie publique (cambriolages, vols de voitures, vols à la roulotte, dégradations essentiellement) qui affecte le plus la vie quotidienne des habitants des quartiers sensibles a régressé de 0,23 %.

Bien qu'en léger retrait par rapport à l'année écoulée, le taux d'élucidation (rapport faits élucidés/faits constatés) se maintient aux environs de 21 %, -20,86 % contre 21,15 %- alors qu'il était inférieur à 20 % au cours des années précédentes.

La lutte contre la toxicomanie dont l'influence est indéniable sur la délinquance acquisitive reste une priorité majeure, 43.690 affaires ont été traitées en 1996. En ce domaine, l'activité des services de la sécurité publique est en augmentation constante depuis 10 ans.

L'ensemble de ces résultats traduit le renforcement du potentiel offensif contre la délinquance.

La dernière étude détaillée disponible portant sur le premier semestre 1996, quant au taux de délinquance dans les quartiers, et concernant 45 quartiers sensibles et leurs circonscriptions d'appartenance a mis en évidence que le nombre de quartiers dans lesquels la délinquance diminue était pratiquement deux fois supérieur à celui des quartiers où était constatée une progression (27 contre 14 ; 4 quartiers restent stables) ; que les mouvements à la baisse étaient d'une amplitude plus forte que les tendances à la hausse -50 % des cas- ; que d'une manière générale lorsque la délinquance diminuait dans une circonscription de référence, le mouvement à la baisse dans le quartier sensible était amplifié. Les quartiers sensibles de Nice, Marseille, Dreux et Conflans-Sainte-Honorine voyaient cependant leur délinquance grimper parfois très fortement malgré de bons chiffres dans l'agglomération.

La direction centrale de la sécurité publique estime cependant que les statistiques de la délinquance dans les quartiers sensibles doivent prendre en compte le fait que les délinquants qui y demeurent sont parfois beaucoup plus actifs dans les centres villes, les centres commerciaux et les zones résidentielles de l'agglomération.

d) Une inquiétude quant à la poursuite du redéploiement des effectifs de policiers

Dans le cadre du pacte de relance pour la ville, il était prévu de procéder à des redéploiements devant porter sur 3.000 fonctionnaires en trois ans grâce à une meilleure articulation des zones de police et de gendarmerie et à l'affectation prioritaire dans les quartiers des agents administratifs et techniques. Par ailleurs, 200 enquêteurs fonctionnaires d'investigation et 800 fonctionnaires de police expérimentés dans des fonctions d'îlotage devaient rejoindre les quartiers en difficulté.

En 1996, les objectifs de redéploiement fixés par le pacte de relance pour la ville ont été respectés et même dépassés. Un délai technique de deux mois, rendu nécessaire par l'attente des sorties d'école, a permis d'affecter prioritairement les promotions sorties d'école en janvier et février 1997 dans les zones urbaines sensibles.

Au total, celles-ci auront été renforcées de 2.300 fonctionnaires soit un surnombre de 300 par rapport à l'objectif initial de 2.000 policiers.

Toutefois, il est précisé que " ce respect des engagements pris a entraîné de fortes tensions dans les petites circonscriptions où souvent moins de la moitié des départs ont été compensés. "

" La Direction générale de la police nationale n'a donc pas pu prendre de nouveaux engagements quantitatifs pour 1997, année au cours de laquelle, aux termes du Pacte de relance pour la ville, 1.000 policiers supplémentaires devaient être redéployés . "

Il est indiqué que compte tenu de ces difficultés, il a été convenu que les efforts porteront en 1997 sur un certain nombre de sites prioritaires parmi les circonscriptions de sécurité publique en charge des zones franches urbaines.

Votre Commission souligne que le relâchement de l'effort en matière de redéploiement d'effectifs de polices titulaires serait d'autant plus regrettable que les statistiques relatives à la délinquance de voie publique et au taux d'élucidation des affaires montraient depuis 1995, sinon un reflux significatif de la délinquance, du moins une inversion de la tendance à la hausse de cette dernière, qui semblait irréversible.

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