Art. 4
Déplafonnement des cotisations d'allocations familiales des employeurs et des travailleurs indépendants

En première lecture, le Sénat avait adopté un dispositif plus progressif de suppression du plafonnement partiel subsistant pour les cotisations personnelles d'allocations familiales des employeurs et travailleurs indépendants, afin d'en atténuer la charge pour les intéressés en 1998.

Considérant en effet que ce déplafonnement allait se traduire par une charge supplémentaire non négligeable pour les personnes concernées, le Sénat avait prévu que les taux de cotisations qui sont aujourd'hui de 4,9 % sur la part déplafonnée et de 0,5 % sur la part plafonnée seraient fixés respectivement à 5,15 % et 0,25 % en 1998, selon un dispositif transitoire. En 1999, le déplafonnement aurait été total et le taux de 5,4 % aurait porté sur l'intégralité du revenu.

Le Sénat avait accepté ce déplafonnement progressif qui lui avait semblé cohérent avec sa position à l'article 19 de refus de la mise sous condition de ressources des allocations familiales.

L'Assemblée nationale a rétabli en nouvelle lecture le texte adopté par elle en première lecture.

Art. 5
(Art. L. 245-13 nouveau du code de la sécurité sociale)
Création d'une taxe de santé publique sur les tabacs

Cet article proposait, dans le projet de loi initial, la création d'une taxe de santé publique sur les tabacs affectée à l'assurance maladie.

L'Assemblée nationale et le Sénat ont, en première lecture, manifesté leur accord à la création de cette taxe, pour trois raisons :

1. en contribuant à la hausse des prix du tabac, cette taxe aura un effet dissuasif sur la consommation de tabac ;

2. son produit étant directement et intégralement affecté à l'assurance maladie, elle constituera une recette d'appoint pour la sécurité sociale ;

3. son taux étant fixé en loi de financement de la sécurité sociale, il pourrait être modulé au cours des années en fonction du seul souci de la protection de la santé publique.

L'Assemblée nationale et le Sénat s'étaient aussi mis d'accord sur le principe d'une taxation additionnelle du tabac à rouler, actuellement moins taxé que les cigarettes, car il exerce, en raison de son prix, un attrait grandissant chez les jeunes. Or, compte tenu de sa teneur en nicotine et en goudrons, le tabac à rouler favorise une dépendance précoce et aggravée.

Un seul point séparait les deux assemblées : le taux de la taxe, que le Sénat préférait plus élevé. Dans son rapport n° 454, M. Claude Evin, rapporteur pour l'assurance maladie et les accidents du travail de la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale, lui proposait ainsi de rétablir les taux qu'elle avait adoptés en première lecture.

Le Gouvernement, finalement, ne l'a pas entendu ainsi. M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, a en effet défendu un amendement du Gouvernement au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998 présenté au nom de M. Lionel Jospin par Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, supprimant la taxe de santé publique qu'il instituait.

Cet amendement est inacceptable, car il supprime les trois avantages principaux de la taxe de santé publique sur les tabacs qui avaient fait l'accord de l'Assemblée nationale, du Sénat, et de Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, auteur, au nom du Gouvernement, du projet de création de la taxe :

1. il ne contribue pas directement à la hausse des prix du tabac, M. Dominique Strauss-Kahn ayant annoncé à l'Assemblée nationale que " le droit de consommation sera gelé en 1998 " ( compte rendu analytique officiel, troisième séance du mardi 25 novembre 1997 ). Ainsi, même si le Gouvernement annonce un réforme ultérieure des droits de consommation, il semble renoncer dans l'immédiat à la politique de hausse des prix du tabac menée sans interruption par les gouvernements successifs, quelle que soit leur appartenance politique, depuis l'adoption de la loi n° 91-32 dite " loi Evin " ;

2. il prévoit qu'en remplacement de la taxe de santé publique sur les tabacs, une fraction supplémentaire des droits de consommation sur le tabac sera affectée à l'assurance maladie par " la loi de finances pour 1998 ". M. Dominique Strauss-Kahn a annoncé que le Gouvernement proposerait ainsi de porter de 6,39 % à 9,1 % la fraction des droits de consommation affectée à l'assurance maladie, parallèlement à une réforme des droits de consommation aux contours imprécis. Or, le projet de loi de finances est actuellement en discussion devant le Parlement. Il ne contient aucune mesure de ce type et le Gouvernement ne l'a pas davantage introduite par voie d'amendement, ni devant l'Assemblée nationale, ni au Sénat.

Dans l'immédiat, l'article 5 tel qu'il est issu des débats de l'Assemblée nationale du 25 novembre remet en cause une recette d'au moins 1,4 milliard de francs pour l'assurance maladie et aggrave donc à due concurrence le déficit prévisionnel de la sécurité sociale pour 1998 ;

3. l'article 5 renonce désormais à ce que la politique des prix du tabac soit guidée par de seules préoccupations de santé publique . On pourrait même dire qu'il exclut les préoccupations de santé publique dans la fixation des prix du tabac : ce n'est pas en effet faire un mauvais procès à l'administration de l'économie et des finances que de constater que les crédits ouverts en loi de finances au titre de la lutte contre le tabagisme représentent 0,006 % des droits de consommation sur le tabac perçus par l'Etat.

Pour l'ensemble de ces raisons, votre commission ne comprend pas que l'Assemblée nationale, à défaut de se ranger aux arguments du Gouvernement, ait toutefois adopté l'amendement qu'il proposait.

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