Article additionnel après l'article 11
Régime des indemnités des élus des chambres consulaires au regard des cotisations sociales

L'Assemblée nationale a rejeté en séance, en raison de l'opposition du Gouvernement, un amendement adopté par sa commission des Finances visant à exonérer de cotisations sociales les indemnités des élus de chambres de métiers.

Votre rapporteur s'est efforcé d'étudier de plus près le régime de l'assujettissement aux cotisations sociales des indemnités perçues par les élus de l'ensemble des organismes consulaires.

Tout d'abord, tous les élus de chambres professionnelles -chambres d'agriculture, chambres de commerce et d'industrie et chambres de métiers- ne perçoivent pas de telles indemnités. Il s'agit en règle générale des présidents et des vice-présidents, mais parfois d'autres membres du bureau. Ces indemnités sont calculées en fonction du nombre de ressortissants (arrêté du ministère du commerce de l'artisanat et du tourisme du 5 février 1985 paru au Journal Officiel du 12 février 1985, en ce qui concerne les indemnités des membres des chambres de métiers).

La Cour de Cassation, le ministère des Affaires sociales en 1996 9( * ) , l'Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (ACOSS) 10( * ) ont considéré que les présidents des chambres de commerce et d'industrie 11( * ) , les présidents et les vice-présidents de chambres de métiers 12( * ) devaient acquitter des cotisations d'allocations familiales, en tant que travailleurs indépendants, sur leurs indemnités. Les élus des chambres de métiers et des chambres de commerce et d'industrie percevant des indemnités devraient acquitter en outre des cotisations d'assurance maladie auprès de la CANAM et des cotisations d'assurance vieillesse -selon les cas- à l'ORGANIC, à la CANCAVA et à la CNAVTS. Pour les autres élus des chambres de métiers et des chambres de commerce et d'industrie, l'ACOSS n'a pas pris position. En effet, la lettre du Ministre en date du 18 avril 1996 ne traite que des présidents des chambres de métiers.

En ce qui concerne les élus des chambres d'agriculture et des chambres de commerce et d'industrie, il semble que les dispositions relatives au paiement de cotisations sociales sur leurs indemnités ne soient pas toujours appliquées. Pour les présidents de chambre d'agriculture, l'inscription devrait normalement se faire au sein de la caisse de Mutualité sociale agricole (compétence par nature et non par objet, la Cour de Cassation a débouté les URSSAF qui souhaitaient prélever des cotisations sur ces indemnités).

D'après les informations recueillies auprès des différents organismes consulaires, il apparaît que les élus des chambres d'agriculture ne paient pas de cotisations sociales (les caisses de Mutualité sociale agricole n'en prélèvent pas) et que les élus de chambres de commerce et d'industrie en acquittent de manière aléatoire. Quant aux élus des chambres de métiers, certains refusent d'appliquer la jurisprudence de la Cour de Cassation. Le coût pratique d'une mesure générale d'exonération serait ainsi faible, entre quelques centaines de milliers de francs et 2 millions de francs par an.

Ce rapide bilan montre une situation juridique inégale et peu satisfaisante, à la fois entre les chambres consulaires et entre les différentes catégories d'élus.

Il s'agit ici à la fois de clarifier le droit, de restaurer l'égalité entre chambres professionnelles et d'éviter à des présidents ou à des vice-présidents de chambres de métiers gérants minoritaires de leur entreprise de devoir s'immatriculer en qualité de travailleur indépendant non salarié-non agricole, au seul titre de leur activité de Président de chambre de métiers. Dans ce sens, il s'agit d'une simplification administrative.

Il est à noter que les articles L. 2123-25 à L. 2123-30 du code général des collectivités territoriales semblent indiquer que les indemnités des élus locaux ne sont pas assujetties aux cotisations sociales, sauf s'ils ne relèvent plus à titre obligatoire d'un régime de sécurité sociale. S'il est clair que les maires et les maires-adjoints sont exonérés de cotisations sociales, le cas des simples élus est toujours en débat.

Cette demande d'exonération de cotisations sociales se justifie aisément.

Il faut considérer que les indemnités versées aux élus des chambres professionnelles ne doivent pas être assimilées à un revenu professionnel, mais à l'indemnisation d'une fonction expression de la démocratie professionnelle, comme les indemnités des maires correspondent à l'indemnisation d'une fonction expression de la démocratie locale. Ces indemnités sont censées compenser le temps passé par l'artisan ou le commerçant dans des fonctions collectives qui participent de l'intérêt général. Par ailleurs, il faut rappeler que ces indemnités sont bien entendu soumises à CSG et au RDS.

Votre commission vous propose d'exonérer de cotisations sociales les indemnités perçues par l'ensemble des élus des chambres consulaires et d'insérer à cet effet un article additionnel après l'article 11.

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