Article additionnel après l'article 24
Arrondi à l'euro le plus proche pour les cotisations et prestations sociales

L'article 22 du projet de loi (section VI du titre II portant dispositions relatives à l'adaptation de la législation française et à la modernisation des activités financières en vue de la troisième phase de l'union économique et monétaire) prévoit que " les bases des impositions de toute nature sont arrondies au franc ou à l'euro le plus proche. (...). Cette règle d'arrondissement s'applique également au résultat de la liquidation desdites impositions ".

Curieusement, le projet de loi a oublié que la règle d'arrondi à l'euro le plus proche devait s'appliquer également au calcul des cotisations et des assiettes de sécurité sociale. Ce calcul des cotisations et des assiettes -y compris celles s'appliquant au plafond de la sécurité sociale- est actuellement arrondi au franc le plus proche.

Arrondir à l'euro le plus proche est une règle de bon sens, qui évitera des complications inutiles, notamment de caractère informatique, pour les organismes de recouvrement des cotisations. Elle facilitera le passage à l'euro pour les entreprises, à moindre coût, pendant la période transitoire.

Aussi, votre commission vous propose de combler cette lacune et d'adopter en conséquence un article additionnel après l'article 24, complétant l'article L.130-1 du code de la sécurité sociale.

Dans l'hypothèse où cet amendement serait adopté, il sera nécessaire d'insérer une section 6 bis au projet de loi et de prévoir un amendement de coordination à l'article 34 premier alinéa, pour permettre une entrée en vigueur du présent article additionnel " le 1 er janvier 1999 ou, si elle est différente, à la date à laquelle la France participe à la monnaie unique " .

Art. 45
Prélèvement sur l'Association de gestion du fonds
des formations en alternance

La loi quinquennale du 20 décembre 1993 a engagé une réforme du système de collecte des contributions des employeurs à la formation professionnelle. Le nombre des organismes collecteurs a été réduit et la gestion rationalisée. Des objectifs ambitieux ont été fixés concernant les formations en alternance et une politique de rigueur a été initiée afin de pouvoir les tenir.

Afin d'être en mesure de répondre à cet accroissement du nombre de contrats de formation en alternance (hors apprentissage, ce dernier relevant d'autres mécanismes de financement), les partenaires sociaux ont pris un certain nombre de dispositions afin d'introduire plus de souplesse et de rigueur dans la gestion des dispositifs.

Cette rigueur nouvelle, qui s'applique également aux contrats d'adaptation, aux contrats d'orientation et à la prise en charge des tuteurs, a entraîné des excédents comptables reversés à l'AGEFAL. C'est dans ce contexte qu'il convient de replacer la question des excédents de l'AGEFAL, association créée en 1986 pour recevoir les disponibilités excédentaires des organismes collecteurs (essentiellement dans le secteur industriel) pour les redistribuer aux organismes déficitaires (secteur agricole, artisanat, santé privée...), surtout pour la formation dans les petites et moyennes entreprises.

I - Le texte proposé par le Gouvernement

En application du présent article le Gouvernement propose " une nouvelle contribution exceptionnelle sur les fonds détenus par l'AGEFAL ".

Il précise dans l'exposé des motifs du projet de loi que ce " prélèvement s'élèvera à 500 millions de francs , sachant que la trésorerie de l'AGEFAL au 31 décembre 1997 est estimée à 1,5 milliard de francs, compte tenu notamment d'une remontée des excédents des OMA 1 au 30 juin 1997 à hauteur de 1,4 milliard ".

Pour toute justification, le Gouvernement considère que " sachant par ailleurs que les transferts de fonds de l'AGEFAL, destinés à couvrir les besoins réels et constatés de trésorerie des OMA déficitaires représentent 750 millions de francs, pour l'année 1997, ce prélèvement ne sera pas de nature à mettre en cause le financement des formations professionnelles en alternance ".

Ce prélèvement fait suite à un précédent récent puisque l'article 40 de la loi de finances pour 1997 instituait une contribution exceptionnelle au budget de l'Etat sur les excédents financiers des organismes collecteurs agréés au titre de l'alternance (OMA), égale à 40 % de la trésorerie nette de l'AGEFAL, titulaire du compte unique créé par l'article 45 de la loi de finances rectificative pour 1986. Cette contribution s'est élevée à 1,6 milliard de francs.

Dans l'étude d'impact 13( * ) jointe au présent projet de loi, le Gouvernement s'appuie sur des critiques formulées par divers rapports sur l'abondance de la trésorerie dont disposeraient les organismes collecteurs pour justifier le prélèvement effectué. Le Gouvernement reprend à son compte l'idée d'une " efficacité insuffisante du système " et considère que " ce prélèvement vise donc à optimiser le financement de la formation professionnelle et à renforcer son efficacité ".

II - Le débat à l'Assemblée nationale


Lors du débat en séance publique, ont été examinés deux amendements de suppression de l'article 45, le premier déposé par MM. Germain Gengenvin, Pierre Méhaignerie et Charles de Courson et le second par M. Jean-Pierre Delalande. Le rapporteur général s'est déclaré défavorable à ces amendements qui n'ont pas été adoptés, mais il n'a pas manqué, à cette occasion, d'interroger le ministre sur l'utilisation finale de ce prélèvement ; le rapporteur général a notamment demandé confirmation qu'un décret d'avance ouvrirait en cours d'année les crédits correspondants pour le financement de mesures précises au titre de la formation. En réponse, M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget a déclaré 14( * ) que ces 500 millions de francs " permettront de financer un effort supplémentaire dans le cadre des mesures de lutte contre l'exclusion et notamment par un développement de la formation en alternance. Une partie de la somme ira en outre soutenir le secteur textile, auquel tous les parlementaires sont très attachés ".

Si les parlementaires sont très attachés au secteur textile, comme l'a très justement noté le secrétaire d'Etat, ce dernier a dû également mesurer qu'ils étaient très attentifs à ce que les fonds de la formation professionnelle ne soient pas distraits de leur vocation. A cet égard, votre commission des Affaires sociales s'étonne que ces derniers puissent servir à financer le plan textile.

Par ailleurs, elle constate que le ministre a fait référence au financement d'un " effort supplémentaire dans le cadre des mesures de lutte contre l'exclusion " et s'interroge sur la signification de cette annonce. Faut-il comprendre que les 400 millions qui devaient permettre de compléter le financement des primes à l'apprentissage seraient réaffectés pour financer les mesures prévues dans le projet de loi de lutte contre l'exclusion ?

La question est d'autant plus importante que le projet de loi de lutte contre les exclusions a été déposé au Parlement et que le programme de prévention et de lutte contre les exclusions qui l'accompagne prévoit explicitement des dispositions relatives aux formations en alternance.

Ainsi, à propos de l'accès des jeunes en difficulté aux contrats de qualification, il est précisé que " l'objectif est de parvenir, d'ici trois ans, à obtenir que 40.000 places supplémentaires en contrat de qualification et 20.000 en contrat d'orientation bénéficient aux jeunes les plus en difficulté. Cela représente un effort supplémentaire de l'Etat sur la durée du programme, de 2,5 milliards de francs ". Par ailleurs, il est prévu également que le contrat de qualification soit étendu aux adultes demandeurs d'emploi depuis plus de six mois. " Cette mesure concernera 25.000 personnes par an en troisième année et 5000 dès 1998. Le financement (primes et exonérations) sera assuré par l'Etat et les primes modulées selon la durée du chômage ".

Dans un tableau récapitulatif, le programme de prévention et de lutte contre les exclusions évalue le coût des dispositions relatives aux formations en alternance à 355 millions de francs en 1998 et celui du contrat de qualification " adultes " à 114 millions de francs. Doit-on comprendre que les 400 millions prélevés à l'AGEFAL permettront de financer ces dispositifs ?

Dans ces conditions, comment les primes à l'apprentissage seront-elles financées ? Sur tous ces points, il convient d'avoir des précisions de la part du Gouvernement. La commission des Affaires sociales souhaite vivement que le projet de loi de lutte contre les exclusions ne soit pas l'occasion d'amputer les crédits affectés à la formation en alternance " traditionnelle ". Il serait pour le moins étonnant que le Gouvernement cherche à " déshabiller Pierre pour habiller Paul ". Une extension du contrat de qualification, pour autant qu'elle est souhaitable, devrait s'accompagner de moyens financiers supplémentaires, ce qui, là encore, est contradictoire avec un prélèvement sur les fonds de la formation en alternance.

Devant tant d'incertitudes, un certain nombre d'amendements ont été déposés à l'Assemblée nationale prévoyant un élargissement des utilisations possibles des fonds de l'alternance ou même une baisse des cotisations des entreprises pour régler de manière plus radicale la question des excédents de l'AGEFAL.

C'est ainsi que MM. Germain Gengewin, Pierre Méhaignerie et Charles de Courson ont déposé un amendement qui propose que " l'AGEFAL ou les organismes collecteurs, OPCA de branches ou OPCAREG dans les régions, participent puisqu'il y a des excédents, au financement des actions de tutorat destinées à encadrer les stagiaires de la formation professionnelle " 15( * ) .

Par ailleurs MM. Germain Gengewin, Pierre Méhaignerie, Marc Laffineur et Charles de Courson ont présenté un amendement qui prévoyait que la cotisation des entreprises à l'effort de formation serait réduite pour un an : " au lieu de prélever 0,4 % de la masse salariale -ce qui réprésente des sommes de l'ordre de 7 à 8 milliards de francs pour l'ensemble du pays- la cotisation serait provisoirement ramenée à 0,35 % ".

Le Gouvernement, comme la commission, s'est opposé à ces amendements qui n'ont pas été adoptés par l'Assemblée nationale.

Le présent article 45 a été en conséquence adopté sans modification par l'Assemblée nationale.

III - Les observations de la commission des Affaires sociales du Sénat


Le principe et la nature de ce prélèvement comme le débat qui a eu lieu à l'Assemblée nationale ont amené la commission des Affaires sociales à formuler trois séries d'observations, d'ordre financier, économique et budgétaire.

· sur le plan financier,

Votre commission des Affaires sociales s'étonne des appréciations qui sont ainsi portées sur l'organisation et le fonctionnement des circuits de financement de la formation en alternance. Outre le fait qu'elles traduisent manifestement une ignorance des efforts réalisés en ce domaine depuis plusieurs années, elles pourraient laisser croire que les prélèvements exceptionnels pourraient devenir une modalité habituelle de régulation budgétaire d'un système, par ailleurs, décrié.

Il serait sans nul doute préférable d'approfondir la réforme des circuits de financement de la formation en alternance -c'est la position de la commission des Affaires sociales du Sénat depuis plusieurs années- plutôt que d'adopter de telles méthodes qui d'ailleurs ne sont pas sans conséquences sur les perspectives de développement des contrats en alternance.

· sur le plan économique,

Votre commission des Affaires sociales s'étonne également que le Gouvernement considère que, puisque " ce prélèvement, qui a le caractère d'une imposition de toute nature, est effectué sur les organismes collecteurs de la contribution des entreprises au financement de l'alternance (...) il ne concerne pas les entreprises elles-mêmes, dont les droits et obligations en matière de formation professionnelle, ainsi que ceux des salariés, ne sont pas affectés " 16( * ) .

Elle souligne que les entreprises sont en droit d'attendre un retour des contributions qu'elles acquittent afin de financer l'effort de formation. Or, comme il sera précisé ci-dessous, l'affectation de ce prélèvement n'a pas été précisée de manière définitive.

On ne peut bien sûr pas considérer, comme le fait le Gouvernement, que parce qu'il est opéré sur les organismes collecteurs, ce prélèvement n'affecterait pas les entreprises. En effet, si les excédents étaient restitués aux entreprises, sous la forme d'une baisse des cotisations par exemple, nul doute que cette mesure serait de nature à abaisser le coût du travail, améliorer la compétitivité et in fine favoriser l'emploi.

Ces contributions ne se justifient que si le retour sur investissement -sous la forme d'une augmentation du capital humain- est supérieur à leur montant. Dans ces conditions, tout détournement dans l'utilisation des fonds ne peut être, a priori , que préjudiciable aux entreprises et à leurs salariés.

· sur le plan budgétaire,

Votre commission observe que le précédent prélèvement avait pris la forme d'un article de loi de finances. Les lois de finances, qu'elles soient initiales ou rectificatives, définissent en effet le cadre global de l'équilibre budgétaire dans lequel s'inscrivent les priorités de l'Etat, compte tenu des moyens dont ils disposent.

Le présent prélèvement sur l'AGEFAL (qualifié par l'article 45 " de contribution exceptionnelle au budget de l'Etat " ) constitue une recette du budget général dépourvue juridiquement de toute affectation à une catégorie particulière de dépenses.

Le choix d'inscrire ce prélèvement dans un projet de loi portant " diverses mesures " et non dans un projet de loi de finances dispense ainsi le Gouvernement de demander au Parlement de se prononcer sur l'utilisation qui sera faite de cette recette nouvelle.

Il reste à la représentation nationale à confronter les différentes déclarations du Gouvernement et attendre qu'elles se traduisent par l'inscription effective de crédits qui ne peuvent intervenir qu'en loi de finances.

Or, les déclarations faites lors des débats à l'Assemblée nationale sur le présent projet de loi ( Cf. ci- dessus) contrastent pour partie avec l'analyse qui peut être faite de l'évolution des crédits en loi de finances pour 1998.

Si le prélèvement sur l'AGEFAL est présenté comme permettant de financer " un développement de la formation en alternance ", il apparaît parallèlement que le projet de loi de finances pour 1998 a été marqué par la baisse des crédits de la formation en alternance.

Cette baisse s'explique par une réduction de la dotation pour les indemnités compensatrices forfaitaires versées par l'Etat aux employeurs d'apprentis en vertu de la loi n° 96-376 du 6 mai 1996. Ces indemnités se composent, d'une part, d'une prime de 6.000 francs par apprenti et, d'autre part, d'une indemnité de soutien à la formation de 10.000 ou 12.000 francs, en fonction de l'âge, versée à l'issue de chaque année du cycle de formation.

Inscrits en 1997 au budget des charges communes pour un montant de 5.274.280.000 francs, ces crédits ont été transférés au budget de l'emploi pour un montant de 4.874.280.000 francs subissant ainsi une diminution de 400 millions de francs. Cette diminution est formellement identifiée au chapitre 43-05 comme " une économie résultant de la mise en oeuvre d'une participation financière des fonds de l'alternance (fonds de concours) au financement de la prime pour l'apprentissage en secteur marchand ". Il a été entendu que cette participation financière serait en fait un prélèvement sur les fonds de l'AGEFAL.

MM. Louis Souvet et Jean Madelain ont fait observer dans leur rapport pour avis au nom de la commission des Affaires sociales sur les crédits " travail, emploi et formation professionnelle " du projet de loi de finances pour 1998 17( * ) que l'AGEFAL n'avait pas été officiellement saisie de cet appel à concours lors de la discussion budgétaire.

·  Par ailleurs, lors de cette même discussion budgétaire, a été adopté à l'Assemblée nationale, un amendement du Gouvernement (art. 65 ter) qui vise à pallier l'abandon du plan textile, jugé contraire au droit européen par la commission de Bruxelles.

Cette disposition prévoit que les petites entreprises du secteur textile-habillement-cuir-chaussure pourront continuer à bénéficier d'allégements de charges sociales dans la limite d'un plafond s'appliquant pour chaque entreprise et sur une période de trois ans s'achevant le 31 décembre 1998 au plus tard.

MM. Louis Souvet et Jean Madelain ont observé, dans leur rapport pour avis au nom de la commission des Affaires sociales 18( * ) , que le coût de cette mesure, évalué à 500 millions de francs, devait être supporté en définitive par l'AGEFAL, sous la forme d'un prélèvement annoncé de 100 millions de francs , et par les jeunes apprentis à hauteur de 400 millions de francs ; l'Etat, en effet, n'a plus à compenser l'exonération de charges sociales salariales prévue par l'article 18 de la loi du 23 juillet 1987, puisque ces cotisations sont basculées sur la CSG, dont les apprentis ne sont pas exonérés.

Compte tenu de ces 100 millions de francs, c'est finalement une diminution de 500 millions de francs qui est constatée dans le " vert budgétaire ". L'article 10 du chapitre 43-05 relatif à la formation en alternance prévoit en effet des crédits de 4.774.280.000 francs destinés à financer l'indemnité compensatrice forfaitaire versée par l'Etat au titre de l'apprentissage (loi du 6 mai 1996).

·  Face à la relative confusion de ces déclarations, le respect des prérogatives du Parlement dans le domaine budgétaire aurait dû conduire le Gouvernement à inscrire dans un projet de loi de finances rectificative les dépenses nouvelles envisagées et les moyens de les financer : économies, recettes nouvelles ou plus-value résultant de l'amélioration de la conjoncture. Tel est précisément l'objet des articles d'équilibre que comporte la loi de finances.

Le Gouvernement disposait également, si besoin en était, de la procédure d'urgence du décret d'avance prévu par l'article 11 de l'ordonnance organique relative aux lois de finances qui prévoit que " s'il est établi par rapport du ministre des finances au Premier ministre que l'équilibre financier prévu à la dernière loi de finances n'a pas été atteint, des crédits supplémentaires peuvent être ouverts par décret d'avance pris sur avis du Conseil d'Etat ".

Formellement, il semblerait, selon les informations dont a pu disposer votre rapporteur et sous réserve des déclarations du secrétaire d'Etat au budget, que le prélèvement de 500 millions de francs effectué sur les fonds de l'AGEFAL permettrait de " gager " l'abondement en cours d'année du chapitre 43-05 à travers un décret d'avance.

En résumé, et indépendamment du problème de fonds que pose le prélèvement envisagé sur l'AGEFAL, son inscription au détour d'un projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier ne peut être justifiée.

IV - Propositions de la commission des Affaires sociales

La commission des Affaires sociales est opposée par principe aux prélèvements effectués sur les fonds de l'AGEFAL, les raisons de cette opposition ont notamment été rappelées par MM. Louis Souvet et Jean Madelain 19( * ) lors du dernier prélèvement opéré par la loi de finances pour 1997 :

" Le prélèvement de 1 milliard de francs opéré par l'Assemblée nationale serait justifié par le fait que les réserves de l'AGEFAL pour couvrir des engagements pluriannuels n'ont, pour le rapporteur spécial de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, aucun sens dans la mesure où le dispositif est financé par des prélèvements obligatoires. Le problème tient au fait que l'AGEFAL, organisme de droit privé comme les OPCA 20( * ) , applique une gestion de droit privé dans un cadre budgétaire de droit public. Votre rapporteur pour avis observe néanmoins que l'AGEFAL applique les mêmes règles que le ministère du travail lorsque celui-ci provisionne sur un seul exercice budgétaire ses aides diverses aux contrats d'insertion et de formation autorisés par la loi de finances, ce qui entraîne nécessairement des reports d'une année sur l'autre, souvent critiqués au nom de la stricte orthodoxie budgétaire, mais auxquels il est difficile d'échapper.

La question se pose alors de savoir quel pourra être l'effet du prélèvement opéré par l'Assemblée nationale sur lesdits " excédents financiers ". Les chiffres fournis par l'AGEFAL tendant à montrer que, hors prélèvement de 1 milliard, les réserves de trésorerie vont se réduire progressivement, alors que les engagements de dépenses, suivant l'augmentation du nombre de contrats, vont croître. Dès la fin de 1997, l'AGEFAL ne pourra plus couvrir la totalité de ses engagements sans faire appel à la collecte de l'année suivante. Le prélèvement de 1 milliard aura nécessairement pour effet d'amplifier ce phénomène, ce qui conduira globalement les OPCA à réduire la signature de contrats de formation en alternance au strict montant de leur collecte dès 1997.

Les OPCA seront donc particulièrement pénalisés au moment même où ils ont mis en place une gestion beaucoup plus rigoureuse et économe afin d'être en mesure de financer un plus grand nombre de contrats. Ils pourront se demander pourquoi faire des économies si celles-ci sont captées lorsqu'elles transitent par l'AGEFAL.

Vos rapporteurs pour avis se demandent si ce prélèvement, sans doute bénéfique à l'équilibre des finances publiques, ne va pas freiner la réforme en cours du système de collecte, inciter à la dépense, entraîner une perte de confiance des employeurs acceptant de recourir à ce type de contrat 21( * ) et finalement affaiblir la formation en alternance.

Plutôt que de recourir à cette mesure dangereuse alors que l'insertion des jeunes n'a jamais été aussi difficile, ils préféreraient que l'on examine le dispositif comptable et, éventuellement, que l'on affine les règles de fonctionnement du système de collecte afin d'éviter que se constituent des excédents trop importants quand des secteurs d'activité se plaignent de ne pas trouver de financement. "


Les craintes exprimées par les rapporteurs pour avis ont été confirmées par les faits puisqu'on observe une baisse du nombre de contrats de qualification, 100.000 contrats étaient prévus en 1998 alors que 130.000 avaient été financés en 1997. Cette baisse d'intérêt pour le contrat de qualification s'explique d'abord par la concurrence du contrat d'apprentissage mais aussi, et peut-être surtout, par les incertitudes relatives au versement de la prime et à la pérennité de ce contrat. Les prélèvements répétés sur les fonds de l'AGEFAL ne peuvent qu'encourager cette tendance à un moindre recours aux contrats de qualification.

L'opposition de principe de la commission des Affaires sociales est renforcée dans les circonstances présentes par un contexte budgétaire plus favorable qui n'appelle pas de mesures de " bouclage " exceptionnelles et par le flou qui entoure l'utilisation qui sera faite de ces crédits.

Telles sont les raisons qui conduisent votre commission à vous proposer un amendement de suppression de l'article 45.

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