DEUXIÈME PARTIE
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ASSURANCE MALADIE

Après les bons résultats de 1997 qui sont à inscrire à l'actif de la réforme Juppé, l'ONDAM 1998, pourtant peu rigoureux, ne sera pas respecté.

Il faut voir dans cet échec les effets de l'immobilisme du Gouvernement en matière de santé et d'assurance maladie, que votre rapporteur avait dénoncé lors de l'examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1998.

Il est en effet regrettable que les premières décisions du Gouvernement, entré en fonctions au printemps 1997, aient été prises au mois de juillet 1998.

Il est également regrettable que ces décisions se soient résumées à des pénalités financières infligées aux professionnels et aux industriels de santé, sanctionnant un dérapage des dépenses que, par son abstention, voire par certaines déclarations ministérielles, le Gouvernement avait contribué à favoriser.

Il est enfin regrettable que ces décisions aient été prises par le seul Gouvernement, qui a ainsi placé l'assurance maladie devant le fait accompli, et l'a mise dans une position délicate face aux professionnels de santé.

Pour 1999, le projet de loi de financement présente deux caractéristiques majeures :

- pour la médecine de ville et le secteur pharmaceutique, il se résume, dans une large mesure, à la définition de contributions à la charge des professionnels et des établissements, véritables " usines à gaz " instituant une maîtrise purement comptable des dépenses ;

- il est totalement muet en ce qui concerne l'hôpital. Le Gouvernement ne donne aucune impulsion particulière pour accélérer la mise en place des outils prévus par les ordonnances, qu'il ne conteste pourtant pas, et choisit des orientations financières peu incitatives à l'adaptation du tissu hospitalier.

I. LES SEULES DÉCISIONS IMPORTANTES DU GOUVERNEMENT EN 1998 : DES PÉNALITÉS FINANCIÈRES POUR LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ, SANCTIONS DE SON PROPRE IMMOBILISME

L'an dernier, dans son rapport sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, votre commission avait dénoncé le relâchement de la politique de maîtrise des dépenses de l'assurance maladie, le Gouvernement se contentant de constater l'évolution des dépenses plutôt que de chercher à la maîtriser. Elle avait également critiqué l'attentisme dont faisait preuve le Gouvernement dans la mise en oeuvre des réformes de la sécurité sociale introduites par les ordonnances d'avril 1996 sur l'hôpital et la médecine de ville.

Les résultats, malheureusement, ne se sont pas fait attendre. L'année 1998 se caractérise en effet par un important dérapage des dépenses : malgré les sanctions financières prises au mois de juillet, il est à craindre que l'ONDAM 1998 ne soit pas respecté.

A. L'OBJECTIF 1997, POURTANT RIGOUREUX, A ÉTÉ RESPECTÉ

L'ONDAM 1997 avait été fixé à 600,2 milliards de francs par la première loi de financement de la sécurité sociale, en progression de 1,7 % par rapport à 1996. Il avait été réparti en fixant un taux d'évolution identique aux dépenses des médecins, des hôpitaux et des cliniques : seul le secteur médico-social s'était vu autoriser une progression supérieure. Selon la Commission des comptes de la sécurité sociale, cet objectif a été respecté, le taux d'évolution des dépenses n'ayant été que d'1,5 % par rapport aux réalisations de l'année 1996.

Les dépenses des médecins généralistes ont très faiblement progressé et sont demeurées en deçà du montant des dépenses autorisées, avec un écart de 565 millions de francs. Cette somme a donc fait l'objet d'un reversement aux médecins, d'un montant de 9.000 francs par médecin, au printemps de l'année 1998. Le respect de l'objectif s'est également traduit par une revalorisation tarifaire du C intervenue au mois d'avril 1998.

L'objectif de dépenses des médecins spécialistes , cependant, n'a pas pu être respecté, ni pour les honoraires (+ 1,8 % réalisé pour 1,4 % autorisé), ni pour les prescriptions (+ 1,2 % réalisé pour 0,5 % autorisé). Les médecins spécialistes ont choisi de ne pas reverser une somme correspondant à la fraction de l'écart total prévue par la réglementation (140 millions de francs au titre des honoraires et 10 millions de francs à celui des prescriptions ; ils ont préféré que leur objectif de dépenses pour 1998 soit réduit de cette somme.

Les établissements de santé sous dotation globale , dont l'objectif 1997 s'élevait à 233 milliards de francs ont, à 160 millions de francs près, respecté leur objectif.

L'objectif de dépenses du secteur médico-social a été dépassé de 200 millions de francs. En revanche, les dépenses des cliniques privées (40,6 milliards de francs) ont été inférieures d'1,3 milliard de francs à l'objectif.

ONDAM
Objectif et réalisations 1997

milliards de francs

1996
comptes CCS

1997
objectif

1997
comptes CCS

Evolution 97/96

Objectif national hors marge de manoeuvre

590,4

600,0

599,5

1,5 %

I. Métropole

577,3

586,8

585,9

1,5 %

I.1. Soins de ville

256,6

261,8

261,3

1,8 %

I.2. Versements aux établissements

320,7

325,0

324,6

1,2 %

I.2.1. Etablissements sanitaires

243,0

242,8

243,5

0,2 %

I.2.1.1. Etablissements sanitaires sous DG

230,9

233,2

233,4

1,1 %

I.2.1.2. Autres établissements sanitaires

11,3

8,9

9,5

ns

I.2.1.3. Honoraires du secteur public

0,7

0,7

0,6

ns

I.2.2. Médico-social

39,3

40,2

40,4

2,8 %

I.2.2.1. Médico-social (E.I. - A.H.)

27,0

27,3

27,5

1,9 %

I.2.2.1. Médico-social (personnes âgées)

12,4

12,9

13,0

4,6 %

I.2.3. Cliniques privées

38,4

41,9

40,6

5,9 %

II. Ressortissants français à l'étranger

0,9

0,8

0,9

1,9 %

III. Prestations DOM

12,3

12,4

12,7

3,2 %

Marge de manoeuvre résiduelle

0,0

0,2

0,0

 

Objectif national

590,4

600,2

599,5

1,5 %

Source : direction de la sécurité sociale (DEFF-BES)

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