B. LA DÉCLINAISON D'UN OBJECTIF 1998 PLUS GÉNÉREUX

L'objectif national de dépenses de l'assurance maladie a été fixé, par la loi de financement de la sécurité sociale, à 613,8 milliards de francs, soit une progression de 2,27 % par rapport à l'objectif 1997 qui a été respecté : il s'agissait donc d'une progression " nette " autorisée, à la différence du scénario attendu pour 1999.

1. Un préalable à la répartition de l'ONDAM 1998 : les corrections apportées à l'ONDAM 1997

Tant pour apprécier la réalisation de l'ONDAM 1997 que pour cadrer l'ONDAM 1998, les chiffres de 1997 ont fait l'objet d'un retraitement justifié par l'évolution des règles relatives aux dépenses et à leur suivi : les objectifs de dépenses 1998 devaient en effet être calculés, non par rapport aux dépenses réellement réalisées, mais par rapport à l'ONDAM 1997.

Ce rebasage a concerné tous les postes de dépenses. Il s'est traduit par :

- la prise en compte des conséquences du basculement des anciens établissements à prix de journée préfectoral sous régime contractuel, à la suite des ordonnances d'avril 1997 ;

- le rebasage prévu par l'accord tripartite entre l'Etat, l'assurance maladie et les cliniques privées ;

- la mise en conformité du périmètre des statistiques avec les champs des objectifs de dépenses des médecins. En particulier, les dépenses relatives aux prothèses internes, qui avaient été comptabilisées à tort dans les statistiques 1996, ont été retirées en 1997. De même, le système statistique actuel n'ayant qu'imparfaitement permis d'isoler les dépenses d'antirétroviraux des statistiques de suivi, les dépenses retenues pour le constat ont été minorées d'un montant équivalent à l'estimation que l'on pouvait faire des dépenses d'antirétroviraux liquidées comme celles de médicaments ordinaires ;

- la prise en compte de l'incidence des règles de ventilation statistique et de l'amélioration de la qualité des données. En effet, les prescriptions dont le prescripteur n'est pas codé sont ventilées selon des règles qui diffèrent d'un régime à l'autre, et qui peuvent avoir une incidence sur le taux d'évolution des dépenses lorsque la masse des prestations non ventilées décroît, ce qui a été le cas en 1997. Ces améliorations statistiques ont permis de mieux rendre compte de la réalité des faits.

Enfin, conformément aux engagements pris dans l'avenant à la Convention d'objectif et de gestion, l'impact des décisions de l'Etat survenant en cours d'année et susceptibles d'augmenter les dépenses médicales a été neutralisé : les dépenses observées ont été minorées de 50 millions de francs pour tenir compte des conséquences de la modification transitoire du mode de calcul de la marge des officines et de l'autorisation qui a été accordée aux industriels d'écouler leurs stocks de médicaments revignettés.

2. La définition de l'objectif de soins de ville

A la suite de la publication de la loi de financement pour 1998, un avenant à la convention entre l'Etat et la CNAMTS a, conformément aux dispositions de l'article L. 227-1 du code de la sécurité sociale, défini l'objectif soins de ville, qui comprend, pour les risques maladie, maternité, invalidité et accidents du travail :

- la rémunération des soins dispensés en cabinet de ville ou en établissements privés par les professions médicales, les auxiliaires médicaux, les directeurs de laboratoires, ainsi que ceux délivrés par les praticiens exerçant à l'hôpital public ;

- les dépenses résultant de l'exécution des prescriptions des professions médicales délivrées en ville ;

- les prestations en espèces, à l'exclusion des indemnités journalières maternité et des rentes d'accident du travail ;

- et les forfaits scanners et IRM exécutés en ville.

Le montant de cet objectif a été fixé à 267,5 milliards de francs pour l'ensemble des régimes d'assurance maladie. L'avenant annuel précise que le suivi de sa réalisation sera effectué à partir des résultats de la CNAMTS, de la MSA, de la CNMSS, du régime des mines et de celui de la SNCF, dont les dépenses de soins de ville représentent 98 % des dépenses tous régimes.

L'Etat et la CNAMTS ont prévu que, si des décisions étaient prises, en cours d'année, par les pouvoirs publics pour des raisons de santé publique graves et imprévues, il pourrait être procédé à leur évaluation et, le cas échéant, à une modification de l'avenant.

a) L'objectif de dépenses médicales

Le périmètre de cet objectif a été défini par l'annexe annuelle à la convention d'objectifs et de gestion.

Il comprend les dépenses suivantes :

ANNEXE A L'AVENANT ANNUEL
DE LA CONVENTION D'OBJECTIFS ET DE GESTION

Le champ de l'objectif de dépenses médicales

1.
Il concerne les dépenses présentées au remboursement hors dépassement engendrées par l'activité des médecins libéraux, pour tous les régimes et pour les trois risques (maladie, maternité, accidents du travail).

Ces dépenses sont ventilées en honoraires et prescriptions des généralistes, honoraires et prescriptions des spécialistes.

Les forfaits scanner et IRM sont inclus dans les honoraires des médecins spécialistes.

La population de médecins libéraux est constituée des médecins exerçant libéralement :

- soit à leur cabinet ou au domicile du malade,

- soit dans des établissements d'hospitalisation privée,

- soit à l'hôpital pour ceux qui disposent d'un secteur privé à l'hôpital.

2. L'objectif des dépenses médicales ne concernant que les médecins libéraux, un certain nombre de dépenses sont exclues du champ :

- Les dépenses correspondant à des honoraires et des prescriptions qui ne sont pas liées à l'activité des médecins libéraux : honoraires et prescriptions des sages-femmes, des dentistes et des médecins exerçant en centres de santé, prescriptions des médecins hospitaliers publics.

- Les dépenses prises en charge par des associations :

. forfaits de soins à domicile,

. forfaits de soins courants et de sections de cure médicale des
établissements pour personnes âgées,

. dotations de soins de long séjour,

. forfaits de réadaptation fonctionnelle,

. forfaits de dialyse à domicile,

. insuffisance respiratoire chronique gérée par les associations.

- Les dépenses n'engageant pas la responsabilité des médecins libéraux :

. les prestations en espèces maternité,

. les rentes accidents du travail.

- Les dépenses résultant de la prescription par les médecins libéraux des médicaments antirétroviraux, des médicaments visés à l'article 1.2 du présent avenant (médicaments actuellement réservés à l'usage hospitalier dont le statut pourrait être modifié en cours d'année), des prothèses internes et des produits d'origine humaine.

3. Les postes statistiques concernés par le champ défini ci-dessus sont donc, pour les trois risques (maladie, maternité, accident du travail) :

- HONORAIRES

. consultations

. visites

. actes en K, KE

. actes en KC, KCC (à compter de son entrée en vigueur) et forfaits chirurgie

. actes en SPM

. actes en Z, ZN

. actes en P

. honoraires de surveillance

. forfaits d'accouchement

. frais de déplacement des médecins

. forfaits thermaux

. autres honoraires

. forfaits scanner

. forfaits IRM

. rémunération forfaitaire annuelle au titre du médecin référent

- PRESCRIPTIONS

. actes en SFI

. frais de déplacement des sages-femmes

. actes en AMI, AIS

. actes en AMC, AMK

. actes en AMO, AMY, AMP

. frais de déplacements des auxiliaires médicaux

. médicaments 91( * )

. actes en B

. actes en KB, PB, TB

. TIPS, dont :

- accessoires et pansements

- optique

- orthopédie

. cures thermales

. frais de transport des malades

. indemnités journalières maladie et accidents du travail

Sera également incluse dans le champ défini ci-dessus, toute nouvelle lettre-clé (ou tout autre mode de rémunération) qui serait le cas échéant créée au cours de l'année 1998.

L'Etat et la CNAMTS sont convenus que les médicaments antirétroviraux et les médicaments réservés à l'usage hospitalier, mais dont le statut pourrait changer en 1998, qui n'entrent pas dans le périmètre de l'objectif, feront l'objet d'un suivi spécifique de façon à pouvoir déduire les dépenses y afférent du montant des dépenses médicales 1998.

Le montant de l'objectif des dépenses médicales a ensuite été établi par les dispositions conventionnelles relatives aux médecins généralistes et aux médecins spécialistes.

Elles ont respectivement prévu :


 

Dépenses remboursables

Taux de remboursement

Dépenses remboursées

 

Objectif 1997 " rebasé "

Evolution 1998/1997

Objectif 1998

 

Objectif 1998

Omnipraticiens

180.456

1,8 %

183.704

0,780.047

143.375

Honoraires

36.729

1,8 %

37.391
dont provision : 1.105

0,76.941

28.769
dont provision : 850

Prescriptions

143.727

1,8 %

146.313

0,78.329

114.606

Spécialistes

81.205

1,6 %

82.517

0,83.245

68.691

Honoraires

49.352

1,6 %

50.149
dont provision : 1.105

0,84.272

42.262
dont provision : 850

Prescriptions

31.852

1,6 %

32.368

0,81.653

26.429

Si l'objectif applicable aux médecins spécialistes a été calculé sur une base de progression de 1,8 %, il a ensuite été réduit du montant du reversement au titre de 1997 : il a donc été fixé à 1,6 %.

Le règlement conventionnel applicable aux médecins en l'absence de convention médicale, pris par arrêté du 10 juillet 1998, n'a pas modifié les objectifs des médecins généralistes et spécialistes à la suite de l'annulation des deux conventions médicales par le Conseil d'Etat.

b) Les autres dépenses des soins de ville

Ainsi que l'indique l'annexe b au présent projet de loi, ces autres dépenses, qui s'élèvent à 55,4 milliards de francs, comprennent essentiellement :

- les soins dentaires et les honoraires des sages-femmes, encadrés par deux objectifs nationaux prévisionnels ;

- les prescriptions exécutées en ville mais prescrites par d'autres prescripteurs que les médecins libéraux (essentiellement les médecins hospitaliers). Ces prestations sont, pour partie, encadrées par les objectifs quantifiés nationaux s'imposant aux professionnels prescrits (infirmières, masseurs-kinésithérapeutes, orthoptistes, orthophonistes, biologie, transports).

En fait, les parties conventionnelles n'ont, pour la plupart des professions, pas fixé d'objectif pour 1998.

Il s'agit notamment :

- des chirurgiens-dentistes ;

- des infirmières,

- des masseurs-kinésithérapeutes,

- des orthophonistes.

3. Le montant des dépenses autorisées des établissements de santé financés par dotation globale

L'article L. 174-1 du code de la sécurité sociale prévoit que sont financés par dotation globale :

- les établissements publics de santé ;

- les établissements de santé privés à but non lucratif admis à participer à l'exécution du service public hospitalier ;

- les établissements de santé à but non lucratif ayant opté pour ce mode de financement.

a) L'encadrement national des dépenses

L'article L. 174-1-1 du code de la sécurité sociale dispose que, chaque année, les ministres de la santé, de la sécurité sociale, du budget et de l'économie déterminent, en fonction de l'ONDAM voté par le Parlement :

- l'objectif provisionnel de dépenses des établissements visés à l'article L. 174-1 ;

- et, corrélativement, le montant total annuel des dépenses hospitalières prises en compte pour le calcul de la dotation globale et des tarifs de prestations de ces établissements.

Est en effet encadré un montant global correspondant à l'ensemble constitué par la dotation globale et les produits de l'activité hospitalière (tickets modérateurs, forfaits journaliers, etc.).

Tableau de passage des versements de l'assurance maladie (ONDAM)
aux dépenses hospitalières autorisées

 
 

Dépenses d'assurance maladie

 

Dépenses hospitalières encadrées*

 
 
 
 
 

Parlement

 

Objectif national de dépenses d'assurance maladie
613.800 MF

 
 
 
 
 
 
 

Ministère

 

Objectif prévisionnel d'évolution des dépenses des établissements prises en charge par l'AM (versements sous forme de DG) :
238.371 MF (+ 2,2 %)

 

Montant total annuel des dépenses hospitalières (prises en compte pour le calcul de la DGF et des tarifs)
253.470 MF (+ 2 %)

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Répartition en dotations régionales

 
 
 
 
 

A R H

 

Arrêté fixant le montant de la dotation globale annuelle et les tarifs de prestations

 

Ventilation de la dotation régionale entre les établissements

Estimation de la structure des recettes

* Dépenses encadrées : total classe 6 - recettes issues des activités subsidiaires.


Ainsi, un arrêté du 6 janvier 1998 a fixé à 238,3 milliards de francs (+ 2,2 %) l'objectif prévisionnel des dépenses d'assurance maladie (résultant de l'ONDAM), et à 253,3 milliards de francs (+ 2 %) le montant total des dépenses encadrées prises en compte pour le calcul de la dotation globale.

b) Les dotations régionalisées

Puis une circulaire du 16 décembre 1997 a délégué aux directeurs d'agences régionales de l'hospitalisation les dotations régionalisées, déterminées en fonction du taux d'évolution de 2 %.

Ce taux se décompose en :

0,59 % de mesures nationales, constituées essentiellement par la mise en oeuvre de l'accord salarial dit " Zucarelli " dans la fonction publique hospitalière ;

1,41 % d'évolution des dotations régionalisées. Ce taux couvre la reconduction des moyens et le financement de mesures spécifiques, telles que :

- le basculement de la cotisation maladie sur la CSG ;

- le recrutement d'emplois-jeunes ;

- le recrutement de praticiens adjoints contractuels ;

- le plan de lutte contre les infections nosocomiales ;

- le développement de la formation médicale continue.

Selon la circulaire du 16 décembre précitée, les dotations régionalisées ont été réparties en fonction de deux critères :

- un critère de besoins théoriques fondé sur les taux de recours à l'hospitalisation appelé critère de la " population hospitalisable " ;

- un critère d'efficience économique mesuré à travers la valeur moyenne du point ISA produite par le programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI).

Selon ladite circulaire, " pour chaque région est calculée une dotation cible. Cette cible est établie, pour les activités de médecine, chirurgie et obstétrique hors enseignement et recherche (MCO), pour moitié à partir du premier critère, la valeur du ratio " dépenses hospitalières par habitant hospitalisable dans le secteur public " et pour moitié à partir du second critère, la valeur moyenne nationale du point ISA. S'agissant des activités " hors MCO " (soins de suite, psychiatrie, sujétions particulières comme le SMUR ou les écoles, activité d'enseignement et de recherche), la cible est calculée entièrement à partir de la valeur moyenne nationale du ratio " dépenses hospitalières par habitant hospitalisable dans le secteur public ".

" Les données 1996 sur les valeurs de point ISA ont été utilisées pour le calcul de la péréquation. La durée théorique de résorption complète des inégalités de ressources, sur la base de ce modèle, a été fixée à 16 ans.

" Les données relatives à la population hospitalisable tiennent compte des dernières données démographiques disponibles, c'est-à-dire les estimations démographiques réalisées par l'INSEE pour 1995 et les enquêtes de morbidité de 1990 et 1993. D'autre part, elles intègrent les patients hospitalisés pour une durée inférieure à 24 heures, pour une IVG ou une séance de dialyse, ainsi qu'en soins de suite et de réadaptation.

" Le ratio " population hospitalisable " pour la part correspondant au secteur public est ensuite déterminé en deux temps. Dans un premier temps, est calculée une population hospitalisable de la région, au vu de la taille et de la structure de sa population, et du recours aux soins hospitaliers observé au niveau national pour chaque tranche d'âge. Dans un deuxième temps, la population hospitalisable régionale est répartie entre le secteur public (établissements publics, privés participant au service public hospitalier et anciens prix de journée préfectoraux basculant en financement par dotation globale) et le secteur privé (les autres établissements) dans l'attente des résultats du PMSI sur le secteur privé. La répartition s'effectue au prorata du nombre d'entrées observées dans la région dans les établissements des deux secteurs.

" Par ailleurs, en réponse aux observations formulées notamment par le Haut Comité de la Santé Publique, il a été tenu compte pour la première fois des patients soignés résidant dans une autre région. Toutefois, seule une partie des flux de patients entre régions peut être considérée comme légitime au regard de considérations géographiques (bassins de population), économiques (production de soins hospitaliers à moindre coût) ou d'organisation hospitalière (recours à des spécialités très coûteuses et nécessitant une qualification particulière). Le calcul des dotations cibles prend donc en compte la moitié de ces flux, tels qu'ils ressortent de l'application Pampers de la CNAMTS (Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés). Les dotations régionales de dépenses hospitalières pour 1998 permettent ainsi de financer des soins à la population effectivement accueillie par les établissements de santé de la région. "


Afin de permettre une adaptation progressive des structures hospitalières des régions qui apparaissent comme les mieux dotées, un niveau minimum d'évolution des dotations régionalisées a été fixé à 0,35 %, règle dont ont bénéficié les régions Ile-de-France et Corse.

Les taux d'évolution des dotations régionales, aux termes de la circulaire du 7 janvier 1998 qui les a notifiés à titre définitif, ont été fixés entre 0,35 % (Ile-de-France et Corse) et 2,55 % (Poitou-Charentes) pour la métropole, soit une moyenne de 1,41 %.

Les départements d'outre-mer ont bénéficié de progressions beaucoup plus significatives, entre 2,61 % pour la Martinique et 3,06 % pour la Guyane.

Au total (métropole + DOM), le taux moyen de progression des dotations a été de 1,44 %.

c) La gestion de la dotation régionale et l'élaboration des budgets hospitaliers

La circulaire du 16 décembre 1997 prévoit que " les règles de gestion de la dotation régionale, bien que reposant sur le principe de l'annualité budgétaire, doivent s'inscrire dans une perspective à moyen terme, à l'aide d'instruments, notamment le PMSI, qu'il importe d'utiliser avec méthode ".

A l'opposé, la circulaire prévoit aussi un étalement infra-annuel de l'allocation des ressources, en raison d'une délégation, par l'administration centrale, en cours d'exercice, de certaines dotations spécifiques. En effet, le coût de certaines mesures nationales telles que la hausse des traitements de la fonction publique, ne peut pas être connu ex ante .

On a donc :

- une dotation régionalisée, fixée par la circulaire ;

- une dotation régionale, qui est la somme de la dotation régionalisée et des enveloppes correspondant aux mesures nationales qui seront déléguées en cours d'année (à hauteur de + 0,59 % en moyenne en 1999).

Parmi les outils dont disposent les directeurs d'agences pour répartir leur dotation, le PMSI est utilisé depuis deux ans. La circulaire du 16 décembre précitée définit les modalités de cette utilisation :

" Le PMSI ne saurait être considéré, au regard de l'objectif de correction des inégalités entre établissements, comme un instrument exclusif dont la technicité autoriserait une application universelle et mécanique pour la détermination des budgets. Les informations fournies par le PMSI doivent ainsi toujours être croisées avec d'autres données, notamment celles issues de l'analyse budgétaire classique, sans omettre des référents plus généraux que sont l'activité et la place de l'établissement dans le secteur et la région .

" Par ailleurs, il y a lieu de tenir compte d'une marge d'incertitude sur les valeurs du point ISA (indice synthétique d'activité) pouvant résulter notamment des coefficients de variation des coûts des groupes homogènes de malades (GHM) tels que les a calculés l'étude nationale de coûts, aux contraintes de l'établissement sur le plan architectural (structure pavillonnaire, monobloc) ou au poids des charges fixes dans certains établissements justifiant une analyse particulière (cas des charges sociales dans les établissements privés). Il y a lieu d'être particulièrement attentif aux causes d'une sous-activité temporaire (due par exemple à une opération de restructuration) se traduisant par une forte valeur du point ISA.

" Il convient également de porter attention au développement de thérapies substitutives lourdes dans certains établissements de santé (par exemple l'orthopédie au détriment de l'arthroplastie ou la chirurgie cardiaque au détriment de la pose de pacemakers) dont la finalité première serait de gonfler le nombre de points ISA produits. De même, il convient de veiller à ce que des activités comme la chirurgie ambulatoire ne voient pas leur développement freiné, du fait d'une application défavorable du critère PMSI. Des mécanismes correcteurs, incitatifs au développement de ces activités, pourront être, au cas par cas, contractualisés avec des établissements ayant développé ce type d'activité. L'orientation donnée aux dépenses devra ainsi répondre au souci premier de satisfaire les besoins de santé. Il faut ainsi préciser que la politique d'organisation des soins hospitaliers permet de dégager trois priorités pour les prochaines années. Elles concernent la chirurgie ambulatoire et les alternatives à l'hospitalisation, la cancérologie et l'accueil des urgences.

" Une fois les inégalités de moyens clairement identifiées, il convient cependant de se montrer constant, d'un exercice à l'autre, dans l'application des mécanismes de correction budgétaire. Il n'apparaît ainsi pas nécessaire de corriger, chaque année, la position relative de chaque établissement au gré des fluctuations marginales de sa valeur du point ISA, sauf si celle-ci faisait apparaître des écarts importants résultant d'une évolution significative des pathologies prises en charge.

" Il convient à cet égard de préciser que les régions dont la valeur du point se révèle sensiblement inférieure à la moyenne nationale, et qui sont donc normalement appelées à bénéficier d'un rééquilibrage favorable, ne sauraient se considérer comme exonérées de l'exigence d'une répartition plus équitable, au sein même de leur dotation, des ressources financières entre les établissements, le principe de la référence à l'efficience demeurant fondamental y compris pour les régions moins bien dotées.

" Il faut cependant souligner que ce rééquilibrage des ressources entre établissements ne saurait être l'objectif exclusif de la gestion des dotations régionales. Les moyens complémentaires alloués aux régions devront ainsi être prioritairement affectés à la satisfaction des besoins de santé de la population. L'emploi de ces crédits complémentaires devra ainsi être soigneusement ciblé et motivé
".

La gestion de ces éléments, par les directeurs d'agences régionales, s'insère dans le calendrier d'élaboration des budgets hospitaliers, qui est le suivant :

- au 30 juin, élaboration d'un rapport d'orientation ;

- avant le 15 octobre, délibération du conseil d'administration sur le budget, présenté par groupes fonctionnels ;

- formulation des observations de l'autorité administrative (directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation) dans les 45 jours ;

- réponse de l'établissement aux observations du directeur de l'agence régionale dans les 15 jours ;

- décision du directeur de l'agence régionale de l'hospitalisation fixant définitivement le montant des autorisations de dépenses et les prévisions de recettes dans un délai de 30 jours, à compter de la publication de la loi de financement de la sécurité sociale.

En 1998, tous les budgets ont ainsi pu être approuvés avant le 23 janvier, laissant les hôpitaux fonctionner seulement pendant un mois avec une dotation globale provisoire.

4. L'objectif quantifié national des cliniques privées

L'ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996 portant réforme de l'hospitalisation publique et privée a apporté une modification importante aux modalités de fixation de l'objectif quantifié national (OQN) de l'hospitalisation privée.

D'une part, alors que le montant annuel des frais d'hospitalisation à la charge de l'assurance maladie était, depuis la loi du 31 juillet 1991, défini par accord tripartite entre l'Etat, les caisses et les fédérations des cliniques privées, il est désormais fixé, en application de la loi de financement de la sécurité sociale, par le Gouvernement. Pour 1998, il a été fixé à 38,7 milliards de francs, soit une progression de 1,85 % par rapport à l'objectif 1997.

Il faut ajouter à ce montant de dépenses celui des établissements à prix de journée préfectoral désormais dans le champ conventionnel, et les établissements ou prestations hors OQN.

Au total, le montant autorisé des dépenses des cliniques a été fixé, pour 1998, à 41,8 milliards de francs.

Une seconde modification résulte de l'ordonnance du 24 avril 1996 : elle se traduit par une régionalisation très progressive.

En 1998, elle a conduit à la détermination d'une enveloppe de 190 millions de francs prélevée sur l'OQN. Elle a été décomposée en deux sous-ensembles :

- une enveloppe dite " efficience " d'un montant de 57 millions de francs, qui a pour objectif de tenir compte des premiers résultats du PMSI privé pour rééquilibrer la tarification des cliniques privées ;

- une enveloppe dite " contrats " dotée de 133 millions de francs destinée à financer les objectifs prioritaires des contrats d'objectifs et de moyens qui seront conclus entre les ARH et les cliniques avant le 31 décembre 1998.

Cette enveloppe constitue le moyen, pour les agences régionales de l'hospitalisation, de pouvoir accompagner des opérations dans le secteur privé s'inscrivant dans la logique de recomposition du tissu hospitalier, et de mise en place de complémentarités, voire de coopérations entre hospitalisation publique et hospitalisation privée.

5. L'objectif de dépenses des établissements médico-sociaux

L'objectif de dépenses du secteur médico-social, qui ne s'intégrait pas encore, pour l'année 1998, dans un mécanisme de régulation des dépenses, a été fixé à 41,5 milliards de francs pour 1998. Cette augmentation correspond à une progression de 2,4 % pour les établissements hébergeant des personnes handicapées et de 4,7 % pour ceux qui accueillent des personnes âgées.

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