AVANT-PROPOS

Mesdames, Messieurs,

Pour la troisième fois depuis la réforme constitutionnelle de 1996, le Sénat est appelé à débattre d'un projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 est marqué, avant tout, par l'affirmation d'un retour à l'équilibre des comptes sociaux.

Pourtant, à l'examen, le projet du Gouvernement se révèle à la fois fragile dans ses équilibres, inabouti dans ses analyses et peu cohérent dans ses propositions.

Fragile dans ses équilibres, le projet l'est en raison tant du choix de prévisions économiques volontaristes, que d'un redressement des comptes obtenu, moins par la maîtrise des dépenses que par la mobilisation des recettes tirées de la croissance et de l'alourdissement spectaculaire des prélèvements décidés l'an dernier.

Il est fragile enfin dans la mesure où l'équilibre, apparent et global, ne traduit pas un assainissement en profondeur de l'ensemble des branches : les excédents de la branche famille masquent le déficit persistant de la branche vieillesse.

Le projet du Gouvernement est en outre inabouti dans ses analyses. Rarement la représentation nationale aura été sollicitée par autant d'annonces de réformes qui, toutes, sont censées aboutir en 1999, mais dont aucune ne figure, sous une forme achevée, dans le texte qui lui est soumis. Ces réformes sont pourtant essentielles et marquées par l'urgence : avenir des retraites, poursuite de la réforme du financement de la sécurité sociale, couverture maladie universelle.

Enfin, ce projet est peu cohérent dans ses propositions.

Ainsi, la création d'un fonds de réserve destiné à conforter l'avenir des retraites par répartition qui, selon le Gouvernement lui-même, a valeur symbolique, se double d'une revalorisation exceptionnelle des pensions qui aggrave le déficit actuel de la branche vieillesse.

Le message apparaît ainsi singulièrement brouillé qui consiste à affirmer simultanément le souci -au demeurant légitime, mais au prix de déficits accrus- de faire participer, dès aujourd'hui, les retraités aux " fruits de la croissance " et la nécessité impérieuse de constituer des réserves pour payer les pensions de demain.

De même, la situation financière excédentaire de la branche famille ne justifie aucunement les nouvelles économies par lesquelles le Gouvernement gage les quelques mesures positives annoncées lors de la Conférence de la famille.

Après les mesures d'une gravité exceptionnelle mises en oeuvre l'an dernier -notamment la mise sous condition de ressources des allocations familiales à laquelle se substitue cette année le plafonnement du quotient familial- le Gouvernement donne le sentiment que la politique familiale se résume à la mise en excédent de la branche famille.

Enfin, les développements copieux que consacre le projet de loi à l'assurance maladie ne traduisent aucune réforme majeure mais détaillent de nouvelles contributions, véritables usines à gaz comptables, à la charge des professionnels de santé et des laboratoires pharmaceutiques.

Face à ce constat, et tout en considérant que le Parlement devra tôt ou tard revoir la copie du projet de loi de financement pour 1999, votre commission avance un certain nombre de propositions développées tant dans le présent rapport que dans ceux consacrés à la famille et à l'assurance vieillesse.

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