TROISIÈME PARTIE :

LA PRÉSENCE AUDIOVISUELLE EXTÉRIEURE

La France se veut une exception. Elle a tendance à oublier que dans le domaine audiovisuel tout bouge : les images passent partout, les capitaux circulent. Il est largement illusoire de vouloir imposer ses propres règles du jeu. Tenter de le faire, c'est s'exposer à la marginalisation économique et culturelle, et, tôt ou tard, au dépérissement.

On a usé et abusé de l'image de la ligne Maginot ; elle n'en reste pas moins vraie. Il est vain de chercher à transformer la France en véritable bunker audiovisuel avec ses propres lois. Votre rapporteur est convaincu que les grosses structures et notamment les entreprises du secteur public devront s'adapter au monde qui les entoure et apprendre à évoluer dans un espace audiovisuel international dominé par les grands groupes internationaux.

Le rôle de l'État n'est pas d'entretenir l'illusion d'un cordon sanitaire ; il est au contraire d'encourager les opérateurs, français publics et privés, à s'adapter à la nouvelle donne internationale.

La France doit affirmer sa présence audiovisuelle extérieure. Il y va de sa survie en tant que langue et en tant que culture ; mais il y a va aussi de la vitalité de son économie, car les images accompagnent et engendrent des flux économiques. Ce qui est certain c'est qu'une bonne part de l'effort audiovisuel extérieur doit être effectué par ou en liaison étroite avec des entreprises.

I. L'EFFORT AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR

Votre rapporteur, qui a pu mesurer la difficulté que l'on rencontre à capter des chaînes francophones à travers le monde, considère ce volet de la politique audiovisuelle comme tout à fait essentiel.

S'il constate qu'une certaine convergence semble se manifester autour de ces objectifs généraux, il relève qu'il n'en est pas de même des moyens et, en particulier, du choix des structures opérationnelles. Au moment où un choix allait être fait par le Gouvernement de M. Alain Juppé, celui de M. Lionel Jospin a interrompu le processus et demandé une expertise de la holding Téléfi qui devait fédérer les initiatives françaises.

A. LA REDÉFINITION DE L'ACTION DE L'ÉTAT

Le ministère des Affaires étrangères a présenté, à la fin d'avril 1998, en liaison avec le ministère de la Culture et de la Communication, une réforme de l'action audiovisuelle extérieure, clôturant, au moins en principe, un processus de réflexion commencé en février 1996 avec le rapport Balle, et qui a donné lieu à la publication de quatre autres rapports en deux ans 19( * ) s'ajoutant aux analyses régulièrement présentées par la commission des finances du Sénat.

La nouvelle politique s'articule, essentiellement, autour de trois axes :

- aide financière accrue aux exportateurs de programmes,

- encouragement à la présence française sur les bouquets satellites internationaux,

- clarification des missions des opérateurs publics.

1. L'aide aux exportateurs de programmes

Il a été décidé d'augmenter la contribution à TV France International-TVFI, dès 1998, et de poursuivre cet effort, en 1999, dès lors que les entreprises exportatrices membres de TVFI accepteraient d'accroître leurs propres investissements. On rappelle que la subvention, qui avait été fixée à 1 million de francs en 1995, s'est élevée les deux années suivantes à 1,3 million de francs, soit près de 10% du budget total de TVFI qui bénéficie par ailleurs de soutiens importants du Centre National de la Cinématographie (6,5 millions de francs) et de la PROCIREP (2,5 millions de francs).

En 1998, conformément aux nouvelles orientations du dispositif audiovisuel extérieur, la subvention a été portée à 1,8 million de francs. C'est cependant dans le projet de loi de finances pour 1999 que la priorité désormais accordée aux exportations de programmes audiovisuels français devrait prendre toute sa mesure, avec un financement prévisible de 10 millions de francs pour ce secteur d'activité.

Une réflexion a été engagée entre la profession et les pouvoirs publics sur un certain nombre de points.

Certains points ont déjà fait l'objet de décisions concrètes comme les modifications et améliorations qu'il convient d'apporter aux aides à l'exportation et notamment à celles émanant de la COFACE, pour les rendre plus efficaces et mieux adaptées à la nature des contrats audiovisuels : les critères d'attribution de ces aides sont particulièrement inadaptés au secteur audiovisuel, qu'il s'agisse du seuil minimum de fonds propres exigé des entreprises ou des rythmes d'amortissements trop longs pour le marché des programmes. Le ministère de l'économie se refusant à créer un régime dérogatoire applicable aux entreprises du secteur audiovisuel, il lui a été demandé au début de l'année, à l'occasion d'une concertation qui s'est tenue sous l'égide du cabinet du Premier ministre, de proposer dès que possible des mesures concrètes d'application générale prenant en compte, dans toute la mesure du possible, les spécificités du secteur audiovisuel.

D'autres sujets ont été évoqués lors de la conférence de presse du ministre des affaires étrangères mais n'ont pas, à la connaissance de votre rapporteur, eu encore de suite concrètes :

• La mise sur pied d'éventuels mécanismes innovants de soutien à l'exportation ;

• L'adaptation de notre fiscalité (par exemple la TVA, sur les abonnements vendus à l'étranger) rendue nécessaire par l'internationalisation des opérateurs français ;

• Ainsi que le renforcement des dispositifs d'aide au sous-titrage et au doublage.

Afin de ne pas concurrencer la commercialisation directe des programmes français sur certains marchés désormais émergents (Europe centrale et orientale, Amérique latine, Asie), l'activité de banque de programmes de CFI sera réservée aux zones les moins développées sur le plan économique, où les perspectives de commercialisation demeurent lointaines ; en conséquence, la liste des pays, dits de diffusion culturelle, pour lesquels les droits de diffusion sont cédés gratuitement à CFI et TV5 par les producteurs, a été réduite en concertation avec les professionnels.

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