CHAPITRE PREMIER

UNE DÉPENSE PUBLIQUE EN DIMINUTION



Dans le projet de loi de finances pour 1999, les crédits consacrés à l'intervention directe de l'Etat dans le domaine du commerce extérieur s'élèvent à 4,71 milliards de francs en autorisations de programme et à 2,89 milliards de francs en crédits de paiement, en diminution respectivement de 10,63 et 47,32 % par rapport aux 5,27 et 5,48 milliards de francs figurant dans le budget initial de 1998.

D'après les informations reçues par votre rapporteur, cette baisse serait essentiellement d'ordre technique et ne signifierait pas une diminution drastique des moyens alloués à l'appui au commerce extérieur. L'analyse ci-après du budget conduira à relativiser ces propos optimistes.

Trois éléments caractérisent ce budget :

- la poursuite de l'adaptation du réseau des postes d'expansion économique à l'évolution de la carte économique mondiale et aux nouvelles technologies de l'information ;

- un infléchissement de la restructuration des organismes d'appui au commerce extérieur ;

- la poursuite de la réforme des procédures financières de soutien à l'exportation.

Les crédits du budget du commerce extérieur sont répartis dans trois fascicules budgétaires :

- celui des services financiers contient les crédits mis à la disposition des structures publiques d'appui au commerce extérieur organisées autour de la direction des relations économiques extérieures et de ses services extérieurs en région et à l'étranger ainsi que des organismes placés sous leur tutelle : le Centre français du commerce extérieur et l'Agence pour la promotion internationale des technologies et des entreprises françaises. Il convient de remarquer que les crédits de l'article 19 du chapitre 34-92 relatifs à la direction des relations économiques extérieures ne sont pas rattachés au budget du commerce extérieur mais à celui des services financiers ;

- le fascicule des charges communes regroupe les crédits pour le financement des garanties diverses, des études, des bonifications d'intérêt ainsi que des interventions en faveur des PME ;

- enfin, le fascicule comptes spéciaux du Trésor contient le compte 903-07 qui retrace les prêts du Trésor à des Etats étrangers et à la Caisse française de développement.

I. LA POURSUITE DE LA RÉFORME DU SERVICE DE L'EXPANSION ÉCONOMIQUE À L'ÉTRANGER

Inscrits au budget des services financiers, les crédits destinés au service de l'expansion économique s'élèvent à 1,28 milliard de francs, en hausse de 5,3 % par rapport aux données de la loi de finances initiale pour 1998. Cette augmentation s'explique en grande partie par des ajustements mécaniques, notamment en ce qui concerne les rémunérations de personnels à l'étranger qui subissent en année pleine la hausse du dollar de fin 1996.

Cet ensemble recouvre :

• d'une part, les structures du service de l'expansion économique dirigé par la direction des relations économiques extérieures -DREE- ( les postes d'expansion économique et les directions régionales du commerce extérieur ) ;

• et, d'autre part, les organismes parapublics (Centre français du commerce extérieur - CFCE - et Agence pour la promotion internationale des technologies et des entreprises françaises CFME - ACTIM) .

A. LA CONFIRMATION DE LA RATIONALISATION ET DU REDÉPLOIEMENT DES MOYENS DES SERVICES EXTÉRIEURS DE LA DIRECTION DES RELATIONS ÉCONOMIQUES EXTÉRIEURES

1. Un effort de rationalisation interne et d'adaptation engagé depuis 1991

La direction des relations économiques extérieures s'est engagée, à partir de 1991, dans un programme pluriannuel de réduction de ses effectifs budgétaires.

Ce programme s'est traduit par deux plans de suppressions d'emplois (1991-1993 et 1994-1996) qui ont porté sur près de 20 % des effectifs des services extérieurs de la direction.

Un troisième plan triennal a été conclu pour la période 1997-1999 et porte sur la réduction de 5,35 % des emplois et une diminution de l'ordre de 3 % par an des crédits de fonctionnement.

Parallèlement, un resserrement global du dispositif a été opéré de manière dynamique pour tenir compte des évolutions de la conjoncture internationale : sur la période 1989/1998, 34 postes ou antennes ont été ouverts et 49 ont été fermés.

Cet effort a été absorbé par de forts gains de productivité de la direction qui ont permis d'améliorer la qualité du service rendu aux pouvoirs publics et aux entreprises par une action soutenue de modernisation dans les domaines suivants :

- l'informatisation (équipements, outils bureautiques et mises en réseaux) et la communication (création de sites internet et d'un site intranet) ;

- la rénovation des méthodes de travail dont l'évolution est également liée à l'introduction de la facturation des prestations qui va être complétée par une démarche qualité pouvant déboucher sur la certification ISO des postes d'expansion économique ;

- le profil professionnel des agents du réseau qui est orienté vers plus d'experts et moins de généralistes, plus d'anticipation (veille sectorielle et concurrentielle) et plus d'organisation régionale (Asie, Mercosur...) ;

- la simplification des procédures et une politique immobilière d'acquisition de bureaux et de logements.

Pour autant, le budget de l'expansion économique (titre III et V) pour 1999 voit ses crédits augmenter de 7,49 % pour atteindre 1,03 milliard de francs. Derrière cette hausse se cache une situation contrastée : alors que les dépenses en personnel s'accroissent, les crédits affectés au matériel diminuent tandis que les dépenses en informatique augmentent.

les dépenses en personnel augmentent de 9,7 % pour atteindre 774,76 millions de francs.

Cet accroissement significatif masque cependant des évolutions différentes.

- d'une part, la politique de réduction des effectifs se poursuit puisque l'application du plan triennal passé avec la Direction du budget conduit, pour sa dernière année, à supprimer 19 emplois de catégorie C , après une suppression de 19 emplois de contractuels en 1998. Cette mesure constitue une économie de 6,38 millions de francs. Les effectifs des agents contractuels employés dans le service de l'expansion économique à l'étranger seront donc ramenés à 850 en 1999 (contre 869 en 1998) ;

- d'autre part, 75,18 millions de francs sont consacrés au financement des différentes revalorisations des rémunérations publiques. Il s'agit de :

n l'ajustement de la ligne indemnité de résidence pour tenir compte de l'effet change-prix (essentiellement la répercussion de la hausse du dollar en 1997) : 47,5 millions de francs ;

n l'indemnité exceptionnelle prévue dans le décret 97-215 du 10 mars 1997 correspondant au remboursement de la contribution sociale généralisée prélevée sur l'indemnité de résidence : 12,67 millions de francs ;

n la revalorisation des rémunérations publiques (7,65 millions de francs) : il s'agit de l'incidence en année pleine des mesures de revalorisation des rémunérations publiques intervenues en 1998 ;

n l'application de l'accord salarial  (3,45 millions de francs ): il s'agit de la prise en compte de la partie 1999 de l'accord salarial 1998-1999 conclu dans la fonction publique (revalorisation du point fonction publique) avec les organisations syndicales ;

n l'ajustement des indemnités et prestations sociales des attachés agricoles : 2 millions de francs ;

n l'ajustement à la situation des personnels : 1,91 millions de francs.

l'augmentation des crédits d'informatique et de télématique de 13,7% par rapport à 1998, qui met fin à une diminution constante depuis 1994.

Cette dotation de 24 millions de francs s'explique par l'engagement de la direction des relations économiques extérieures dans une politique active d'amélioration de la collecte de l'information sur les marchés extérieurs et d'harmonisation du traitement des entreprises d'une région du monde à l'autre.

Les crédits allouées pour 1999 devraient lui permettre d'assurer le maintien et le renouvellement de son parc et de faire évoluer son réseau, qui à défaut serait complètement dépassé dans un à deux ans.

Une dotation complémentaire a en outre été accordée pour la création d'une infrastructure intranet (Odyssée) devant relier l'ensemble des postes et partenaires de la direction des relations économiques extérieures.

Par ailleurs, les crédits de cette dernière ont fait l'objet d'un accord triennal avec la direction du budget qui prévoit l'inscription d'une dotation annuelle de 24 millions de francs pour les budgets 1999, 2000 et 2001 et l'exonération de toute régulation et de tout gel sur les trois années.

la compression, pour la cinquième année consécutive, des frais de fonctionnement courant . Ce poste subit, en effet, une réduction de 3,5%, soit -7,67 millions de francs, ramenant les crédits prévus pour 1999 à 213,63 millions de francs. Cette dotation budgétaire résulte de l'application du plan triennal passé avec la direction du budget. Depuis 1993, les crédits en matériel auront baissé de 14,03 %.

l'augmentation des dépenses d'investissement des postes d'expansion économiques, qui se manifeste aussi bien en crédits de paiement (+66,67 %) qu'en autorisations de programme (+17,65 %). Jusqu'à présent, la politique de redéploiement du réseau de la direction des relations économiques extérieures vers les pays émergents a été conduite à dotation constante.

Les besoins de financement au titre des exercices 1999, 2000 et 2001 concernent :

n les nécessaires travaux d'entretien et de rénovation du parc existant, soit 10 millions de francs par an ;

n les opportunités d'acquisition qui pourraient encore se présenter dans les pays où les loyers sont excessivement élevés, comme à Bombay ou à Shanghai ;

n les opérations de regroupement avec les chancelleries diplomatiques comme à Berlin ou à Singapour ;

n les travaux lourds d'entretien et de rénovation des chancelleries où les postes sont hébergés.

2. La poursuite du redéploiement du réseau de l'expansion économique

Une nouvelle phase d'internationalisation s'est amorcée avec l'émergence de grands pays en développement à population nombreuse et de mieux en mieux éduquée, qui disposent en outre de capitaux et de technologies identiques à celles des pays développés.

Pour s'adapter à l'évolution de la carte économique mondiale, le réseau des postes d'expansion économique a entrepris en 1996 dans le cadre de la réforme de l'Etat un plan de redéploiement d'une partie de ses moyens des pays de l'OCDE vers les économies émergentes afin d'y renforcer la présence des entreprises françaises dont les parts de marché sont souvent très inférieures à celles de nos principaux concurrents.

En outre, la recherche d'une meilleure allocation des moyens dans le contexte budgétaire actuel et l'adaptation des administrations aux mutations économiques internationales ont conduit à mettre en oeuvre plusieurs évolutions importantes des réseaux du ministère de l'économie et des finances à l'étranger et à proposer, dans le cadre de la réforme du comité interministériel des moyens de l'Etat à l'étranger (CIMEE), des mesures de rationalisation avec les structures d'autres départements ministériels.

Le redéploiement des moyens de l'expansion économique repose ainsi sur les modalités suivantes :

- au cours des quatre années 1996-1999, 213 emplois nouveaux seront créés dans les pays émergents où une quinzaine d'implantations supplémentaires seront installées. Ce mouvement sera rendu possible par la diminution des effectifs dans l'OCDE (-195) et en Afrique (-71). A l'issue de la réforme, les effectifs localisés dans les pays émergents passeront de 28 % à près de 40 %, ceux des pays de l'OCDE de 42 % à 30 %.

En 1998, ont été fermés les postes de Khartoum (Soudan), de Gaborone (Botswana) et à Stuttgart tandis que des antennes ont été ouvertes à Ashkhabad (Turkménistan) et à Poznan (Pologne).

Cette opération de redéploiement sera poursuivie en 1999 avec toutefois quelques inflexions compte tenu de la crise asiatique : la réduction des effectifs dans les postes des pays de l'OCDE suivra son cours mais le déploiement en direction des pays émergents sera examiné au cas par cas, en fonction de la situation économique des pays concernés.

- Ce remodelage majeur de la carte du réseau est accompagné, lorsque cela apparaît possible, d'un rapprochement avec les autres réseaux publics à l'étranger : extension des missions économiques et financières regroupant PEE et agence financière, mise en place de postes communs entre PEE et consulats, installation d'une section commerciale dans certaines missions d'aide et de coopération en Afrique. Ces nouvelles formes de coopération, loin de constituer un affaiblissement du réseau de l'expansion, en soulignent la capacité d'adaptation aux objectifs de rationalisation et de maintien d'un soutien commercial de base.

Ainsi, dans le cadre du rapprochement des réseaux de la direction des relations économiques extérieures et du Trésor, trois missions économiques et financières ont été créées en 1996/1997 à New Dehli, Brasilia et Pékin.

De même, un rapprochement avec le ministère de la coopération s'est effectué à Ouagadougou (Burkina Faso), Nouakchott (Mauritanie) et Port-au-Prince (Haïti).

Enfin, en 1998, deux postes mixtes impliquant les services du ministère des affaires étrangères ont été mis en place à Dubaï et Vancouver.

- la concertation se poursuit avec les organismes consulaires et professionnels pour donner de nouveaux fondements à la répartition des tâches, dans l'OCDE, avec les différents réseaux de soutien au commerce extérieur.

B. LES INFLÉCHISSEMENTS APPORTÉS À LA RESTRUCTURATION DES ORGANISMES D'APPUI AU COMMERCE EXTÉRIEUR

Le montant global des dotations aux organismes d'appui au commerce extérieur, pour 1999, s'élève à 270 millions de francs contre 245,6 millions de francs en 1998, soit une progression de 9,93 %. Cette hausse doit cependant être nuancée.

En effet, elle est en grande partie liée à la dotation de 25 millions de francs inscrite au chapitre 42-80 (expositions internationales) destinée à financer le pavillon français à l'exposition universelle de Hanovre en l'an 2000. Le coût total de cette opération s'élèvera à 150 millions de francs.

Si l'on ne prend pas en compte cette dotation, les crédits affectés aux organismes d'appui au commerce extérieur sont stables (245 millions de francs en 1999 contre 245,61 millions de francs en 1998).

En outre, on observe une redistribution des crédits entre le Centre français du commerce extérieur d'une part et l'Agence pour la promotion internationale des technologies et des entreprises françaises (née de la fusion du Comité français des manifestations économiques à l'étranger et de l'Agence pour la coopération technique, industrielle et économique) :

les moyens destinés au Centre français du commerce extérieur (CFCE) augmenteront, en 1999, de 6,67% (+8 millions de francs) pour s'élever à 128 millions de francs. Cette hausse met fin à une diminution constante des crédits destinés au CFCE depuis 1993 qui ont chuté de 18,42 % entre 1993 et 1999.

Fortement critiqué à cause de l'hétérogénéité de ses missions et du poids trop important de ses structures, le CFCE était non seulement condamné à se réformer en profondeur, mais risquait même de disparaître à terme pour fusionner avec l'Agence pour la promotion internationale des technologies et des entreprises françaises le 1 er janvier 1999. Or, cette dernière hypothèse a été abandonnée au profit d'une convention de rapprochement signée le 2 juillet 1998.

La dotation affectée au CFCE pour 1999 vise donc à permettre à ce dernier non seulement de remplir ses missions de collecte, d'assemblage, de promotion et de diffusion des informations sur les marchés étrangers, mais également de mieux se faire connaître des entreprises par le développement d'une politique de communication externe.

l en revanche, les crédits attribués à l'Agence pour la promotion internationale des technologies et des entreprises françaises -née de la fusion du Comité français des manifestations et économiques (CFME) et de l'Agence pour la coopération technique industrielle et économique (ACTIM)- , diminueront de 6,9 % en 1999 pour s'établir à 116,39 millions de francs. Cette diminution n'a d'autre justification qu'un arbitrage budgétaire défavorable à cet organisme.

Votre rapporteur regrette cette diminution des crédits et rappelle que nos principaux partenaires européens et américain consacrent un budget nettement supérieur à celui de la France en matière de promotion des entreprises à l'étranger (autour de 200 millions de francs).

ETATS-UNIS

ALLEMAGNE

ITALIE

GRANDE-BRETAGNE

FRANCE

> 300 MF

> 300 MF

> 300 MF

> 160 MF

65 MF

 

Dont Etat 230 MF auxquels s'ajoutent les contributions très fortes des Lander

Dont Etat 220 MF, les régions consacrant semble-t-il près de 60 MUSD aux actions de promotion

Dont Etat 130 MF

Hors assurance-foire (25 MF), assurance-prospection (40 MF) et aides régionales (7 MF)

De même, l'Allemagne l'Espagne et l'Italie organisent régulièrement des manifestations multisectorielles dans les pays émergents, similaires au concept français des grandes expositions. Ces opérations mobilisent selon les cas, des budgets de 20 à 40 millions de francs par manifestation.

Ainsi, le concept espagnol de manifestation multisectorielle "EXPOTECNIA" se développe depuis une quinzaine d'années, à raison de deux expositions par an, disposant d'un budget d'environ 40 millions de francs par manifestation, financé à 60 % par l'ICEX (Institut espagnol du commerce extérieur). De même, en Allemagne, les expositions "TECHNOGERMA" et "KONSUGERMA" sont des opérations organisées alternativement à raison d'une par an, et ont pour vocation, au-delà de l'objectif commercial, d'appuyer les offensives diplomatiques allemandes à l'égard des pays émergents pour 1998, le budget mis en place par le gouvernement fédéral dans ce cadre serait de 37 millions de francs.

L'Agence pour la promotion internationale des technologies et des entreprises françaises a pour mission de réaliser et de coordonner toutes actions de promotion destinées à préparer et à favoriser le développement international des entreprises françaises (notamment les actions de coopération technique, industrielle et commerciale, de gestion des coopérants du service national en entreprise, et celles s'exerçant par le biais des foires, salons et manifestations internationales ou nationales à l'étranger).

En dépit de la baisse des crédits mis à sa disposition, cette dernière maintiendra pour l'année 1999 un programme d'activité important caractérisé par une augmentation du nombre d'opérations (201 contre 174 en 1998) qui privilégiera les zones en forte croissance. L'orientation choisie traduit une intensification des demandes des entreprises sur les marchés émergents.

Un rééquilibrage est opéré entre les activités de foires et salons (110 opérations, volume stable par rapport à 1998) et  les opérations de coopération technique, en hausse de 33 %. En effet, ces dernières (colloques, sessions en France...) , particulièrement adaptées sur des marchés difficiles d'accès tels que l'Asie, seront privilégiées cette année, permettant d'assurer une veille à moyen terme dans un contexte où l'activité " salons " pourrait être ralentie. En outre, 4 grandes manifestations seront organisées en Egypte, en Pologne, en Inde et en Côte d'Ivoire .

La répartition géographique du programme général traduit l'intérêt des entreprises pour des zones de croissance qui comprennent traditionnellement l'Asie, mais également de nouvelles régions. Ainsi, le nombre d'opérations en Afrique va être renforcé afin de donner un signal fort sur ce continent, notamment par des actions dans des pays porteurs d'un potentiel de croissance, comme la Côte d'Ivoire, où se tiendra une grande exposition en 1999. De même, la présence de la France sera accrue en Europe centrale et Varsovie accueillera une grande exposition. Enfin, le nombre d'opérations réalisées en Amérique latine sera stable et un effort particulier sera fait en direction du Brésil.

Quant au programme d'opérations du CFME-ACTIM, il continue à privilégier le secteur des hautes technologies, avec un accent particulier sur les domaines de l'information et de la communication. Le multimédia fait l'objet d'efforts importants. Par ailleurs, la programmation prévoit le maintien d'une présence soutenue dans les secteurs où l'offre française se caractérise par la maîtrise de technologies avancées comme les industries agro-alimentaires, l'énergie, les transports aérien et terrestre ainsi que les industries mécaniques.

La répartition sectorielle fait apparaître une stabilité du nombre d'opérations dans les biens de consommation (12 % du total), traduisant la volonté de répondre au mieux aux attentes des professionnels. Il convient également de noter une diversification des domaines d'intervention avec l'apparition de nouveaux secteurs d'activité tels que les biotechnologies et la défense-sécurité.

Trois axes prioritaires seront renforcés en 1999 : l'articulation des produits du CFME-ACTIM avec ceux développés par le CFCE, le développement de la clientèle du CFME-ACTIM et l'évaluation des produits afin d'améliorer le service rendu aux entreprises et de mieux connaître leurs attentes.

II. LA RÉORGANISATION DES MOYENS EN FAVEUR DES PME

Le projet de budget pour 1999 modifie sensiblement la structure des aides aux PME. Ainsi, le Comité de développement extérieur (CODEX) disparaît pour être remplacé par un nouveau volet du Fonds d'études au secteur privé (FASEP) nommé " Appui au secteur privé ".

Pour 1999, les quatre principaux dispositifs d'appui aux entreprises mobilisent 422 millions de francs, soit une baisse de 35,6 % par rapport à 1998 à budget constant.

Toutefois, cette diminution doit être relativisée dans la mesure où les crédits inscrits en loi de finances initiale pour 1999 prennent en compte des reports systématiques observés les années précédentes.

L'ensemble des crédits retracés dans le tableau ci-dessous figure au budget des charges communes (chapitres 14-01 et 64-00).



Ainsi, le montant retenu pour l'assurance-prospection dans le projet de loi de finances pour 1999 s'élève à 265 millions de francs, en diminution de 34 % par rapport à 1998.

Toutefois, cette baisse doit être relativisée car elle vise plutôt à officialiser la diminution de l'utilisation des crédits observée depuis quelques années et à s'ajuster aux besoins réels.

Ainsi, en 1998, alors que 400 millions de francs avaient été affectés au financement de l'assurance prospection/Foire, entre 240 et 290 millions de francs seulement auraient réellement été utilisés. La diminution du coût de cette procédure est liée à une gestion plus rigoureuse, notamment concernant les frais de gestion. En outre, la diminution des budgets garantis, en particulier en assurance prospection normale, conduit à une réduction des indemnités versées aux entreprises. Parallèlement, les reversements augmentent en raison du nombre important de contrats en période de remboursement.

Par ailleurs, il convient de rappeler que cette dotation est à caractère évaluatif, ce qui avait conduit à une surévaluation systématique en loi de finances initiale.

Sous trois formes différentes, l'assurance prospection aide l'exportateur à faire face à ses dépenses de prospection sur les marchés étrangers et l'indemnise en cas d'insuccès commercial :

- l'assurance-foire permet de couvrir à hauteur de 65 % les frais engagés par une entreprises dans une manifestation commerciale à l'étranger, les salons ayant lieu dans l'Union européenne étant exclu de ce dispositif, même si depuis 1997, certaines dérogations sont apportées pour des manifestations dans l'Union européenne et en France. Cette procédure rencontre un vif succès auprès des entreprises, notamment les plus petites d'entre elles. Sa clientèle est constituée à 90 % de sociétés réalisant un chiffre d'affaires inférieur à 100 millions de francs. En 1997, 941 contrats ont été signés contre 630 en 1996. L'assurance foire représente 45,2 % du nombre des contrats signés.

- l'assurance prospection simplifiée est une aide forfaitaire au repérage de débouchés porteurs dans les pays de l'Union européenne. En 1997, cet outil représente 38,3 % des contrats signés. Plus de la moitié des entreprises bénéficiaires de ce type de contrat réalise un chiffre d'affaires inférieur à 10 millions de francs ;

- l'assurance prospection normale vise pour sa part des zones plus lointaines. En 1997, ce produit a représenté 16,5 % des contrats conclus. 80 % des entreprises auxquelles un contrat de cette nature a été délivré ont réalisé un chiffre d'affaires inférieur à 100 millions de francs.

En 1997, 2.841 PME ont demandé à bénéficier de ces procédures, par rapport à 2.313 en 1996 et 2.472 en 1995. 2.081 contrats ont été signés.

Le bilan 1997 affiche donc une très forte progression des demandes reçues et des contrats signés. Depuis 10 ans, il s'agit du plus fort nombre aussi bien en matière de demandes qu'en matière de contrats.

Cet accroissement s'explique pour une large part par la forte augmentation du nombre des demandes formulées par les entreprises et des contrats signés en assurance foire, due notamment à l'élargissement de cette procédure à certaines manifestations de rayonnement international organisées en Union européenne. Dans le cadre de cette procédure, 825 entreprises ont été aidées, ce qui permet de dépasser, dès 1997, l'objectif fixé pour 1998 dans le plan PME de 1995 d'aider 800 entreprises par an à participer à une manifestation commerciale internationale.

Cependant, cette augmentation n'est sans doute pas due uniquement à cette nouvelle mesure, mais aussi à une évolution des méthodes d'approche des marchés étrangers par les entreprises. Celles-ci préfèrent tester leurs produits, au moins dans un premier temps, lors de leur participation à des manifestations commerciales. L'engagement à l'export est ainsi moins ambitieux et moins durable. On constate également cette approche prudente des entreprises dans le montant des budgets pris en garantie, chiffre qui reste globalement stable malgré une augmentation substantielle des contrats.

Le rapport entre les exportations induites par ces procédures et le résultat comptable sur les cinq dernières années est de 47 francs d'exportations nouvelles pour 1 franc de coût public. En 1997, 13,3 milliards d'exportations nouvelles ont été liées à des contrats d'assurance prospection, soit un montant équivalent à 1996 et 1994. Le faible coût de la procédure en 1997 permet d'atteindre un effet de levier considérable puisqu'il s'élève à 60 francs d'exportations nouvelles pour 1 franc de coût public .

Les crédits du comité de développement extérieur (CODEX) diminuent de 82,1 % puisque ce dernier a été incorporé dans le Fonds d'Etudes et d'Aide au Secteur Privé (FASEP) depuis juillet 1998. Ainsi, les 10 millions de francs de crédits de paiement inscrits dans la loi de finances initiale doivent uniquement servir à couvrir les besoins financiers des dossiers CODEX ouverts avant sa suppression.

Le bilan du CODEX est positif puisqu'il a permis d'accompagner le développement d'un grand nombre de PME françaises à l'étranger. Créé en 1982, cette procédure a été réservée aux PME françaises indépendantes, quel que soit leurs secteurs d'activité, pour leurs projets d'implantation à caractère commercial ou industriel, susceptibles de générer des exportations. Elle consistait en une avance à taux nul, remboursable au bout de cinq ans et assise sur les apports stables effectués à la filiale. Les marchés cibles étaient les pays à fort potentiel de croissance et solvables, à l'exclusion de l'Union européenne. Au total, près de 600 PME indépendantes ont été aidées dans leur développement international par le CODEX.

Les mesures d'assouplissement prises en janvier 1997, avec notamment l'abaissement du seuil d'examen des dossiers et la modulation du taux d'intervention, ont permis d'accroître le nombre de projets déposés par des petites PME. Plus de 80 % des sociétés aidées, ces dernières années, ont un chiffre d'affaires inférieur à 500 millions de francs et presque la moitié font moins de 50 millions de francs de chiffre d'affaires annuel. Au regard du nombre d'entreprises françaises de cette taille ayant la capacité de s'implanter, le CODEX a exercé un réel effet de levier.

L'activité du CODEX, très soutenue jusqu'en 1992, a connu ensuite plusieurs années de relative stabilité, correspondant à une diminution de l'investissement français à l'étranger durant la première moitié des années 1990. Entre 1993 et 1997, le Comité a approuvé, en moyenne, une vingtaine de dossiers par an. La dotation budgétaire inscrite en loi de finances initiale a, durant cette période, sensiblement diminué, passant de 260 millions de francs en 1990 à 70 millions de francs en 1998.

Cette évolution a conduit le gouvernement à envisager une réforme du dispositif de soutien à l'investissement visant à l'ouvrir à un plus grand nombre d'entreprises et à simplifier les modalités d'instruction des dossiers. En conséquence, le FASEP, créé en 1996 et dont la principale activité était de participer au financement d'études de faisabilité réalisées par des entreprises a vu ses missions se développer avec la création d'un volet " appui au secteur privé " qui se substitue aux différents outils d'aide à l'investissement existants dont le CODEX.

Ce nouveau volet du FASEP prend la forme d'un fonds de garantie, doté de 300 millions de francs en crédits de paiement pour 1999. Cette réforme doit permettre de simplifier le dispositif existant en substituant un instrument unique aux nombreuses procédures de soutien à l'investissement existantes (CODEX, protocoles de partenariat, fonds PECO 1( * ) de la SOFARIS)

Les crédits prévus au titre du volet "commerce extérieur" des contrats de plan s'élèveront à 32 millions de francs pour 1999, soit une stagnation par rapport à l'année passée. En effet, la part Etat du volet commerce extérieur des 11èmes contrats de plan était initialement fixée à 238,6 millions de francs, soit une moyenne annuelle de 47,7 millions de francs sur cinq ans (1994-1998). Toutefois, les annulations budgétaires effectuées en 1995 et 1996 et la décision d'étaler les contrats de plan sur une sixième année ont réduit le montant annuel des autorisations de programme disponibles à 32 millions de francs à compter de 1997.

Le montant modeste des crédits est d'autant plus regrettable que le volet commerce extérieur des contrats de plan est un élément très important du dispositif d'appui aux PME pour l'exportation. Ainsi, en 1997, près de 1.200 aides ont été délivrées. Le niveau de consommation des crédits en autorisations de programme est élevé puisqu'il atteint 89 %, traduisant la forte demande des PME, notamment des plus petites d'entre elles, qui constituent les trois quarts de la clientèle.

Ces crédits permettent de financer deux sortes d'aides aux entreprises :

des aides aux montants modestes pour jeter les bases d'une démarche de développement international. Il s'agit de :

- l'aide au conseil (AC) qui permet d'alléger les coûts d'utilisation d'un cabinet spécialisé pour réaliser une étude de marché, ou pour organiser la démarche export de la société. En 1997, 115 aides de cette catégorie ont été attribuées ;

- l'aide à la participation à des foires et des salons. Elle constitue le complément de l'assurance-foire qui, jusqu'à la décision du plan PME de janvier 1997, ne couvrait que les manifestations hors Union européenne ;

- l'aide aux "investissements immatériels" qui permet le financement des traductions de documentations en langue étrangère, des dépôts de marques et brevets, des formations export, des invitations d'acheteurs étrangers.

des aides plus élevées pour donner plus d'ampleur à la démarche de développement à l'étranger. Il s'agit de :

- l'aide à l'implantation à l'étranger (AIE) qui favorise la création de structures commerciales légères à l'étranger. Elle prend en charge une partie des frais de fonctionnement d'un bureau de représentation ou d'une filiale, uniquement pendant la première année. 94 aides de cette catégorie ont été accordées en 1997 pour un montant moyen de 200.000 francs ;

- l'aide au recrutement de personnel export à durée indéterminée, qui prend en charge une partie du coût du salarié (30 à 50 %) pendant sa première année d'activité (soit un montant unitaire moyen de 100.000 à 120.000 francs). D'abord limitée au recrutement de cadres, elle permet aujourd'hui, dans 13 régions, de recruter également des assistants ou de renforcer un service export existant. 281 aides ont été accordées en 1997 pour un montant de 130 millions de francs.

III. LA RÉDUCTION DU COÛT BUDGÉTAIRE DES PROCÉDURES FINANCIÈRES DE SOUTIEN À L'EXPORTATION

Pour 1999, ces diverses procédures ne devraient entraîner qu'une charge budgétaire de 2,7 milliards en autorisations de programme contre 3,1 milliards de francs prévu en loi de finances initiale pour 1998, soit une diminution de 12,8 %. En crédits de paiement, la diminution apparaît encore plus forte puisque la dotation pour 1999 s'élève à 862 millions contre 3,3 milliards de francs en 1998, soit une baisse de 74 %.

Ces chiffres doivent toutefois être pris avec beaucoup de prudence car ils sont peu révélateurs de l'effort réel de la France en matière de commerce extérieur. En effet, la plupart des baisses constatées sont essentiellement liées à des reports de crédits qui n'ont pas été utilisés en 1998.

Toutefois, votre rapporteur ne peut que regretter ce manque de transparence qui empêche d'avoir une connaissance approfondie et précise des procédures financières de soutien à l'exportation.

Les procédures gérées par Natexis Banque pour le compte de l'Etat (chapitre 44-98 bonification d'intérêt) voient leur crédits diminuer de 150 millions pour 1998 et s'élever à 550 millions de francs.

La loi du 29 décembre 1997 précise le mandat confié à Natexis banque par l'Etat pour la gestion des procédures de stabilisation de taux d'intérêt ainsi que la gestion de certains accords de consolidation.

- La stabilisation des taux d'intérêt permet aux exportateurs et aux banques françaises de proposer à leur client emprunteur un financement à taux fixe en francs français ou en devises, soit parce que ce point constitue une exigence de l'appel d'offres, soit parce que l'offre commerciale sera rendue plus attractive par ce type de financement. En effet, les emprunteurs étrangers peuvent apprécier de pouvoir disposer d'un taux fixe et donc de charges financières prédéterminées.

Pour les crédits de deux ans minimum, Natexis compense (ou reçoit des banques) la différence entre le taux fixe du crédit 2( * ) et un taux représentatif des conditions de refinancement à court terme des banques, majoré de la marge bancaire autorisée. Elle garantit ainsi les banques contre une augmentation de leurs coûts de refinancement, ceci à la fois pour les crédits en devises et ceux en francs français.

- La gestion des accords de consolidation : Natexis refinance par l'emprunt certaines créances impayées au titre d'accords de consolidation de dettes conclus avec des pays étrangers. Le Trésor public, après les nouveaux passages des pays débiteurs en Club de Paris, peut prendre en charge les impayés sur accords de consolidation. Les arriérés sur intérêts de consolidation sont alors apurés par le compte spécial du Trésor 903-17.

Le régime d'assurance-crédit géré par la COFACE (chapitre 14-01 article 71) pour le compte de l'Etat devrait de nouveau dégager un excédent en 1999 (8,09 milliards de francs en 1997). Le coût budgétaire de l'assurance-crédit est donc nul. Ce résultat est lié à une forte baisse des indemnisations et à une hausse des récupérations. Il s'explique par la réorientation des exportations françaises vers les pays solvables, le resserrement de la politique de crédit et la fin de la crise de la dette. Votre rapporteur se demande néanmoins si la dégradation de la situation économique et financière en Russie, en Asie ou en Amérique latine ne risque pas d'avoir des conséquences sur les résultats de la COFACE en 1999.

Le coût de la garantie de risque économique diminue de 11,1 % par rapport à 1998 pour s'établir à 400 millions de francs. Le besoin de financement de la procédure revient ainsi à son niveau des années précédentes.

Les crédits relatifs aux protocoles financiers diminuent. Ainsi, la dotation du FASEP (chapitre 68-00 article 10) diminue en crédits de paiement de 51,14  %. En revanche, elle est stable en autorisations de programme . Cette diminution s'explique par l'importance des reports qui permettront de couvrir une grande partie des besoins pour l'année 1999. La dotation de 600 millions de francs en autorisation de programme doit être affectée essentiellement au volet " études " du FASEP ainsi qu'au nouveau fonds de garanti créé dans le cadre de la réforme des protocoles qui interviendra en appui des opérations suivantes :

n apports en fonds propres des entreprises à leurs filiales étrangères ;

n participation de sociétés de capital-risque dans les filiales d'entreprises françaises à l'étranger ;

n prêts consentis à des entreprises étrangères à participation française ;

De même, la charge nette des "prêts du Trésor à des Etats étrangers et à l'Agence française de développement" , inscrite au compte spécial du Trésor n° 903-07, est négative pour l'année 1999 : alors que ce compte devrait entraîner pour 1998 une charge pour l'Etat évaluée à 628 millions de francs, il devrait dégager pour l'année 1999 une recette de 1.635 millions de francs.

Cette situation inédite s'explique par la montée en puissance des remboursements sur les prêts de 10 ans et plus. En outre, le besoin en crédits de paiement étant nul pour 1999 dans la mesure où les besoins devraient être couverts par les reports prévus d'une année sur l'autre, le compte spécial du Trésor sera excédentaire.

A cet égard, votre rapporteur tient à rappeler qu'il faut compter un délai moyen d'exécution de cinq ans entre la signature du protocole et la date du dernier paiement sur ce protocole. Les paiements effectués sur 1998 se rapportent, pour la plupart, à des protocoles plus anciens.

En ce qui concerne les crédits relatifs aux études, l'évolution de ces derniers varient en fonction de la nature des études.

Les crédits relatifs aux études d'évaluation préalable des projets (chapitre 37-03 articles 30) augmentent de 6,7 % pour atteindre 7,5 millions de francs. Cette hausse de la dotation en 1999 doit accompagner la mise en oeuvre de la réforme des protocoles. L'évaluation préalable sera désormais systématique tandis que l'instruction sera plus approfondie en vue de fournir un rapport de présentation complet pour le passage en comité d'examen des projets.

En revanche, les crédits affectés à l'évaluation a posteriori des projets (chapitre 37-03 article 20) restent stables et s'élèvent à 4,5 millions de francs.

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