C. LES PROPOSITIONS DU SÉNAT ET LES RÉCENTS DÉVELOPPEMENTS DE LA RÉFORME DE LA PAC

1. Les propositions du Sénat

Au-delà des critiques que la mission d'information du Sénat a faites sur telle ou telle proposition de la Commission européenne, votre rapporteur rappelle que celle-ci a souhaité présenter de nouvelles perspectives pour la politique agricole commune à l'aube de l'an 2000 .

Ce véritable projet alternatif préconisé par la mission d'information s'articule autour de quatre axes essentiels qui doivent permettre d'offrir à l'agriculture européenne une vision dynamique et moderne de son avenir :

- la consolidation de l'unité du marché commun ;

- une approche pragmatique de l'agriculture européenne, qui différencie les productions ;

- replacer l'emploi et l'espace au coeur de la réforme ;

- la redéfinition du mode de participation de l'Union européenne aux échanges internationaux.

2. L'évolution récente du dossier

Rendu public au moment de la parution du rapport de la Commission de l'agriculture du Parlement européen présenté par M. Arlindo Cuntra, qui propose " de donner corps à un véritable modèle agricole européen " et s'oppose à tout démantèlement de la PAC, le rapport de la mission sénatoriale a été transmis au Chef de l'Etat et au Premier ministre avant le sommet de Cardiff.

Les Chefs d'Etat et de Gouvernement des Quinze, réunis les 15 et 16 juin à Cardiff, ont manifesté leur volonté de parvenir à un " accord politique " sur l'ensemble des mesures " d'agenda 2000 " au plus tard en mars 1999, sous présidence allemande de l'Union et avant la campagne des élections européennes qui auront lieu en juin 1999.

Dans le domaine agricole, les Chefs d'Etat et de Gouvernement ont pris connaissance du rapport d'étape des experts du Comité spécial agricole -selon lequel sept Etats membres sont, en principe, favorables à l'approche de la Commission européenne (baisse des prix de soutien et compensation par des aides directes)-.

L'Autriche qui, le 1er juillet et pour six mois, a succédé au Royaume-Uni à la présidence de l'Union européenne, a souhaité, selon M. Wolfgang Schüssel, ministre des affaires étrangères, présenter au Conseil européen des 11 et 12 décembre à Vienne, les " éléments clé pour une solution " sur l'Agenda 2000 et ainsi " défricher le terrain " afin de " permettre une décision en mars 1999 ", lors d'un sommet spécial sous présidence allemande.

Les effets de la crise asiatique, les conséquences attendues de la crise russe, les discussions sur le financement du budget communautaire et le calendrier politique ont néanmoins ralenti en septembre dernier la progression des négociations sur la réforme de la PAC.

La perspective d'une éventuelle renationalisation d'une partie des aides agricoles, souhaitée par certains Etats, ainsi que le refus des ministres de l'agriculture de laisser l'initiative à leurs collègues des affaires étrangères ou des finances ont incité les ministres de l'agriculture à " dégager une position politique claire " sur le projet de réforme de la PAC lors de la session de novembre et à transmettre leurs conclusions au sommet européen de Vienne les  11 et 12 décembre.

En octobre dernier, un " rapport intermédiaire " a été transmis aux ministres des affaires étrangères. Ce document a rappelé que la réforme de la PAC ne devait pas entraîner " une renationalisation de la PAC ni un transfert des charges budgétaires découlant de la PAC vers les Etats membres ". Malgré ce document et la mission qui a été confiée aux experts de procéder à un " examen détaillé " des textes législatifs proposés par la Commission, votre rapporteur constate que les négociations sur la réforme de la PAC prennent un certain retard. Est-ce à dire que l'évolution de ce dossier dépend aujourd'hui plus de la question globale du financement des dépenses communautaires que de la volonté des ministres de l'agriculture des Etats membres ? Cela signifierait-il que les ministres de l'agriculture auraient été quelque peu " dépossédés " de l'évolution de la PAC ? Les récentes déclarations du Chancelier allemand laissent présager une évolution rapide du dossier du financement des dépenses communautaires.

A la fin du mois de novembre, un rapport adopté par le Cnseil des ministres de l'agriculture, et qui doit être transmis au Conseil européen de Vienne en décembre, dresse l'état d'avancement des discussions sur la réforme de la PAC.

Un accord semble se dégager sur l'opportunité de poursuivre et d'approfondir le processus de réforme dans le secteur des cultures arables. C'est notamment le cas pour la réduction du prix d'intervention dont le niveau et le montant restent à fixer. En viande bovine, il existe également un accord sur la nécessité et l'urgence de poursuivre et d'approfondir le processus de réforme. L'accord est " assez large " sur le principe d'une réduction des prix de soutien, " sans préjudice de son niveau ". Dans le secteur laitier, des divergences de vues importantes apparaissent tant sur l'avenir des quotas laitiers que sur la réforme proposée par la Commission, fondée notamment sur une baisse des prix avec le versement d'aides directes. Ainsi, de larges efforts doivent encore être accomplis pour aboutir à un compromis sur l'ensemble des mesures.

Votre commission, a d'ailleurs estimé qu'aujourd'hui indispensable que le Gouvernement français puisse, dans les semaines à venir, se prévaloir pour la PAC d'un document permettant d'affirmer à ces partenaires européens et à la Commission européenne les principes sur lesquels la France ne doit pas transiger.

C'est pourquoi, elle a adopté, sur proposition de son rapporteur 16( * ) , à l'unanimité de ses membres une proposition de résolution sur l'avenir de la PAC.

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