b) La prochaine reprise des négociations dans le cadre de l'OCM

Après avoir poursuivi ses activités dans le courant de l'année 1996, le comité agriculture de l'OMC a rendu son premier rapport d'activité dans la perspective de la Conférence ministérielle de Singapour de décembre  1996. Contrairement au groupe de CAIRNS 12( * ) , le Comité a réaffirmé que de nouvelles négociations agricoles ne devaient pas être engagées avant l'horizon 2000.

La Conférence de Singapour a clôturé ses travaux par une déclaration ministérielle. Malgré l'insistance de l'Argentine, soutenue par l'Australie, aucune mention spécifique de l'agriculture n'a été faite dans la partie relative au programme de travail issu des accords de Marrakech. Les ministres ont réaffirmé le respect des calendriers actés alors. Ils se sont, par contre, montrés favorables, conformément au rapport du Comité agriculture, " à un nouveau processus d'analyse et d'échange d'informations (...) pour permettre aux membres de mieux comprendre les questions en jeu et définir les intérêts avant de procéder aux négociations convenues. "

La conférence de Genève s'est tenue en mai 1998, au siège de l'OMC. Même si les Etats-Unis ont, avec l'appui du groupe des CAIRNS, tenté d'obtenir à cette occasion un mandat de l'OMC pour que les pays membres commencent à préparer un calendrier commercial ambitieux en vue du prochain cycle de négociations multilatérales agricoles, il paraît assuré que les pourparlers ne commenceront qu'à la fin de l'année 1999.

Un Conseil général extraordinaire agricole s'est néanmoins tenu à la fin 1998 pour préparer ces négociations. Déjà, un litige oppose les Etats-Unis et l'Union européenne : en effet, les Etats-Unis se sont prononcés pour des discussions secteur par secteur plus rapides, tandis que l'Union européenne préfèrerait des négociations globales plus souples et propices à des concessions réciproques.

En 1999, les négociations agricoles devront donc reprendre. Les disciplines devront être renforcées, grâce notamment à une définition plus restrictive des aides directes de soutien interne (par exemple, en excluant des aides ayant encore trop d'influence sur la production, comme les paiements compensatoires). Mais surtout, une véritable libéralisation, sous la forme d'une baisse des droits de douane consolidés, sera alors au programme.

Les quelques mois qui nous séparent de cette date sont amplement suffisants pour adresser un message clair aux agriculteurs français : il leur faut utiliser ce laps de temps pour se préparer à un monde plus ouvert. Ils pourront profiter de nombre de mesures de l'Uruguay Round (y compris des mesures prises hors du cadre de l'accord agricole) telle que la consolidation des droits de douane, en vertu de laquelle un pays ne pourra plus doubler les droits sur les vins français du jour au lendemain (comme ce fut le cas, en novembre 1993, avec les menaces américaines), ou les règles d'origine et de propriété intellectuelle, qui permettent de mieux défendre appellations d'origine et marques -deux aspects essentiels sur les marchés agricoles-.

Votre rapporteur considère que la France doit tirer parti de cet environnement international en valorisant des atouts tels que la diversité de ses produits, ses compétences techniques, la qualité de sa recherche, sa position de premier exportateur alimentaire et de deuxième exportateur agro-alimentaire au niveau mondial. Ces atouts devraient lui permettre de jouer un rôle prépondérant dans la garantie de la sécurité alimentaire mondiale.

Votre rapporteur estime que la France et l'Europe doivent ne pas craindre, à tout moment, de défendre, tout en profitant de cette ouverture, leurs intérêts, au premier rang desquels leurs intérêts agricoles dans les négociations internationales, notamment avec leurs voisins d'outre-Atlantique 13( * ) . Il est en effet difficile de considérer les produits agricoles comme n'importe quel produit de base, en raison non seulement des caractéristiques des facteurs de production inhérents à l'agriculture, mais aussi de l'importance de l'enjeu que constitue la sécurité alimentaire de la planète. En outre, la libéralisation croissante des produits agricoles doit s'effectuer dans des conditions de concurrence loyale, tant dans les domaines social et environnemental, que dans celui de la normalisation des produits.

Page mise à jour le

Partager cette page