II. AUDITION DE M. PIERRE-LOUIS RÉMY, DÉLÉGUÉ INTERMINISTÉRIEL À LA FAMILLE

Enfin, la commission a procédé à l'audition de M. Pierre-Louis Rémy, délégué interministériel à la famille.

M. Pierre-Louis Rémy
a rappelé que la délégation interministérielle à la famille avait été instituée par un décret du 28 juillet 1998 et résultait d'une décision prise par le Gouvernement à l'occasion de la Conférence de la famille de 1998. Il a précisé que cette délégation avait pour mission de coordonner l'action des différents ministères en faveur de la famille. La délégation était par conséquent composée d'une dizaine de personnes issues de différents ministères.

M. Pierre-Louis Rémy a expliqué que la délégation s'efforçait de développer des relations de confiance avec les collectivités locales, le mouvement familial, les réseaux associatifs et les organisations syndicales et professionnelles.

M. Jacques Machet, rapporteur, a interrogé M. Pierre-Louis Rémy sur le bilan qu'il dressait de l'action qu'il avait menée depuis sa prise de fonctions. Il a souhaité connaître le contenu des propositions formulées par la délégation et les principaux axes de sa réflexion. Il s'est interrogé sur l'utilisation qui devait être faite des excédents à venir de la branche famille.

En réponse à M. Jacques Machet, rapporteur, M. Pierre-Louis Rémy a indiqué qu'il s'était efforcé de faire progresser le travail interministériel sur la famille. Il a cité, à titre d'exemple, le travail de réflexion mené avec le ministère de la justice sur le droit de la famille, les actions engagées avec le ministère de l'éducation nationale sur le rôle des parents dans la vie scolaire, l'intégration d'un volet consacré à la famille dans les contrats ville, le prolongement de 20 à 21 ans de l'âge limite d'ouverture du droit aux aides au logement et l'introduction dans la seconde loi relative à la réduction du temps de travail de mesures favorables à la vie familiale.

Après avoir précisé que la délégation interministérielle à la famille avait également oeuvré au développement des réseaux d'aide et d'appui à la fonction parentale, M. Pierre-Louis Rémy a souligné que la délégation était chargée de préparer les décisions annoncées lors de la Conférence de la famille.

Affirmant que les deux préoccupations de la délégation étaient de reconnaître et d'aider les familles, M. Pierre-Louis Rémy a évoqué les quatre objectifs principaux de son action : l'articulation entre vie familiale et vie professionnelle, le développement des aides à la fonction parentale, la refonte des aides au logement et les mesures en faveur des jeunes adultes.

Evoquant l'articulation entre vie familiale et professionnelle, dont il a considéré quelle était la condition de l'égalité professionnelle, M. Pierre-Louis Rémy a estimé que la seconde loi relative à la réduction du temps de travail devait permettre un meilleur équilibre entre le temps consacré au travail et le temps consacré à la famille. Il a souligné que le projet de loi prévoyait un délai de prévenance pour les modifications d'horaires, une amélioration des possibilités de capitalisation de l'épargne-temps, un assouplissement des conditions d'obtention du temps partiel et la possibilité d'un refus des heures supplémentaires en cas de raison familiale impérieuse. Evoquant le nécessaire développement des services aux familles, développement qui devait toutefois tenir compte des contraintes des collectivités locales, M. Pierre-Louis Rémy a indiqué qu'il oeuvrait en faveur d'une meilleure cohérence des financements et des contributions des parents et d'une adaptation aux besoins des familles et à l'évolution du temps de travail.

S'agissant des aides à la fonction parentale, M. Pierre-Louis Rémy a souligné qu'il travaillait à une action de sensibilisation auprès des différents services de l'Etat et au développement de réseaux locaux. Il a rappelé que le Gouvernement préparait un projet de loi relatif au droit de la famille qui serait déposé au Parlement au début de l'année 2001, à l'issue d'une très large concertation.

Evoquant la refonte des aides au logement, M. Pierre-Louis Rémy a exprimé son souci de simplification, d'harmonisation et d'amélioration.

S'agissant des actions en faveur des jeunes adultes, il a rappelé que le projet de loi de financement de la sécurité sociale comportait une mesure importante : le report de 20 à 21 ans de l'âge limite d'ouverture du droit au complément familial et aux aides au logement.

M. Pierre-Louis Rémy a conclu en indiquant que la délégation s'efforçait d'examiner d'une manière globale les problèmes des familles, selon une approche très concrète et la plus partenariale possible. Il a considéré que la situation financière de la branche famille permettait de faire preuve d'imagination dans la mesure où toutes les actions évoquées exigeaient des moyens.

M. Jacques Machet, rapporteur, a demandé à M. Pierre-Louis Rémy s'il avait véritablement le sentiment que son action avait débouché sur des améliorations concrètes pour les familles.

M. Pierre-Louis Rémy a souligné que le travail qu'il menait était difficile en raison de son caractère interministériel ; il a considéré que l'action qu'il menait commençait à produire des résultats tangibles. Il a cité, comme exemple du rôle très positif joué par la délégation, la sortie prochaine d'un décret sur l'organisation des modes de garde, décret qui était attendu depuis maintenant quinze ans. Il a précisé qu'il s'efforçait de mobiliser des acteurs de terrain grâce à un important travail d'animation dont on pouvait commencer à percevoir les effets ; il a souligné que les projets territoriaux préparés par les préfets comportaient ainsi de plus en plus souvent un volet famille.

Mme Marie-Madeleine Dieulangard s'est dite convaincue de l'efficacité de la démarche initiée par la délégation interministérielle à la famille. Faisant observer que le coût des crèches pour les collectivités locales avait fortement augmenté en raison des normes d'encadrement sévères qui les régissaient, elle a considéré qu'il convenait de trouver un équilibre entre des exigences sanitaires nécessaires et le souci d'un coût acceptable. Elle s'est interrogée sur la manière dont on pouvait favoriser le retour à l'emploi des femmes qui auraient opté pour un congé parental ou le bénéfice de l'allocation parentale d'éducation.

M. Gilbert Chabroux a jugé indispensable l'action menée par la délégation interministérielle à la famille, dont il a approuvé les orientations. Il a considéré que la délégation avait permis de rétablir le dialogue entre le mouvement familial et le Gouvernement. Soulignant que Mme Nicole Prud'homme, présidente de la CNAF, avait, lors de son audition par la commission, mis en lumière les dysfonctionnements induits par la complexité des règles régissant les prestations familiales, il a souhaité savoir si la délégation interministérielle à la famille était en mesure de formuler des propositions de simplification.

Après avoir rappelé l'importance de l'accession à la propriété pour beaucoup de familles, M. Michel Esneu s'est interrogé sur les dispositifs qu'il faudrait mettre en place pour répondre à cette demande.

En réponse aux différents intervenants, M. Pierre-Louis Rémy a indiqué qu'il espérait que le décret qui devait être prochainement publié sur l'organisation des modes de garde répondrait aux attentes de simplification des normes sans remettre en question la qualité du service offert aux enfants et à leurs familles. Il a expliqué qu'il avait souhaité que les établissements chargés de l'accueil de la petite enfance répondent à des exigences sanitaires moins sévères et obéissent à des objectifs plus éducatifs. Il a jugé que le système de prise en charge de la petite enfance devait évoluer en fonction des nouvelles conditions du temps de travail, caractérisées dans certains secteurs par le recours à des horaires décalés.

Evoquant le retour à l'emploi des femmes ayant opté pour un congé parental, il a souhaité que l'Agence nationale pour l'emploi (ANPE) joue un rôle pivot dans une procédure de nouveau départ qui permette une meilleure réinsertion professionnelle de ces personnes. Il a également formulé le souhait que les régions, qui financent la formation professionnelle, participent à cet effort.

M. Pierre-Louis Rémy a rappelé que la complexité de notre système de prestations familiales provenait de la multiplicité des objectifs qui lui étaient assignés. Il a jugé que les aides au logement et les aides à la petite enfance devaient constituer un chantier prioritaire en matière de simplification.

Evoquant l'accession sociale à la propriété, il a souligné que le Gouvernement venait de décider de mesures importantes qui constituaient de réelles avancées, tels la baisse des droits de mutation et le report de 20 à 21 ans de l'âge limite d'ouverture du droit aux aides au logement.

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