C. PRÉPARER LES ÉVOLUTIONS DES ZONAGES ISSUS DE LA LOADT DE 1995 ET DU PACTE DE RELANCE POUR LA VILLE DE 1996

L'article 42 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire (LOADT) du 4 février 1995 a prévu que les " zones prioritaires ", dans lesquelles " des politiques renforcées et différenciées sont mises en oeuvre ", étaient :

- les zones d'aménagement du territoire (ZAT), caractérisées par leur faible niveau de développement économique et par l'insuffisance du tissu industriel ou tertiaire. Les entreprises implantées dans ces zones sont éligibles à la prime d'aménagement du territoire (PAT) ;

- les territoires ruraux de développement prioritaire (TRDP), qui recouvrent les zones défavorisées caractérisées par leur faible niveau de développement économique. Les TRDP comprennent les zones de revitalisation rurale (ZRR), " confrontées à des difficultés particulières " ;

- les zones urbaines sensibles (ZUS), caractérisées par " la présence de grands ensembles ou de quartiers d'habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l'habitat et l'emploi ". Les ZUS comprennent les zones de revitalisation urbaine (ZRU), " confrontées à des difficultés particulières ". La loi du 17 novembre 1996 relative au pacte de relance pour la ville (PRV) a créé un nouveau sous-ensemble des ZUS : les zones franches urbaines (ZFU), dans le but, selon l'étude d'impact du PRV, de " revitaliser des sites urbains caractérisés par la mono-fonctionnalité et le cumul des handicaps les plus graves en matière de chômage et de sous qualification ".

1. La modification du nombre de zonages

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement entretient une suspicion quant au principe et à l'efficacité des zonages mis en place par ses deux prédécesseurs, aussi bien dans la LOADT que dans le pacte de relance pour la ville. Si les zones franches urbaines sont généralement les principales cibles des critiques gouvernementales, la ministre de l'aménagement du territoire a exprimé, lors de son audition par votre commission des finances le 27 octobre 1999, sa conviction que les dispositifs existants étaient " nombreux, complexes et incompréhensibles " et que la plupart " ne servaient à rien ".

La ministre de l'emploi et de la solidarité a aussi affirmé à plusieurs reprises l'intention du gouvernement de procéder à une évaluation des dispositifs existants, puis de les réformer.

Plusieurs rapports ont, depuis, évalué une partie ou la totalité des dispositifs existants : le rapport " Sueur " sur la politique de la ville, un rapport conjoint de l'inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l'inspection générale des finances (IGF) consacré aux dispositifs issus du pacte de relance pour la ville et le rapport " Auroux " relatif à la réforme des zonages dans une perspective d'aménagement du territoire.

Aucun n'a conclu à l'inanité de l'ensemble du dispositif. Le rapport Sueur a condamné le principe des zones franches mais a admis que leur création avait pu, par endroit, redynamiser la politique de la ville. Le rapport de l'IGAS et de l'IGF a mis en cause la pertinence du maintien des ZRU et a jugé élevé le coût budgétaire des emplois créés en zones franches 7( * ) .

Le rapport Auroux, réalisé à la demande de la ministre de l'aménagement du territoire, préconise une réduction très limitée du nombre des zonages puisqu'il propose :

- le maintien des zones de revitalisation rurale (ZRR) et la suppression des territoires ruraux de développement prioritaires (TRDP) ;

- une réhabilitation du zonage des zones de montagne, créé en 1975 ;

- l'extension aux zones urbaines sensibles (ZUS) du régime applicable dans les zones de revitalisation urbaine (ZRU), donc un élargissement des zones dérogatoires du droit commun ;

- le maintien des zones franches urbaines, à condition de sanctionner plus durement les éventuels abus.

Le gouvernement ne s'est pas encore exprimé sur le détail des zonages qui seraient remis en cause en cas de réduction de leur nombre. Cependant, votre rapporteur spécial observe que, pour déterminer le montant des crédits de l'objectif 2 des fonds structurels européens accordés à chaque région, le gouvernement tient compte de la population de chaque région résidant dans les zones urbaines sensibles et dans les zones de revitalisation rurale. La pertinence de ces deux zonages est donc implicitement reconnue.

2. La révision du périmètre des zonages

La détermination du périmètre des ZAT, des TRDP et des ZUS relève du pouvoir réglementaire. La révision en cours de la carte de la prime d'aménagement du territoire conduira de fait à la révision du périmètre des ZAT.

La LOADT et la loi du 17 novembre 1996 relative au pacte de relance pour la ville (PRV) ont précisé les critères de la détermination du périmètre des sous ensembles des trois catégories de zones prioritaires, les ZRR, les ZRU et les zones franches urbaines (ZFU) créées par le pacte de relance pour la ville.

Dans ces trois cas, les périmètres en vigueur aujourd'hui pourraient être profondément modifiés par les résultats du recensement général de 1999 puisque ces périmètres sont élaborés en fonction de critères qui laissent une large place à la démographie :

- les ZRR comprennent les communes appartenant aux TRDP situées soit dans les arrondissements dont la densité démographique est inférieure ou égale à 33 habitants au kilomètre carré, soit dans les cantons dont la densité démographique est inférieure ou égale à 31 habitants au kilomètre carré, dès lors que ces arrondissements ou cantons satisfont également l'un des trois critères suivants : le déclin de la population totale ; le déclin de la population active ; un taux de population active agricole supérieur au double de la moyenne nationale. Elles comprennent également les communes situées dans les cantons dont la densité démographique est inférieure ou égale à cinq habitants au kilomètre carré ;

- les zones de revitalisation urbaine appartiennent aux ZUS et sont confrontées à des difficultés particulières appréciées en fonction d'un indice établi à partir de la population du quartier, de la proportion de jeunes de moins de 25 ans, de la proportion de jeunes sortis du système scolaire sans diplôme, du potentiel fiscal des communes intéressées ;

- les zones franches urbaines sont un sous ensemble des ZRU caractérisé par un taux de chômage supérieur à 13,5 %, un pourcentage de jeunes de moins de 25 ans supérieur à 36 %, un pourcentage de non diplômés supérieur à 29 % et un potentiel fiscal communal inférieur à 3.800 francs. En outre, la commission européenne a imposé à la France que les zones franches urbaines ne regroupent pas plus de 1 % de la population totale.

Un redécoupage des périmètres des ZRR, ZRU et ZFU apparaît donc inéluctable. Le nouveau découpage qui en résultera devra prendre en compte le développement des pays et des agglomérations, dont la loi d'orientation du 25 juin 1999 encourage la création, de manière à ce que ces nouvelles structures n'aient pas gérer la complexité d'avoir à gérer des périmètres " à cheval " sur les territoires zonés et des territoires qui ne le seraient pas.

3. Les exonérations fiscales bénéficiant aux territoires " zonés "

Les entreprises implantées dans des territoires inclus dans le périmètre de l'un des zonages issus des lois de 1995 et 1996 bénéficient d'exonérations de charges fiscales et sociales.

Ces exonérations, accordées pour une durée limitée, sont de deux types :

- celles qui s'appliquent à des entreprises s'implantant dans un territoire ou qui réalisent certains investissements dans ces territoires avant une certaine date. Par exemple, les exonérations d'impôt sur les sociétés et de taxe foncière dans les TRDP, les ZAT et les ZUS (articles 44 sexies et 1383 A du code général des impôts) sont accordées " aux entreprises qui se créent jusqu'au 31 décembre 1999 " ;

- celles qui s'appliquent pour une certaine durée à compter de la date d'utilisation de la mesure. Par exemple, les exonérations de taxe professionnelle dans les ZRU s'appliquent pour cinq ans aux entreprises existantes au 1 er janvier 1997 et aux créations d'entreprises intervenant à compter de cette date .

Les quatre années à venir seront marquées par l'arrivée à échéance d'un grand nombre des exonérations accordées. Les échéances sont les suivantes :

Au 31 décembre 1999 :

- dans les TRDP, les ZAT et les ZUS , disparition des exonérations d'impôt sur les sociétés (article 44 sexies du CGI) et de taxe foncière (article 1383 A du CGI) ;

- dans les ZRR, les ZRU et les ZFU , disparition de la faculté de pratiquer un amortissement exceptionnel accordée aux entreprises qui construisent ou qui font construire des immeubles à usage industriel et commercial pour les besoins de leur exploitation (article 39 quinquies D du CGI) ;

- dans les TRDP et les ZAT , perte du bénéfice des exonérations de taxe professionnelle prévues à l'article 1465 du CGI pour les entreprises qui en bénéficient depuis 1995 8( * ) .

Au 31 décembre 2001 :

- dans les ZFU , disparition des exonérations d'impôt sur les sociétés et d'impôt sur le revenu (article 44 octies du GCI).

Au 31 décembre 2002 :

- dans les ZFU , perte du bénéfice de l'exonération de taxe foncière accordée aux entreprises bénéficiant de l'exonération de taxe professionnelle (article 1383 B du CGI) ; perte de l'exonération de taxe professionnelle accordée aux entreprises existant au 1er janvier 1997 et aux entreprises créées à cette date 9( * ) (I quater de l'article 1466 A du CGI) ;

- dans les ZRU , perte du bénéfice de l'exonération de taxe professionnelle pour les entreprises existant au 1 er janvier 1997 et pour les entreprises créées à cette date (I ter de l'article 1644 A du CGI) ;

Au 31 décembre 2003 :

- dans les ZRR , perte de l'exonération prévue au dixième alinéa de l'article 1465 A du CGI pour les entreprises qui en bénéficient depuis 1998.

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