III. LES OBSERVATIONS DE VOTRE COMMISSION

Votre rapporteur approuve la plupart des dispositions contenues par ce projet de loi.

En effet, elles devraient permettre de conforter le dispositif français de sécurité sanitaire , afin de réaliser de nouveaux progrès en santé animale, et particulièrement en ce qui concerne les nouveaux risques. Elles tendent également à garantir aux consommateurs une meilleure sécurité alimentaire et une meilleure qualité des denrées d'origine animale.

Elles répondent, d'autre part, à des exigences d'harmonisation communautaire que votre rapporteur approuve sans réserve, en cohérence avec son engagement européen.

Enfin, notamment à travers l'article 4 -qui permettra de confier aux groupements sanitaires départementaux la surveillance de risques zoosanitaires-, elles vont dans le sens d'une responsabilisation accrue des éleveurs, ce qui est un gage de confiance et une reconnaissance de leur implication dans le dispositif public de santé animale .

Votre rapporteur souhaite néanmoins faire deux remarques, exprimant l'une une inquiétude et l'autre une attente.

Une inquiétude d'abord : l'article 5 du projet de loi tend à interdire aux éleveurs de réaliser eux-mêmes l'implantation sous-cutanée de micropuces électroniques destinées à immatriculer les animaux. Cette mesure, qui apparaît justifiée dès lors qu'il s'agit d'une opération de nature chirurgicale, ne devrait pas conduire à mettre en cause à l'avenir la capacité des éleveurs à pratiquer eux-mêmes, dans le cadre des Etablissements Départementaux, l'immatriculation par boucles des animaux.

Une attente ensuite : votre rapporteur est tout à fait favorable à l'article 13 adopté à l'Assemblée Nationale, qui instaure des contrôles inopinés des semences à l'importation au regard de la réglementation relative aux organismes génétiquement modifiés (OGM) ; il souligne néanmoins que ces contrôles ne seront réellement efficaces que lorsque les Etats membres de l'Union européenne se seront accordés sur la définition d'un seuil réglementaire de présence fortuite d'OGM autorisés dans ces semences.



Votre rapporteur regrette, par ailleurs, la lenteur dont a fait montre le Gouvernement dans la transposition juridique de certains textes de droit communautaire visés par le présent projet de loi, même s'il s'agit, ici, le plus souvent, de donner simplement un fondement légal à des dispositifs déjà en place.

Il souligne, à cet égard, l'enjeu que représente une mise en oeuvre rapide de l'harmonisation de la réglementation sanitaire européenne, dans un contexte où les circuits de transit et de distribution des produits d'origine animale s'affranchissent de plus en plus des frontières.



Indépendamment du fond même des dispositions qu'elle examine aujourd'hui, votre commission s'est heurtée à des difficultés juridiques et techniques liées aux processus de codification en cours.

Le 15 juin, en effet, soit après l'adoption du texte par l'Assemblée nationale, mais avant son inscription à l'ordre du jour du Sénat, le Gouvernement a pris -sur le fondement de la loi d'habilitation n° 99-1071 du 16 décembre 1999- une ordonnance de codification relative, notamment, au Livre IX (nouveau) du code rural, intitulé " santé publique vétérinaire et protection des végétaux ", correspondant à l'ancien livre II du code rural dont une partie se trouve justement modifiée par le présent projet de loi. Le projet de loi portant ratification de l'ordonnance en cause a été déposé, devant le Sénat, le 27 juillet dernier.

Un élément de complication supplémentaire a été apporté par la parution, il y a seulement quelques jours, de l'ordonnance n° 2000-914 du 18 septembre 2000 relative à la partie législative du code de l'environnement. En effet, -et comme son titre ne l'indique pas- cette ordonnance modifie également le code rural, puisqu'elle prévoit notamment, en son article 11, le transfert du tout nouveau Livre IX de ce code vers le Livre II.

Confrontée à cette survenance intempestive, entre le débat à l'Assemblée nationale et la discussion au Sénat du présent projet de loi, de deux changements successifs de codification, votre rapporteur a choisi de se référer à la codification la plus récente, c'est-à-dire celle issue de l'ordonnance du 18 septembre dernier. Il observe au demeurant que cette solution n'est pas non plus pleinement satisfaisante, puisque le dépôt du projet de loi portant notification de l'ordonnance en cause - qui doit impérativement intervenir avant le 22 novembre, faute de quoi l'ordonnance deviendrait caduque- n'est pas encore intervenu.

Votre commission vous présentera donc, sur de nombreux articles du présent projet, des amendements purement formels, tendant à prendre en compte la nouvelle et toute récente codification. Elle tient toutefois à formuler, à ce propos, deux observations.

En premier lieu, elle appelle le Gouvernement à une meilleure coordination entre les processus de révision de la loi et les travaux de codification . Codifier et légiférer sont deux démarches distinctes, mais qui ne peuvent s'ignorer l'une l'autre, sous peine d'interférences qui compliquent sans nécessité le travail du Parlement et -ce qui est beaucoup plus dommageable- nuisent à la lisibilité du droit pour le justiciable.

En second lieu, votre commission tient à souligner qu' en convenant de se référer, pour l'examen du texte qui lui est soumis, à des ordonnances portant codification et non encore ratifiées, elle n'entend nullement conférer par là valeur législative à cette codification . Elle estime indispensable l'examen par le Parlement des projets de loi portant ratification des ordonnances en cause, qui permettra d'effectuer les vérifications qui s'imposent, et de donner force de loi au nouveau code.

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