III. LA MIXITÉ REMISE EN CAUSE ?

A. UNE RÉALITÉ AUJOURD'HUI CONSENSUELLE...

La progression de la mixité à l'école au cours des années 1960 et 1970 a accompagné l'évolution des moeurs : votre délégation considère qu'elle est à inscrire à l'actif du bilan de l'égalité entre les sexes . La mixité est une condition nécessaire bien qu'insuffisante pour promouvoir une telle égalité. A ce titre, la mixité fait l'objet, aujourd'hui, d'un large consensus dans la société française.

En effet, la mixité scolaire apparaît aujourd'hui pour la grande majorité de la population et des acteurs de l'école comme un acquis, presque une évidence, et sa remise en cause serait perçue comme un retour en arrière . Elle est fortement défendue par les équipes éducatives à la fois comme principe d'intégration et comme socle de l'éducation à la citoyenneté.

Ainsi, M. Fernand Girard, délégué général du Secrétariat général de l'enseignement catholique (SGEC), a estimé que la mixité à l'école n'était pas menacée aujourd'hui.

De même, M. Jean-Louis Biot, secrétaire national du SE-UNSA, a affirmé que la mixité scolaire n'était pas menacée, et a même ajouté que son organisation s'opposerait à une remise en cause de la mixité, qui constituerait un grave retour en arrière, préjudiciable à tous les élèves quel que soit leur sexe.

Mme Annie Quiniou, vice-présidente du Syndicat national des lycées et collèges (SNALC), a estimé que la mixité ne lui apparaissait pas, en tant que telle, comme une valeur de la République, mais comme un moyen d'améliorer l'égalité des droits et l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. Notant que la mixité n'était pas remise en cause sur l'ensemble du territoire français, elle a néanmoins considéré qu'elle était contestée dans certaines zones difficiles.

Quant à M. Philippe Guittet, il a estimé que la mixité n'était pas en danger.

Les représentants des fédérations de parents d'élèves que votre délégation a entendus ont fait le même constat. Ainsi, M. Faride Hamana, secrétaire général de la FCPE, a observé, pour s'en féliciter, que la mixité à l'école n'était aucunement remise en cause aujourd'hui.

Dans ses réponses écrites, M. Luc Ferry, alors ministre de la jeunesse, de l'éducation nationale et de la recherche, a indiqué que la mixité à l'école « n'est pas globalement en danger ; ni les parents, ni les enseignants, ni les élèves n'expriment un souhait de retour en arrière ».

Le ministère de l'éducation nationale a indiqué que « les délégués élus au conseil national de la vie lycéenne interrogés considèrent que la mixité est « naturelle » ».

En effet, votre rapporteur, qui a sollicité le rectorat de l'académie de Paris afin que celui-ci interroge plusieurs collégiens et lycéens sur ce sujet, ne peut que constater qu'aucun des adolescents qui se sont exprimés ne souhaite un retour à la séparation des garçons et des filles à l'école, ni même dans les cours d'EPS.

Si tout le monde est aujourd'hui favorable à la mixité, les enseignants comme les élèves et leurs parents, les raisons de ce consensus n'apparaissent pas toujours clairement . Ainsi M. Antoine Prost a-t-il rappelé que différents types d'arguments étaient mis en avant, par exemple une meilleure ambiance dans les classes pour les élèves, le caractère plus intéressant et plus vivant de l'enseignement pour les professeurs, ou « les bienfaits civilisateurs » des filles sur les garçons pour les parents.

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