2. Les synergies entre le secteur agricole et le secteur des services

Avec 54 % du PIB, le secteur tertiaire est la première source de richesses du pays qui contribue également au rayonnement de la puissance agricole au Brésil.

Ainsi, deux domaines ont particulièrement impressionné les membres de votre délégation :

- le contrôle satellitaire dans lequel le Brésil dispose d'une expertise reconnue depuis plus de 30 ans notamment grâce aux travaux de l'Embrapa, institut public rattaché au ministère de l'agriculture, en matière de recherche agronomique. Impressionnée lors de la visite de cet institut par son savoir faire, son expertise et son ingéniosité commerciale, votre délégation souhaiterait donc vivement que la collaboration avec la France, dans ce domaine, puisse être développée ;

- le secteur de la recherche et le développement d'universités de réputation internationale comme l'Unicamp (Université de Campinas, dans l'Etat de São Paulo), visitée par votre délégation, qui totalise à elle-seule 15 % de la production scientifique brésilienne et regroupe plus de 39.000 étudiants dont 22.000 en 3 ème cycle. Le Brésil dispose de 169 universités extrêmement bien dotées budgétairement et disposant d'un fort soutien du secteur privé qui tissent des liens étroits et fructueux avec le secteur agricole.

Mais les performances du Brésil ne sont pas seulement cantonnées à l'ingénierie agronomique. En effet, grâce à ses ingénieurs en informatique réputés, le Brésil est en passe de devenir un grand exportateur de logiciels, notamment dans le domaine de la finance et des télécommunications.

3. Le développement économique au service de la cohésion sociale ?

Si l'un des premiers objectifs du gouvernement brésilien est de favoriser la cohésion sociale, cette ambition passe nécessairement par une classe moyenne prospère .

Or la classe moyenne brésilienne est sociologiquement assez complexe à définir et on la scinde généralement entre classe moyenne aisée et classe moyenne inférieure. Elle représente entre le tiers et près de 46 % de la population brésilienne selon les catégories incluses dans cette notion. Le Brésil étant toujours un pays très inégalitaire, (« pays injuste plutôt que pauvre », selon la célèbre formule de l'ancien président Cardoso) il est certain que la frange la plus aisée de la classe moyenne connaît une nette amélioration de ses conditions de vie, illustrée par les records atteints par la consommation des ménages grâce à la (relative) baisse des taux d'intérêt, au développement du crédit et surtout à la maîtrise de l'inflation. La pression fiscale demeure néanmoins l'un des problèmes majeurs tout comme le faible niveau des salaires.

Mais il est aussi prioritaire pour le Brésil de lutter contre la grande pauvreté que connait près du tiers de la population. Si le nombre de brésiliens vivant en dessous du seuil de pauvreté est passé, en 2006, sous la barre des 30 %, 20 % de la population vit toujours avec moins de 2 dollars US par jour . Aussi ont été mises en oeuvre, à l'initiative du président Lula, des mesures telles que la « bourse famille », une aide mensuelle d'environ 20 euros à 11 millions de familles vivant sous le seuil de pauvreté en contrepartie de la scolarisation et de la vaccination des enfants.

Cette problématique de la pauvreté et des inégalités sociales est, bien entendu, indissociable de celle de l'insécurité et de la violence que connaît le Brésil (avec un taux de 23,8 homicides pour cent mille habitants, plus de 10 fois supérieur à celui de la France).

Votre délégation a d'ailleurs été très impressionnée, lors de son entretien avec M. Sergio Cabral, gouverneur de l'Etat de Rio, par sa détermination affichée à lutter contre l'insécurité et faire en sorte que les favelas, dans lesquelles vit 25 % de la population brésilienne, cessent d'être des zones de non-droit.

Cette recherche d'une plus grande cohésion sociale doit également trouver à s'appliquer dans le domaine agricole. Si des latifundia, vastes propriétés agricoles, ont toujours existé, les nouveaux liens agro-industriels conduisent à un leadership de grands groupes agricoles intégrés, à tous les stades, de la production à l'exportation (sur le modèle des entreprises du groupe Louis Dreyfus).

Ce phénomène progresse aux dépens des exploitations traditionnelles et constitue l'essence du combat du mouvement des paysans sans terre, créé en 1984 pour promouvoir la réforme agraire. En effet, la propriété de la terre reste très inégale car moins de 3 % des propriétaires brésiliens possèdent plus de 55 % des terres.

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