2. Des conseils de comportements inadaptés

Devant votre mission, M. Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays-de-Loire, a témoigné qu'à La Faute-sur-Mer, les habitants avaient reçu une information d'alerte rouge qui ne comportait aucune indication des mesures concrètes de protection. De la même façon, M. Paul Girod, président du Haut comité français pour la défense civile (HCFDC), a estimé que l'alerte avait été « complète », mais l'interprétation « nulle ».

Plus grave encore, certains messages d'alerte se sont avéré contre-productifs, et même mortels . Ainsi en a-t-il été de ceux qui ont conseillé aux habitants des zones les plus exposées à la tempête de se calfeutrer chez eux. Pour ceux dont la maison ne comportait pas d'étage ou de comble accessible, cela s'est révélé un piège dont ils n'ont malheureusement pas pu s'extirper.

3. Un dispositif d'alerte archaïque

M. Alain Perret, directeur de la sécurité civile, a indiqué à la mission que le dispositif français d'alerte, qui date de 1930, était adapté à des temps de guerre et qu'il n'avait pas été renouvelé : « c'est là un système vétuste, mal adapté aux risques d'aujourd'hui », a-t-il reconnu. Fondé sur l'alerte phonique par le biais de sirènes, il ne correspond plus à la diversité des cas d'alerte actuels. De plus, les équipements matériels se sont très diversement développés : la Charente-Maritime dispose de 32 sirènes, la Vendée de 6 seulement.

M. Christian Sommade, délégué général du HCFCD, a stigmatisé « vingt ans d'inaction » en la matière et ce en dépit du Livre blanc sur la défense de 2008. Il a insisté sur l'importance des sirènes d'alerte, surtout la nuit, lorsque les téléphones portables sont en mode silencieux ou que les communications téléphoniques sont impossibles. Ce recours à la sirène nécessite toutefois que la population ait été sensibilisée à la nécessité de mieux se renseigner, par d'autres supports, sur la nature du danger lorsqu'elles retentissent.

La dispersion des structures a également été soulignée, entre les services du ministère de l'intérieur (la direction de la planification de la sécurité nationale - DPSN - et la direction de la sécurité civile - DSC -), les centres lui étant rattachés (centre opérationnel Beauvau - COB -, centre de renseignement et d'opérations de la gendarmerie nationale - CROGN -), le centre de planification et de conduite des opérations (CPCO), relevant du ministère en charge de la défense, et la récente cellule interministérielle de suivi et de crise.

Le directeur de la sécurité civile a estimé cependant qu'au regard des moyens dont ils disposaient, les pouvoirs publics avaient suffisamment informé les détenteurs de l'autorité pour mettre en oeuvre les secours de premier échelon. Dès l'alerte de Météo France, les préfets de Charente-Maritime et de Vendée ont prévenu les maires par téléphone, textos et courriels.

Il reste que le contenu de ces messages était loin de permettre de comprendre l'ampleur du risque . Par exemple, les messages transmis par la préfecture de la Gironde aux maires du département étaient les suivants : « Alerte au vent fort ce week-end. Il vous est demandé d'en informer vos hôtelleries de plein air » ; « Passage en vigilance jaune de la Garonne girondine - 27/02/2010, 13 h 00 - 6,20 m prévu dimanche matin à Cadillac », « Passage en vigilance orange météo pour vents violents à partir du 27 février 2010 22 h 00 jusqu'au 28 février 2010 9 h 00 ».

Dans ces conditions, l'alerte s'est organisée au niveau local de façon pragmatique et variable selon les communes. Un grand nombre d'élus a fait preuve d'initiative en se débrouillant avec « les moyens du bord ». Certains ont invité les habitants, un par un, à évacuer les lieux, parfois au moyen de porte-voix ou en faisant du porte à porte.

Les crues du Var, le 15 juin 2010, ont relancé le débat sur la qualité des prévisions d'inondations. Météo France avait lancé un bulletin d'alerte de vigilance orange anticipé des précipitations de 150 mm , alors qu'il en est tombé 400 mm à certains endroits. Aucune alerte n'avait été prévue pour de petits cours d'eau.

Si une réforme du dispositif d'alerte des populations est en cours, elle n'a toujours pas abouti. Comme l'ont souligné MM. Paul Girod, président, et Christian Sommade, délégué général, du haut comité français pour la défense civile, le projet de système d'alerte et d'information des populations (SAIP) peine à se mettre en place . Initié il y a une vingtaine d'années, il mobilise 80 millions d'euros sur la présente programmation quinquennale, mais demeure pour autant excessivement lent, et ne prévoit toujours pas de sirène ni de système d'information radio dans les zones à haut risque.

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