E. UN CADRE JURIDIQUE EN DÉCALAGE AVEC LA RÉALITÉ

La pratique des collectivités territoriales s'est souvent écartée des règles en vigueur mais, à la décharge de celles-ci, il convient de signaler que ces règles soulevaient de véritables difficultés d'interprétation et donc d'application dues à leur imprécision.

Tout d'abord, la loi de 1982 a créé des catégories sans les définir : aides directes et aides indirectes. L'administration a fini par admettre que les aides directes se traduisent par l'octroi de moyens financiers aux entreprises bénéficiaires et que les aides indirectes consistent, soit à louer ou vendre à des entreprises des immeubles, soit à favoriser l'environnement économique général, à faciliter l'implantation ou la création d'activités économiques ou à créer les conditions propices à un meilleur développement économique. Cette distinction ne semble pas avoir suffi à lever les incertitudes qui demeurent sur le régime juridique applicable.

1. Les manquements aux règles

• Les collectivités territoriales créent des régimes d' aides directes ou versent des concours financiers aux entreprises sans fondement juridique. Les plafonds des primes et les taux des prêts, avances et bonification d'intérêts ne sont pas toujours respectés. De nombreux départements accordent des aides alors que la région ne les octroie pas.

• En matière d' aides indirectes à l'immobilier d'entreprises , l'interdiction de consentir des rabais sur les locations ou rétrocession aux entreprises situées dans des zones non éligibles à la prime d'Etat d'aménagement du territoire (PAT) n'est pas toujours respectée et, dans les zones éligibles, le plafonnement du rabais (25 % de la valeur vénale) est le plus souvent ignoré.

D'autre part, les collectivités territoriales, d'après la Cour des comptes, feraient un usage abusif du crédit-bail.

• Les irrégularités concernant l'octroi des garanties , la participation à des fonds de garantie , à des sociétés de capital-risque et au capital d'entreprises sont moins nombreuses. Toutefois, reste entier le problème des collectivités qui ont pris des participations dans des sociétés privées en dehors des conditions fixées par la loi.

• Certaines collectivités, par " satellites " interposés, interviennent dans le secteur concurrentiel, hors de leur champ de compétence. Cette intervention peut soulever des difficultés au regard du principe de la liberté du commerce et de l'industrie et de celui de l'égalité des citoyens devant la loi.

• La pratique confiant à des tiers l'octroi de concours publics fait encourir aux collectivités locales le risque de gestion de fait.

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