2. La fonction de conseil doit être développée

a) Les attentes des élus sont fortes

Pour les élus locaux de Nord Pas-de-Calais 314( * ) , le renforcement des moyens des services préfectoraux n'est pas véritablement de nature a améliorer l'efficacité du contrôle de légalité. 56 % d'entre eux appellent de leurs voeux le développement d'une fonction nouvelle de conseil et d'aide à la décision au sein des préfectures.

Le renforcement du conseil aux collectivités locales , unanimement souhaité, recueille l'approbation contrastée des élus selon la formule considérée :

- l'instauration d' agences intercommunales de conseil gérées par les élus locaux et composées d'agents de la fonction publique territoriale est la structure qui respecte le plus l'autonomie des collectivités locales (40 % des suffrages des élus du Nord Pas-de-Calais, 60 % de ceux des élus du département de Vaucluse, 72 % en Alsace) ;

- la création d'une fonction spécifique de conseil au sein des services déconcentrés de l'État est plébiscitée (36 % des élus du Nord Pas de Calais) mais peut susciter des réserves quant à son articulation avec le principe de libre administration des collectivités territoriales ;

- le développement des services juridiques internes des collectivités locales semble moins attrayant que le regroupement intercommunal (18 % des élus du Nord Pas-de-Calais).

b) Renforcer les capacités d'expertise interne

La mission juge essentiel de renforcer les services juridiques des collectivités locales . En ce sens, M. Jean-Bernard Auby, président de l'association française de droit des collectivités territoriales, s'est déclaré réservé sur le soutien que l'État pourrait apporter aux collectivités locales en matière de conseil juridique, estimant que celles-ci devaient avant tout améliorer leur capacité d'expertise interne .

Lors de son audition par la mission, M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur, a souhaité quant à lui le développement de la mission de conseil des préfets aux collectivités locales, en particulier dans les domaines des marchés publics et de l'urbanisme, tout en refusant d'entrer dans une logique de certification des décisions des collectivité locales.

Parce qu'il respecte le plus la spécificité des collectivités locales, le développement de structures intercommunales de conseil est une des voies envisageables. De plus, le travail sur le terrain des associations d'élus, tendant à apporter un conseil juridique de qualité aux collectivités locales ne disposant pas d'un service spécifique étoffé, mérite d'être salué.

77 % des élus d'Alsace estiment par ailleurs nécessaire de développer la mission d'alerte et de conseil des chambres régionales des comptes ; ils demandent la garantie de la confidentialité des observations et le renforcement du caractère contradictoire de procédures.

M. Jacques Oudin, membre de la mission et rapporteur du groupe de travail sur les chambres régionales des comptes commun aux commissions des Lois et des Finances du Sénat, a souhaité la création d'une structure capable de conseiller les collectivités locales, tout en écartant l'idée que ce rôle soit confié aux chambres régionales des comptes.

Le rapport du groupe de travail a clairement mis en évidence les obstacles à l'exercice d'une telle fonction par les chambres régionales des comptes, tant au regard des moyens humains limités de certaines d'entre elles que du risque d'un dédoublement fonctionnel, incompatible avec les stipulations de la convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

M. Jean-Paul Amoudry, président de ce groupe de travail commun et rapporteur de la proposition de loi tendant à réformer les conditions d'exercice des compétences locales et les procédures applicables devant les chambres régionales des comptes, a ajouté que ce conseil pourrait prendre la forme d'un groupement d'intérêt public , composé de représentants du Parlement, des collectivités locales, du Comité des finances locales et de personnalités qualifiées. Cet organisme, qui pourrait avoir une antenne dans chaque département, serait un référent indépendant, garantissant l'autonomie des collectivités locales.

La mission prend acte du fait que cette proposition n'a pas été retenue en dernière analyse par le Sénat. Tout en souscrivant pleinement à l'objectif poursuivi par MM. Jacques Oudin et Jean-Paul Amoudry, auteurs de la proposition de loi, de renforcer la fonction de conseil auprès des collectivités locales ainsi que l'information juridique et financière de ces dernières, le Sénat a estimé que la formule proposée d'un groupement d'intérêt public et de missions juridiques pourrait apparaître lourde par rapport à l'objectif poursuivi. En conséquence, la question reste posée de la structure la mieux adaptée pour conseiller les collectivités locales en matière juridique et financière.

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