II. UNE PÉRÉQUATION RENFORCÉE

A. LA PÉRÉQUATION EST-ELLE COMPATIBLE AVEC LA DECENTRALISATION ?

1. Les termes du débat

Les écarts de richesse entre les différentes parties du territoire s'accroissent depuis vingt ans. La péréquation est donc indispensable pour préserver l'homogénéité du tissu économique et social national.

La décentralisation et l'autonomie fiscale des collectivités locales sont parfois ressenties comme de nature à entretenir ces inégaliités plutôt qu'à les résorber.

2. La péréquation est le corollaire de la décentralisation

L'échange reproduit ci-dessous entre une ministre et un parlementaire élu local, intervenu à l'occasion du débat au Sénat sur la suppression de la part régionale de la taxe d'habitation, témoigne de deux conceptions différentes de la péréquation :

Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat : (...) la libre administration des collectivités locales poussée jusqu'à son terme signifie-t-elle que chacun garde ses ressources et refuse de " péréquer " en faveur des régions le plus pauvres ?

M. Jean-Pierre Raffarin : C'est le rôle du contrat de plan. 374( * )

D'une part, la ministre oppose libre administration et péréquation et sous entend que seule une politique étatique centralisée permet d'assurer la redistribution des richesses entre les territoires.

D'autre part, notre collègue souligne que, dans un Etat unitaire décentralisé, il appartient à l'Etat de maintenir la cohérence territoriale non pas en ponctionnant les ressources fiscales des collectivités locales, dont il convient de respecter l'autonomie, mais en modulant le montant des concours financiers qu'il verse aux collectivités locales en fonction de leur richesse .

L'exemple des contrats de plan est révélateur. Ces contrats représentent une enveloppe financière très importante, que l'Etat pourrait répartir en tenant compte de la richesse des régions. Pourtant, il ne le fait pas. La volonté initiale de classer les régions en trois groupes en fonction de leur niveau de richesse pour les attributions des contrats 1994-1999 n'a pas été respectée. Pour les contrats de plan 2000-2006, l'objectif de modulation en fonction des richesse n'a même pas été repris.

En réalité, la politique consistant à vouloir opérer une redistribution des richesses fiscales entre les collectivités trahit l'incapacité de l'Etat à introduire plus de péréquation dans les critères de répartition des dotations qu'il verse aux collectivités locales.

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