En matière d'autorisations accordées en vue de peindre, de photographier ou de filmer le jardin du Luxembourg, le Sénat a toujours été guidé par le souci de ne pas créer d'attroupement qui pourrait entraver la circulation des promeneurs.

Souvent sollicitée par différents professeurs de dessin, l'administration n'accorde aucune autorisation à des groupes d'élèves jusqu'à la première guerre mondiale, à l'exception de ceux de l'Ecole polytechnique. Selon les termes de la Questure  : « les autorisations sont et ne peuvent être qu'uniquement individuelles et ne s'appliquent qu'à des études individuelles ».

A partir de la mobilisation, elles sont même suspendues au motif que le personnel restreint peut difficilement assurer la surveillance - cinq surveillants sur quatorze étant en effet envoyés au front - et accordées seulement à titre exceptionnel sur la caution d'un parlementaire ou d'un artiste français bien connu. Par la suite, l'administration se montrera moins sourcilleuse et autorisera plus largement la venue de classes de dessin.

L'entrée du jardin du Luxembourg est en principe interdite aux photographes de profession. Seuls deux photographes sont autorisés en 1931 à exercer leur activité de manière permanente dans le jardin mais, afin de ne pas créer une concurrence déloyale, les Questeurs décident de limiter strictement leurs prises de vue à des enfants et leur interdisent les portraits de grandes personnes ainsi que les photos d'identité.

L'invention du cinématographe est évidemment à l'origine d'une série de demandes qui reçoivent des sorts différenciés. La plus originale est peut-être celle qui demande à filmer une course de six chameaux dans le jardin pour servir de publicité au lancement d'un film dont l'action se déroule en Egypte. Il va sans dire que la Metro Goldwyn-Mayer ne reçoit pas l'autorisation demandée ! En règle générale, l'administration privilégie les tournages à finalité documentaire ne nécessitant pas de mise en scène spéciale. Toutefois les œuvres de fiction ne sont pas systématiquement écartées.
C'est ainsi, par exemple, qu'en 1933 l'administration donne son aval au tournage d'une scène de la célèbre adaptation par Raymond Bernard des « Misérables » de Victor Hugo.