Le mercredi 9 juillet 2025, Mme Véronique GUILLOTIN (Rassemblement Démocratique et Social Européen – Meurthe-et-Moselle), présidente du groupe d’amitié France-Moldavie, Mme Sophie BRIANTE GUILLEMONT (RDSE – Français établis hors de France), MM. Christian CAMBON (Les Républicains – Val-de-Marne), Michel CANÉVET (Union Centriste – Finistère) et Cédric CHEVALIER (Les Indépendants – République et Territoires – Marne) et Mme Nadia SOLLOGOUB (UC – Nièvre) se sont entretenus avec S.E. Mme Corina CĂLUGĂRU, Ambassadrice de la République de Moldavie en France.

À titre préalable, Mme Véronique GUILLOTIN, présidente, a présenté les temps forts du déplacement qu’elle a effectué avec Mme Nadia SOLLOGOUB à Chisinau et Orhei du 9 au 12 juin 2025. Elle a rappelé l’échéance des élections législatives du 28 septembre 2025 et les incertitudes qui pèsent sur l’issue du scrutin en raison des difficultés économiques et de l’ingérence russe.

S.E. Mme Corina CĂLUGĂRU s’est félicitée que la délégation sénatoriale ait pu faire ce déplacement avant les élections législatives. Selon elle, les élections en Moldavie ont toujours eu une dimension géostratégique du fait de la forte influence russe. Utilisant tous moyens pour reconstituer l’ancienne URSS, la Russie teste ses opérations de désinformation en Moldavie et en Arménie en vue de les étendre ensuite aux pays occidentaux. L’ambassadrice a toutefois souligné la résilience de la population moldave face à cette menace à laquelle elle est habituée. L’histoire de la République de Moldavie a en effet été marquée multiples vicissitudes depuis le début du XIXe s. Toutes les familles moldaves ont ainsi été touchées par des déportations ou des épisodes de famine.

La situation est complexe à gérer pour les autorités, devant mener en parallèle les réformes nécessaires pour hisser le pays aux standards européens tout en gérant de multiples crises. Consciente de cette complexité, la population moldave constate toutefois avec un œil critique le fait que le Parti action et solidarité (PAS), qui dispose de la majorité absolue au Parlement depuis quatre ans (avec 61 sièges sur 101), a eu toute latitude pour agir, contrairement aux précédents partis au pouvoir.

La diaspora moldave est constituée d’un million de personnes. Certaines, qui conservent des liens forts avec leur famille restée en Moldavie, ont vocation à revenir au pays. Le processus de vote de la diaspora, sécurisé, assure une identification de l’électeur sur le système national moldave qui empêche toute multiplication des votes. 

En France, qui accueille en nombre la deuxième diaspora après l’Italie, le vote se déroule au moyen de bulletins papier. En 2024, 20 sections de vote avaient été organisées pour 31 000 votants. Il en est prévu 26 pour les élections législatives de septembre 2025, avec une augmentation du nombre de sections en Île-de-France. L’évaluation du nombre de votants est toutefois rendue difficile par l’absence d’obligation d’enregistrement sur les listes électorales. 

Le vote des Moldaves de la diaspora est important pour la majorité actuellement au pouvoir car il lui est généralement favorable. Si 20 % des Moldaves de France ont répondu « non » lors du référendum sur l’inscription dans la Constitution de l’adhésion à l’Union européenne (UE), S.E. Mme Corina CĂLUGĂRU a rappelé l’importance des accords bilatéraux relatifs au permis de conduire et à la protection sociale qui, à l’instar du régime libéralisé des visas au sein de l’UE, démontrent concrètement le bénéfice d’une bonne coopération au niveau européen.

L’ambassadrice a souligné l’absence de renouvellement de l’offre politique – les nouveaux partis ayant été créés par d’anciens hommes politiques –, de même que des méthodes – les représentants de l’opposition étant régulièrement reçus à Moscou. Toutefois, depuis l’année dernière, aucun parti politique n’a remis en cause le processus d’adhésion à l’UE. L’influence de la Russie s’exerce également sur certains prêtres orthodoxes, qui dépendent du patriarcat russe[1] et bénéficient de financements russes afin d’influer sur le vote de leurs fidèles.

Interrogée sur l’impact du vote dans la région de Transnistrie, S.E. Mme Corina CĂLUGĂRU a indiqué que ses habitants votaient dans des zones sécurisées sur la rive droite du Dniestr (« Nistru » en moldave) et que certains choisissaient le parti majoritaire. Une grande partie de la population de la région de Transnistrie, dont 75 % des exportations vont vers l’UE et 55 % des importations en proviennent, souhaite en effet être réintégrée dans la République de Moldavie. La région de Transnistrie reste un enjeu pour la Russie vis-à-vis de l’Ukraine, ce qui peut expliquer son intention d’y peser sur les élections législatives. L’armée transnistrienne est composée de 1 200 à 1 500 soldats, dont une majorité de Moldaves. Les rotations des militaires depuis l’aéroport de Tiraspol sont actuellement interrompues. Le nombre total de personnes militarisées sur le territoire transnistrien s’élève à environ 20 000, dont certaines sous l’autorité du ministère de l’Intérieur de la région de Transnistrie.

S’agissant de l’adhésion à l’Union européenne de la République de Moldavie, le processus est bien avancé, ce processus étant fondé sur les mérites et les avancées de chaque pays 

Pour conclure, S.E. Mme Corina CĂLUGĂRU a relevé que la coopération avec la France était très dynamique sur de nombreux sujets, notamment sur le plan de la défense et de la sécurité. Ainsi, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et Viginum – service technique et opérationnel français chargé de la vigilance et de la protection contre les ingérences numériques étrangères –, ont prévu de réagir conjointement avec le Centre moldave de communication stratégique en cas d’attaques informationnelles pendant les élections de septembre prochain. Sur le plan économique, la République de Moldavie est très désireuse de nouer des partenariats dans le domaine des véhicules motorisés électriques, des technologies de l’information ou de l’agro-alimentaire. Une mission du Mouvement des entreprises de France (Medef) et de Business France sont attendues en Moldavie début 2026.


[1]En République de Moldavie, les prêtres orthodoxes dépendent alternativement du patriarcat de Roumanie ou du patriarcat de Russie.

De gauche à droite : M. Michel Canévet, Mme Nadia Sollogoub, M. Christian Cambon, S.E. Mme Corina Călugăru, Mme Véronique Guillotin et M. Cédric Chevalier

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