La discussion de la loi au Parlement

" 14 janvier 1901.

(…)

Le débat a commencé aujourd’hui par un prologue : M. Sembat a interpellé le gouvernement sur " l’ingérence du Vatican dans les affaires de la France ". Waldeck-Rousseau lui a fait la réponse la plus adroite et la plus topique. Il a déclaré que la loi sur les congrégations religieuses n’étant pas adoptée et s’agissant seulement d’un projet, le Pape avait le droit d’exprimer son sentiment, du moment qu’il le faisait avec une mesure et une correction qu’on ne pouvait s’empêcher de reconnaître (ébahissement des socialistes). Mais cette intervention n’aurait pas pour effet d’arrêter le gouvernement qui est bien résolu à faire voter cette loi depuis longtemps attendue et devenue indispensable (stupéfaction des modérés). Waldeck, par une tactique qui lui est habituelle, en cherchant à résoudre la difficulté du moment, veut donner à sa thèse une portée générale ; il formule des principes qui dépassent et dominent un incident passager. Après ces déclarations, comme on lui tendait des pièges en proposant divers ordres du jour dont quelques uns impliquaient une confiance compromettante et indiscrète, il s’en est tiré en refusant de marquer aucune préférence. Il paraît que la Chambre, d’ordinaire si houleuse et violente, l’a écouté dans un silence discret : autorité du talent, de l’intelligence et du caractère qui va chaque jour s’affirmant. "

Extrait des mémoires d’Abel COMBARIEU, secrétaire général de la Présidence de la République : " Sept ans à l’Elysée avec le Président Emile Loubet "