Né à Paris le 28 septembre 1803, Mérimée suit des études de droit mais préfère finalement une carrière administrative à la carrière d'avocat. Il trouve ainsi le temps de se consacrer à la littérature et connaît un vif succès dès ses débuts. En 1830, sans être enthousiasmé par Louis-Philippe, il voit arriver au pouvoir certaines de ses relations, ce qui lui permet d'entrer au cabinet de divers ministères. Il retire de ses expériences administratives des sentiments amers, constatant la mesquinerie et la corruption du milieu, se posant en contempteur du régime, « une magnifique anarchie de 459 épiciers qui prétendent gouverner chacun de leur côté et pour leurs intérêts personnels ».

En 1831, il devient inspecteur des monuments historiques. Passionné d'archéologie, il prend sa tâche très au sérieux et organise plusieurs tournées pour constater l'état du patrimoine français. Accompagné de 

jeunes architectes dynamiques, comme Viollet-le-Duc, il contribue à sauver de nombreux édifices prestigieux (Vézelay, Conques...). Au cours d'un de ses voyages, il se lie d'amitié avec Mme de Montijo, devenant ainsi un proche de la jeune Eugénie, future impératrice. 

Leur amitié perdurera jusqu'à la mort de Mérimée, malgré leurs divergences religieuses. Parallèlement, Mérimée poursuit son travail d'écrivain et entre à l'Académie française en 1844. Après la révolution de 1848, dont il réprouve les désordres, il est chargé de l'inventaire des biens des Orléans.

En 1851, il soutient le coup d'Etat et participe ensuite aux négociations du mariage entre Eugénie de Montijo et Napoléon III, devenant ainsi un des favoris de l'entourage de l'Empereur. Nommé sénateur le 23 juin 1853, il conserve sa charge d'inspecteur des monuments historiques tout en renonçant à son traitement, heureux de ne plus amputer sur le budget de l'institution. Moins libre de voyager, il délègue les tournées à son adjoint, Emile Boeswillwald mais reste vice-président de la commission des monuments historiques jusqu'à sa mort.

Son intérêt pour le patrimoine ne l'empêche pas d'assumer pleinement sa charge de sénateur. Il assiste régulièrement aux séances (excepté pendant ses périodes de maladie). Même s'il intervient peu, il tient à voter sur tous les grands débats (question romaine, cléricalisme, propriété artistique...). Il tente d'user de son influence pour défendre le patrimoine. Il s'oppose à la dispersion de la gestion de celui-ci entre le ministère des cultes (monuments religieux) et le ministère de l'instruction publique (collections nationales). Il proteste également contre la faiblesse des fonds attribués à la conservation, lors d'un discours d'encouragement aux beaux-arts du 4 mars 1861. Il devient successivement vice-secrétaire du Sénat (1860) et secrétaire (1861), ce qui lui apporte un surcroît de travail qu'il apprécie modérément. Il refuse en revanche de nombreuses autres promotions (ministère de l'instruction publique, secrétaire particulier de l'Empereur...).

Tout au long de sa carrière de sénateur, il apporte un soutien fidèle au régime. Pourtant, il ne partage pas toujours les vues de Napoléon III, qu'il s'agisse de la politique extérieure (il est néanmoins d'accord sur la question romaine) ou de l'évolution libérale du régime. Il pense en effet que « le plus grand malheur qui puisse arriver à un peuple est [...] d'avoir des institutions plus avancées que son intelligence ». Mais ses réticences s'expriment toujours de façon feutrée, en raison de sa grande amitié pour le couple impérial, dont il partage les fêtes et les déboires (politiques ou conjugaux). La chute de l'Empire et des êtres qu'il appréciait achève de détériorer une santé déjà dégradée. Il meurt à Cannes le 3 octobre 1870.