Colloque SÉNAT-CFCE sur le Caucase (14 décembre 1999)



La stabilité régionale, nécessaire au développement économique

Armen KHACHATRIAN,
Président du Parlement d'Arménie

Mesdames et Messieurs, je tiens à remercier le président du Sénat qui a organisé ici ce séminaire consacré à la coopération dans le Caucase méridional. Nous apprécions les efforts du Président du Sénat français pour que des relations de coopération étroite s'instaurent entre la France et nos trois pays. La tragédie terroriste qu'a connue le Parlement en octobre a bouleversé le pays. Nous pensions que de tels actes terroristes ne seraient jamais perpétrés chez nous... Mais le terrorisme est un phénomène international, nous nous en sommes alors rendu compte. Les événements du 27 octobre furent en outre une épreuve pour notre démocratie, qui a réussi à surmonter cette épreuve dans le cadre de la Constitution et grâce à un dialogue raisonné entre le Président et les présidents des partis. Un nouveau gouvernement a été nommé, ainsi qu'un nouveau président du Parlement. Il n'y eut aucun vide au sommet de l'Etat, toutes les structures ont continué de fonctionner, même si notre démocratie, il faut le reconnaître, est très jeune... La coopération économique ne sera possible que quand notre région connaîtra la stabilité et la paix à long terme, quand les problèmes trouveront des solutions par le dialogue.

En ce qui concerne le Haut-Karabakh, je souhaiterais préciser que le cessez-le feu actuel est observé. Cela montre combien les dirigeants des trois pays savent faire preuve de responsabilité et de sagesse. Le processus de paix est aujourd'hui renforcé par des réunions régulières entre les trois présidents. Là ou règne la confiance, règne la stabilité. Et là peuvent arriver les investissements...

L'Arménie a connu des problèmes économiques aigus après l'effondrement de l'URSS. On dit que l'Arménie ne dispose pas de beaucoup de ressources naturelles mais j'estime pour ma part que la présence de nombreuses ressources n'est pas la condition suffisante pour un développement économique stable. Il y a quatre ou cinq ans, nous devions faire face à une grave crise énergétique. Aujourd'hui, nous produisons plus d'électricité que nous n'en avons besoin ! Je ne veux pas dire par là que tous les problèmes sont réglés mais la voix de notre développement est claire. Nous participons aussi à un projet sur l'unification des systèmes énergétiques des pays du Caucase avec le système turc.

Le problème de l'eau dans notre région est lui aussi aigu sur un plan économique et stratégique. Le lac Sevan joue un rôle de premier plan, tout comme d'autres sources qui permettent de mettre en oeuvre des projets régionaux communs.

Pour un investisseur, les facteurs suivants apparaîtront sans aucun doute attrayants. La jeune génération arménienne est dynamique, elle a « l'esprit d'entreprise dans le sang ». Le potentiel intellectuel et scientifique est avancé. Le peuple arménien dispose de facultés phénoménales dans le domaine du commerce. La volonté de créer une économie de marché libre est inexorable, quel que soit le gouvernement au pouvoir. L'Arménie a des lois qui garantissent les investissements à long terme. L'Assemblée est prête à adopter des lois pour la protection de ces investissements, mais aussi pour mettre en oeuvre un contrôle parlementaire sur l'application des lois.

Loin de moi l'idée de vouloir présenter notre pays comme le pays idéal. Mais il faut reconnaître que l'Arménie remplit les conditions pour faire des affaires. Après la seconde guerre mondiale, le plan Marshall permettait d'assurer la reconstruction économique, mais aussi de renforcer la paix et la stabilité. Aujourd'hui, le Caucase méridional a besoin d'un plan de ce type.

Je soulignerais en conclusion l'importance de l'initiative de Monsieur Poncelet. J'espère qu'elle sera poursuivie à l'avenir.