Les dernières tendances de la politique électronique

Bertrand SIMON , CECE


Je vous propose de dégager les dernières tendances de la politique électronique en me fondant sur trois exemples : WikiLeaks, The Anonymous et la Tunisie. Dans un premier temps, je reprendrai les contestations électorales et le rôle des ONG, avant d'approfondir ces trois exemples à partir desquels nous dégagerons les trois piliers de la politique digitale.

I. Contestations électorales

Le paysage des communications devenant de plus en plus complexe et participatif, la population en réseau bénéficierait d'un meilleur accès à l'information, l'incitant à s'engager davantage dans la politique et l'action collective. Ce constat est partagé par les ONG qui oeuvrent au développement de la démocratie. Le rapport du World mouvement for democracy , intitulé Défendre la société civile , insiste ainsi sur l'accès des populations aux moyens de la société de l'information et de la communication, en particulier aux médias digitaux (Internet, blogs, réseaux sociaux, partage de vidéos, etc.), en présentant cet accès comme un droit fondamental. L'accès de la société civile et des individus à Internet en tant que moyen d'organisation politique et de diffusion de l'information permettrait d'assurer la liberté d'expression et le pluralisme. Dans le contexte d'un pays en voie d'accès à la démocratie, dont le régime est encore autoritaire, le but est de combattre la censure et de tenter, par le développement des moyens digitaux, de faire naître une opposition susceptible de diffuser plus largement les messages en faveur de la démocratie.

Ces pratiques ont été observées dans de nombreuses contestations électorales, en Moldavie, en Biélorussie, en Iran, au Gabon ou encore en Côte d'Ivoire. Pour parvenir à la contestation, il faut aussi financer des programmes. Dans cette optique, les ONG consacrent des centaines de millions de dollars au développement d'Internet, à travers la formation des élites militantes à l'usage des médias digitaux et, éventuellement, aux moyens de contourner la censure. En Iran, entre 2001 et 2008, soit un an avant la Révolution verte, 768 000 dollars ont été injectés dans le développement d'une culture de l'Internet. En Chine, 2 448 000 dollars ont été investis en 2008. En additionnant tous les pays, les sommes atteignent le milliard de dollars.

Néanmoins, cela ne suffit pas. Les ONG doivent faire comprendre à la population que les médias digitaux sont un moyen d'accès à la démocratie dans des pays vivant sous d'autres régimes. Des associations militent pour placer au coeur des préoccupations des diplomates et des gouvernants le thème de la société de l'information. Evgeny Morozov, reconnu comme un expert par les médias internationaux, est membre de l'Open society et créateur d'une ONG dont le but était le développement de la maîtrise de l'Internet dans les pays de l'ex-Union soviétique. Lorsqu'on l'interroge en tant qu'expert sur le développement de la démocratie par Internet, on a le sentiment de n'interroger qu'un expert alors qu'il est juge et partie et praticien. Il sensibilise ainsi la communauté internationale et les élites à cette thématique.