La nécessité d’un "plan marshall" pour les ponts d’ici à 2030 pour éviter un drame : c’est la conclusion à laquelle est parvenue, au terme de dix mois d’enquête,  la mission d’information sur la sécurité des ponts créée après l’effondrement du pont Morandi à Gênes le 14 août 2018.

Après avoir réalisé de nombreuses auditions, effectué trois déplacements et reçu 1 200 témoignages d’élus locaux sur la plateforme de consultation du Sénat, la mission présidée par Hervé Maurey, et dont les rapporteurs sont Patrick Chaize et Michel Dagbert, dresse un constat alarmant de l’état des ponts français :

-  le nombre exact de ponts routiers en France demeure inconnu. Pour Hervé Maurey, président, "ce constat est surprenant et en lui-même révélateur des lacunes de la politique de surveillance et d’entretien des ponts" ;

- plus de de 25 000 ponts (7 % des ponts de l’État, 8,5 % des ponts des départements et probablement 18 à 20 % des ponts  des communes et intercommunalités) sont en mauvais état structurel et posent des problèmes de sécurité et de disponibilité pour les usagers ;

- 1/4 des ponts de l’État (2 800 ponts), construits dans les années 1950 et 1960 arriveront dans les prochaines années en "fin de vie" et environ 0,5 % des ponts départementaux devront être reconstruits dans les cinq ans à venir, soit en moyenne 5 ponts par département ;

- les montants actuellement consacrés à l’entretien des ponts sont largement insuffisants. Pour Michel Dagbert, rapporteur, "plusieurs audits ont montré que le maintien du budget actuel conduirait à un doublement du nombre d’ouvrages en mauvais état dans les dix prochaines années et à un triplement voire un quadruplement en vingt ans".

La mission formule dix propositions, parmi lesquelles la mise en place d’un "plan Marshall" pour les ponts consistant à porter les moyens consacrés par l’État à ses ouvrages à hauteur de 120 millions d’euros par an dès 2020 et à créer un fonds d’aide aux collectivités territoriales, doté de 130 millions d’euros par an pendant dix ans, soit 1,3 milliard d’euros au total, en utilisant l’enveloppe dédiée à la mise en sécurité des tunnels qui prendra fin en 2021. Elle souligne également la nécessité de sortir d’une politique de l’urgence pour mettre en place une véritable gestion patrimoniale des ponts, permettant de mesurer les risques et d’anticiper les actions à prendre.

Comme le souligne Patrick Chaize, rapporteur : "l’objectif est que d’ici dix ans, l’état de l’ensemble des ponts routiers français soit connu, ce qui est loin d’être le cas, et que les ponts les plus dégradés aient fait l’objet de travaux de remise en état. Nous considérons qu’il ne faut pas attendre qu’un drame se produise pour augmenter les moyens consacrés aux ponts".

Tina MIQUE
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