Après le drame survenu à Blois, mardi 13 décembre 2022, et la violente agression d’une jeune femme de 24 ans par son ancien compagnon alors même qu’elle sortait d’un commissariat pour y dénoncer des faits de violences et de harcèlement, la délégation aux droits des femmes du Sénat exprime son total soutien à l’égard de la victime et son entière solidarité avec sa famille.

Ce drame pose de nombreuses questions, hélas encore aujourd’hui sans réponse.

Pourquoi cette jeune femme n’a-t-elle pas été prise en charge immédiatement par le policier auquel elle s’était présentée craignant manifestement pour sa vie ?

Pourquoi a-t-elle été invitée à revenir le lendemain malgré la situation de détresse dans laquelle elle se trouvait ?

Pourquoi n’a-t-elle pas obtenu la protection qu’elle demandait pour rentrer chez elle malgré les menaces dont elle faisait l’objet ?

Pourquoi la mère de la victime, qui se trouvait à plusieurs centaines de kilomètres de Blois, n’a-t-elle pas été écoutée par le fonctionnaire de police à qui elle parlait au téléphone, implorant une protection pour sa fille ?

Pourquoi le policier, aujourd’hui suspendu par la Direction générale de la Police nationale, n’était-il pas formé à l’accueil, à l’écoute et à la prise en charge spécifiques des victimes de violences conjugales ?

Pourquoi, alors que l’agresseur de la victime, son ancien compagnon, était en situation de récidive et avait déjà été condamné pour des faits de violences, le fonctionnaire de police qui accueillait la victime n’a-t-il pas jugé utile de l’écouter, de la protéger et de la garder sous la surveillance des forces de l’ordre ?

Pourquoi les pouvoirs publics ont-ils mis plusieurs jours avant de suspendre, à titre conservatoire, le policier qui avait accueilli la victime ?

La délégation aux droits des femmes estime, à la lumière de cette terrible affaire, qu’il est temps de se poser les bonnes questions en matière de lutte contre les violences conjugales pour y apporter les réponses qui permettront de sauver des vies. Les pouvoirs publics doivent prendre conscience de l’ampleur des mesures qu’il reste à mettre en place, aussi bien en matière de prévention des violences qu’en termes d’accueil des victimes. Tous les personnels – notamment policiers, gendarmes, magistrats – potentiellement en contact avec des victimes, doivent recevoir une formation obligatoire spécialisée.

La délégation sera particulièrement attentive aux propositions de ses collègues Dominique Vérien, sénatrice, et Émilie Chandler, députée, chargées d’une mission temporaire auprès du Garde des sceaux sur le traitement judiciaire des violences intra-familiales.

Selon Annick Billon, présidente de la délégation aux droits des femmes : "Pour protéger toutes les victimes et pour lutter contre le fléau des violences conjugales qui ne cessent de détruire des vies, il faut désormais passer à la vitesse supérieure. Les mots et les déclarations ne suffisent plus. Si la lutte contre les violences faites aux femmes et contre les féminicides est vraiment la grande cause du Président de la République et de ce gouvernement, il faut agir, former et mettre en œuvre tous les moyens nécessaires à la préservation de vies humaines".

La délégation aux droits des femmes est chargée d'informer le Sénat de la politique suivie par le gouvernement au regard de ses conséquences sur les droits des femmes et sur l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, et assure, en ce domaine, le suivi de l'application des lois. Elle peut également être saisie sur un projet ou une proposition de loi.

La délégation est présidée par Annick Billon (Union Centriste – Vendée).

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Chloé Humpich - Direction de la communication du Sénat
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