3. Les espoirs suscités par l'action de la France
Dans ce contexte, la France a un rôle essentiel à jouer comme pivot de l'aide internationale au Burundi, dans le respect des limites fixées par les autorités burundaises. C'est en effet elle qui a relancé la première les programmes de coopération dès 1998 et a, ainsi, fortement contribué au retour de l'aide internationale au Burundi. Il convient de rappeler, à cet égard, qu'à la veille de la crise de 1993, la France était le premier bailleur du Burundi avec une aide de 280 millions de francs par an et une centaine d'assistants techniques en poste sur place.
La France a pris, logiquement, une part importante à l'effort de reconstruction du pays, en aidant à la réinstallation des populations sinistrées par la guerre, au ravitaillement et au pré-cantonnement des combattants, à l'appui à la commission électorale indépendante et à la réforme des administrations économiques et financières. De fait, l'aide bilatérale en faveur du Burundi est progressivement montée en puissance : elle est passée d'environ 4 millions d'euros en 2001 à 8,7 millions d'euros en 2005 , soit un doublement des engagements.
Son action s'est récemment poursuivie avec :
- l'envoi à Bujumbura, en novembre 2005, d'une mission tripartite composée des ministères des affaires étrangères et de l'économie, ainsi que de l'agence française de développement (AFD), pour préparer la reprise des activités de l'AFD au Burundi et identifier des secteurs qui pourraient être concernés ;
- puis le démarrage, au début de l'année 2006, de deux nouveaux projets qui concernent la réforme des forces de police burundaises et le soutien à l'enseignement du français ;
Les efforts de la France sont particulièrement importants dans le domaine de l'éducation , qui constitue la priorité du nouveau Gouvernement burundais, au travers du fonds d'étude mis en place par l'AFD et du démarrage du projet précité d'appui à l'enseignement du français. La relance des activités de l'AFD en 2007 , interrompues depuis 1993, devrait permettre à terme d'accroître encore l'engagement de la France dans ce domaine.
La coopération militaire constitue également un poste de choix : l'enveloppe qui y est consacrée a atteint 489.000 euros en 2005. Elle a permis de financer la formation de stagiaires burundais dans les écoles militaires françaises et africaines, ainsi que le démarrage d'un projet de réhabilitation de l'école des métiers de Muzinda.
Crédits bilatéraux que la France a consacrés au Burundi en 2005 |
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Aide bilatérale |
Forme d'aide |
Montant |
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MAE |
Coopération civile |
2.330.000 € (crédits de paiement) |
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Coopération technique et culturelle (titre IV) (1.672.500 €) |
4 assistants techniques et 3 VI |
750.000 € |
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92 bourses |
600.000 € |
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Autre |
322.500 € |
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Coopération militaire (DCMD) (489.000 €) |
Remise en état
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231.000 € 49.000 € |
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Formation de stagiaires burundais dans les écoles
militaires françaises
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209.000 € |
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Aide alimentaire (PAM, ACF, solidarités) |
1.000.000 € |
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Centre culturel |
190.000 € |
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AFD |
L'AFD a interrompu ses engagements en 2003. |
aucun décaissement |
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Aide budgétaire globale |
3.000.000 € |
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Montant total de l'aide bilatérale |
8.681.500 € |
Le rôle de la France en faveur du Burundi est également essentiel au niveau des enceintes diplomatiques et internationales . Elle a ainsi plaidé et obtenu le déploiement d'une force de maintien de la paix de 5.600 hommes en juin 2004 sous l'égide de l'Onu, mais aussi une dotation supplémentaire de 10 millions d'euros au titre du Fed. C'est également sous son impulsion que le fonds monétaire international (FMI) a octroyé, en 2004, au Burundi une aide de 104 millions de dollars et a accepté un allégement significatif du service de la dette.
Cette relation privilégiée entre la France et le Burundi se traduit par des contacts politiques réguliers : les visites à Paris du président Buyoya (septembre 2002 et février 2003), puis du président Ndayizeye (février 2004), la visite conjointe à Bujumbura, en janvier 2002, des ministres français et britannique des affaires étrangères, Hubert Védrine et Jack Straw, puis en septembre 2002, la tournée dans les Grands Lacs de Dominique de Villepin.
Les contacts se multiplient de la même manière au niveau parlementaire , où le Sénat français apporte une aide technique non négligeable au nouveau Sénat burundais.
Un accord de coopération a été signé le 3 juillet 2003 entre le Sénat français et le Sénat de transition du Burundi. Cet accord, qui n'a pas eu d'application concrète jusqu'en 2006, reste en vigueur avec le Sénat actuel. Par ailleurs, une mission d'évaluation du Parlement burundais a été effectuée par le directeur du service des Relations internationales du 30 janvier au 4 février 2006 pour le compte de l'Union interparlementaire (UIP). Sur cette base, l'UIP a élaboré un programme d'assistance pluriannuel au profit des deux chambres du Parlement burundais, en cours de négociation. Sur le plan des contacts bilatéraux, il convient de noter : 20-21 février 2006 : visite de travail au Sénat des questeurs et secrétaires généraux des deux assemblées du Burundi ; 1-9 avril 2006 : visite de travail du directeur du service des Relations internationales auprès du Sénat du Burundi ; 15-22 mai 2006 : stage au Sénat français de quatre fonctionnaires du Sénat du Burundi. Les perspectives d'avenir sont encourageantes, le président du Sénat du Burundi étant attendu à Paris à l'automne, à l'invitation du président Poncelet. Par ailleurs, l'architecte du Sénat est actuellement sollicité pour une mission de conseil pour la construction du futur siège du Parlement burundais à Gitega. |
C'est dans ce contexte favorable, et pour renforcer encore les liens entre la France et le Burundi, que le groupe d'amitié France-Afrique centrale du Sénat a décidé d'envoyer une délégation à Bujumbura. Elle y a notamment rencontré des sénateurs et des élus locaux, qui lui ont fait part de leurs espoirs, de leurs difficultés et de leurs attentes envers la France.