Aide au développement

Michel Charasse

Table des matières




A. ANALYSE GÉNÉRALE DE L'AIDE PUBLIQUE FRANÇAISE*

1. Evolution de l'aide publique française depuis 1996

a) Baisse globale de 10 % en cinq ans

Entre 1996 et 2001, l'effort français en matière d'aide publique au développement a considérablement régressé. Passant de 33,4 milliards de francs -hors TOM 1( * ) - en 1996 à 30,1 milliards de francs (4,6 milliards d'euros) en 2001, il diminue de 3,3 milliards de francs, soit près de 10 % .

Au cours de cette même période, le PIB de la France s'est accru de 20 %. La dégradation du rapport APD sur PIB dépasse donc les 30 %.

Rapporté au PIB, l'effort tombe de 0,43 % en 1996 à 0,32 % en 2001, s'éloignant ainsi considérablement de l'objectif préconisé de 0,7 %...

Certes, les chiffres présentés pour 2002 font état d'une remontée à 31,5 milliards de francs (4,8 milliards d'euros), mais comme le précise d'entrée de jeu le document budgétaire 2( * ) , « l'effort présenté ne repose que sur des prévisions d'exécution » 3( * ) .

b) Régression de l'aide bilatérale

Cette baisse résulte uniquement de la chute tout à fait considérable de l'aide bilatérale, qui perd en cinq ans 6,6 milliards de francs (1,01 milliard d'euros) , soit plus du quart (26,7 %) du montant atteint en 1996 .

La diminution de l'aide bilatérale française entre 1996 et 2001 recouvre les évolutions suivantes :

- la disparition des prêts : alors que les prêts consentis par la France s'élevaient à 3,6 milliards de francs (0,55 milliard d'euros) en 1996, en décaissements nets de remboursements, les remboursements dépassent les montants décaissés sur de nouvelles tranches de crédits depuis 2000. En 2001, le solde net des remboursements s'élève à 1,6 milliard de francs (0,25 milliard d'euros) ;

- la diminution des dons : ceux-ci baissent de 16,2 à 15,3 milliards de francs (2,47 à 2,33 milliards d'euros) entre 1996 et 2001 ;

- le fléchissement des annulations et consolidations de dettes : de 4,94 milliards de francs (0,75 milliard d'euros) en 1996 à 4,39 milliards de francs (0,67 milliard d'euros) en 2001. Ce poste connaît toutefois des évolutions cycliques liées au rythme des décisions de réaménagements et d'annulations de dettes.



La baisse du montant de l'aide bilatérale (- 25 % de 1995 à 1999) ne s'est, en revanche, pas accompagnée d'une diminution des frais administratifs, demeurés constants. De fait, leur part dans le montant de l'aide est passée de 5,8 % en 1995 à 7,5 % en 1999.

(1) Vers la fin de l'aide projet ?

De fait, c'est clairement l'aide accordée sous forme de projets qui a le plus souffert de la diminution de l'aide bilatérale.

La baisse intervenue dans l'aide-programme liée à l'ajustement structurel ne s'est pas accompagnée d'une hausse compensatoire de l'aide-projet.

Parallèlement, l'aide macro-économique accordée sous forme d'allégement de dette est restée à peu près stable, tandis que les subventions aux ONG et l'aide aux réfugiés progressaient.

(2) Le ralentissement de l'aide-programme

La chute de l'aide bilatérale s'explique en grande partie par l'inversion du mouvement relatif aux prêts aux Etats étrangers, les remboursements étant devenus supérieurs aux décaissements depuis 2000. Cette évolution s'explique d'abord par le net ralentissement des aides à l'ajustement structurel, lié à l'adoption de la doctrine d'Abidjan (pré-accord du FMI et concertation entre bailleurs), au recours aux dons pour les PMA et à l'amélioration de la situation économique de certains bénéficiaires.

Par ailleurs, la réforme des protocoles financiers a notamment consisté à passer d'une logique d'enveloppes-pays à une logique de projets, s'agissant du soutien à l'investissement dans les pays émergents.

(3) Une facture lourde en perspective pour le traitement de la dette

Les annulations de dette et autres formes d'allègement représentent encore le quart de l'aide bilatérale. Ceci constitue une particularité de l'aide française, longtemps distribuée sous forme de prêts. La France est, avec le Japon, le premier créancier des pays en développement, avec un encours trois fois supérieur à celui des Etats-Unis.

Les effets de l'initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) renforcée ne se sont pas encore fait sentir en termes de dépense budgétaire, si ce n'est à travers l'aide multilatérale (contribution au FMI) pour une part très modeste en 2000.

Mais lorsque tous les pays éligibles auront passé le « point d'achèvement », la rubrique allègement de dettes risque de remonter aux alentours de 10 milliards de francs (1,5 milliard d'euros).

c) Part croissante de la contribution communautaire

Parallèlement à la chute de l'aide bilatérale, le poids du « multilatéral » se confirme. L'aide française accordée par l'intermédiaire d'organismes ou de fonds multilatéraux progresse en effet de 8,6 milliards de francs (1,31 milliard d'euros) en 1996 à 11,9 milliards de francs (1,81 milliard d'euros) en 2001. De fait, sa part dans le total de l'aide publique passe de 25,9 % en 1996 à 39,8 % en 2001.

Au sein de l'aide multilatérale, la part des contributions aux multiples fonds et banques de développement régionaux demeure relativement stable, aux alentours de 3 milliards de francs (0,5 milliard d'euros).

Les contributions aux organisations des Nations Unies progressent pour leur part de moins de 500 millions de francs (80 millions d'euros), soit moins du cinquième de la progression globale du multilatéral.

L'essentiel de la progression de l'aide multilatérale résulte de celle de l'aide européenne, qui passe de 4,3 milliards de francs à 6,8 milliards de francs entre 1996 et 2001 (0,66 à 1,04 milliard d'euros), soit + 25 % sur la période.

La « contribution européenne » recouvre à la fois la contribution française au Fonds européen de développement (FED) inscrite au budget des Charges communes, et la participation française au budget général de la Communauté européenne pour les actions relevant de l'aide au développement, financée par une partie du prélèvement sur recettes au profit des Communautés européennes 4( * ) .

Représentant désormais le quart de l'aide publique française, la contribution européenne échappe par nature à tout contrôle du Parlement français, et manifestement aussi en grande partie à celui du gouvernement.

Or il faut souligner ici le risque fort de dilution de l'aide française dans le « paquet » communautaire
.

En 2002, la contribution française atteindra en effet au total 1,2 milliard d'euros, soit 7,9 milliards de francs. Son montant représente désormais le quart du total de l'aide publique française, et les deux tiers de notre aide bilatérale. En 1997, la part de la contribution européenne ne représentait que le sixième (16 %) du total de l'aide publique totale de la France, et à peine plus de la moitié (57,3 %) de son aide multilatérale.

Cette dilution risque d'être renforcée par une volonté politique forte au niveau de la Communauté.

La politique de développement européenne est aujourd'hui influencée par les seuls elit donnors que sont le Royaume-Uni et les pays nordiques, les autres pays membres étant considérés comme menant une « politique de boutique ». La majorité des pays membres ne souhaite en effet pas que les ressources communautaires viennent renforcer l'action bilatérale d'un petit nombre d'entre eux. Moins de la moitié de l'aide communautaire bénéficie d'ailleurs aux pays ACP (y compris l'Afrique du Sud).

Comme par ailleurs la France est insuffisamment présente à Bruxelles sur ces sujets, parce que la capacité d'influence de l'administration française y est faible, et que son niveau d'initiative et de réflexion en matière de développement reste généralement médiocre 5( * ) , le résultat est consternant.

La baisse globale de notre niveau d'aide publique au développement se trouve alors démultipliée, en termes de pertes de lisibilité et d'affichage, par l'effet du renforcement du canal communautaire .

L'aide au développement européenne*

- L'aide de la Communauté européenne transite par deux canaux distincts :

le budget de la Commission , financé sur ressources communautaires propres prélevées sur les recettes des pays membres, selon une clé de répartition fixe (la France participe à hauteur de 17,8 % ).

le Fonds européen de développement (FED), instrument financier de la Convention de Lomé, financé par des contributions spécifiques des Etats membres (la contribution française s'élève à 24,5 % ) . La ratification de l'accord de Cotonou permettra l'engagement des ressources du 9 ème Fed (13,5 milliards d'euros au total).

- Le total des dépenses d'aide financées sur le budget communautaire s'est élevé en 1999 à 6,5 milliards d'euros (42,65 milliards de francs) en engagements.

- Les décisions d'engagement au titre du FED ont porté, en 1999, sur 2,69 milliards d'euros (17,6 milliards de francs) et les paiements sur 1,27 milliard d'euros (8,4 milliards de francs).

- En 1999, la répartition sectorielle de l'aide communautaire totale attribuée au titre du budget et du FED (1) s'est établie comme suit :

- Aide programme 11,6 %

(ajustement structurel, Stabex, Sysmin)

- Aide alimentaire 14,1 %

- Aide humanitaire (2) 9,9 %

- Soutien aux ONG 3,3 %

- Ressources naturelles 4,2 %

(agriculture, forêts, pêche)

- Autres secteurs productifs 3,4 %

- Infrastructures économiques et services 20,1 %

dont transport et communication 17,1 %

- Infrastructures sociales et services 11 %

(éducation, santé, population, eau)

- gouvernement et société civile 7,7 %

- multisecteurs 6,3 %

- non spécifié 8,1 %

- La répartition géographique se définit comme suit :

- Pays ACP y compris Afrique du Sud 41,6 %

- Méditerranée et Moyen Orient (3) 13,2 %

- Asie 6,2 %

- Amérique latine (4) 5,4 %

- NEI (nouveaux Etats indépendants de 10,3 %

l'ancienne Union soviétique) (5)

- PECO (Europe centrale et orientale, 23,4 %

y compris ex-Yougoslavie) (6)

(1) Hors PECO et secteurs non attribués

(2) Via ECHO

(3) Programmes MEDA.

(4) Programmes ALA.

(5) Programme TACIS

(6) Programme PHARE

* Source : Infofinance - février 2001. DE 107. Commission européenne et Rapport annuel du CAD de l'OCDE - juin 2001.


- D'après les chiffres établis par le CAD, les dix premiers pays bénéficiaires de l'aide communautaire sont les suivants :

- Maroc

- Egypte

- Bosnie-Hergézovine

- Etats de l'ex-Yougoslavie

- Algérie

- Tunisie

- Afrique du Sud

- Ethiopie

- Albanie

- Mozambique

d) Moins du quart de l'aide française pour les pays les moins avancés

Les chiffres du Comité d'Aide au Développement (CAD) de l'OCDE 6( * ) établissent comme suit la répartition de l'aide publique bilatérale française en 1999.

- Pays les moins avancés (PMA) : 23,8 %

- Pays à faible revenu (PFR) : 24,4 %

- Pays à revenu intermédiaire (PRI) (tranche inférieure) : 27,6 %

- Pays à revenu intermédiaire (PRI) (tranche supérieure) : 6,8 %

- Pays à revenu élevé : 17,4 %

Les PMA reçoivent actuellement à peine plus du cinquième de l'aide bilatérale française, et les PMA et PFR -soit les 72 pays les plus pauvres du monde- en recueillent à peine la moitié.

L'évolution de la répartition de l'aide au cours des dix dernières années montre que ce sont les PMA qui ont fait les frais de la redistribution sous contrainte budgétaire : de 1989 à 1999, leur part dans une aide publique en forte baisse est passée de près du tiers (32,5 %) à à peine plus du cinquième (21,4 %).


De fait, en 1999, les dix premiers pays bénéficiaires de l'aide française sont les suivants :

Nouvelle-Calédonie (PRE).....................

294,6 M€

Polynésie (PRE)..................................

331,0 M€

Egypte (PRI)......................................

250,1 M€

Maroc (PRI).......................................

221,2 M€

Sénégal (PFR)....................................

217,9 M€

Côte d'Ivoire (PFR)..............................

193,4 M€

Cameroun (PFR).........................................

135,7 M€

Bosnie Herzégovine (PFR)..........................

116,6 M€

Tunisie (PRI)...............................................

103,3 M€

Vietnam (PFR)............................................

86,4 M€

Parallèlement, la « prééminence » de principe accordée par la France à l'Afrique subsaharienne se dissout.

En dix ans, la part de l'aide française consacrée à cette région est passé, en effet, de 55 % du total en 1988 à 48 % en 1998. En 1999, dernière année chiffrée par le CAD, elle recule encore à 45,4 %.

La France risque fort de perdre ce qu'elle estime peut-être encore être un peu sa « chasse gardée ».

Paradoxalement ou stratégiquement, les pays nordiques et le Royaume-Uni y sont en effet de plus en plus présents: le Royaume-Uni y consacre désormais 46 % du total de son aide bilatérale, le Danemark 56 %, la Belgique 61 %, la Norvège 47 % et la Suède 48 %. Même le Japon, qui n'est pourtant pas dans sa zone d'influence, y consacre plus de 10 % de son aide.

e) Recul par rapport aux autres bailleurs

Les chiffres de l'aide publique de la France sont donc désormais en contradiction avec sa volonté affichée de se poser en chantre -voire en champion- de l'aide au développement.

De 1999 à 2000, l'aide publique française aura en effet diminué de près de 14 %, alors que l'évolution moyenne des pays OCDE membres du CAD s'est limitée à moins 2 %. De nombreux pays affichent même une progression, parfois considérable, voire spectaculaire s'agissant du Royaume-Uni 7( * ) : + 36 %.

Quatrième donateur des pays du CAD en montant absolu, après les Etats-Unis, le Japon et le Royaume-Uni, la France se situe désormais au 8 ème rang en termes d'effort en pourcentage du PNB 8( * ) .

Elle ne se maintient plus que difficilement au premier rang des pays du G7 en termes d'effort d'aide rapporté au PNB, l'écart avec le Royaume-Uni étant désormais réduit à 0,1 point de PNB. Le Royaume-Uni l'a d'ailleurs dépassée en montant absolu.

L'effort britannique, en ce domaine, doit être remarqué. Le Gouvernement s'est engagé à porter à 0,33 % le rapport APD/PNB pour l'exercice 2003-2004. Le budget du Department for International Development 9( * ) , dirigé par la dynamique Clare Short, a été augmenté de 5,5 % en termes réels en 1999-2000. Le Gouvernement prépare actuellement un Livre Blanc sur le développement, expressément articulé autour des changements induits par la mondialisation : Eliminating World Poverty : Making Globalisation Work for the Poor .



Les politiques de développement des principaux pays donateurs
- Eléments de comparaison -

1. Les Etats-Unis : 10,4 milliards d'euros ; 0,1 % du PNB

Au deuxième rang des pays membres du CAD par le volume de leur APD, les Etats-Unis se situent au dernier rang par leur effort en pourcentage du PNB : 0,1 %, soit une diminution de moitié en dix ans.

L'USAID consacre une part croissante de ses efforts aux secours face à des catastrophes ou des crises , considérant que celles-ci vont se multiplier aux cours de la prochaine décennie, en raison de phénomènes humains ou naturels.

Ses domaines d'intervention privilégiés demeurent la santé , la population et les problèmes de nutrition . Les Etats-Unis font aujourd'hui un effort particulier pour le SIDA , et accordent une priorité grandissante à la lutte contre les maladies infectieuses (malaria et tuberculose) et enfantines .

L'USAID consacre également d'importants moyens aux micro-entreprises et au renforcement des capacités commerciales .

2. Le Royaume-Uni : 4,8 milliards d'euros ; 0,31 % du PNB

Le gouvernement britannique accorde une importance particulière à l'aide au développement.

Il a majoré de 5,5 % en termes réels le budget du Department for International Development et s'est engagé à porter son effort à 0,33 % du PNB en 2003-2004.

Des buts précis , en rapport avec les objectifs internationaux de développement, ont été assignés au DFID, et celui-ci a entrepris d'élaborer des stratégies destinées à en garantir la réalisation.

Le gouvernement britannique prépare actuellement un nouveau Livre Blanc concernant le développement, « Eliminating World Poverty : Making Globalization Work for the Poor » . Expressément articulé autour des changements induits par la mondialisation, il vise une réduction systématique de la pauvreté et l'instauration d'un développement durable.

Le Royaume-Uni est également un fervent défenseur de l'allégement de la dette.

3. Le Japon : 14,2 milliards d'euros ; 0,27 % du PNB

En octobre 1999, la Banque japonaise pour le financement des exportations et des importations et le Fonds japonais de coopération économique extérieure ont fusionné pour former la Banque japonaise de coopération internationale (JBID), devenue le plus grand établissement financier public bilatéral du monde.

La JBIC a pour mission de promouvoir les importations et exportations japonaises, de faire des prêts d'APD, et de contribuer à la stabilité du système financier international.

Les trois priorités de la politique japonaise sont l'atténuation du fossé numérique (16 milliards d'euros sur trois ans, sous forme partiellement de fonds d'APD, à la suite de l'adoption de la Charte d'Okinawa en juillet 2000), la lutte contre les maladies infectieuses , et la prévention des conflits .

4. La Suède : 2 milliards d'euros ; 0,81 % du PNB

La coopération pour le développement se trouve aujourd'hui concurrencée par les demandes liées à l'élargissement de l'Union européenne, et notamment à la coopération avec les Etats baltes.

Une commission d'enquête parlementaire , la Parliamentary Commission for Inquiry into Swedish Policy for Global Development a été chargée de formuler des propositions pour l'élaboration de politiques cohérentes au service de la lutte contre la pauvreté dans le contexte nouveau créé par la mondialisation :

- la moitié de l'aide bilatérale suédoise est affectée à l' Afrique subsaharienne ,

- les principaux domaines d'intervention de l'Agence suédoise de coopération pour le développement (ASDI) ont été l' aide humanitaire et la prévention des conflits (20 %), les secteurs sociaux (18 %) et les droits de l'homme et la démocratie (15 %).

Au premier rang des contributeurs aux organismes des Nations-Unies , la Suède propose constamment des réformes au sein des instances multilatérales.

5. Les Pays-Bas : 3,3 milliards d'euros ; 0,82 % du PNB

La politique de coopération pour le développement a fait l'objet d'une loi sur l'aide au développement (mai 1999). Les principaux objectifs concernent le développement durable, la lutte contre la pauvreté et le partenariat. L'aide bilatérale sera concentrée au plus sur 25 pays et 5 secteurs : santé primaire, éducation et formation, agriculture et sécurité alimentaire, infrastructures de base, consolidation du tissu social, y compris par une action de prévention des conflits .

2. Lacunes et difficultés de l'analyse budgétaire

a) Des crédits budgétaires à l'aide publique totale : un écart de 2 milliards d'euros

L'analyse des seuls crédits budgétaires mis en oeuvre au titre de la coopération avec les Etats en développement fait apparaître un écart conséquent avec les chiffres représentatifs de l'aide publique au développement de la France : il est en effet de l'ordre de 2 milliards d'euros (soit près de 13 milliards de francs). Un tel écart amoindrit considérablement la qualité de l'analyse afférente à l'évolution de l'aide française, tant en ce qui concerne son montant que ses acteurs et ses instruments, et, partant, la portée du contrôle exercé.

Aide publique au développement et crédits budgétaires

 

(millions d'euros)

 

2001

2002

APD totale

4.595

4.809

dont bilatérale

2.766

3.005

Crédits de toute nature concourant à la coopération avec les Etats en développement (DO + CP)


2.834


2.872

Ecart entre APD totale et crédits contribuant à la coopération

1761

1937

Source : Jaune 2002.

 
 

Un peu plus de la moitié de cet écart correspond à la participation française au budget communautaire pour les actions relevant de l'aide au développement. Financée par un prélèvement sur recettes, cette aide n'apparaît pas sous forme de dépense budgétaire . Elle peut être évaluée à 984 millions d'euros (6,5 milliards de francs) pour 2002.

Ne font pas non plus l'objet d'une « dépense budgétaire » :

- les annulations de dettes , qui sont traitées sous la forme d'un transfert au compte de découvert du Trésor ;

-  la partie des prêts éligibles à l'APD qui transitent par les Comptes spéciaux du Trésor ou font l'objet de refinancements sur le marché, comme c'est le cas d'une bonne partie des prêts octroyés par l'AFD ;

- la « valorisation » du coût des études supérieures en France des étudiants provenant de pays éligibles à l'APD . Cette contribution est une des rares à avoir augmenté en valeur absolue. Elle atteint 2,2 milliards de francs en 1999.

b) bicéphalisme et dispersion

« Bicéphale », l'aide publique française est cogérée par le ministère des Affaires étrangères (1,61 milliard d'euros, soit 10,6 milliards de francs en 2002, y compris la contribution au Fonds européen de développement (FED) 10( * ) , jusqu'alors inscrite au budget des Charges communes) et le ministère des Finances (0,99 milliard d'euros en 2002, soit 6,5 milliards de francs, après transfert du FED).

Le ministère de la Recherche et de la technologie joue également un rôle apparemment important, si l'on se réfère au montant des crédits gérés par lui à ce titre, soit près de 200 millions d'euros (1,3 milliard de francs). En réalité, l'essentiel de ces crédits recouvre les subventions accordées à quelques grands organismes de recherche, notamment le CIRAD (720 millions de francs en 2000) et l'IRD (Institut de recherche pour le développement) -ex ORSTOM- (447 millions de francs), par ailleurs également financées par le budget des Affaires étrangères.

Huit autres départements ministériels -par ordre d'importance : l'Agriculture, l'Intérieur, l'Emploi et solidarité, l'Education nationale, la Culture, l'Environnement, l'Equipement et la Jeunesse et sports- interviennent également dans ce domaine, pour un montant total de crédits de 456,2 millions d'euros (près de 3 milliards de francs), soit 15 % du total de l'APD française.

Entre 1996 et 2001, les principales évolutions constatées à cet égard sont l'apparition et le poids croissant des ministères de la Culture, de l'Environnement, de l'Emploi et solidarité et de la Jeunesse et sports.

La plupart des ministères ont mis en place au sein de leur administration centrale des services, voire parfois des directions, spécifiquement chargés de l'action internationale : au total, pour 2002, le coût des services centraux des ministères techniques (hors Affaires étrangères et Économie Finances) s'élèvera à ce titre à 4,2 millions d'euros (28 millions de francs). Le coût des services déconcentrés, toujours pour les mêmes ministères, représente 27,6 millions d'euros, soit 181 millions de francs. L'essentiel des services déconcentrés est constitué par les personnels du SCTIP (coopération policière internationale) et ceux du ministère de l'Education nationale 11( * ) .

S'agissant des crédits d'intervention, l'essentiel est constitué par les subventions aux organismes de recherche rattachés au ministère de la Recherche (CIRAD, IRD, INSERM notamment), et les interventions du ministère de l'Emploi et de la solidarité 1 d'une part, et de la Culture 1 d'autre part.

Le caractère lacunaire, voire inexistant, des réponses reçues aux différents questionnaires adressés début juillet à chacun des différents ministres concernés amènera votre rapporteur à procéder par missions de contrôle. Il considère en effet que, dans un contexte de baisse aussi forte de l'aide publique française, il est indispensable de mesurer l'efficacité des quelques 500 millions d'euros (3 milliards de francs) gérés par les ministères « techniques », dont 32 millions d'euros (210 millions de francs) en seuls coûts de fonctionnement.

B. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

1. Une lisibilité difficile

Avec la « fusion » de l'ex-ministère de la coopération au sein de celui des affaires étrangères, l'évolution des crédits inscrits au titre de l'aide publique au développement est devenue peu lisible.

Les lignes budgétaires spécifiques au fonctionnement ont disparu dès le budget 2000, au profit d'un regroupement global au sein d'un chapitre affecté aux « services et établissements culturels et de coopération ».

Le budget 2002 opère à son tour la fusion des chapitres d'intervention : « coopération culturelle et scientifique » et « coopération technique et au développement », au sein d'un chapitre unique, intitulé « coopération internationale et au développement ».

La nomenclature budgétaire ne permet donc pas d'identifier clairement les crédits qui, au sein du budget des Affaires étrangères, sont affectés à la coopération avec les Etats en développement.

La comparaison, un peu fastidieuse, entre le montant des crédits inscrits sur les chapitres du budget des Affaires étrangères (sur le « bleu »), et celui que retient, par chapitre concerné, le « jaune » récapitulant les crédits affectés à la coopération, permet d'établir une « grille de lecture » artisanale, au terme de laquelle il apparaît que le pourcentage des crédits concernés varie, selon les chapitres, de 0,4 % à 100 % du total...

Au total, 40,8 % des crédits du budget des Affaires étrangères, seraient affectés à la coopération : moins du quart des dépenses de personnel et de fonctionnement, près de la moitié des dépenses d'intervention, la quasi-totalité des subventions d'investissement.





Seuls sont considérés comme étant affectés à 100 % à la coopération :

- les concours financiers (chap. 41-43),

- l'appui aux initiatives privées et décentralisées (chap. 42-13) ;

- le transport de l'aide alimentaire (chap. 42-26) ;

- les projets financés sur Fonds de solidarité prioritaire et par l'intermédiaire de l'Agence française de développement (chap. 68-91 et 68-93).

A titre nouveau, à partir de 2002 :

- la contribution de la France au Fonds européen de développement (chapitre 68-02).

Votre rapporteur continue de regretter la faible part des contributions obligatoires retenues au titre de la coopération et de l'aide au développement. Il considère en effet que les institutions des Nations Unies comme le Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ou le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), constituent un élément essentiel de la coopération et de l'aide au développement.

En revanche, s'agissant des contributions volontaires retenues, elles, à 100 %, il est plus réservé sur la prise en compte des crédits de la francophonie (qui représentent 86 millions d'euros -564 millions de francs- soit près de la moitié du chapitre concerné), estimant que ceux-ci relèvent davantage de la présence française à l'étranger que de l'aide au développement.

Le nouveau chapitre « coopération internationale et au développement » n'est retenu qu'à hauteur de 72 %. La coopération militaire voit son rôle en matière de coopération diminuer, puisque le montant retenu par le « jaune » passe de 87 % en 2001 à 80 % en 2002.

Le reste des chapitres bénéficie d'un traitement variable qui complique l'analyse. Ainsi, pour l'administration centrale, 16 % pour les rémunérations principales, mais 22 % pour les prestations sociales ; pour les services à l'étranger, 21 % des rémunérations principales et 61 % pour les prestations sociales.

En 2002, la part des dépenses de fonctionnement affectée à la coopération régresse légèrement par rapport à 2001 : de 15 % à 14,8 % du total en administration centrale, et de 26,1 % à 25,1 % du total dans les services déconcentrés.

La régression est sensible s'agissant de la part des dépenses d'intervention dévolue aux actions de coopération : elle passe de 52,2 % du total en 2001 à 49,4 % en 2001.

2. Les moyens de fonctionnement (titre III)

a) Une fusion faite au détriment des actions de coopération au développement

Depuis la fusion des services relevant des Affaires étrangères d'une part et de l'ancien ministère de la coopération d'autre part, opérée par le décret n° 98-1124 du 20 décembre 1998, il est devenu impossible d'identifier clairement les moyens spécifiquement affectés à la coopération entre les pays en développement.

La présentation actuelle du budget des affaires étrangères continue en effet de distinguer l'agrégat « Personnel, moyens et équipement des services », et l'agrégat « Coopération et interventions internationales », sans être en mesure de répartir le premier en fonction des missions auxquelles il est en principe affecté dans le cadre du second.

L'agrégat « Personnel, moyens et équipement des services » comporte une « mission » de « coopération internationale » définie comme suit : « conception, programmation, mise en oeuvre et évaluation des projets et des programmes de coopération internationale, dans les domaines culturels et scientifique, technique et au développement ; développement de la francophonie, tutelle de l'AEFE » ; les instruments de cette « mission » sont la DGCID, le Service des affaires francophones, et l'AEFE. Ni ses moyens, ni ses objectifs ou cibles ne sont définis au bleu 2002 .

Les seules indications fournies par le bleu 2002 font apparaître que 28 % des effectifs (soit 2.360 agents en 2000) relèvent de la mission « coopération internationale », soit une part équivalente à ceux qui sont consacrés au « pôle de gestion transversale », c'est-à-dire à l'administration générale de la maison Quai d'Orsay.

En tout état de cause, votre rapporteur reste persuadé que la diplomatie et le développement sont deux métiers bien différents, plus souvent d'ailleurs contradictoires que complémentaires. Plutôt qu'une « fusion des cultures », la fusion des effectifs a surtout consisté à « écrémer » la plupart des contractuels qui avaient contribué sans doute à l'essentiel de la qualité de la « coopération française », parce qu'ils étaient là par vocation et non par nécessité de carrière 12( * ) .

Ceci, conjugué à la baisse des effectifs d'assistance technique rémunérés au titre IV, n'est sans doute pas étranger à la détérioration évidente de notre influence sur le terrain.

b) La progression des moyens en 2002 ne bénéficie pas aux missions de coopération au développement

Le rapprochement de la « grille » définie par les jaunes et des crédits inscrits aux bleus permet d'établir le tableau suivant :

Il en ressort que la légère progression du montant des crédits concernés masque une réduction de la part qui, dans ces moyens, est affectée aux actions de coopération et d'aide au développement. Ainsi, la part des dépenses de fonctionnement des services centraux passe de 15 % à 14,8 % du total entre 2000 et 2001, et la part des dépenses de fonctionnement des services déconcentrés de 26,1 % à 25 %.

En d'autres termes, la progression des moyens des services enregistrée pour 2002 ne bénéficie pas aux actions de coopération et d'aide au développement .

On rappellera 13( * ) que les mesures nouvelles bénéficiant au titre III du budget des Affaires étrangères sont les suivantes : 5,35 millions d'euros (35 millions de francs) pour l'Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA) ; 3 millions d'euros (10 millions de francs) pour le réseau des établissements culturels, de coopération et de recherche à l'étranger ; 1,87 million d'euros (9,5 millions de francs) pour le personnel, sous forme d'indemnités pour l'administration centrale, d'une nouvelle bonification indiciaire pour l'encadrement supérieur et de moyens supplémentaires pour l'action sociale.

Ces mesures ne concernent spécifiquement ou même seulement majoritairement que peu la coopération et l'aide au développement.

Au bleu 2002, les établissements culturels et de recherche sont rattachés à la mission « coopération culturelle et scientifique » et aucunement à la mission « coopération technique et aide au développement » : cette dernière dispose uniquement des Services de coopération et d'action culturelle (SCAC) rattachés aux ambassades, et des assistants techniques, rémunérés sur titre IV.

Le « jaune » retient néanmoins un chiffre différent puisque 67 % des subventions de fonctionnement aux établissements culturels, de coopération et de recherche bénéficient à la coopération avec les Etats en développement. Il y a là une certaine incohérence dans la présentation que le ministère devra s'attacher à corriger.

De fait, sur les 151 établissements du réseau, le tiers est établi dans des pays manifestement développés (Allemagne : 22 ; Autriche : 3 ; Belgique : 1 ; Danemark : 1 ; Espagne : 6 ; Finlande : 1 ; Grande-Bretagne : 3 ; Grèce : 1 ; Israël : 3 ; Italie : 6 ; Japon : 4 ; Luxembourg : 1 ; Pays-Bas : 1 ; Portugal : 2 ; Qatar : 1 ; Singapour : 1 ; Suède : 1 ; Russie : 2 ; Vatican :1).

De fait, ces établissements ont bénéficié, en 2001, de près du tiers du total des subventions de fonctionnement (11,6 millions d'euros 14( * ) , sur un total de 39,21 millions d'euros).

Les mesures nouvelles dont bénéficieront en 2002 les établissements culturels sont affectées pour moitié (1,5 million d'euros) à l'harmonisation des statuts et des grilles de salaires des recrutés locaux des établissements à autonomie financière 15( * ) , et pour moitié au renforcement des moyens des établissements culturels. D'après les réponses apportées à votre rapporteur, les arbitrages concernant la répartition de cette enveloppe sont « en cours »... Il n'est pas certain qu'ils favoriseront en priorité les établissements installés dans les pays pauvres.

Un certain nombre d'établissements publics bénéficient également de subventions de fonctionnement. Le jaune 2001 évalue à 28,6 % la part du total de ces subventions affectées aux actions de coopération, sans pour autant fournir la clé de répartition ayant présidé à l'établissement de cette quote-part.

Les trois établissements subventionnés sont l'Agence pour l'enseignement du français à l'étranger (AEFE), dont 50 % des élèves scolarisés sont étrangers, l'Office universitaire et culturel français pour l'Algérie (OUCFA), et l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Le chiffre retenu par le jaune permet donc de supposer que, sur les 50 % d'élèves étrangers scolarisés par l'AEFE, moins de la moitié relève de la coopération et de l'aide au développement...

c) Le traitement privilégié du Haut Conseil de la Coopération Internationale16( * )

Au sein des crédits affectés aux « moyens généraux des services » (chap. 37-90), on relève deux organismes au moins qui contribuent directement à la mission coopération et aide au développement : la Commission coopération et développement et le Haut conseil de la coopération internationale.

En 2002, les moyens de la Commission coopération développement sont strictement reconduits en francs courants à 0,02 million d'euros (130.000 francs), soit le montant déjà reconduit pour 2001.

Le Haut conseil de la coopération internationale (HCCI) voit également sa subvention de fonctionnement reconduite en francs courants à 0,876 million d'euros (5,75 millions de francs). Cette stagnation des moyens n'est toutefois qu'apparente.

Dégagés en gestion 2000 sur les moyens de fonctionnement courant du ministère, pourtant réduits de 20 millions de francs en loi de finances initiale, les moyens alloués au HCCI sur le budget des Affaires étrangères 17( * ) avaient fait l'objet d'une inscription spécifique au budget 2001. Votre rapporteur s'était interrogé à cette occasion sur l'utilité et surtout la représentativité de cet organisme archi-médiatisé, n'ayant pas le sentiment qu'il avait nécessairement pour priorité de servir l'action de la France à l'étranger.

Tel que présenté en réponse au questionnaire budgétaire, le HCCI « doit permettre une concertation régulière entre acteurs publics et privés de la coopération internationale et favoriser l'adhésion du public à ces différentes actions... il offre un espace d'expression à des personnalités qualifiées, à la fois experts et « consciences » de la société civile (sic) »... 18( * )

En 2002, aucun moyen nouveau ne vient abonder directement la subvention de fonctionnement. Mais le HCCI bénéficie de la création de sept emplois nouveaux mis à disposition par le ministère, ce qui correspond à une mesure nouvelle globale de 0,175 Meuros (1,15 million de francs), et équivaut donc tout de même à une majoration de 20 % de sa subvention de fonctionnement ...

3. Les moyens d'intervention (titre IV)

a) Le sacrifice des moyens dévolus à la coopération et au développement

En 2002, les crédits d'intervention affectés à la coopération avec les pays en développement enregistrent une baisse conséquente.

Amputés de 44,4 millions d'euros (291 millions de francs), soit près de 6 % du montant 2001, ils atteignent 794,4 millions d'euros (5,21 milliards de francs), soit à peine plus de 20 % du budget du ministère des affaires étrangères, désormais chargé de la coopération...


Cette évolution traduit à la fois la baisse qui touche la quasi-totalité des chapitres concernés et, au sein de certains chapitres, une diminution de la part affectée à la coopération et à l'aide au développement.

Mais, au-delà, elle s'inscrit dans une tendance lourde, constatée depuis plusieurs exercices, clairement traduite par les chiffres de l'aide publique française, comme par la médiocrité d'ailleurs des indicateurs et des résultats retenus par le bleu budgétaire.

Trop souvent réduites à des catalogues d'actions non hiérarchisées et assez abstraites, les missions retenues pour la composante « coopération internationale » de l'agrégat fourre-tout qu'est « Coopération et interventions internationales », ne permettent pas de déboucher sur des objectifs clairs et corrects. Les indicateurs retenus, peu nombreux, peu ambitieux, sont souvent réducteurs, et ne sont même pas toujours « servis ».

Les objectifs apparaissent bien piteux, et les résultats lamentables : baisse des postes occupés dans les organisations internationales, à partir du niveau pourtant déjà faible de 6 % ; 9 % seulement des diplômes de français délivrés par l'enseignement du français à l'étranger permettant un accès à l'enseignement supérieur français - la notion d'accessibilité à un emploi n'est même pas évoquée... ; 1 % des travaux scientifiques des pays de la ZSP publiés dans les revues internationales ; moins du quart (22 %) des projets de développement mis en oeuvre visant à lutter contre la pauvreté et à satisfaire les besoins de base ; moins de 1,5 % des projets de développement consacré à l'intégration et à la coopération régionale ; un seul critère pour évaluer la consolidation de l'état de droit : le nombre de stagiaires...

De fait, le discours tenu actuellement sur le « caractère plus que jamais indispensable de poursuivre les actions de coopération et d'aide au développement » 19( * ) , pour honorable qu'il soit, n'est pas crédible pour autant.

Déjà sacrifiés en loi de finances initiale 2001, les crédits votés à ce titre ont été fortement amputés en cours d'exécution.

Dès avril 2001, 45 millions de francs ont été annulés sur les chapitres de coopération (22 millions de francs sur chapitre 42-11 et 23 millions de francs sur le chapitre 42-12). A partir de mai, ont été gelés en outre 205 millions de francs en crédits de paiement 20( * ) et 100 millions de francs en autorisations de programme 21( * ) .

Les services à l'étranger chargés de mettre en oeuvre les crédits -en liaison le plus souvent avec nos partenaires étrangers- en ont été avertis par télégramme diplomatique le 27 juillet seulement, ce qui n'a guère conforté la crédibilité de notre politique.

L'ampleur des besoins constatés en fin de gestion 2001 - évalués en l'état actuel à plus de 1 milliard de francs par les services compétents, amène à supposer que les crédits gelés seront pour l'essentiel annulés.

Ceci pourrait représenter en définitive une amputation de 2,2 % des crédits de coopération culturelle et scientifique, et de 5,5 % sur la coopération technique et au développement, comme sur la coopération militaire

b) Des priorités peu significatives pour l'aide au développement

« Quelques objectifs-clés de la conduite de l'action de coopération internationale »

« Les grandes priorités qui ont marqué par des mesures nouvelles les exercices précédents ont été consolidées, et il est possible d'aller plus loin sur des bases ainsi affermies : programmes de bourses Eiffel, transformation et modernisation de TV5 et de l'offre audiovisuelle française , relance de notre présence dans les institutions multilatérales , priorité géographique sur les Balkans .

« La nouvelle assistance technique mise en place aujourd'hui, plus flexible, plus universelle, plus proche de l'expertise demandée dans le cadre multilatéral, donne à la France son avantage comparatif en matière d'aide au développement.

« Une grande priorité thématique est développée : les idées et les valeurs (sic)

« Les nécessaires régulations de la mondialisation étant devenues l'enjeu majeur de notre action extérieure, le Quai d'Orsay, par sa diplomatie d'influence, est au coeur de ce combat. Cela passe par la promotion des idées , l' accueil des futures élites , l' exposition maximale des images françaises et l'exportation des produits culturels ».

Source : Réponse au questionnaire budgétaire


De fait, deux chapitres seulement font l'objet d'une légère progression en 2002 : l'appui aux opérateurs de l'audiovisuel extérieur , et l'appui à la coopération décentralisée et aux ONG.

Votre rapporteur considère que ces moyens ne sont pas les plus opérationnels en matière d'aide au développement.

Dans le premier cas, il n'est pas convaincu de l'utilité immédiate de ces moyens (d'ailleurs retenus à 56 % du total) en termes d'aide au développement. L'essentiel des mesures nouvelles 2002 (soit 3,9 millions d'euros sur un total de 4,6 millions d'euros 22( * ) ) bénéficiera de fait à TV5, pour améliorer l'audience de la chaîne francophone aux Etats-Unis... Le reste est affecté à RFI, sous tutelle du seul ministère de la Culture, au titre d'une « participation aux nouveaux développements prévus par RFI ».

Dans le deuxième cas, il demeure réservé sur l'usage ainsi fait des deniers publics.

Les deux tiers des mesures nouvelles (0,95 million d'euros, soit 6 millions de francs) bénéficieront aux organisations de solidarité internationale, le tiers restant étant affecté aux crédits non déconcentrés de coopération décentralisée . Les associations de volontaires (essentiellement l'AFVP - Association française des volontaires du progrès), et les crédits déconcentrés de coopération décentralisée ne bénéficient d'aucun crédit supplémentaire.

Votre rapporteur continue en outre de regretter que ces crédits ne soient pas rapprochés des crédits, inscrits au chapitre VI sur le FSP, qui sont affectés au financement de projets de développement mis en oeuvre par les collectivités territoriales françaises et les ONG. Ceci permettrait une meilleure appréhension de l'effort global effectué à cet égard et, par là-même, une évaluation plus efficace des actions mises en oeuvre à ce titre.

Tous les autres chapitres affectés, souvent en totalité, à la coopération avec les Etats en développement, sont, au mieux, strictement reconduits en francs courants, sinon, réduits.

c) Concours financiers et aide budgétaire : progression nulle

Après une baisse de 6 % en 2001, les crédits finançant les concours financiers aux pays en développement sont strictement reconduits en francs courants.

Certes, ce chapitre, caractérisé par un rythme de décaissement irrégulier fait, depuis plusieurs exercices, l'objet de reports conséquents. Ainsi, fin 2000, le stock des reports s'élevait à 908 millions de francs (138 millions d'euros).

Cette situation s'est jusqu'à présent expliquée par le ralentissement des aides à l'ajustement structurel, résultant au départ de l'amélioration de la situation économique des pays bénéficiaires, mais aussi, depuis 1999, de l'ajournement de l'aide à certains pays en crise aigüe.

Mais il est illusoire d'estimer, comme sont tentés de le faire certains « budgétaires », que cette ligne de crédits est vouée à disparaître.

D'une part, on ne peut exclure la sortie de crise de certains bénéficiaires traditionnels actuellement hors jeu. D'autre part, la probabilité de voir apparaître de nouveaux clients potentiels n'est pas négligeable.

Mais surtout, l'application concrète de l' Initiative sur la dette en faveur des pays pauvres très endettés , et la mise en oeuvre de son corollaire spécifiquement français, les contrats dette-développement (CDD) se traduira sans doute par une forte remontée des besoins de financement. Or, aucun crédit nouveau n'est, à ce jour, prévu à ce titre.

d) Transport de l'aide alimentaire, aide humanitaire, aide d'urgence : progression nulle
(1) Transport de l'aide alimentaire

Les crédits affectés au transport de l'aide alimentaire sont strictement reconduits en francs courants à 14,94 millions d'euros (98 millions de francs).

Or, à volume d'aide constant, ce poste est affecté par les évolutions du cours du dollar et du baril de pétrole, et par la nécessité de recourir à des moyens logistiques plus onéreux dès lors qu'on assiste des personnes déplacées par des conflits.

La situation actuelle en Afghanistan ne permet pas d'exclure totalement la nécessité d'une intervention de la France à ce niveau, même si la préférence va aujourd'hui vers un monopole européen en la matière.

En tout état de cause, pour 2002, le seul maintien de nos engagements au titre de la convention de Londres nécessiterait une dotation de 25 millions euros. Il conviendrait d'y ajouter le règlement toujours en souffrance des dettes contractées au titre des années 2000 et 2001, soit 18 millions d'euros.

En d'autres termes, il « manque » d'entrée de jeu, et toutes choses égales par ailleurs, 28 millions d'euros (184 millions de francs).

(2) Aide aux sorties de crise

La prise en compte de la spécificité des actions à mettre en oeuvre pour faire face aux « situations de sortie de crise », dans le prolongement immédiat ou en parallèle des actions d'urgence et d'aide humanitaire, a conduit à l'identification d'un article spécifique (art. 51) au sein du chapitre 42-37. - « Autres interventions de politique internationale », intitulé « Opérations exceptionnelles - aides aux sorties de crise ».

Votre rapporteur se félicite de cette décision, qu'il avait réclamée l'an dernier, considérant que cet article, finançant exclusivement des interventions hors ZSP, généralement dans des situations de post-crise, n'avait rien à voir avec le Fonds de solidarité prioritaire sous le « chapeau » duquel il s'inscrivait.

Aucun crédit nouveau n'est toutefois prévu à ce titre. Le nouvel article est en effet entièrement nourri par le transfert, à niveau strictement reconduit en francs courants, des crédits précédemment inscrits au chapitre 68-91, art. 20 : Fonds de solidarité prioritaire - opérations exceptionnelles , soit 7,62 millions d'euros.

En 2001, la dotation initiale était de 7,6 millions d'euros (50 millions de francs) à laquelle se sont ajoutés 9,53 millions d'euros de reports. Les affectations ont été les suivantes pour le premier semestre :

- Aide à la reconstruction de la Serbie : 8 M€ (52 MF) 23( * )

. Balkans : 0,5 (schéma régional transport)

. Kosovo : 1,5 (complexe métallurgique et minier à Trepxca)

. Bulgarie : 6 (Pont Vidin-Calafat sur Djambe)

Les crédits ont été délégués à l'AFD pour l'exécution de ces opérations.

- Contribution volontaire à l'UNWRA (réfugiés palestiniens) 24( * ) : 0,76 M€ (5 MF)

(3) Fonds d'urgence humanitaire

Les crédits affectés au Fonds d'urgence humanitaire (chapitre 42-37, art. 21) sont également strictement reconduits en francs constants à 9,3 millions d'euros.

En 2000, le montant des crédits consommés a été légèrement supérieur à 10 millions d'euros, pour une trentaine d'opérations différentes.

La zone des Balkans a drainé l'essentiel des moyens (près de 7 millions d'euros). Viennent ensuite notamment une opération Guinée (0,84 million d'euros), une opération Mozambique (0,53 million d''euros), et une opération Ethiopie (0,42 million d'euros).

En 2001, le montant des crédits consommés au 20 août s'élevait à 4,06 millions d'euros pour 14 opérations. Les principales opérations ont été les suivantes :

- Guinée : 0,85 M€

- Afghanistan : 0,78 M€

- Salvador : 0,48 M€

- Yougoslavie : 0,52 M€

- Inde : 0,50 M€

e) Contributions à des dépenses internationales hors recherche : progression nulle

Une faible partie (moins de 12 %) des contributions obligatoires à des dépenses internationales est retenue au titre des moyens affectés à la coopération avec les Etats en développement. Il s'agit vraisemblablement des contributions au fonctionnement des agences des Nations-Unies spécialisées en ce domaine (OMS, OIT, UNESCO, ONUDI et FAO).

Parallèlement, la totalité des contributions volontaires est retenue à ce titre. Votre rapporteur émet quelques doutes sur la vocation des institutions de la francophonie, qui drainent environ la moitié des crédits de ce chapitre, à s'occuper exclusivement de coopération avec les pays en développement. Il lui semble qu'elles relèvent au moins autant de l'« action diplomatique » et de la « présence de la France à l'international ».

En tout état de cause, les crédits des contributions volontaires aux ressources générales des six fonds et programmes onusiens (PNUD, FNUAP, UNICEF, PAM, PNUE, PNUCID) ne progressent que très faiblement en 2002. Cette évolution peut être déplorée.

Les contributions volontaires ont en effet régressé de 67 % entre 1993 et 1998. Certes, une reprise a été enregistrée depuis 1999, mais elle ne cesse de s'essouffler : + 58 millions de francs en 1999, + 29 millions de francs en 2000, + 15 millions de francs en 2001 et + 2,8 millions de francs en 2000. De fait, les « indicateurs » sont éloquents : la France est aujourd'hui « tombée » au 12 ème rang mondial des pays donateurs, alors que d'aucuns estiment que 70 millions, à peine, suffiraient à la faire remonter dans les cinq premiers.

f) Coopération militaire : diminution de 5,6 %

Comme en 2001, la coopération militaire et de défense supporte seule les trois quarts des mesures d'économies demandées au budget des Affaires étrangères : - 6,2 millions d'euros (- 40,7 millions de francs), sur un total de 8,3 millions d'euros. En 2001, elle avait déjà subi une diminution de 34 millions de francs.

En trois ans, depuis la mise en oeuvre de la réforme du système français d'aide au développement (budget 1999) , les crédits de coopération militaire auront été réduits de 100 millions de francs, alors que son champ d'intervention aura été considérablement élargi. Les postes les plus touchés en 2002 seront les coopérants techniques (- 4,6 millions d'euros, soit - 7,3 % par rapport à 2001) et la formation des stagiaires (- 1,9 million d'euros, soit - 7,8 % par rapport à 2001).

Cette évolution est d'abord contraire aux décisions arrêtées à l'occasion de la réforme du système d'aide au développement par le Conseil de Défense du 3 mars 1998.

Conseil de Défense du 3 mars 1998

« - Redéploiement géographique, à crédits constants , de 10 % des crédits 1998 (790 millions de francs) sur trois ans, soit 26 millions de francs par an, des pays d'Afrique subsaharienne vers le reste du monde, avec une priorité pour l'Europe.

Certes, le redéploiement des crédits vers les nouveaux partenaires, en particulier l'Europe centrale, a été engagé : sur cette dernière région, les effectifs d'assistants militaires ont doublé et le budget a été majoré de 80 %. Mais notre présence sur le continent africain en a gravement souffert.

Mais surtout, dans le contexte international actuel, on mesure les conséquences de cet affaiblissement.

Dans un contexte international qui nécessite à l'évidence un effort accru en matière de sécurité intérieure et extérieure des états, de surveillance du territoire et de renseignement, le recul constant de nos moyens de coopération militaire en général, et sur le sous-continent africain en particulier, spécifiquement fragile et vulnérable, paraît aller en sens inverse de la politique que nous pourrions mener, précisément parce que nous y avions, patiemment, forgé des habitudes et ancré des positions.

g) Le nouveau chapitre 42-15 : fusion définitive des moyens d'intervention, au détriment de la coopération au développement

Un chapitre nouveau intitulé « coopération internationale et au développement » (chap. 42-15) regroupe désormais les anciens chapitres « coopération culturelle et scientifique » (chap. 42-11) et « coopération technique et au développement » (chap. 42-12), signant ainsi définitivement la dilution complète des moyens de l'ancien ministère de la coopération.

Au passage, les moyens du chapitre 42-15 dans sa totalité diminuent de 10,9 millions d'euros (71,5 millions de francs), en raison essentiellement du transfert des emplois des assistants techniques bénéficiaires de l'article 74 de la loi n° 84-16 modifiée (dite loi Le Pors) vers d'autres ministères (9,4 millions d'euros) 25( * ) .

Le chapitre 42-15 perd également 2,6 millions d'euros de crédits à la suite de divers transferts, essentiellement vers le titre III : crédits de formation des assistants techniques, crédits de communication de la DGCID, transformation des activités de certains établissements culturels (Port Louis, Pnom Penh, Singapour, Rangoon, Le Caire).

La non-reconduction des crédits financés sur réserve parlementaire représente un montant global de 0,84 million d'euros (5,51 millions de francs).

Les économies réalisées au titre de la révision des services votés s'élèvent enfin à 1,4 million d'euros (9,2 millions de francs).

Les mesures nouvelles dont bénéficient le chapitre 42-15 touchent exclusivement la composante « coopération culturelle et scientifique » : mise en place du programme de bourses d'excellence Major, destinées à prendre le relais des bourses d'excellence de l'AEFE après l'admission de ses élèves étrangers dans les grandes écoles ou en deuxième cycle universitaire en France, pour 1,52 million d'euros (10 millions de francs) ; accroissement de la diffusion des revues françaises et appui aux médiathèques, pour 0,765 million d'euros (5 millions de francs) ; réforme des instituts de recherche en Méditerranée pour 0,076 million d'euros (0,5 million de francs).

Tels que retracés par le jaune 2002, les moyens du chapitre 42-15 relevant strictement de la coopération avec les Etats en voie de développement sont marqués par une diminution de 20 millions d'euros (131 millions de francs), qui correspond d'ailleurs à une réduction de la part relative des crédits affectés à la coopération et au développement au sein de ce chapitre.

A la diminution globale des crédits du chapitre 42-15, s'ajoute donc une réimputation des moyens au profit de la coopération culturelle et scientifique, et au détriment de la coopération au développement. Cette évolution s'inscrit dans la droite ligne de la tendance suivie au cours des précédents exercices budgétaires.


Au sein même du chapitre 42-15, votre rapporteur souhaite s'arrêter sur la baisse sensible des crédits affectés aux organismes concourant aux actions de coopération (- 8 millions d'euros, soit  56,4 millions de francs), au profit sans doute d'une réallocation des moyens en faveur des crédits d'appui local aux projets de coopération délégués et déconcentrés, qui bénéficient d'une majoration de 7,15 millions d'euros (46,9 millions de francs).

Il considère, en effet, que cette diminution des moyens est justifiée.

Outre les versements effectués aux établissements dotés de l'autonomie financière (art. 10) soit 6,4 millions de francs en 2001, dont plus du tiers (2,3 millions de francs) pour le Centre Culturel et de Coopération de Hanoï, ces crédits bénéficient en effet à divers organismes (art. 20 et 30) qui sont souvent déjà largement subventionnés par d'autres ministères : Agence internationale de la Francophonie, Banque mondiale, CIRAD, Fédération Mondiale des Citées Unies, OCDE, Office international de l'Eau, ISTED.

Que, dans cette période de disette, le ministère des Affaires étrangères rajoute son écot à ces institutions déjà assez bien pourvues ne paraît pas indispensable .



Enfin, les crédits affectés aux actions menées par le Service des affaires francophones sont diminués de moitié, par transfert sur le chapitre 42-32, art. 21, recueillant les crédits de la francophonie. Les crédits du Fonds de coopération pour le Pacifique Sud sont reconduits en francs constants à 1,65 million d'euros (10,8 millions de francs).

h) La programmation de la DGCID : l'aide au développement et les pays pauvres servent de « variable d'ajustement »

L'analyse de la programmation 2001 de la DGCID, et celle de son évolution par rapport à 2000, font apparaître les éléments suivants :

- Sur un total de 4.698,4 millions de francs (716,3 millions d'euros) en 2001, la part dévolue à l'Afrique représente à peine plus du tiers.

La redistribution au sein d'une enveloppe réduite s'est faite au profit de l'Europe centrale et orientale (+46 millions de francs), du Proche et Moyen Orient (+22 millions de francs) et de l'Extrême-Orient et Pacifique (+19 millions de francs), et au détriment de l'Afrique (- 72 millions de francs).

Les trois premiers pays bénéficiaires des moyens (titre III et IV) de la DGCID sont le Maroc, la Tunisie et Madagascar. Parmi les dix premiers, on trouve l'Espagne, l'Allemagne et les Etats-Unis.

- En 2001, plus de la moitié des moyens de la DGCID ont été affectés à l'AEFE (2.036,4 millions de francs) et aux opérateurs audiovisuels (1.078 millions de francs). Les deux « secteurs » suivants sont la coopération culturelle et artistique (884 millions de francs) et la coopération universitaire et scientifique (694,3 millions de francs). Ce n'est qu'ensuite, souvent loin derrière, qu'on trouve le développement social (587 millions de francs), le développement économique et l'environnement (337 millions de francs), et la coopération institutionnelle (291,8 millions de francs).

De fait, les choix de programmation effectués en 2001 ont clairement privilégié les premiers (tous en progression) au détriment des seconds (tous réduits).

4. Subventions d'investissement (titre VI)

Les crédits du titre VI sont intégralement consacrés aux actions de coopération avec les Etats en développement.

a) La contribution française au Fonds européen de développement : des reliquats inadmissibles

Le budget 2002 est marqué par le transfert, sur le budget des Affaires étrangères, des crédits correspondant à la participation de la France au Fonds européen de développement (FED), jusqu'à présent inscrits au budget des Charges communes.

Le montant concerné est conséquent, puisqu'il s'agit de 3.353,4 millions d'euros (22 milliards de francs) en autorisations de programme et de 218,5 millions d'euros (1,43 milliard de francs) en crédits de paiement.

Ce regroupement, préconisé depuis longtemps par votre rapporteur, est bienvenu, dans la mesure où il améliore la lisibilité de l'effort consenti par la France en matière d'aide au développement. Pour autant, il ne doit pas inciter à l'avenir les services du Budget à céder à la tentation d'exciper d'une hausse de la contribution française pour diminuer d'autant les crédits du budget des Affaires étrangères.

En revanche, on ne peut que continuer de s'indigner devant l'importance du montant des « crédits en compte » au 1 er janvier 2001 sur le budget français au titre de la contribution française : 7,53 milliards d'euros (soit 49,4 milliards de francs) pour les autorisations de programme, et 4,54 milliards d'euros (soit 29,8 milliards de francs) 26( * ) pour les crédits de paiement, soit exactement le montant global de l'aide publique française prévue pour 2002.

Interrogé sur la justification de ce montant, et plus généralement sur la situation du FED, la Direction du Trésor a fourni des réponses qui, pour être nettement plus détaillées qu'à l'habitude, n'en restent pas moins peu satisfaisantes pour l'esprit 27( * ) .

Il en ressort que :

- le solde de l'enveloppe non engagée des FED antérieurs au 9 ème FED 28( * ) s'élève à 6,1 milliard d'euros (40 milliards de francs), soit le double d'une année d'aide bilatérale française ;

- le solde des engagements non décaissés sur les trois derniers FED s'élève à près de 9 milliards d'euros (57 milliards de francs). En particulier, le 8 ème FED n'a été décaissé qu'à hauteur de 15 %.

- fin 2000, la trésorerie du FED s'élevait à 263 millions d'euros
(1,7 milliard de francs) ;

Réponses du Trésor sur les versements du FED

« Chaque année, les versements nationaux au titre du FED sont proportionnels aux besoins de trésorerie de la Commission , qui sont fonction du rythme d'exécution des projets : outre les cycles habituels de chaque protocole financier du FED ( 5 ans en théorie, mais beaucoup plus en pratique compte tenu du poids de l'aide-projet et de la relative complexité de sa mise en oeuvre ), il faut également tenir compte de facteurs exogènes (suspension de l'aide dans les pays en guerre ou en crise) et de la nature cyclique de certains outils (Stabex, Sysmin, aide aux réfugiés, etc.). Les prévisions d'utilisation des ressources du FED ont donc un caractère approximatif.

« Les prévisions de la Commission pour l'exercice 2002 portent sur un montant de 2050 M€, correspondant normalement à une contribution de la France de 449 M€ (3.273 MFRF). Le montant de l'inscription budgétaire demandée a été fixé à 218 M€ (1.433 MFRF) pour tenir compte (i) des reports de crédits prévisibles à fin 2001 en raison notamment de l'apurement en cours des créances ouvertes Stabex, (ii) d'un surdimensionnement chronique des prévisions de la Commission , (iii) de la capacité réelle de mobilisation des ressources du FED et pour inciter la Commission à davantage de rigueur budgétaire. Cette contribution est évaluée au plus juste.

« Il convient de distinguer la situation de trésorerie du FED (263 M€ fin 2000) qui détermine le niveau et le rythme des appels à contribution, des reliquats sur enveloppe et des restes à liquider (engagements/paiements : 536 M€).

« Jusqu'à l'entrée en vigueur du 9 ème FED, il pourra être imputé des opérations programmées sur le solde de l'enveloppe des précédents FED (6,1 Md€). Après, les ressources non engagées des 6 ème , 7 et 8 ème FED seront intégrées dans le 9 ème FED.

« Les dispositions transitoires prévoient l'affectation de ressources non affectées soit à la poursuite d'actions engagées, soit à des actions particulières nouvelles (ex. aide aux réfugiés, coopération intrarégionale ). Ansi la contribution de l'UE à l'initiative PPTE (1 000 M€ en 2000) a été imputée sur ces reliquats. Il en sera de même pour une éventuelle participation de l'UE au Fonds Global Santé affecté actuellement à la lutte contre le Sida.

« La situation actualisée des reliquats sur enveloppes doit être fournie par la Commission. »...

L'importante réforme des mécanismes d'aide communautaire actuellement menée, avec la mise en place d'une nouvelle Direction Générale (Europaid) et une déconcentration importante des décisions au niveau des délégations locales 29( * ) est évidemment indispensable.

La lourdeur des procédures de décision, tant au niveau des engagements que des décaissements, a en effet conduit à une sous-utilisation massive des fonds européens et à un niveau des « restes à liquider » inquiétant au regard des exigences de bonne gestion des fonds publics, et surtout scandaleux compte tenu de l'ampleur des besoins des pays potentiellement bénéficiaires.

b) Le Fonds de solidarité prioritaire : une forme d'euthanasie

Les crédits du Fonds de solidarité prioritaire (FSP) poursuivent l'évolution à la baisse entamée depuis plusieurs exercices. Le déséquilibre des moyens au profit de l'Agence française de développement (AFD) est confirmé, ainsi que la rupture de l'équivalence entre autorisations de programme et crédits de paiement.

En 2002, les crédits du FSP s'établiront à 150,2 millions d'euros (985,5 millions de francs) pour les autorisations de programme, ce qui représente une réduction de 112 millions de francs par rapport à 2001, faisant suite à une diminution de 153 millions de francs par rapport à 2000, et à 112,2 millions d'euros (736 millions de francs) pour les crédits de paiement, soit une légère progression (+ 24 millions de francs) par rapport à 2001, qui permet seulement de retrouver le niveau de 2000.

Votre rapporteur continue d'être réservé sur les perspectives du FSP. Il constate en effet que les évolutions relevées l'an dernier, après la réforme, ne sont guère modifiées : diminution générale des moyens, compétence de nature résiduelle 30( * ) ; montée en puissance encore limitée dans les nouveaux pays de la Zone de solidarité prioritaire, à l'exception notable du Vietnam ; disparition réglementaire de la spécificité géographique avec le décret du 11 septembre 2000 31( * ) ; longévité excessive, pour ne pas dire euthanasie, de nombreux projets.

Votre rapporteur souhaite en particulier insister sur ce dernier point. Les réponses apportées à ses questions à ce titre font ressortir les éléments suivants :

- 394 projets sont encore « vivants » à ce jour et non clôturés ;

- Sur ce total, 54 datent d'avant 1997, 65 de 1997, 89 de 1998, 60 de 1999, 126 de 2000 ;

- Le montant global des projets antérieurs à 1997, ou datant de 1997 et encore vivants , s'élève à 918,85 millions d'euros (plus de 6 milliards de francs) (dont plus de la moitié pour des projets antérieurs à 1997), soit un montant qui représente le tiers des projets vivants actuellement ;

- Les principaux « bénéficiaires » de projets antérieurs ou datant de 1997 sont la Côte d'Ivoire (11 projets) ; la Mauritanie (7) ; le Sénégal (8) ; le Tchad (8), le Burkina Faso (6) ; Haïti (7).

Il n'est pas admissible de voir « traîner » encore aujourd'hui plus de six milliards de francs de projets datant d'avant 1997. Il n'est guère possible de considérer, compte tenu du caractère particulièrement « volatil » de la situation politique (et donc des interlocuteurs) et économique de nos partenaires, que tous ces projets aujourd'hui ont encore un sens, ou une utilité.

Heureusement qu'à côté du « dynamisme » de l'aide européenne, notre pays reste encore un modèle...

c) L'Agence française de développement : de l'opérateur-pivot au concepteur unique ?

L'AFD est devenue « opérateur-pivot » de l'aide française au développement depuis la réforme du dispositif français annoncée le 4 février 1998 : « Dans le cadre des orientations définies par le CICID, l'essentiel des projets et des programmes d'aide au développement [est] désormais confié à l'AFD ».

De fait, ses interventions représentent désormais environ 25 % de l'aide publique bilatérale française.

En 2000, le groupe AFD a engagé près de 1,2 milliard d'euros (7,9 milliards de francs) pour son compte propre, dont 63 % sous forme de concours aux Etats étrangers. Les engagements d'aide-projet dans les pays en développement sont restés stables. Son activité se concentre sur les pays les plus pauvres : l'AFD intervient dans 41 des 48 pays classés par l'ONU comme pays à très faible revenu.

Votre rapporteur notera tout d'abord que l'analyse de la liste des projets encore « vivants » gérés par l'AFD appelle les mêmes réserves relatives à la prolongation excessive de certains d'entre eux.

Ainsi, sur un total de 344 projets financés sur subventions encore en cours de décaissement, 95, soit plus du quart, ont entre 5 et 11 ans : 3 datent de 1990 ; 2 de 1991 ; 4 de 1992 ; 7 de 1993 ; 20 de 1994 ; 24 de 1995 ; 34 de 1996.

Sur un total de 179 projets financés sur prêts encore en cours de décaissement, 62 projets, soit plus du tiers, ont entre 5 et 9 ans : 5 datent de 1992 ; 3 de 1993, 12 de 1994, 15 de 1995, 27 de 1996.

C'est évidemment trop, au regard d'une utilisation efficace des deniers publics, et s'agissant d'une institution qui ne méconnaît pas en principe les ratios de rentabilité 32( * ) .

Votre rapporteur considère ensuite que les modalités de financement des activités pour compte propre de l'AFD sont peu lisibles 33( * ) .

Il n'est pas certain que les modalités actuelles des relations financières entre l'Etat et l'AFD soient les plus économes des deniers publics, les plus responsabilisantes pour l'établissement, et les plus transparentes pour le Parlement. Une réforme paraît souhaitable, qui tiendra compte en outre des conclusions des différents audits auxquels l'AFD a été soumise (Cour des comptes et Inspection générale des finances notamment) et visera notamment à renforcer les procédures de contrôle de gestion et d'analyse financière et comptable.

Outre les mesures budgétaires inscrites sur le budget des Affaires étrangères (chap. 68-93, article 30), l'AFD se finance sur des ressources de marché bonifiées par le Trésor 34( * ) , sur des emprunts auprès du Trésor 35( * ) , et enfin sur des ressources à condition de marché, sans garantie de l'Etat. Ces différentes ressources sont « mixées » en fonction des produits selon des règles complexes.



La part du financement sur ressources budgétaires a tendance à baisser : elles ne représenteront en 2002 que 13,1 % des ressources totales de l'AFD, contre 21,4 % en 1997. Parallèlement, celle des ressources bonifiées par le Trésor et des emprunts auprès du Trésor augmente.

Il reste que, s'agissant des ressources budgétaires, les crédits affectés à l'AFD sont devenus supérieurs à ceux alloués au FSP. Pour 2002, ils s'établissent à 152,5 millions d'euros (1.000,3 millions de francs) pour les autorisations de programmes (AP), ce qui équivaut à une réduction de 140 millions de francs par rapport à 2001, et à 137,2 millions d'euros (899,9 millions de francs) pour les crédits de paiement (CP), ce qui correspond à une stricte reconduction en francs courants.

L'année dernière, votre rapporteur avait déjà souligné l'écart conséquent entre le niveau des autorisations de programme (173,8 millions d'euros) et celui des crédits de paiement (137,2 millions d'euros), pour s'inquiéter d'un risque de crise des paiements en fin d'exercice . Celle-ci est d'ores et déjà avérée et devra être financée en collectif de fin d'année. En effet, en 2000, le décalage entre autorisations de programme et crédits de paiement s'est traduit par une clôture avec un déficit de 63 millions de francs. Compte tenu des prévisions de décaissements pour 2001 (950 millions de francs) et du niveau des crédits de paiement ouverts, ce déficit pourrait être porté à 113 millions de francs fin 2001 . 36( * )

Réduit en 2002 à 15 millions d'euros, l'écart entre AP et CP persiste tout de même et conduit donc aux mêmes observations.

Enfin, un certain nombre de procédures, censées garantir la tutelle, ont été mises en place avec la réforme du dispositif d'aide au développement : document d'orientation annuel établi par le CICID, débat stratégique annuel en Conseil de surveillance de l'AFD, réunion des tutelles organisées par le ministère des finances avant chaque Conseil de surveillance.

Elles butent toutes, en réalité, sur un défaut fondamental : l'absence de définition d'une politique française d'aide au développement. Seul, en définitive, le dispositif a été réformé .

Cette déficience lourde est aujourd'hui de plus en plus perceptible, notamment dans les enceintes multilatérales auxquelles la France consacre des moyens croissants, et dans lesquelles elle entend exercer une influence renforcée.

Il en résulte aujourd'hui que l'AFD, au-delà de son rôle d'opérateur-pivot, se voit désormais confié celui de concepteur. Actuellement en cours de rédaction itérative entre les différentes tutelles, la lettre de mission du nouveau directeur général 37( * ) devrait, en effet, notamment comporter l'idée que « l'AFD devra, au-delà de ses activités de projets, jouer un rôle moteur dans l'élaboration de conceptions nouvelles et cohérentes en matière de développement 38( * ) .

Votre rapporteur estime que ce n'est pas le rôle d'un établissement public, fût-il l' « opérateur-pivot » de l'aide française au développement, de définir la politique mise en oeuvre par le Gouvernement, sauf à souligner une carence bien regrettable en ce domaine.

PRINCIPALES OBSERVATIONS

1. Le 11 septembre 2001 : quelles leçons pour l'aide publique au développement ?

Les événements du 11 septembre dernier auront au moins, d'une certaine façon, contribué à rappeler l'ampleur de la fracture qui s'élargit chaque jour entre pays riches et pays pauvres. Les quatre cinquièmes de la population du monde vivent aujourd'hui dans les pays en développement et un cinquième (1,3 milliard de personnes) vit dans une situation d'extrême pauvreté, avec moins de un dollar par jour. Leur nombre va croissant. Les 20 % des habitants de la planète les plus pauvres se partagent à peine plus de 1 % du revenu mondial en 2000, contre 2,3 % en 1960.

Cette situation est évidemment porteuse de risques majeurs. La mondialisation aujourd'hui si médiatisée est un redoutable révélateur des diversités, des disparités, de la chance insolente des uns et des malheurs de tant d'autres. La « globalisation » soulève quant à elle des questions transversales : développement durable, risques sanitaires, préservation de l'environnement, sécurité physique, juridique et financière.

Au cours de la prochaine décennie, les pays émergents devront « transformer l'essai » de leur réussite économique par des évolutions institutionnelles et sociales de nature à consolider et enraciner durablement leur développement. Quant aux pays pauvres, exclus des apports de capitaux privés et de l'accès aux marchés mondiaux, particulièrement vulnérables aux phénomènes naturels, aux fluctuations des marchés et aux intégrismes violents, ils ne sont pas en mesure de répondre à la dégradation de leur situation sans une aide extérieure à la hauteur des besoins

Une mobilisation renforcée de la communauté internationale en faveur de l'aide au développement est évidemment indispensable et urgente si l'on veut éviter que la mondialisation ne se traduise par la marginalisation accrue d'une population qui tend à dominer la planète par son nombre, avec les risques qui en découlent.

2. L'aide publique française : 10 % de moins depuis 1996

Dans ce contexte général, qui n'est pas nouveau mais que les événements du 11 septembre ont remis au premier plan de l'actualité, on ne peut que déplorer la régression constante, continue et quasi-systématique de l'effort français en matière d'aide publique au développement. De 1996 à 2001, l'APD française aura diminué de plus de 3 milliards de francs (0,5 milliards d'euros), soit 10 % de moins en cinq ans en francs courants.

Ces chiffres sont désormais en totale contradiction avec la volonté affichée par la France de se poser en chantre -voire en champion- de l'aide au développement. Notre pays conserve désormais difficilement le premier rang au sein du G7 en termes d'effort d'aide rapporté au PNB. Il est en effet désormais talonné par la Grande-Bretagne, qui le dépasse en termes de montant absolu d'aide. Et il recule au huitième rang des pays de l'OCDE.

Entre 1999 et 2000, l'aide française aura encore régressé de près de 14 %, alors que l'évolution moyenne des pays de l'OCDE s'est limitée à moins 2 %... et que le Royaume-Uni a progressé de près de 40 %.

La priorité politique donnée par la Grande-Bretagne à l'aide au développement doit être soulignée, et son exemple médité. Le Gouvernement britannique a majoré de 5,5 % en termes réels le budget du Department for International Development qui, contrairement à la France, est désormais autonome vis-à-vis du Foreign Office. Il s'est engagé à porter son effort à 0,33 % du PNB en 2003, soit plus que la France aujourd'hui. Il prépare déjà un nouveau Livre Blanc sur le développement, expressément articulé autour des changements induits par la mondialisation. Par ailleurs, il a jugé utile d'adresser à ses fonctionnaires présents à Bruxelles dans ce secteur -une cinquantaine- une note intitulée : « Comment influencer l'aide européenne » ...

En outre, contrairement à une volonté affichée et réitérée, l'aide française ne bénéficie pas en priorité aux pays pauvres. Les pays les moins avancés perçoivent en effet moins du quart de l'aide française, soit exactement autant que les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et les pays à revenu élevé -qui comprennent il est vrai la Nouvelle Calédonie et la Polynésie. Les pays les plus pauvres de la planète (pays les moins avancés et pays à faible revenu) en recueillent à peine la moitié.

Au cours des dix dernières années, ce sont bien les pays les moins avancés qui ont fait les frais de la redistribution sous contrainte budgétaire : de 1989 à 1999, leur part dans une aide publique en forte baisse est passée de près du tiers (32,5 %) à à peine plus du cinquième (21,4 %).

En réalité, la baisse globale de l'aide publique française résulte exclusivement de la chute de l'aide bilatérale, qui aura perdu près de 7 milliards de francs (1,07 milliard d'euros) entre 1996 et 2001, soit plus du quart du montant atteint en 1996.

Or, au sein même de l'aide bilatérale - la plus lisible pour les états partenaires -, c'est l'aide-projet - la plus lisible pour les populations concernées -, qui aura le plus diminué.

En effet, le ralentissement de l'aide-programme liée à l'ajustement structurel, en raison notamment de l'adoption de la doctrine d'Abidjan, mais aussi de l'amélioration de la situation économique de certains bénéficiaires, ne s'est pas accompagné comme il aurait pu l'être d'une progression parallèle de l'aide-projet.

Seuls sont demeurés impavides, en définitive, dans ce naufrage de l'aide bilatérale, les frais administratifs... Leur part dans le total de l'aide bilatérale est de fait passée de moins de 6 % en 1995 à près de 8 % en 1999.

3. Le canal communautaire : éviction, dilution et inefficacité

La chute de l'aide bilatérale s'est accompagnée en parallèle d'une progression considérable en valeur absolue de notre aide multilatérale, essentiellement liée au poids croissant d'une aide européenne désormais directement gérée - si l'on peut dire ! - par Bruxelles. Au total, la contribution française (contribution au budget européen plus contribution au Fonds européen de développement) est passée de 8,6 milliards de francs(1,31 milliard d'euros) en 1996 à près de 12 milliards de francs (1,83 milliard d'euros) en 2001, pour représenter désormais près du quart de l'aide publique française (contre moins de 13 % en 1996).

Une telle évolution comporte au moins deux risques.

Le premier est relatif à la lisibilité de l'effort français. La régression de l'aide bilatérale au profit d'une aide multilatérale « apatride » sert manifestement la volonté politique de certains de nos partenaires : la position des « elit donnors » européens (le britannique et surtout les nordiques) est à cet égard révélatrice. Il convient d'ailleurs de s'interroger sur les conséquences à terme de la double évolution qui conduit la France à retirer massivement ses assistants techniques présents sur le terrain tandis que, dans le même temps, la Communauté prévoit d'envoyer 400 coopérants supplémentaires sur place. Il ne manquerait plus que l'Europe élimine les Français dont le savoir-faire est reconnu et apprécié, au profit des pays de l'Europe du Nord dont on connaît l'intégrisme et le dogmatisme à l'égard des pays aidés et la sévérité à l'égard de la conception française de l'aide aux pays pauvres.

La baisse globale de notre effort d'aide publique au développement se trouve alors démultipliée, en termes de lisibilité et d'affichage, par l'effet du renforcement des moyens du canal communautaire, qui hélas n'en fait rien !

Le second, moins « égocentré », est lié à l'inefficacité, à la lenteur de la mobilisation, au gaspillage des fonds communautaires affectés à l'aide au développement.

Aucun chiffre n'est disponible concernant le décaissement des crédits inscrits au budget de la Communauté au titre de l'aide au développement et financés par une partie du prélèvement sur recettes du budget général français. Or la contribution française à ce titre s'élève à environ 6,5 milliards de francs (un peu moins de 1 milliard d'euros).

Mais s'agissant seulement des fonds du FED gérés par Bruxelles, fin 2000 (dernier chiffre transmis par la Commission Européenne), le solde de l'enveloppe non engagée des FED antérieurs au 9 ème FED -non encore en vigueur, puisque l'accord de Cotonou n'a pas été ratifié par tous les partenaires, et notamment pas par la France- s'élevait à 40 milliards de francs (6,1 milliards d'euros), soit le double de l'aide bilatérale française. Le solde des engagements non décaissés s'élevait à 57 milliards de francs (près de 9 milliards d'euros). La trésorerie du FED, de ce fait, atteignait 1,7 milliard de francs (263 millions d'euros). C'est un épouvantable gâchis et une escroquerie morale à l'égard de tous ceux qui souffrent et qui attendent en vain que le « volapük » européen se traduise enfin dans leur vie quotidienne.

Ces seuls chiffres, qui ne concernent que la moitié de l'enveloppe communautaire, sont inquiétants au regard des exigences de bonne gestion des fonds publics, et surtout insupportables compte tenu de l'ampleur des besoins des pays potentiellement bénéficiaires.

4. Les crédits inscrits pour 2002 au budget des Affaires étrangères : l'absence d'une vraie réponse française

En 2002, le budget des Affaires étrangères le montre clairement : notre action extérieure ne figure manifestement plus au rang des priorités gouvernementales. Et au sein même du budget des Affaires étrangères, la coopération et l'aide au développement sont de plus en plus sacrifiées. Au total, l'aide au développement française, et l'image de la France dans le monde, souffriront doublement de cette situation.

Certes, les événements du 11 septembre, et les analyses auxquelles ils ont pu donner lieu, sont intervenus après les arbitrages budgétaires. Mais on ne saurait sérieusement les qualifier d' « accident conjoncturel ». La France affiche en outre, aux plus hauts niveaux de l'État, depuis longtemps, et quotidiennement depuis les tristes événements de New York et de Washington, un discours constant sur la nécessité de renforcer « la lutte contre la pauvreté » et l'aide au développement.

Les chiffres sont éloquents, pour ne pas dire consternants : concours financiers et aide budgétaire : évolution nulle ;aide alimentaire : évolution nulle ; aide humanitaire et aide d'urgence : évolution nulle ; aide aux sorties de crise : évolution nulle ; contributions à des dépenses internationales, hors recherche : évolution nulle ; coopération militaire : - 5,6% ; coopération technique et au développement : - 20 %.

D'une manière générale, la part dévolue aux actions de coopération dans les dépenses de fonctionnement comme dans les dépenses d'intervention du ministère régresse. Cette évolution est particulièrement sensible pour les moyens d'intervention, dont la part dédiée à la coopération et à l'aide au développement passe de 52,2 % du total en 2001 à 49,4 % en 2002.

La légère progression des moyens de fonctionnement du ministère enregistrée en 2002 ne bénéficie pas aux actions de coopération et d'aide au développement, à l'exception singulière du HCCI (Haut Conseil de la Coopération Internationale) dont l'utilité et la pertinence sont loin d'être démontrées, et qui hérite pourtant de sept emplois nouveaux.

Les moyens d'intervention affectés aux actions de coopération et de développement, qui représentent désormais à peine plus de 20 % du total du budget du ministère, sont amputés de 171 millions de francs (26,1 millions d'euros).

Lorsque la DGCID doit effectuer des arbitrages de programmation au sein d'une enveloppe en réduction, elle privilégie systématiquement l'Europe centrale et orientale et le Proche et Moyen-Orient et diminue cruellement les crédits africains ; elle majore les moyens de la coopération culturelle et artistique et de l'audiovisuel - qui ne nourrissent pas les affamés 39( * ) - en amputant ceux de la coopération économique et institutionnelle. Lorsqu'il faut geler, puis annuler des crédits en fin d'exécution budgétaire, pour régler les rémunérations des effectifs à l'étranger et les contributions obligatoires de la France, ce sont les chapitres de la coopération au développement et de la coopération militaire qui passent à la « casserole ».

Une telle évolution confirme les craintes exprimées l'an dernier. Au terme de la réforme du dispositif français d'aide au développement, l'ancien ministère de la coopération, les moyens dont il disposait, son champ d'intervention privilégié, se sont totalement dissous au sein du ministère des affaires étrangères.

De fait, en 2002, les priorités du ministère - qui ne sont pas toutes contestables - sont les suivantes : le réseau des établissements culturels, le personnel du ministère, les français de l'étranger, les étudiants étrangers, le traitement des demandes d'asile, l'audiovisuel extérieur... et les Balkans.

A ce rythme, il n'est pas sûr que la France puisse durablement tenir le discours qui lui vaut encore tant de considération, au moins dans les enceintes internationales. Sa réputation est en jeu, car elle risque de n'être bientôt plus prise au sérieux.

D'autant que la grande réforme de l'aide publique française s'est arrêtée à celle de son seul dispositif administratif - d'une lourdeur effrayante - sans déboucher aucunement, bien au contraire, sur la définition claire d'une nouvelle et crédible politique française du développement. Les querelles, nombreuses, furent essentiellement « de boutique », et jamais de doctrine. Et la tutelle en est aujourd'hui réduite à laisser à un opérateur, certes « pivot », -l'Agence française de développement- le soin de « jouer un rôle moteur dans l'élaboration de conceptions nouvelles et cohérentes en matière de développement »...

5. Les lacunes de l'analyse budgétaire et, partant, du contrôle exercé

Treize milliards de francs d'aide publique au développement (2 milliard d'euros environ) échappent d'abord à une inscription budgétaire identifiable, et donc au contrôle parlementaire susceptible d'être exercé.

Cette somme considérable recouvre pour moitié ce qui correspond au financement par la France des dépenses d'aide financées sur le budget général de la commission européenne. Ce budget est en effet financé par le biais d'un prélèvement sur recettes du budget général. Elle correspond ensuite à des annulations de dettes, traitées sous forme d'un transfert au compte de découvert du Trésor, et à la partie des prêts faisant l'objet d'un financement partiel sur le marché. Elle recouvre enfin le coût des études supérieures d'étudiants étrangers en France, en provenance de pays en développement, évalué à 2,2 milliards de francs en 1999, et en constante progression.

Par ailleurs, près de 3 milliards de francs d' « aide au développement » transitent par différents ministères techniques autres que les Affaires étrangères et Bercy, soit plus du quart du total des moyens affectés à la Direction générale de la coopération internationale au développement (DGCID).

Une part importante de ces moyens constitue de plus en plus des facilités ou des compléments accordés à certains grands organismes de recherche, -qui bénéficient d'ailleurs également de crédits sur le budget des affaires étrangères- dont l'efficacité en matière d'aide au développement gagnerait parfois à être mieux démontrée. Les mêmes interrogations prévalent également, s'agissant de l'action -coûteuse- menée par le ministère de l'Emploi et de la solidarité par le biais d'un « GIP-Inter » ou des activités financées par le ministère de la Culture (compte tenu de l'importance des moyens par ailleurs mis en oeuvre sur ce secteur par la DGCID).

Votre rapporteur n'a, à ce jour, reçu aucune réponse aux questions posées sur tous ces sujets.

Ceci l'amènera à devoir procéder par missions de contrôle. Dans un contexte de baisse aussi forte de l'aide publique française, il paraît en effet indispensable de mesurer l'efficacité des quelques 500 millions d'euros (3 milliards de francs) gérés par les ministères « techniques », dont 32 millions d'euros (210 millions de francs) en seuls coûts de fonctionnement.

6. Conclusion

Les événements du 11 septembre 2001 appellent évidemment d'innombrables analyses, dont beaucoup restent encore à venir. Il en est une qui paraît incontestable : l'urgence qu'il y a, fût-ce, égoïstement, pour préserver la sécurité des démocraties développées, à tenir compte de l'appel des pays pauvres.

Dans ce contexte, qui n'est pas nouveau, l'aide française paraît doublement s'égarer.

D'aucuns diront que la diminution globale de notre effort -moins 10 % depuis 1996- se justifie par les contraintes de la rigueur budgétaire, les ukases européens en la matière -l'Europe, déjà-, et la nécessité de répondre en priorité à nos propres besoins sociaux. Peut-être.

Mais le choix même des moyens au sein de cette enveloppe en peau de chagrin paraît désastreux.

Le choix européen d'abord : s'en remettre toujours plus à l'Europe, en confiant désormais le quart de notre effort en la matière à un canal communautaire totalement bouché dans le sens du retour, constitue la pire option politique et économique.

Erreur politique d'abord, parce que la régression de l'aide bilatérale au profit d'une aide multilatérale « apatride » sert manifestement, à notre détriment, la volonté politique de certains de nos partenaires qui combattent sournoisement notre action avec notre argent. La position des « elit donnors » que sont les britanniques et les nordiques, est à cet égard révélatrice : il faut faire définitivement disparaître les « chasses gardées », et la France est la première visée du fait de l'ampleur de son « champ » traditionnel.

Il ne s'agit pas là d'une simple réaction cocardière, ou d'une animosité particulière à l'égard de l'Europe.

Car l'option économique est tout aussi mauvaise. Les lourdeurs administratives et réglementaires des processus bruxellois, le cloisonnement des administrations, l'absence de direction politique font qu'aujourd'hui les fonds communautaires sont enlisés. Fin 2000, il restait encore près de 60 milliards de francs (9 milliards d'euros) à décaisser pour les seuls fonds du FED, soit trois fois le montant annuel de l'aide bilatérale française. Et on ignore le taux réel de décaissement de l'aide financée sur le budget communautaire, soit près de 7 milliards de francs (moins de 1 milliard d'euros).

A moins qu'il ne s'agisse, en définitive, d'une forme de cynisme gouvernemental : on peut bien faire semblant de donner davantage à l'aide au développement en augmentant la contribution européenne, puisque toutes ces dépenses ne seront que virtuelles.

La prépondérance croissante donnée au culturel ensuite : le vieil antagonisme entre les « cultureux » du Quai d'Orsay et les « va-nu-pieds » de la rue Monsieur s'est résolu à l'avantage des premiers. La seule analyse de l'évolution des crédits budgétaires depuis la fusion des deux ministères démontre que, progressivement, les crédits d'action culturelle, artistique et audiovisuelle prennent le pas, à chaque arbitrage budgétaire, sur les crédits de coopération au développement. Là encore, il ne s'agit pas de renier l'importance de la présence de la culture française dans le monde. Mais les affamés et les malades n'ont que faire des nourritures de l'esprit, fussent-elles d'excellence.

En réalité, la rue Monsieur n'a pas fusionné avec le Quai d'Orsay : elle y a été dissoute.

Le retrait de la coopération militaire enfin. Dans un contexte qui nécessite à l'évidence un effort accru en matière de sécurité intérieure et extérieure des états, de surveillance du territoire et de renseignement, le recul constant de nos moyens de coopération militaire en général, et sur le sous-continent africain en particulier, spécifiquement fragile et vulnérable, paraît aller en sens inverse de la politique que nous pourrions mener, précisément parce que nous y avions, patiemment, forgé des habitudes et ancré des positions.

La France risque, à ce rythme, de ruiner des décennies d'efforts et de rentrer peu à peu dans le rang des pays banalisés et sans influence.


* Voir en annexe la définition de l' « aide publique au développement ».

1 L'aide aux Territoires d'outre-mer est demeurée, elle, constante : de 4,7 milliards de francs en 1996 à 4,9 milliards de francs en 1999, soit le quart du total de l'aide bilatérale .

2 Jaune annexé au PLF 2002. Etat récapitulatif des crédits concernant à la coopération avec les Etats en développement.

3 De ce fait, seuls les chiffres 2001 seront analysés ici.

4 La quote-part française au FED -24,3 %- est très supérieure à la contribution au budget de l'Union -17 %-. Mais c'est le prix qu'il a fallu payer pour obtenir l'augmentation du FED.

5 On évoquera ici le contre-exemple de l'administration centrale britannique, qui a envoyé à 50 de ses fonctionnaires à Bruxelles une note intitulée « Comment influencer l'aide européenne », accompagnée de demandes de renseignements et de propositions...

6 OCDE - Coopération pour le développement - Rapport annuel du CAD - Juin 2001.

7 qui témoigne ainsi, dans ce secteur comme dans d'autres, d'une claire volonté politique de jouer un rôle accru sur la scène internationale.

8 Les Etats-Unis, eux, étant bons derniers...

9 Lequel, en sens inverse de l'évolution française, a acquis récemment son autonomie par rapport au Foreign Office.

10 3,3 milliards d'euros en autorisations de programme

0,22 milliard d'euros en crédits de paiement.

11 Votre Rapporteur avait adressé en juillet un questionnaire spécifique à chacun de ces trois ministères relatif à l'utilisation des ces crédits « concourant à la coopération avec les Etats en développement ». Le 15 novembre il n'avait toujours reçu aucune réponse.

12 On ne peut que citer à nouveau la formule selon laquelle, désormais, l'assistance technique en matière de coopération au développement doit être considérée comme « une parenthèse dans un parcours professionnel » ...

13 Cf. l'analyse développée par J. Chaumont, rapporteur spécial du budget des affaires étrangères.

14 Dont le quart, soit 2,92 millions d'euros, pour les 18 centres installés en Allemagne.

15 Actuellement au nombre de 26.

16 Placé auprès du Premier ministre, le HCCI ne relève pas de la tutelle du ministère des Affaires étrangères. De fait, votre rapporteur estime que ses moyens devraient être inscrits au budget des Services Généraux du Premier ministre .

17 Le HCCI bénéficie par ailleurs de 3 postes mis à dispositions par le ministère de l'Économie, 1 poste mis à disposition par l'Education nationale et 1 poste par la Défense.

18 La réponse précise toutefois que « [ le HCCI] ne semble pas pour autant reconnu comme leur porte-parole par l'ensemble des acteurs non gouvernementaux, qui préfèrent un dialogue direct et opérationnel avec l'administration et les ministres » !...

19 Charles Josselin, ministre délégué chargé de la Coopération.

Commission des Finances de l'Assemblée nationale - 18 octobre 2001.

20 dont 18 millions de francs sur la coopération culturelle, 67 millions de francs sur la coopération technique et 40 millions de francs sur la coopération militaire.

21 dont 50  millions de francs sur le FSP et 50 millions de francs sur l'AFD.

22 23 millions de francs sur un total de 30 millions de francs.

23 En 2000, la Force de protection au Kosovo a bénéficié de 0,40 M€.

24 En 2000, l'UNWRA a bénéficié de 0,84 M€.

25 Essentiellement Education nationale, Agriculture et pêche, Equipement, transports et logement, et Economie, finances et industrie.

26 Page 74 du bleu 2001.

27 La qualité et le volume des réponses apportées par Bercy doivent être soulignées, et constituent un progrès considérable par rapport à l'exercice précédent, même si leur réception un peu tardive ne laisse pas tout le temps nécessaire à leur bonne exploitation.

28 Non encore en vigueur, puisque l'accord de Cotonou n'a pas encore été ratifié par tous les partenaires, notamment pas par la France .

29 Cette politique doit être soulignée. Elle se traduit en effet par un renforcement des effectifs des délégations locales, avec le redéploiement progressif sur le terrain de 400 personnes en deux ou trois ans . Soit un mouvement exactement inverse de celui que nous pratiquons avec l'assistance technique française .

30 Dans le cadre des orientations définies par le CICID, « l'Etat ne conserve la gestion directe que des crédits d'aide au secteur de souveraineté (justice, état de droit, défense, police) ».

31 Aux termes duquel le FSP « peut financer, à titre exceptionnel, des opérations d'aide et de coopération situées, le cas échéant, hors de la ZSP » (décret n° 2000-880).

32 Un des facteurs tient notamment à un décalage parfois supérieur à 1 an entre la date de passage en Conseil de surveillance et la date de signature de la convention avec le partenaire. Quel est véritablement l'intérêt de faire passer au Conseil des projets si manifestement prématurés ?

33 Votre Rapporteur conteste évidemment la suggestion faite par la Cour des comptes de « sortir » la représentation parlementaire du Conseil de surveillance de l'AFD. Il craint de penser qu'il s'agit-là d'une sorte de « réaction » à un échange un peu vif qu'il eut un jour avec un membre de la Cour des comptes représentant l'Etat au Conseil, au cours duquel il s'était étonné du montant de certains frais administratifs de la Cour...

34 L'AFD lève auprès des marchés financiers des emprunts et reçoit du Trésor une subvention au gré des échéances de ces emprunts sous forme de bonifications d'intérêt.

35 30 ans dont 10 ans de différé à 0,25 %.

36 De fait, cette estimation était encore inférieure à la réalité. Le collectif de fin d'année qui vient d'être déposé par le Gouvernement prévoit une ouverture de 196,8 millions de francs pour « ajustement des crédits de l'AFD ».

37 Jean-Michel Severino, par ailleurs rapporteur des travaux du groupe de travail présidé par Jean-Louis Bianco sur « Globalisation, gouvernance et développement » :

« Un autre monde est possible » - Fondation Jean Jaurès - (2 tomes) - mars et août 2001.

38 Source : réponse au questionnaire budgétaire.

39 Danton a dit en son temps : « Après la faim, l'éducation est le premier besoin du Peuple ».