Charges communes
Yves FRÉVILLE
Table des matières
- I. INTERVENTIONS POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES ET ACTION INTERNATIONALE
-
II. INTERVENTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
- A. LES DÉPENSES DE GARANTIE
- B. LES SECOURS AUX VICTIMES DE SINISTRES ET CALAMITÉS
- C. L'ENCOURAGEMENT À LA CONSTRUCTION IMMOBILIÈRE
- D. LES VERSEMENTS À DIVERS RÉGIMES OBLIGATOIRES DE SÉCURITÉ SOCIALE
- E. LES AIDES EN FAVEUR DES RAPATRIÉS
- F. LA MAJORATION DES RENTES VIAGÈRES
- G. LE FONDS D'INDEMNISATION DES TRANSFUSÉS ET HÉMOPHILES
- III. GESTION DE LA DETTE ET DE LA TRÉSORERIE DE L'ÉTAT
- IV. LES DÉPENSES EN ATTÉNUATION DE RECETTES
- V. POUVOIRS PUBLICS
- VI. DÉPENSES COMMUNES DE PERSONNEL
- VII. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
PROJET
DE LOI DE FINANCES POUR 2002
NOTE DE PRÉSENTATION
BUDGET DES CHARGES COMMUNES
***
RAPPORTEUR SPÉCIAL : M. YVES FRÉVILLE
***
Le
budget des charges communes recense les crédits qui, destinés
à l'ensemble des services de l'Etat ou à plusieurs d'entre eux,
ne peuvent être inscrits dans le budget d'un ministère particulier.
Dans le projet de loi de finances pour 2002, ses crédits
s'élèvent au total à
117,02 milliards d'euros
(767,63 milliards de francs), composés uniquement de
dépenses ordinaires. Les dépenses en capital, qui ne
représentaient que 0,19 % du total en 2001, disparaissent.
Le périmètre du budget des charges communes ne devrait subir
qu'une modification limitée en 2002, portant sur 73,18 millions d'euros
(480 millions de francs) alloués à la majoration
légale des rentes mutualistes des anciens combattants, et
transférés au budget du département ministériel en
charge de ceux-ci, et sur 218 millions d'euros (1,43 milliard de francs) en
dépenses en capital correspondant à la contribution de la France
au fonds européen de développement, désormais inscrits au
budget du ministère des affaires étrangères. Il convient
de rappeler que, en 2001, le budget des charges communes avait prévu des
transferts d'un montant supérieur à 3 milliards d'euros (20
milliards de francs).
En revanche, le projet de loi de finances pour 2002 crée un
nouvel
agrégat 32 « Dépenses en atténuation de
recettes »
au sein du budget des charges communes, qui en compte
désormais six. Il procède également à des
modifications internes aux agrégats. Surtout, il présente une
première esquisse de programme
au sens de la loi organique du
1
er
août 2001 relative aux lois de finances,
au titre de la
gestion de la dette et de la trésorerie de l'Etat
.
Les dégrèvements et remboursements d'impôts atteignent
62,66 milliards d'euros
(411,02 milliards de francs), contre 56,02
milliards d'euros (367,47 milliards de francs) en 2001, soit une
progression
sensible de près de 12 %
, après + 10,8 % en 2001.
Par ailleurs,
les recettes d'ordre
encaissées en 2002, du fait
des procédures d'émission de la dette publique,
s'élèvent à
2,72 milliards d'euros
(17,82 milliards
de francs).
Les crédits du budget des charges communes nets des
dégrèvements et remboursements d'impôts et des recettes
d'ordre s'établissent à 51,64 milliards d'euros
(338,74
milliards de francs)
, soit une augmentation de 0,9 % par rapport à
2001
, après une diminution de 4,9 % l'année dernière.
Ils représentent 19,4 % des dépenses du budget
général
, contre 19,7 % en 2001.
Ces crédits sont retracés dans le tableau ci-après :
I. INTERVENTIONS POLITIQUES ET ADMINISTRATIVES ET ACTION INTERNATIONALE
Les crédits de cet agrégat s'élèvent à 303,84 millions d'euros (1,99 milliard de francs) en 2002, soit une diminution de 34,5 % par rapport à 2001 (après - 14,6 % cette année-là). Cet agrégat regroupe 0,3 % de l'ensemble des crédits du budget des charges communes.
A. LE FONDS DE SOLIDARITÉ VIEILLESSE
Le
budget des charges communes supporte les crédits nécessaires
à la prise en charge par l'Etat des frais de gestion administrative du
fonds de solidarité vieillesse (FSV). Celui-ci, créé par
la loi du 22 juillet 1993, prend en charge les avantages d'assurance vieillesse
non contributifs relevant de la solidarité nationale.
Il s'agit, à hauteur d'environ 75 %, de charges de personnel, mais aussi
de frais de location, notamment de locaux, et, enfin, de dépenses
relatives à des consommations courantes.
Les crédits pour 2002 s'établissent à
940.000 euros
(6,17 millions de francs), en progression de 12,5 %.
B. LES DÉPENSES ÉVENTUELLES ET ACCIDENTELLES
Les
dépenses éventuelles et accidentelles sont prévues par les
articles 10 et 11 de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959.
Les dépenses éventuelles
(chapitre 37-94) abondent en
gestion des chapitres dont les dotations ont un caractère provisionnel.
Ces crédits s'élèvent à
45 millions d'euros
(295,18 millions de francs) en 2002, soit une diminution de 1,6 %.
Les dépenses accidentelles
(chapitre 37-95) permettent de faire
face aux calamités, dépenses urgentes ou imprévisibles.
Elles s'élèvent à
135 millions d'euros
(885,54 millions de francs) en 2002, soit une progression de 139,3 %,
après une diminution de plus de 42 % (et une augmentation de 264 % en
2000). Toutefois, comme l'année dernière, le gouvernement ne
donne aucune explication à cette évolution, se contentant, une
fois encore, d'évoquer un simple «
ajustement aux
besoins
».
C. AIDES DE L'ÉTAT EN FAVEUR DES COLLECTIVITÉS LOCALES
Le
projet de budget pour 2002 regroupe les aides de l'Etat en faveur des
collectivités locales, en particulier la dotation de l'Etat au profit du
fonds national de péréquation.
L'article 70 de la loi du 4 février 1995 d'orientation pour
l'aménagement et le développement du territoire a institué
un fonds national de péréquation (FNP) doté d'un produit
réparti chaque année par le comité des finances locales.
Son montant évolue chaque année en fonction de l'indice de
variation des recettes fiscales nettes de l'Etat.
En 2002, les crédits s'élèvent à
109,17 millions
d'euros
(716,11 millions de francs), soit une
diminution de 18,2 %
par rapport à 2001.
La dotation de l'Etat au profit du FNP proprement-dit s'établit à
106,87 millions d'euros (701,02 millions de francs), en diminution de 18,5 %,
essentiellement en raison de la non-reconduction de la dotation allouée
au cours des trois années précédentes
1(
*
)
.
D. PLAN D'URGENCE EN FAVEUR DES LYCÉES
Le chapitre 41-25 est abondé en 2002 de 13,72 millions d'euros (90 millions de francs) au titre du versement aux régions de subventions dans le cadre du plan d'urgence en faveur des lycées, soit un montant inchangé par rapport à l'année dernière.
E. INDEMNISATION CONSÉCUTIVE AU NAUFRAGE DE L'ERIKA
Le présent projet de loi de finances crée un nouveau chapitre budgétaire 44-93 « Indemnisation des préjudices subis dans le secteur du tourisme suite au naufrage de l'Erika », doté de 10.000 euros (65.596 francs).
F. PARTICIPATION DE LA FRANCE AU FONDS EUROPÉEN DE DÉVELOPPEMENT
Le Fonds
européen de développement est le principal outil de la politique
communautaire en direction des pays
« Afrique-Caraïbes-Pacifique » (ACP). Il est
alimenté par des versements nationaux avec des clés de
contribution distinctes de celles appliquées pour le budget
général de l'Union européenne et qui sont liées au
rythme d'exécution des projets.
Toutefois, à partir du présent projet de loi de finances, les
crédits correspondants, qui sont des dépenses en capital, sont
inscrits sur le budget du ministère des affaires
étrangères.
L'évolution des dotations de cet agrégat sur l'ensemble de la
législature est retracée dans le tableau ci-dessous :
II. INTERVENTIONS ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
Les dépenses de cet agrégat s'élèvent à 2,85 milliards d'euros (18,72 milliards de francs) en 2002, en recul de 17,6 % par rapport à 2001 (après une progression de 22 % l'année précédente). Elles représentent 2,4 % de l'ensemble des dépenses du budget des charges communes .
A. LES DÉPENSES DE GARANTIE
Pour
la première fois en 2002, les dépenses de garantie sont
intégrées dans cet agrégat. Elles étaient
auparavant inscrites au sein de l'agrégat « Dette publique et
divers ».
En 2002, les dépenses de garanties
baissent au total de 5,4 %
(après - 12,9 % en 2001), et atteignent
155,80 millions
d'euros
(1,02 milliard de francs)
2(
*
)
.
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
Écart |
Financement du logement |
0,46 |
0,61 |
+ 32,6 % |
Financement de l'agriculture |
0,61 |
0,26 |
- 57,4 % |
Financement de l'industrie |
7,62 |
7,00 |
- 8,1 % |
Garanties afférentes à l'exportation |
65,55 |
57,93 |
- 11,6 % |
Garanties diverses |
90,40 |
90 |
- 0,4 % |
TOTAL |
164,64 |
155,80 |
- 5,4 % |
Les garanties afférentes au logement
progressent
très sensiblement, et représentent 610.000 euros (4 millions de
francs) en 2002.
Les garanties afférentes au financement de l'industrie
s'établissent à 7 millions d'euros (45,92 millions de
francs), et diminuent d'un peu plus de 8 %. Elles sont destinées
à couvrir les défaillances des sociétés en cours de
restructuration bénéficiaires de prêts à long terme
garantis par l'Etat.
Le poste qui est le plus important en volume, celui des garanties
afférentes à l'exportation,
baisse de 11,6 %, à
57,93 millions d'euros (380 millions de francs) en 2002.
Les crédits inscrits sont destinés à couvrir le besoin de
financement de quatre procédures de garantie gérées pour
le compte de l'Etat par la COFACE :
- l'assurance crédit, qui permet aux exportateurs de se couvrir contre
divers risques : de fabrication, politique, commercial... ;
- l'assurance prospection et foire : l'assurance prospection a pour objet
de couvrir les dépenses de prospection des entreprises, moyennant le
paiement d'une prime, lorsqu'elles recherchent de nouveaux marchés
étrangers, et joue le rôle d'une avance gratuite servant à
financer un poste de dépenses d'exploitation de l'entreprise : elle
ne devient remboursable qu'en cas de succès de l'entreprise sur les
marchés prospectés ; l'assurance foire permet aux
entreprises de couvrir les frais engagés à l'occasion d'une
manifestation commerciale agréée ;
- la garantie de change : elle permet de couvrir les exportateurs contre
les risques de change qui affectent les contrats d'exportation dont la monnaie
de compte est une devise étrangère ;
- la garantie du risque économique : elle couvre les entreprises
contre la dérive de leurs prix de revient dans les marchés
d'exportation.
Par ailleurs, la ligne des « garanties diverses »
atteint 90 millions
d'euros
(593 millions de francs) en 2002,
soit un montant quasiment inchangé par rapport à 2001. Il s'agit
principalement de garanties de change accordées aux institutions
financières spécialisées, à l'Agence
française de développement (AFD) ou à la Banque
française pour le commerce extérieur (BFCE). Ces garanties
participent de la politique financière internationale de la France
gérée par le Trésor.
B. LES SECOURS AUX VICTIMES DE SINISTRES ET CALAMITÉS
Les dotations destinées à apporter des secours aux victimes de sinistres et calamités s'élèvent à 2,30 millions d'euros (15,09 millions de francs) : 760.000 euros (environ 5 millions de francs) pour la métropole, et 1,54 million d'euros (10,10 millions de francs) pour l'outremer.
C. L'ENCOURAGEMENT À LA CONSTRUCTION IMMOBILIÈRE
Le
chapitre 44-91 comporte les encouragements à la construction
immobilière, dont le poste essentiel est constitué des primes
épargne logement : les crédits de ces dernières
s'élèvent à
1,48 milliard d'euros
(9,70 milliards de francs), soit une
progression de 7,8 %
par
rapport à 2001.
La dotation des prêts aidés pour l'accession à la
propriété diminue une fois encore, de 2,8 %, et s'établit
à 8 millions d'euros (52,48 millions de francs.
Enfin, la dotation des prêts spéciaux du Crédit foncier de
France diminue de 20,3 % (après une baisse de plus de 26,5 % en 2001),
et s'établit à 17,5 millions d'euros (114,79 millions de francs).
Au total, les dotations de ce chapitre s'élèvent à
1,51
milliard d'euros
(10,36 milliards de francs) en 2002,
progressant de 7
%
.
D. LES VERSEMENTS À DIVERS RÉGIMES OBLIGATOIRES DE SÉCURITÉ SOCIALE
Ces
versements représentent
881 millions d'euros
(5,78 milliards de
francs) en 2002, soit une
forte diminution de 40,4 %
par rapport
à 2001 (après une progression de 40,8 %), et concernent :
-
le régime de retraite de la SEITA
qui bénéficie,
même après la privatisation de cette dernière, d'une
subvention de l'Etat qui s'élève à 97 millions
d'euros (636,28 millions de francs), soit une augmentation de
8,6 %) ;
- la caisse des retraites de l'Imprimerie nationale
, pour
200.000 euros (1,31 millions de francs), soit - 34,4 % ;
- le financement des prestations sociales des non-salariés
agricoles
, à hauteur de 271 millions d'euros (1,78 milliard de
francs) : la diminution de 67,1 % de ces crédits résulte des
dispositions de l'article 18 du présent projet de loi de finances qui
vise à accroître la part du produit de la contribution sociale de
solidarité des sociétés (C3S) affectée au
régime des non-salariés agricoles ;
- le fonds spécial de retraite
de la caisse autonome nationale de
sécurité sociale
dans les mines
, soit un montant de 457
millions d'euros (environ 3 milliards de francs), soit une diminution de 9,4
% ;
- le financement de l'allocation adultes handicapés du régime
des non-salariés agricoles
, pour 55,80 millions d'euros (366,02
millions de francs), en diminution de 8,5 %.
E. LES AIDES EN FAVEUR DES RAPATRIÉS
Sont
principalement inscrites sur le chapitre 46-91 les dépenses relatives
aux retraites des Français rapatriés d'Outremer, en vertu de la
loi du 4 décembre 1985 qui permet aux rapatriés qui
procèdent au rachat de leurs cotisations de bénéficier
d'une aide de l'Etat, soit 13,70 millions d'euros (89,87 millions de
francs) en 2002, en diminution de 15,1 %.
En outre, sont inscrites diverses dotations comprenant le versement de l'Etat
à la caisse nationale de retraite des agents des collectivités
locales au titre des parts contributives dues par les caisses de retraite
d'Algérie, du Maroc et de Tunisie, à hauteur de 10.000 euros
(65.595,70 francs), et la participation de l'Etat aux dépenses de la
caisse de retraites des régies ferroviaires d'outremer, soit 6,89
millions d'euros (45,20 millions de francs).
Soit un total de
20,60 millions d'euros
(135,13 millions de francs), en
baisse de 30,7 %
par rapport à 2001.
F. LA MAJORATION DES RENTES VIAGÈRES
La
majoration des rentes allouées en réparation du préjudice
causé par un véhicule terrestre à moteur
bénéficie de crédits à hauteur de 14 millions
d'euros (91,83 millions de francs), en hausse de 2,0 %.
La participation de l'Etat au financement des majorations légales des
rentes viagères destinées à compenser l'érosion
monétaire s'élève, quant à elle, à 266,50
millions d'euros (1,7 milliard de francs), soit une diminution de 25 % par
rapport à 2001.
G. LE FONDS D'INDEMNISATION DES TRANSFUSÉS ET HÉMOPHILES
Le fonds
d'indemnisation des transfusés et hémophiles (FITH) a
été institué par la loi portant diverses mesures d'ordre
social du 31 janvier 1991. Son objectif est d'assurer aux personnes
contaminées une réparation complète et rapide des
préjudices subis.
Ses ressources proviennent du chapitre 46-98, soit
3 millions d'euros
(19,68 millions de francs) en 2002, en
diminution de 60,6 %
.
L'évolution, depuis 1997, des crédits de cet agrégat est
retracée dans le tableau ci-dessous :
III. GESTION DE LA DETTE ET DE LA TRÉSORERIE DE L'ÉTAT
L'agrégat 31 est présenté sous la
forme d'un
programme au sens de la nouvelle loi organique relative aux lois de
finances
, même si, comme l'indique le gouvernement, cette
première esquisse «
ne préjuge pas de la
structuration des programmes en 2006 et pourra éventuellement être
modifiée et enrichie dans les années à
venir
». Il s'agit toutefois d'un réel effort de la part
du gouvernement en matière d'amélioration de l'information
transmise au Parlement.
Les crédits de ce programme s'établissent à
39,56
milliards d'euros
(259,50 milliards de francs) en 2002, soit une
légère
progression de 0,5 %
. Ils
représentent
33,8 %
de l'ensemble des crédits du budget
des charges communes
.
Les crédits consacrés aux charges d'intérêt de la
dette de l'Etat sont ainsi répartis :
|
2001 |
2002 |
Écart |
Dette négociable |
38.304 |
38.840 |
+ 1,4 % |
Dette non négociable |
1.009 |
671 |
- 33,5 % |
Charges de gestion de la dette et frais de trésorerie |
47 |
45 |
- 4,8 % |
Total |
39.360 |
39.556 |
+ 0,5 % |
(en
millions d'euros)
Ces dotations représentent
la charge brute de la dette publique.
L'appréhension de la réalité de la charge de la dette
nécessite de recourir à la notion de charge nette
qui, outre
la charge brute inscrite au budget des charges communes, prend en compte les
recettes en atténuation des charges de la dette, qui figurent aux lignes
806 (« Recettes en atténuation des charges de la dette et des
frais de trésorerie ») et 411
(« Intérêts versés par divers services de l'Etat
ou organismes gérant des services publics au titre des
avances ») du fascicule « voies et moyens »
annexé au projet de loi de finances.
La charge nette de la dette s'élève, en fait, à 36,84
milliards d'euros
(241,65 milliards de francs)
, en progression de
0,8 %, après + 2,4 % en 2001.
Présentation du programme « Gestion de la dette et de la trésorerie de l'Etat »
Le
programme comprend
deux parties
:
- la première partie concerne les principes généraux, les
objectifs et les outils ;
- la seconde partie est relative à l'impact budgétaire et
à des développements futurs.
La mission principale de ce programme est de permettre à l'Etat
d'honorer ses engagements financiers en toute circonstance, c'est-à-dire
de s'assurer que le compte de l'Etat auprès de la Banque de France est
toujours créditeur.
La dette négociable de l'Etat est gérée selon
quatre
principes généraux
:
- la simplicité
: la dette négociable se
décompose en trois catégories de titres standardisés qui
se distinguent par leur maturité à l'émission :
les obligations assimilables du Trésor (OAT)
qui
représentent l'endettement à long terme, supérieur
à 5 ans ;
les bons du Trésor à taux fixe et
intérêts annuels (BTAN)
, qui représentent l'endettement
à moyen terme, entre 2 et 5 ans ;
les bons du Trésor
à taux fixe et intérêts précomptés (BTF)
,
qui sont d'une durée inférieure à 1 an ;
- la liquidité
: elle contribue à assurer les
meilleures conditions d'émission et donc une charge d'emprunt plus
faible pour le contribuable. Assurer la liquidité est l'une des
fonctions essentielles des spécialistes en valeurs du Trésor
(SVT) ;
- la transparence
: c'est d'elle que dépend, en très
grande partie, la capacité pour les SVT de souscrire aux
émissions ; elle est fondée sur la technique de
l'adjudication, qui place les souscripteurs en concurrence publique ; la
régularité des adjudications ; la présentation, en
fin d'année n-1, du programme prévisionnel de financement de
l'Etat à moyen et long terme pour l'année n ; la diffusion
continue d'informations sur l'émission et la gestion de la dette ;
- le contrôle des risques : pour faire face aux nombreux risques
auxquels l'Etat est exposé - risques de marché, de contrepartie,
de règlement, opérationnels et informatiques, d'écart
prévision/réalisation -, l'agence France Trésor s'est
dotée d'un cahier des procédures et d'une charte de
déontologie, publiés par un arrêté du 18 septembre
dernier.
D'une manière générale, la politique d'émission de
l'Etat repose sur un
souci constant de l'innovation
, afin d'asseoir la
crédibilité de la France.
S'agissant des
objectifs
, la gestion optimale de la trésorerie de
l'Etat doit permettre de limiter au minimum l'encours créditeur du
compte de l'Etat auprès de la Banque de France et de placer les
excédents ponctuels sur le marché. En outre, au titre de
l'émission et de la gestion de la dette de l'Etat, il convient de
réduire la durée moyenne de la dette négociable, de 6 ans
en 2001 à 5 ans et demi en 2002. Cet objectif serait atteint par une
articulation d'un portefeuille de swaps de taux et, si nécessaire, d'une
modification de la politique d'émission de l'Etat.
L'Etat dispose d'
outils de gestion de sa trésorerie et de sa
dette
:
- des prévisions de trésorerie, centralisées par
l'agence France Trésor ;
- des instruments de marché, en particulier un programme d'emprunt, un
programme de swaps, des instruments de gestion de la trésorerie ;
- des instruments de gestion et de contrôle des risques, notamment la
publication annuelle d'un rapport d'audit contractuel portant sur les
procédures prudentielles mises en oeuvre par l'agence France
Trésor...
La seconde partie concerne l'impact budgétaire et des
développements futurs.
Il s'agit notamment des
charges nettes de la dette
, mais aussi d'autres
indicateurs d'impact budgétaire : les moyens de l'agence France
Trésor, et le coût moyen des émissions de dette de l'Etat
année par année.
Au titre des
développements futurs
, il est indiqué que les
travaux de l'agence France Trésor porteront à l'avenir sur trois
points : la poursuite de l'étude sur les indicateurs de performance
de la gestion de la trésorerie et de la dette ; le mode
d'évaluation de la dette et des engagements qui lui sont liés en
valeur de marché ; l'étude de l'opportunité
d'utiliser d'autres instruments de bilan ou de hors-bilan pour baisser et
lisser les charges de la dette.
Les dotations de cet agrégat ont évolué de la
manière suivante depuis 1997 :
IV. LES DÉPENSES EN ATTÉNUATION DE RECETTES
Cet
agrégat 32 est une
création du projet de loi de finances pour
2002
, les dépenses en atténuation de recettes étant
auparavant inscrites au sein de l'agrégat précédent, avec
les charges de la dette.
Les dotations de ce nouvel agrégat s'établissent à
62,89 milliards d'euros
(412,53 milliards de francs), soit une
augmentation de 11,6 %
par rapport au montant des mêmes chapitres
en 2001. Elles représentent
53,7 % de l'ensemble des crédits
du budget des charges communes
.
A. LES DÉGRÈVEMENTS ET REMBOURSEMENTS D'IMPÔTS
Les
dépenses de dégrèvements
3(
*
)
et remboursements
4(
*
)
d'impôts
s'élèvent à
62,66 milliards d'euros
(411,02 milliards de francs) en 2002, soit une forte
progression de
11,9 %
, après + 11 % en 2001 et + 8,01 % en 2000.
Les dégrèvements et remboursements ont
quatre origines
possibles
:
-
les remboursements d'excédents de versement
, comprenant
notamment les restitutions d'impôt sur les sociétés et les
remboursements de crédits de TVA ;
- les régularisations d'anomalies
, dont la source peut provenir
d'erreurs de déclaration de la part des contribuables, notamment en
matière d'impôt sur le revenu, ou d'une mauvaise prise en compte
des éléments déclarés et des situations
personnelles de la part de l'administration ;
- les admissions en non-valeur et autres régularisations
comptables :
la procédure des admissions en non-valeur, au
titre des impôts d'Etat comme des impôts locaux, permet de lever la
responsabilité des comptables sur des opérations, souvent
anciennes, considérées comme définitivement
irrécouvrables ;
- les dégrèvements liés à la situation du
contribuable :
une grande partie des dégrèvements
ordonnancés au titre des impôts locaux résultent de
dispositions législatives qui prennent en compte, d'une part, les
situations personnelles des redevables, notamment pour la taxe d'habitation des
personnes modestes et pour les taxes foncières, et, d'autre part, la
valeur ajoutée des entreprises pour le plafonnement de leur cotisation
de taxe professionnelle.
Leurs crédits font l'objet d'une évaluation
élaborée dans les mêmes conditions que les recettes dont
elles sont la contrepartie.
1. Les contributions directes
L'ensemble des dépenses de remboursements et
dégrèvements sur impôts directs s'élève
à
29,42 milliards d'euros
(192,98 milliards de francs) en
2002, en
progression de 10,5 %
par rapport à 2001.
Cette évolution est liée :
- à l'augmentation, à hauteur de 913 millions d'euros (environ
6 milliards de francs), des remboursements et transferts d'impôt sur
les sociétés ;
- à la progression de 717 millions d'euros (4,70 milliards de francs)
consécutive au doublement de la prime pour l'emploi ;
- à la hausse, à hauteur de 125 millions d'euros (près de
820 millions de francs), des dégrèvements de taxe
d'habitation ;
- à l'augmentation de 90 millions d'euros (590,36 millions de francs)
des admissions en non-valeur ;
- à la baisse de 285 millions d'euros (1,87 milliard de francs) des
dégrèvements de taxe professionnelle ;
- à la diminution, à hauteur de 54 millions d'euros (354,22
millions de francs), des remises et annulations ;
- à la baisse de 24 millions d'euros (157,43 millions de francs) des
remboursements relatifs aux retenues à la source et
prélèvements sur revenus de capitaux mobiliers.
2. Les remboursements sur produits indirects
Ils
concernent presque exclusivement les remboursements au titre de la TVA.
Leur montant total, soit
33,24 milliards d'euros
(218,04 milliards de
francs
), progresse de 13,1 %
par rapport à 2001 (après 6,6
% en 2001 et plus de 12 % en 2000).
Cette augmentation est largement imputable aux remboursements de crédits
de TVA, qui progressent de 13,2 % en 2002, à 32,6 milliards d'euros
(213,84 milliards de francs).
Il convient de préciser que ce chapitre 15-02 est abondé de
91 millions d'euros (596,92 millions de francs) en mesures nouvelles par
le projet de loi de finances pour 2002, au titre de restitutions pour
règlement du passé dans le cadre de la
déductibilité à 80 % de la TVA sur le gazole.
B. LES FRAIS DE POURSUITES ET DE CONTENTIEUX
Les
dotations du chapitre 15-03 s'établissent à
155 millions
d'euros
(1,02 milliard de francs), en
diminution de 36,5 %
par
rapport à 2001.
Cette réduction résulte, pour l'essentiel, du changement
d'imputation des crédits correspondant aux frais d'actes des huissiers,
désormais inscrits sur le budget du ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie, soit 86,24 millions
d'euros (565,70 millions de francs).
C. LES DÉCHARGES DE RESPONSABILITÉ ET REMISES DE DÉBETS
Les
crédits pour décharges de responsabilité et remises de
débets, dont le montant s'élève à
75 millions
d'euros
(491,97 millions de francs), soit une
diminution de 1,6 %
,
se répartissent en :
- 45 millions d'euros au titre des débets des comptables publics de
l'Etat et des régisseurs de recettes ou d'avances de l'Etat ;
- et 30 millions d'euros au titre des débets des particuliers envers
l'Etat.
Les dépenses en atténuation de recettes ont connu
l'évolution suivante depuis 1997 :
V. POUVOIRS PUBLICS
Les dépenses de l'agrégat 33 « Pouvoirs publics », qui représentent 0,7 % de l'ensemble des crédits inscrits au budget des charges communes , s'élèvent à 771,08 millions d'euros (5,06 milliards de francs) en 2002, en progression de 3,1 % par rapport à 2001 :
Crédits du titre II de 2001 à 2002
(en millions d'euros)
|
2001 |
2002 |
2002/2001 |
Présidence de la République |
9,46 |
9,62 |
+ 1,7 % |
Assemblée nationale |
462,17 |
472,34 |
+ 2,2 % |
Sénat |
270,10 |
282,11 |
+ 4,4 % |
Conseil constitutionnel |
5,07 |
6,02 |
+ 18,7 % |
Haute Cour de Justice |
- |
- |
- |
Cour de Justice de la République |
1,02 |
1,0 |
- 2,0 % |
Total |
747,82 |
771,09 |
+ 3,1 % |
Sur l'ensemble de la législature, les dotations aux pouvoirs publics ont évolué comme suit :
VI. DÉPENSES COMMUNES DE PERSONNEL
L'essentiel des dépenses de cet agrégat correspond à des dépenses de personnel, en particulier les charges sociales. Elles s'établissent à 10,65 milliards d'euros (69,86 milliards de francs), en augmentation de 11,9 % par rapport à 2001. Elles représentent 9,1 % de l'ensemble des dépenses du budget des charges communes .
A. LES DÉPENSES DE PERSONNEL
Le
chapitre 31-94 « Mesures générales intéressant
les agents du secteur public » est destiné à constituer
des provisions utilisées pour couvrir les prochaines évolutions
des rémunérations publiques intervenant en cours d'année.
Il est doté de
445 millions d'euros
(2,92 milliards de francs) en
2002, en
diminution de 10,2 %
.
Enfin, afin de maintenir le pouvoir d'achat des fonctionnaires, compte tenu
d'une inflation plus importante que prévu (1,6 % au lieu de 1,2 %),
le ministre a annoncé un « coup de pouce »
supplémentaire de 0,4 % au 1
er
mars 2002.
B. LES DÉPENSES DE PENSIONS
1. La contribution de l'Etat à l'équilibre démographique du régime des pensions des ouvriers de la défense et des services industriels de l'Etat
Le fonds
spécial des pensions des ouvriers des établissements industriels
de l'Etat est chargé d'assurer le service des pensions
concédées ou révisées au profit des ouvriers des
établissements relevant du ministère de la défense et des
services industriels de l'Etat.
En raison du déséquilibre démographique, la principale
ressource du régime réside dans la subvention accordée par
l'Etat, qui est répartie entre les sections ministérielles et les
budgets annexes
au prorata
du nombre de retraités.
Pour sa part, le budget des charges communes comprend le montant de la
subvention d'équilibre correspondant à la prise en charge des
pensions des anciens ouvriers des budgets annexes, de la SEITA et de
Météo-France.
Cette subvention d'équilibre s'élève à
15
millions d'euros
(98,39 millions de francs) en 2002, en
diminution
de 0,4 %
par rapport à 2001.
2. Les charges de pensions des différents ministères
La
totalité des charges de pensions de l'Etat pour 2002 est
évaluée à environ 31,90 milliards d'euros
(209,25
milliards de francs).
C'est en gestion que le chapitre 32-97 du budget des charges communes regroupe
la totalité des crédits de pensions de l'Etat à l'issue
d'un arrêté de transfert intervenant en début d'exercice.
En loi de finances initiale, apparaissent toutefois :
- les pensions militaires : 206,50 millions d'euros (1,35 milliard de
francs), soit une progression de 45,7 % ;
- les pensions civiles (sauf PTT) : 1,61 milliard d'euros
(10,59 milliards de francs), en hausse de 6,8 % ;
- les pensions des PTT : 4,05 milliards d'euros (26,57 milliards de
francs), soit + 5,5 % ;
- les pensions d'Alsace-Lorraine : 13,49 millions d'euros
(88,49 millions de francs), en augmentation de 1,7 % ;
- la contribution au paiement des pensions servies par diverses
collectivités antérieurement au 1
er
janvier
1954 : 7.000 euros (45.9175 francs), en diminution de 8,2 %.
Soit un total de 5,89 milliards d'euros
(38,64 milliards de francs)
,
en progression de 6,9 %
(après + 1,1 % en 2001).
C. LES DÉPENSES DE CHARGES SOCIALES
Un crédit de 4,30 milliards d'euros (28,21 milliards de francs) est inscrit au chapitre 33-91 « Personnel en activité - prestations et versements obligatoires », en progression de 23 % par rapport à 2001 .
- • Le versement de l'Etat à la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF)
-
•
La cotisation à la charge de l'Etat
au titre des
versements dus par les employeurs (0,1 %) sur les salaires plafonnés
au fonds national d'aide au logement (FNAL)
s'établit à 51
millions d'euros (334,54 millions de francs), soit une augmentation de 9,7 %.
• Le versement de l'Etat au titre de la compensation démographique des régimes de sécurité sociale s'élève en 2002 à 2,72 milliards d'euros (17,84 milliards de francs), en progression de près de 40 %. L'Etat contribue en effet à la fois à la « compensation démographique généralisée » entre régimes de base obligatoires de sécurité sociale, et à la « surcompensation » spécifique entre régimes spéciaux d'assurance-vieillesse.
VII. LES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL
Votre rapporteur spécial est amené à formuler quatre observations sur le budget des charges communes pour 2002.
A. UN BUDGET « FOURRE-TOUT »
1. Un caractère paradoxal et hétéroclite
Votre
rapporteur spécial insiste sur le
caractère paradoxal
du
budget des charges communes : premier budget de l'Etat puisqu'il
représente plus de 40 % des dépenses brutes du budget
général, il est cependant le plus méconnu, quoique le plus
varié par les thèmes abordés.
Il avait également insisté sur son
caractère
hétéroclite
puisqu'il comprend
les crédits
destinés à l'ensemble des services de l'Etat ou à
plusieurs d'entre eux, et qui ne peuvent être inscrits dans le budget
d'un ministère particulier.
2. L'évaluation non justifiée de certaines dépenses
Au moins
deux exemples peuvent illustrer le
caractère extrêmement vague
de la budgétisation initiale de certains crédits
:
- les dépenses éventuelles et accidentelles :
il
apparaît en effet que les dotations inscrites aux chapitres 37-94 et
37-95 constituent, en réalité, une
réserve de
crédits à l'utilisation aléatoire destinée à
faire face aux besoins du moment
. Ainsi, en 2002, les crédits pour
dépenses accidentelles augmenteraient de 78,59 millions d'euros (515,52
millions de francs), sans la moindre justification, alors qu'ils avaient
diminué de plus de 105 millions d'euros (690 millions de francs)
l'année dernière ;
- les dépenses de garantie :
elles sont, selon le
gouvernement, «
difficilement prévisibles
»,
ce qui lui permet de
moduler ces crédits en fonction de ses propres
contraintes.
En effet, lorsque des événements
« imprévus » surviennent, les estimations de
dépenses sont rarement ajustées en conséquence. Dans son
rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 2000, la
Cour des comptes note que «
l'année 2000 ne déroge
pas au caractère erratique des dépenses de garantie
observé depuis 1994
» : si seulement 140 millions
d'euros (920 millions de francs) étaient inscrits sur le chapitre 14-01
l'année dernière, en revanche, le même chapitre
était doté de 2,23 milliards d'euros (14,6 milliards de francs)
en 1999.
3. Un effort de présentation
Votre
rapporteur spécial souhaite évoquer
l'effort de
présentation du budget des charges communes réalisé
depuis trois ans
.
En 2000, il avait fait l'objet d'un effort indéniable de clarification,
en raison de la suppression de 44 chapitres. Ces mesures de simplification de
la présentation étaient d'autant plus appréciables que
ledit budget souffre d'un manque évident de lisibilité,
résultant de son caractère hétéroclite mais
accentué par les incertitudes pesant sur l'évaluation de
certaines dotations.
Cet effort est poursuivi par le présent projet de loi de finances.
Outre des modifications utiles au sein des agrégats, il convient de
noter la création d'un nouvel agrégat isolant les dépenses
en atténuation de recettes, constituées essentiellement des
dégrèvements et remboursements d'impôts, qui n'avaient
effectivement que peu de lien avec les charges de la dette, avec lesquelles
elles étaient néanmoins rangées auparavant.
En outre, la présentation d'un programme relatif à la gestion de
la dette et de la trésorerie de l'Etat, par anticipation de
l'application - effective au 1
er
janvier 2006 - de la loi organique
du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances, est
extrêmement intéressante. Elle traduit un engagement pris par le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie au cours des
débats au Sénat consacrés à l'examen de la loi
organique susmentionnée.
Certes, il ne s'agit que d'un exemple dépourvu de portée
normative, puisque le Parlement ne sera pas appelé à se prononcer
sur ce programme, contrairement à ce qui se passera à compter de
l'entrée en vigueur de la loi organique. Mais il convient d'y voir un
exercice pédagogique
traduisant une marque d'intérêt
- une fois n'est pas coutume... - pour la représentation nationale et
une occasion d'en tirer quelques enseignements.
D'une part, la présentation des dépenses de l'Etat par programme
permettra de donner un aspect plus dynamique à l'appréciation
portée sur l'efficacité et l'efficience de la dépense
publique, puisque cette dernière sera accompagnée d'objectifs
à atteindre et de l'évaluation des résultats initialement
fixés. Votre rapporteur spécial ne peut que se féliciter
de ce que ce « préalable à la réforme de
l'Etat » soit une initiative parlementaire.
D'autre part, il convient toutefois de veiller à ce que cette
réforme soit mise en oeuvre de façon optimale par le
gouvernement. Ainsi, si l'esquisse de programme présentée est
bienvenue et intéressante, elle ne manque pas de susciter une
interrogation relative aux modalités retenues pour élaborer les
futurs programmes tels qu'ils seront présentés au vote du
Parlement à partir de 2006. En effet,
les programmes
, dans
l'esprit de la loi organique du 1
er
août 2001,
ne
sauraient
, sauf à perdre tout caractère d'innovation,
être que le simple regroupement des chapitres budgétaires
existants
.
Or, c'est un peu l'impression laissée par le
« pré-programme » relatif à la dette de
l'Etat.
A cet égard, il convient donc d'être vigilant sur le
processus d'élaboration des indicateurs de résultats et de
performances au regard desquels l'utilisation de la dépense publique
sera appréciée à l'avenir.
B. UN BUDGET EXTRÊMEMENT CONTRAINT
Les crédits inscrits sur le budget des charges communes correspondent le plus souvent à des dépenses de constatation , ce qui lui donne un caractère extrêmement contraint , dont le Parlement est, le plus souvent, obligé de prendre acte.
1. La charge de la dette
La
charge budgétaire de la dette poursuit son évolution
haussière, même si elle devrait être plus limitée
qu'en 2001.
Or, la dette résulte des déficits budgétaires annuels,
eux-mêmes engendrés par un niveau trop élevé de la
dépense publique : il est donc urgent d'engager une politique
engageant le reflux de cette dernière.
Cette orientation, si elle se confirmait, serait en effet extrêmement
préoccupante pour nos finances publiques, car elle signifierait que, une
fois encore, le budget de l'Etat verrait ses faibles marges de manoeuvre
réduites par des dépenses stériles progressant de
façon quasiment automatique.
A cet égard, il convient de rappeler que,
sur l'ensemble de la
législature, 181,3 milliards d'euros
(1.189,25 milliards de francs)
ont été consacrés au paiement de
la charge nette
de la dette
, cette évolution démontrant la rigidité
croissante de la dépense publique et, par conséquent, les marges
de manoeuvre de plus en plus réduites au sein du budget
général :
La
baisse constatée sur ce poste de dépenses en 2000, qui
résultait de la baisse des taux d'intérêt observée
cette année-là
5(
*
)
-
élément exogène totalement indépendant de la
politique gouvernementale -, ne constitue qu'une exception au sein d'une
tendance de hausse continue du poids de la charge de la dette.
Du reste, comme l'indique la Cour des comptes dans son rapport
précité, «
la dette de l'Etat a continué de
se situer, en 2000, dans une dynamique d'accroissement, certes ralenti, mais
ininterrompu
».
Le tableau ci-dessous illustre ce phénomène :
2. Les dépenses en atténuation de recettes
Les
dépenses en atténuation de recettes, et les remboursements et
dégrèvements d'impôts en premier lieu, présentent
elles aussi un caractère contraint extrêmement affirmé.
En effet, elles représentent
plus de la moitié (53,7 %) des
crédits inscrits au budget des charges communes
.
Or, leur montant résulte essentiellement de mesures législatives
proposées par le gouvernement, qu'il s'agisse de l'incidence de la
réforme de la taxe professionnelle, de la suppression de la part
régionale de la taxe d'habitation, de l'instauration de la prime pour
l'emploi, des mesures de baisse du taux de TVA, ou encore des mesures
proposées en matière de fiscalité
pétrolière.
3. Les dépenses de personnel
Les
dépenses de fonction publique
inscrites sur le budget des charges
communes, qu'il s'agisse des rémunérations d'activité ou
des charges de pension,
sont également, par nature, peu sujettes
à de réelles inflexions
, à moins d'engager une
réduction significative des effectifs des agents publics.
Il convient toutefois de rappeler qu'une faible part seulement de l'ensemble
des dépenses de fonction publique figure au budget des charges communes,
10,65 milliards d'euros (69,86 milliards de francs) sur un total de 112,5
milliards d'euros (737,95 milliards de francs), soit
9,5 %
(8,8 % en
2001).
C. POUR UNE INFORMATION BUDGÉTAIRE ET FINANCIÈRE DE MEILLEURE QUALITÉ
1. Mieux appréhender les charges budgétaires de la dette
Rappelant que, depuis 1994, la notion de charge nette de la
dette
est utilisée dans les documents accompagnant le budget et les comptes
d'exécution, la Cour des comptes se montre assez critique à
l'égard de la prise en compte des charges budgétaires brute et
nette.
Elle formule en effet quatre observations :
1°) «
la qualification de « recettes
d'ordre »
[...]
est impropre, car il s'agit d'encaissements
effectifs et bien distincts des décaissements d'intérêts
censés leur correspondre
» ;
2°) «
la référence à la charge nette, ne
fût-ce que dans la présentation et les commentaires du budget,
entretient une fâcheuse ambiguïté
», car la
déduction de recettes du montant de la charge brute de la dette
dissimule l'évolution réelle de la dépense ;
3°) «
du point de vue de l'analyse économique du
coût de la dette, qui en est la justification donnée, cette
contraction extra-comptable de dépenses et de recettes n'apparaît
pas pertinente, du moins en l'état actuel de la comptabilité
d'exécution budgétaire
» ;
4°) «
ainsi, seule une comptabilité en droits
constatés de tous les produits et charges de la dette -
budgétaires et extrabudgétaires - peut fournir des
éléments économiquement significatifs du coût de la
dette, et au-delà de la qualité de sa gestion
».
2. La problématique du « hors-bilan »
Il
existe des « garanties implicites » à la charge de
l'Etat, c'est-à-dire des engagements à plus ou moins long terme
auxquels l'Etat et le secteur public devront faire face, et qui ne sont pas
retracés en tant que tels dans le budget général.
C'est tout le problème du « hors-bilan », ou
« dette publique invisible », qui fait l'objet d'une grande
imprécision
, le flou dont il est entouré empêchant la
représentation nationale et les citoyens de connaître
précisément la situation financière exacte de l'Etat.
La représentation nationale ne dispose ainsi que d'une vision
tronquée de la dette de l'Etat.
Toutefois, le compte général de l'administration des finances
(CGAF) 1999 avait apporté de réelles améliorations.
Le CGAF 1999
Le
compte général de l'administration des finances pour 1999
,
annexé au projet de loi de règlement de ladite année,
comportait des premiers éléments répondant à des
objectifs de meilleure information et donc de plus grande transparence :
il
continuait de reposer sur une comptabilité de caisse, mais
était enrichi d'éléments patrimoniaux grâce à
l'introduction d'éléments exprimés en termes de bilans et
de comptes de résultat
.
Il s'agit notamment de :
- la meilleure valorisation des immobilisations non financières et
l'introduction, pour la première fois concernant les matériels et
les équipements, de dotations aux amortissements : par exemple, les
avancées réalisées en 1999 ont permis de valoriser de
76,22 milliards d'euros (500 milliards de francs) les immeubles
détenus par l'Etat, et recensés au Tableau général
permanent des propriétés de l'Etat (TGPE) ;
- l'amélioration de la lisibilité du compte qui retrace les
dotations et participations de l'Etat, les comptes consolidés et pas
seulement les comptes sociaux des principales entreprises publiques
étant prises en considération ;
- la comptabilisation de la dette en droits constatés en non plus en
encaissements/décaissements ; ainsi, la totalité des charges
de la dette inscrites au budget de l'Etat est retraitée en droits
constatés, en vertu du règlement communautaire relatif à
la comptabilité européenne - le SEC 95 -, les
intérêts courus non échus étant pris en compte ;
- la création d'une provision pour dépréciation des
créances fiscales ;
- la présentation, pour la première fois, dans une annexe
relative au hors-bilan, d'engagements à moyen et long terme de l'Etat.
Trois secteurs d'intervention avaient été retenus :
1)° les retraites des fonctionnaires de l'Etat des régimes
spéciaux, mais aucune indication chiffrée ne figurait dans
l'annexe, seule une méthodologie étant
précisée ;
2°) les engagements de l'Etat en matière d'épargne-logement,
l'engagement potentiel maximal ayant été estimé à
7,62 milliards d'euros (50 milliards de francs) ;
3°) les garanties accordées par l'Etat aux entreprises, ainsi
que les garanties à l'exportation passant par l'intermédiaire de
la COFACE, ces engagements représentant 37,65 milliards d'euros
(247 milliards de francs) pour les premières et 81,41 milliards
d'euros (534 milliards de francs) pour les secondes.
Soit un total, hors pensions publiques, de 126,69 milliards d'euros
(831
milliards de francs).
Toutefois, la Cour des comptes, dans son rapport précité relatif
à l'exécution des lois de finances pour 2000, formule un certain
nombre de critiques sur la façon dont sont appréhendés les
engagements « hors-bilan » de l'Etat.
Elle relève notamment que «
le niveau de risque
associé aux engagements mentionnés dans le rapport de
présentation du CGAF n'est pas actuellement évalué,
à l'exception des engagements en matière
d'épargne-logement :
- les engagements pour lesquels la réalisation du risque est probable
devraient faire l'objet de provisions pour risques inscrites au passif ;
- les engagements pour lesquels la réalisation du risque est certaine
devraient être inscrits au passif en charges à
payer
».
Sans entrer dans les détails, la Cour des comptes estime que
«
le recensement des engagements hors-bilan de l'Etat
effectué dans le rapport de présentation du CGAF reste
incomplet
».
Elle rappelle également que «
certaines charges futures
d'une importance majeure, qui sont comptabilisées dans les engagements
hors-bilan d'entreprises publiques, devraient figurer dans les engagements et
risques hors-bilan de l'Etat, parce qu'elles présentent un risque pour
l'Etat
». Et de citer les charges futures de
démantèlement, de traitement et de stockage des déchets du
CEA, soit plus de 6,10 milliards d'euros (40 milliards de francs), ainsi que
les charges dites spécifiques de Charbonnages de France relatives aux
voiries et aux sites arrêtés et aux prestations dues aux anciens
mineurs, soit plus de 8,38 milliards d'euros (55 milliards de francs).
Elle a également regretté que les engagements de l'Etat au titre
des retraites publiques ne fassent l'objet d'aucun chiffrage, même si
elle a obtenu des informations sur ce point.
Les
engagements au titre des retraites des fonctionnaires :
entre 595 et 686 milliards d'euros
Dans son
rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 2000, la
Cour des comptes a approfondi son analyse des engagements hors-bilan de l'Etat.
«
La Cour a souhaité que lui soit communiqué le
chiffrage des engagements de l'Etat au titre des pensions des
fonctionnaires
», dans le cadre du contrôle de
l'exécution des lois de finances.
La Cour des comptes a ainsi été destinataire d'un courrier de la
secrétaire d'Etat au budget, dont il ressort que, «
en
fonction du taux d'actualisation retenu (6 ou 5 %), l'ordre de grandeur des
engagements hors bilan de l'Etat au titre des retraites des fonctionnaires peut
être estimé comme s'inscrivant dans une fourchette
d'évaluation comprise entre 594,55 milliards d'euros (3.900
milliards de francs) et 686,02 milliards d'euros (4.500 milliards de
francs)
».
Des améliorations ont été apportées au CGAF
2000 :
- la valorisation des immobilisations non financières ;
- la valorisation des dotations et participations ;
- le rattachement de la TVA à l'exercice 2000 ;
- l'estimation de l'impact d'une intégration des budgets annexes dans
les comptes de l'Etat.
D. QUEL AVENIR POUR LE BUDGET DES CHARGES COMMUNES ?
Votre
rapporteur spécial s'interroge sur la façon dont le budget des
charges communes va s'adapter aux dispositions de la nouvelle loi organique
relative aux lois de finances.
Il convient en effet de rappeler que celle-ci prévoit
un certain
nombre de modifications qui vont avoir un impact direct sur une partie
conséquente des crédits aujourd'hui inscrits au budget des
charges communes
.
Au moins trois de ces nouvelles dispositions peuvent être
citées :
- l'article 7 prévoit une dotation pour dépenses
imprévisibles ;
- l'article 21 prévoit un compte d'affectation spéciale des
charges de retraites ;
- l'article 22 crée un compte de commerce pour la charge
budgétaire de la dette et pour la dette publique elle-même.
1
Cette dotation avait en effet
été abondée exceptionnellement de 22,87 millions d'euros
en application de l'article 129 de la loi de finances pour 1999.
2
Il ne s'agit que d'une partie des garanties potentiellement
à la charge de l'Etat.
3
Les dégrèvements ordonnancés par l'Etat se
rattachent à des sommes faisant partie intégrante de la
cotisation d'impôts inscrite sur les rôles d'imposition dont le
comptable est responsable mais qui ne donneront pas lieu à recouvrement.
L'enregistrement comptable d'un dégrèvement se matérialise
aussi par la constatation d'une recette d'ordre d'égal montant.
4
Les remboursements opérés au profit des
contribuables correspondent à un débit du compte de l'Etat au
titre d'un impôt ou d'une taxe qui ont déjà
été versés par le contribuable.
5
La Cour des comptes indique d'ailleurs que « bien que
manifeste au quatrième trimestre 1999, lors de l'examen et du vote par
le Parlement, le renchérissement des taux d'intérêt n'a pas
été pris en compte dans les prévisions de la loi de
finances initiale, en particulier pour les dotations de crédits des
charges de la dette ».