Education nationale : enseignement supérieur

Jean-Philippe LACHENAUD

Table des matières




AVANT-PROPOS

Les crédits demandés pour l'enseignement supérieur dans le projet de loi de finances pour 2002 s'élèvent à 8,736 milliards d'euros (soit 57,31 milliards de francs) contre 8,546 milliards d'euros en l'an 2001, soit une augmentation de 2,22 %. A structure constante, cette progression est la plus faible depuis plus de quinze ans.

Evolution du budget de l'enseignement supérieur

(en milliards d'euros)

LFI

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Montant total

6,02

6,14

6,43

6,79

7,17

7,39

7,79

8,00

8,54

8,74

Augmentation en %

+9,6

+1,9

+4,8

+8,3

+5,5

+3,1

+5,5

+2,6

+6,8 1( * )

+2,2

Augmentation à structure constante en %

+9,2

+5,7

+4,9

+7,0

+4,5

+3,2

+5,7

+2,6

+2,7

+2,2

Augmentation à structure constante et en volume 2( * ) en %

+6,9

+4,0

+3,2

+5,5

+3,2

+2,4

+5,2

+1,7

+1,1

+0,5

Part en % du budget de l'enseignement supérieur dans le budget de l'éducation nationale

14,0

13,8

13,9

14,0

14,5

14,5

14,6

14,5

14,4

14,2

Sources : ministère de l'Education nationale, Cour des Comptes, Rapport économique, social et financier annexé au projet de loi de finances pour 2002.

En outre, la progression « réelle » du budget de l'enseignement supérieur ressort à environ + 1,3 % en francs courants dans le projet de loi de finances pour 2002, ce qui correspond à une baisse en francs constants , s i l'on tient compte de ce que les crédits destinés à la rémunération des personnels en activité et aux charges sociales avaient été sous-estimés dans le budget de l'enseignement supérieur pour 2001.

On peut en effet rappeler que ce budget avait été construit sous l'hypothèse, qui ne sera pas confirmée, de non revalorisation du point de la fonction publique en 2001.

Entre 1990 et 2002 , le budget de l'enseignement supérieur aura toutefois augmenté , à structure constante, de 96 % à prix courants, et de 65 % à prix constants .

Cette progression s'est accompagnée d'une modification de la structure des dépenses caractérisée par :

- la part croissante des dépenses d'action sociale , qui représentent 19 % des crédits demandés pour 2002, contre 15 % en 1990 ;

- la diminution du poids des dépenses directes de personnel , qui représentent 58 % des crédits demandés pour 2002 3( * ) , contre 62 % en 1990 ;

- les fluctuations importantes des dépenses d'investissement .

La progression du budget de l'enseignement supérieur doit cependant être rapportée à l'évolution des effectifs d'étudiants dépendant du budget de l'enseignement supérieur (Universités, IUFM, IUT).

Evolution des effectifs de l'enseignement supérieur

(en milliers)

Année universitaire

1992-1993

1993-1994

1994-1995 4( * )

1995-1996

1996-1997

1997-1998

1998-1999

1999-2000

2000-2001

2001-2002

2002-2003

Effectifs dépendants du budget de l'enseignement supérieur 5( * )

1387

1504

1554

1591

1575

1547

1526

1523

1529

1538

1544

dont IUT

85

93

99

103

109

113

115

117

119

nc

nc

dont IUFM

59

75

83

86

86

83

82

82

80

nc

nc

Nombre total d'étudiants

1.957

2.080

2.134

2.169

2.155

2.132

2.119

2.128

2.143

2160

nc

Source : ministère de l'Education nationale (prévisions pour les années universitaires 2001-2002 et 2002-2003).

Ce rapprochement permet de distinguer trois sous-périodes :

- sur la période 1993-1996 , le budget de l'enseignement supérieur s'accroît en moyenne de 6,7 % par an à prix courants (et de 4,9 % par an à prix constants), dans un contexte caractérisé par la poursuite de la démocratisation rapide de l'accès aux universités (le nombre d'étudiants dépendant du budget de l'enseignement supérieur progressant ainsi de 3,2 % par an en moyenne). Rapporté au nombre d'étudiants concernés, le budget de l'enseignement supérieur n'augmente ainsi que de 1,7 % par an en moyenne à prix constants et les dépenses totales par étudiant demeurent inférieures de 20 à 40 %, selon les modes de calcul, par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE ;

- les années 1997-1999 permettent un certain rattrapage . En effet, la progression du budget de l'enseignement supérieur se ralentit à 4,3 % par an en moyenne à prix courants (et de 3,6 % par an à prix constants), mais dans un contexte nouveau de décroissance des effectifs, puisque le nombre des étudiants dépendant du budget de l'enseignement supérieur baisse de 1,1 % par an en moyenne entre la rentrée universitaire 1996 et la rentrée universitaire 1999. Rapporté au nombre d'étudiants concernés, le budget de l'enseignement supérieur augmente ainsi de 4,8 % par an à prix constants ;

- enfin, la période 2000-2002 est caractérisée par un effet de ciseaux. En effet, la progression du budget de l'enseignement supérieur se ralentit continûment à structure et prix constants (+ 1,1 % par an en moyenne), cependant que les effectifs étudiants dépendants du budget de l'enseignement supérieur repartent à la hausse (+ 0,5 % par an en moyenne) sans que cela n'ait été anticipé. Rapporté au nombre d'étudiants concernés, le budget de l'enseignement supérieur ne progresse donc plus que de 0,6 % par an à prix constants .

Evolution du ratio budget de l'enseignement supérieur/ effectifs d'étudiants dépendant du budget de l'enseignement supérieur

PLF

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Evolution du budget à structure et à prix 6( * ) constants (en %)

+6,9

+4,0

+3,2

+5,5

+3,2

+2,4

+5,2

+1,7

+1,1

+0,5

Effectifs dépendants du budget de l'enseignement supérieur à la rentrée de septembre (en milliers)

1504

1554

1591

1575

1547

1526

1523

1529

1538

1544

Evolution des effectifs (en %)

+8,4

+3,2

+2,4

-1,0

-1,8

-1,6

-0,2

+0,4

+0,6

+0,4

Evolution du ratio budget à prix constants /effectifs d'étudiants (en %)

-1,5

+0,8

+0,8

+6,6

+5,1

+4,1

+5,4

+1,3

+0,5

+0,1

Source : ministère de l'Education nationale (prévisions pour les années universitaires 2001-2002 et 2002-2003), calculs du Rapporteur spécial.

I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS

Avec 8,736 milliards d'euros de crédits demandés pour 2002, le budget de l'enseignement supérieur représente 14,4 % du budget de l'Education nationale et 3,3 % du budget général de l'Etat.

Le budget de l'enseignement supérieur constitue d'ailleurs une part croissante du budget de l'Etat , puisqu'il a progressé à structure constante de 17,5 % au cours de la législature 1997-2002, contre une hausse de 8,9 % à structure de 1998 constante pour le budget général de l'Etat.

En revanche, la part budget de l'enseignement supérieur dans le budget de l'Education nationale s'est repliée de 14,5 % en 1997 à 14,2 % en 2002. En d'autres termes, la législature 1997-2002 a accordé la priorité au budget de l'enseignement scolaire (en hausse de 19 % à structure constante et de 21,6 % si l'on rattache à l'enseignement scolaire le coût des aides éducateurs pris en charge par le ministère de l'emploi et de la solidarité) par rapport au budget de l'enseignement supérieur.

Quoi qu'il en soit, on peut rappeler que le budget de l'enseignement supérieur ne recouvre pas seulement des dépenses de formation, puisqu'il supporte toutes les dépenses de personnel et d'infrastructure liées à la double vocation de recherche et d'enseignement des universités.

Inversement, le budget de l'enseignement supérieur ne représente qu'environ la moitié des dépenses publiques en faveur de l'enseignement supérieur.

En effet, l'ensemble des dépenses d'administration générale afférentes à l'enseignement supérieur (rémunérations et pensions des personnels d'administration centrale et d'inspection, action sociale, frais de justice et réparations civiles, etc.), sont imputées sur le budget de l'enseignement scolaire , qui prend également à sa charge les élèves des classes préparatoires aux grandes écoles, ainsi que celles des sections de techniciens supérieurs situées dans les lycées, soit un total de 319.000 élèves à la rentrée 2000-2001, pour un coût annuel de l'ordre de 2,3 milliards d'euros (une quinzaine de milliards de francs).

En outre, le budget coordonné de l'enseignement supérieur annexé au projet de loi de finances pour 2002 montre que les budgets de onze autres ministères participent au financement de l'enseignement supérieur, pour un total de 1,49 milliards d'euros de crédits de paiement en 2002, dont 0,36 milliard d'euros pour le ministère de l'Agriculture et de la Pêche (notamment pour les écoles d'ingénieurs agronomes) ; 0,22 milliard d'euros pour le ministère de l'Emploi et de la Solidarité (notamment pour les formations aux métiers de la santé) ; 0,25 milliard d'euros pour le ministère de la Culture et de la communication (notamment pour les écoles d'architectes) et 0,16 milliard d'euros pour le ministère de la Défense (notamment pour les écoles d'officiers), ces chiffres constituant d'ailleurs des estimations a minima .

Enfin, les collectivités locales , et plus particulièrement les Régions, contribuent de manière croissante au financement des dépenses d'investissement de l'enseignement supérieur, notamment dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions.

A. ANALYSE DES CRÉDITS PAR NATURE

Le tableau ci-après retrace l'évolution des crédits du budget de l'enseignement supérieur au cours de la présente législature et met en évidence l'évolution particulièrement heurtée des dépenses en capital.

Récapitulation des crédits du budget de l'enseignement supérieur.

(en milliards d'euros)

 

LFI 1998

LFI 1999

LFI 2000

LFI 2001

PLF 2002

Titre III (Moyens des services)

5,385

5,601

5,770

6,373

6,661

Evolution

+5,3 %

+4,0 %

+6,0 %

+10,4 % 7( * )

+4,5 %

dont rémunérations des personnels en activité

4,026

4,210

4,346

4,407

4,561

Evolution

+4,1 %

+4,6 %

+3,2 %

+1,4 %

+3,5 %

Titre IV (interventions)

1,226

1,329

1,405

1,336

1,352

Evolution

+0,4 %

+8,4 %

+5,7 %

-4,9 % 8( * )

+1,2 %

Total Dépenses ordinaires

6,611

6,930

7,175

7,708

8,013

Evolution

+4,4 %

+4,8 %

+3,5 %

+7,4 %

+4,0 %

Dépenses en capital (crédits de paiement)

0,776

0,863

0,825

0,838

0,723

Evolution

-6,9 %

+11,3 %

-4,5 %

+1,6 %

-13,7 %

Total (DO + CP)

7,387

7,793

7,999

8,545

8,736

Evolution

+3,1 %

+5,5 %

+2,6 %

+6,8 %

+2,2 %

1. Les dépenses ordinaires

Les dépenses ordinaires s'élèvent à 8,013 milliards d'euros (soit 52,6 milliards de francs) dans le projet de budget pour 2002, en hausse de 4,0 % par rapport à l'an 2001 et de 24 % à structure constante sur la législature 1997-2002.

a) Les moyens des services (titre III)

Les moyens des services représentent 83,1 % des dépenses ordinaires. Ils s'établissent dans le projet de budget pour 2002 à 6,661 milliards d'euros (soit 43,7 milliards de francs) en progression de 4,7 % par rapport au budget 2001.

Les moyens des services se répartissent pour l'essentiel entre :

- les rémunérations , pensions et cotisations sociales des personnels, à hauteur de 5,223 milliards d'euros en 2002 (soit 34,3 milliards de francs), en hausse de 4,0 % sur un an (contre + 3,4 % par an en moyenne sur la période 1997-2001 à structure constante) ;

- les subventions de fonctionnement aux établissements d'enseignement supérieur et de recherche, à hauteur de 1,155 milliard d'euros en 2002 (soit 7,6 milliards de francs), en hausse de 7,8 % sur un an (contre + 4,6 % par an en moyenne sur la période 1997-2001) ;

- le fonctionnement du réseau des oeuvres universitaires (centre national et centres régionaux des oeuvres universitaires et scolaires, CNOUS et CROUS), à hauteur de 269 millions d'euros en 2002 (soit 1,76 milliard de francs), en hausse de 1,5 % sur un an (contre + 1,3 % par an en moyenne sur la période 1997-2001) . Au total, les subventions de fonctionnement au CNOUS et aux CROUS n'auront ainsi progressé que de 1 % à prix constants entre 1997 et 2002.

b) Les crédits d'intervention publique (titre IV)

Avec 1,352 milliards d'euros dans le projet de budget pour 2002, les crédits d'intervention publique représentent 15,5 % du budget du département ministériel.

Composés pour l'essentiel des bourses et secours d'études accordés aux étudiants, ces crédits s'inscrivent en hausse de 1,2 % par rapport au budget pour 2001, contre + 6,7 % par an sur la période 1999-2001 et + 0,5 % par an en 1998.

Ce ralentissement s'explique par l'achèvement du « plan social étudiant » triennal lancé à la rentrée universitaire 1998.

2. Les dépenses en capital

Les dépenses en capital représentent un peu moins d'un douzième des dépenses du budget de l'enseignement supérieur : elles s'élèvent pour 2002 à 723 millions d'euros de crédits de paiement (soit 4,74 milliards de francs) en baisse de 13,7 % par rapport au budget pour 2001, et à 904 millions d'euros (soit 5,93 milliards de francs) d'autorisations de programmes, en baisse de 8,1 % par rapport au budget pour 2001.

Les crédits de paiement demandés pour 2002 s'établiraient ainsi à un niveau inférieur de 12,5 % au niveau moyen atteint sur la période 1997-2001, tandis que les autorisations de programme s'établiraient à un niveau supérieur de 11 % au niveau moyen atteint sur la période 1997-2001.

On peut toutefois noter que ces montants ne tiennent pas compte des crédits qui pourraient être accordés en loi de finances rectificative pour 2001, alors que le ministre de l'Education nationale a d'ores et déjà annoncé qu'il demanderait l'ouverture de 263,4 millions d'euros (soit 1,73 milliards de francs) d'autorisations de programmes afin d'accélérer l'achèvement du plan de mise en sécurité des établissements.

En outre, dans le cadre du plan d'aide et d'action consécutif aux évènements dramatiques survenus à Toulouse , le gouvernement a annoncé le 28 septembre la mise en place de crédits destinés :

- à la reconstruction de l'université du Mirail et du département de chimie de l'Institut national polytechnique de Toulouse (à hauteur de 69 millions d'euros, soit 450 millions de francs) ;

- à la réparations des bâtiments universitaires endommagés (notamment le département chimie de l'IUT, l'IUFM et des résidences et restaurants universitaires) et au déploiement de bâtiments provisoires (à hauteur de 23 millions d'euros au total, soit 150 millions de francs).

B. ANALYSE DES CRÉDITS PAR AGRÉGAT

Le budget de l'enseignement supérieur se compose depuis le projet de loi de finances pour 2001 de deux agrégats :

11- « Enseignement supérieur », auquel a été intégré l'ancien agrégat « recherche universitaire » ;

21- « Action sociale », qui regroupe l'ensemble des aides sociales du département ministériel en faveur des étudiants.

Il est à noter que le projet de loi de finances assigne désormais à chaque agrégat depuis le projet de loi de finances pour 2001 des objectifs assortis d'indicateurs quantitatifs.

1. Enseignement supérieur (agrégat 11)

Cet agrégat regroupe l'ensemble des moyens en personnel et ceux consacrés au fonctionnement et à l'investissement dans les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que l'ensemble des actions en faveur de la recherche universitaire.

Récapitulation des crédits pour l'agrégat « enseignement supérieur »

(en milliards d'euros)

 

LFI 1998

LFI 1999

LFI 2000

LFI 2001

PLF 2002

Titre III (Moyens des services)

5,132

5,338

5,502

6,107

6,392

Evolution

+5,4 %

+4,0 %

+3,1 %

+11,0 %

+4,7 %

dont personnel

4,126

4,311

4,449

5,021

5,223

Evolution

+4,4 %

+4,5 %

+3,2 %

+12,9 % 9( * )

+4,0 %

dont fonctionnement

1,006

1,027

1,053

1,086

1,169

Evolution

+10,1 %

+2,1 %

+2,5 %

+3,1 %

+7,6%

Titre IV (interventions) 10( * )

0,034

0,038

0,039

0,036

0,036

Evolution

-4,6 %

+12,8 %

+2,3 %

-7,4 %

+0,0 %

Total Dépenses ordinaires

5,166

5,376

5,541

6,143

6,428

Evolution

+5,3 %

+4,1 %

+3,1 %

+10,9 %

+4,6 %

Dépenses en capital (crédits de paiement)

0,776

0,863

0,825

0,838

0,723

Evolution

-6,9 %

+11,3 %

-4,5 %

+1,6 %

-13,7 %

Total (DO + CP)

5,942

6,239

6,366

6,981

7,152

Evolution

+3,5 %

+5,0 %

+2,0 %

+9,7 %

+2,5 %

a) Les objectifs assignés à l'agrégat

Les deux grands objectifs assignés à cet agrégat par le projet de loi de finances pour 2002 sont « la qualité du service », d'une part, « l'efficacité socio-économique » de l'enseignement supérieur, d'autre part.

Comme dans le projet de loi de finances pour 2001, le second objectif, relatif à la « qualité du service », se décline en deux-sous objectifs :

- « assurer un encadrement approprié », les indicateurs associés à cet objectif étant le nombre d'étudiant par enseignant-chercheur (qui pourrait baisser en 2002 de 4 % par rapport à 1998, à 19 étudiants pour un enseignant chercheur) et le nombre d'étudiants par personnel non-enseignant (qui pourrait baisser en 2002 de 5 % par rapport à 1998, à 28 étudiants par ATOS) ;

- « mettre à disposition des étudiants les fonds documentaires » , les indicateurs associés à cet objectif étant désormais le nombre d'étudiants par place assise en bibliothèque (en baisse de 20 % en 1999 par rapport à 1995, à 14,6 étudiants par place assise), le nombre d'agents des bibliothèques universitaires pour 1.000 étudiants (en progression de 32 % en 1999 par rapport à 1995, à 3,07 agents pour 1.000 étudiants), enfin la durée moyenne d'ouverture hebdomadaire et annuelle des bibliothèques universitaires pondérée par le volume de leurs collections.

La présentation des sous-objectifs et des indicateurs associés à l'objectif « d'efficacité socio-économique » a par ailleurs été refondue.

En effet, dans le projet de loi de finances pour 2001 , l'efficacité socio-économique consistait à élever le niveau général des connaissances apprécié au regard du taux de scolarisation dans le supérieur, du taux de scolarisation dans l'université, de la proportion de sortants du système éducatif titulaire d'un diplôme du supérieur et du devenir professionnel des jeunes docteurs.

En revanche, le projet de loi de finances décline la notion d'efficacité économique autour des quatre sous-objectifs suivants :

- « lutter contre l'échec en premier cycle », l'indicateur associé à cet objectif étant le devenir (passage ou redoublement dans la même filière ou dans une autre filière, sortie du système universitaire), un an après, des bacheliers entré en première année de premier cycle universitaire ;

- « favoriser l'accès en deuxième cycle universitaire », l'indicateur associé à cet objectif étant l'évolution du taux d'accès en 2 nd cycle universitaire des bacheliers entrés à l'université dans une filière générale (hors IUT et santé) deux à cinq ans auparavant ;

- « accroître le niveau de formation des sortants de l'enseignement supérieur », l'indicateur associé à cet objectif étant la répartition des sortants de l'enseignement supérieur (sans diplôme, avec diplôme de l'enseignement supérieur court - DEUG, DUT, BTS ou diplôme paramédical ou social - ou avec diplôme de l'enseignement supérieur long). En 1999, les sortants de l'enseignement supérieur se répartissaient ainsi entre 25 % de non diplômés, 33 % de titulaires d'un diplôme « court » et 42 % de titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur « long » ;

- « insérer professionnellement les étudiants » l'indicateur associé à cet objectif étant le statut socio-professionnel des diplômés de l'enseignement supérieur cinq ans après la fin de leurs études.

Comme le souligne votre rapporteur spécial dans ses observations, la formulation de ces sous-objectifs et de leurs indicateurs associés demeure toutefois pour le moins maladroite et incomplète .

b) Les dépenses de rémunération

Les crédits demandés pour la rémunération des personnels non enseignants et enseignants chercheurs (y compris les primes d'encadrement doctoral), ainsi que les indemnités, cotisations et prestations sociales s'élèvent à 5,223 milliards d'euros (soit 34,26 milliards de francs) pour 2002, en augmentation de 202 millions d'euros (soit 1,33 milliard de francs) par rapport à 2001, soit une hausse de 4,0 %.

A structure constante, cette augmentation est d'ailleurs légèrement supérieure à 210 millions d'euros, puisque les crédits relatifs aux primes de charges administratives et aux primes de responsabilités (à hauteur de 6,5 millions d'euros) seront transférés à partir du 1 er septembre 2002 vers le chapitre 36-11 « subventions de fonctionnement aux établissements » et que 2 millions d'euros de crédits de rémunération ont été transférées vers la section enseignement scolaire du budget de l'Education nationale

Quoi qu'il en soit, l'augmentation des seuls crédits de rémunération de personnel (202 millions d'euros) est supérieure à l'augmentation de l'ensemble du budget de l'enseignement supérieur (188 millions d'euros). En d'autres termes, les crédits de paiement hors rémunération des personnels s'inscrivent en repli dans le projet de loi de finances pour 2002 par rapport au budget pour 2001.

Hors transferts, l'augmentation des crédits demandés pour la rémunération des personnels (soit 210 millions d'euros) s'explique notamment comme suit :

- à hauteur de 90 millions d'euros , par « l'effet de base » résultant des mesures de revalorisation du point de la fonction publique intervenues en 2000 et en 2001 , alors que le budget de l'enseignement supérieur avait été construit sur l'hypothèse d'une absence de revalorisation du point de la fonction publique. Il résulte d'ailleurs de cette hypothèse que les crédits de rémunérations prévus en loi de finances pour 2001 seront insuffisants et devront sans doute être abondés d'ici la fin de l'année par des dotations en provenance de chapitres « réservoirs » du budget des charges communes et/ou par des crédits ouverts en loi de finances rectificative ;

- à hauteur de 27 millions d'euros , par la réévaluation des besoins de crédits afférents aux cotisations et aux prestations sociales payées par l'Etat, qui sont régulièrement sous-estimés ;

- à hauteur de 25 millions d'euros par les effets en fraction d'année des revalorisations du point de la fonction publique prévues en mars 2002 et en décembre 2002 ;

- à hauteur de 31 millions d'euros par l'effet en année pleine des créations d'emplois intervenues au 1 er septembre 2001 11( * ) ;

- à hauteur de 19 millions d'euros par l'effet en tiers d'année des créations d'emplois budgétaires prévues pour le 1 er septembre 2002 , soit 1 000 emplois d'enseignants (600 enseignants chercheurs, 100 professeurs agrégés - PRAG -, 261 attachés temporaires d'enseignement et de recherche - ATER- et 39 assistants des disciplines médicales) et 1 000 emplois non enseignants (dont 150 emplois pour les bibliothèques, 26 emplois d'infirmières et 10 emplois d'assistante sociale) ;

- à hauteur de 18 millions d'euros , par des mesures d'ajustement, par l'effet en année pleine des mesures catégorielles intervenues en 2001 et par l'effet en fraction d'année de nouvelles mesures catégorielles , notamment la poursuite du repyramidage des corps d'enseignants-chercheurs, d'ingénieurs de recherche, d'ingénieurs d'études et d'agents des services techniques ; la revalorisation de l'indice terminal du corps (en voie d'extinction) des assistants de l'enseignement supérieur ; la transformation de 130 emplois d'assistant de bibliothèque en emplois de bibliothécaire adjoint spécialisé ; la revalorisation de la carrière des personnels de magasinage ; l'achèvement du plan d'intégration de la filière ouvrière et de service dans les corps techniques de la recherche et de la formation ; la transformation de 736 agents administratifs en adjoints administratifs ; enfin la création à partir du 1 er septembre 2002 d'une indemnité pour les membres du Conseil national des universités (à hauteur de 0,30 million d'euros en tiers d'année).

Au total, hors transferts, l'augmentation des crédits demandés pour la rémunération des personnels (soit 210 millions d'euros) s'explique ainsi à hauteur de 142 millions d'euros par la progression mécanique des rémunérations des emplois budgétaires, à hauteur de 50 millions d'euros par les créations d'emplois budgétaires et à hauteur de 18 millions d'euros par les mesures d'ajustement ou catégorielles.

Compte tenu notamment de son impact sur les crédits de fonctionnement des établissements ou des CROUS destinés à la rémunération des emplois non budgétaires, la progression mécanique des rémunérations représente ainsi les 5/6èmes de la progression du budget de l'enseignement supérieur .

c) Les emplois budgétaires

Compte tenu des créations d'emplois détaillées supra, l es emplois budgétaires de l'enseignement supérieur s'élèveraient à 136.132 en septembre 2001 (+ 1,5 % par rapport à septembre 2000).

Au total, les emplois budgétaires du ministère se seront ainsi accrus de 41,5 % entre 1990 et 2002, et de 12,2 % entre 1997 et 2002. Cette progression fut beaucoup plus rapide pour les enseignants (+ 34 %) que pour les IATOS entre 1990 et 1997 ( + 15 %), mais la législature 1997-2002 aura été caractérisée au contraire par une moindre progression des emplois d'enseignants (+ 10 %) que celle des emplois d'IATOS 12( * ) (+ 17 %).

Dans son rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 2000, la Cour des Comptes soulignait toutefois que « contrairement aux emplois de personnel non enseignant dont l'utilisation est quasi totale , tous les emplois de personnel enseignant ne sont pas utilisés . Le recensement opéré en l'an 2000 montre que ...1421 emplois n'étaient pas utilisés au 1 er janvier 2000 pour des recrutements. Selon les informations remontées des établissements, ils se répartissaient entre 737 emplois délégués mais utilisés pour gager des heures complémentaires et 684 emplois délégués et non utilisés pour des raisons diverses (attente de recrutement sur un poste libéré par un départ en retraite, gel provisoire de l'emploi pour des personnels en détachement ou en mobilité, ...) ». La Cour des Comptes ajoutait d'ailleurs : « alors que tous les emplois ne sont pas occupés, la prévision budgétaire s'est avérée erronée... l'exécution [2000] ayant montré que les crédits étaient insuffisants en fin d'année ».

Evolution des emplois budgétaires recensés par le ministère de l'Education nationale
pour l'enseignement supérieur

(en milliers)

Rentrée

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Enseignants

64,5

68,0

69,1

70,2

72,8

74,2

77,1

78,6

79,8

80,3

81,3

IATOS

44,8

46,0

46,1

47,0

48,4

47,0

51,3

52,2

52,8

53,8

54,8

Total

109,3

114,0

115,2

117,2

121,2

121,2

128,4

130,8

132,6

134,1

136,1

Etudiants 13( * )

1387

1504

1554

1591

1575

1547

1526

1523

1529

1538

1544

Source : ministère de l'Education nationale.

Les quinze dernières années auront été également caractérisées par des fluctuations de grande amplitude des taux d'encadrement .

En effet, entre 1987 et 1995 , la progression du nombre des étudiants des établissements dépendant du budget de l'enseignement supérieur fut plus rapide que celle des emplois budgétaires du département ministériel, conduisant à une forte dégradation des taux d'encadrement , notamment en personnel administratif et technique.

Mais les emplois budgétaires du département ministériel ont poursuivi leur progression depuis 1995 (+ 16 %), alors que les effectifs étudiants se repliaient de 3 %, ce qui a permis une nette amélioration des taux d'encadrement.

Au total, le taux d'encadrement en enseignants chercheurs (ratio emplois d'enseignants-chercheurs /étudiants) se sera ainsi dégradé de 19,25 en 1987 à 22,62 en 1995, avant de redescendre à 19,14 à la rentrée 2001 (ce qui correspond aux niveaux atteints au début des années 1980 (c'est à dire d'avant l'accélération du nombre des étudiants).

Comme le souligne la Cour des Comptes, « les créations d'emplois sont ainsi intervenues de façon décalée par rapport à l'évolution de la démographie étudiante... ce lissage, [étant], selon le ministère, volontaire » .

d) Les moyens de fonctionnement

Le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2002 prévoit d'accroître les moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur de 84 millions d'euros (soit 550 millions de francs), à 1,169 milliard d'euros, (soit 7,67 milliards de francs).

Ces moyens de fonctionnement sont constitués à près de 99 % de subventions de fonctionnement aux établissements.

Les subventions de fonctionnement aux établissements (chapitre 36-11)

Les subventions de fonctionnement du chapitre 36-11 constituaient en 1999 (dernière année connue) près de 44 % des ressources des universités , les subventions de recherche et les autres subventions d'Etat et des organismes publics en constituant par ailleurs 13 %, les droits universitaires 10 %, les ressources en formation continue 7 %, la rémunération des travaux et études 6 %, les contrats de recherche 6 %, les subventions des collectivités locales 5 %, la taxe d'apprentissage 2 % et les autres ressources 7 %.

En l'an 2000, un septième de ces subventions ont été attribuées dans le cadre de la politique contractuelle entre l'Etat et les établissements.

Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000, la Cour des Comptes concluait toutefois que « le volet évaluation de la politique contractuelle (dont dépend pourtant la pertinence et la réussite de la démarche) apparaît encore marginal. Le flou des procédures, l'absence de réelles sanctions et la faiblesse des indicateurs ne permettent pas, en particulier d'apprécier l'emploi des moyens contractualisés au regard des objectifs et des priorités qui ont été arrêtés ».

En outre, la Cour des Comptes indiquait de manière plus générale que « le chapitre 36-11 illustre la difficulté que rencontre l'administration centrale à suivre l'utilisation des crédits qu'elle alloue aux universités et donc à mettre en place un contrôle de gestion qui suppose des données certaines. En effet, les crédits sont certes définis par leur objet pour certains d'entre eux dans les arrêtés de notification, mais en fait, une fois intégrés dans les budgets des universités, leur utilisation se fond avec celle des autres ressources disponibles dans les établissements. Par ailleurs, les comptes financiers des universités ne sont pas assez fins ni fiables pour connaître avec précision l'utilisation qu'elles font de leurs ressources. Ainsi, les crédits d'heures supplémentaires réellement dépensés par les établissements ne sont pas connus par l'administration centrale, dont les dotations ne couvrent vraisemblablement qu'un quart environ de ce type de dépense ».

Les moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur progresseraient ainsi de 7,6 % en 2002, après une hausse de 3,0 % en 2001.

En fait, cette progression résulterait à hauteur de 6,5 millions d'euros d'une opération de déconcentration : le transfert à partir du 1 er septembre 2002 des crédits relatifs aux primes de charges administratives et aux primes de responsabilités pédagogiques du chapitre 31-12 « indemnités et allocations diverses » au chapitre 36-11 « subventions de fonctionnement », ce qui donnera plus de souplesse aux établissements.

Compte tenu par ailleurs d'autres opérations de transfert de moindre importance, l'augmentation des moyens de fonctionnement de l'enseignement supérieur ressort ainsi à structure constante à 78 millions d'euros dans le projet de budget pour 2002, soit une hausse de 7,1 % , imputable en totalité à la progression des subventions aux établissements, puisque les crédits demandés pour les autres chapitres (notamment pour les examens et concours et pour le comité national d'évaluation) sont reconduits à l'identique par rapport à ceux prévus dans le budget pour 2001.

Il convient toutefois de remarquer qu'au cours des quinze dernières années, les fluctuations des « réserves » des établissements ont partiellement amorti celles des subventions de fonctionnement. On peut ainsi craindre que l'accélération des subventions de fonctionnement ne conduise à une nouvelle hausse de ces « réserves ».

Or, le fonds de roulement des établissements a déjà progressé de 23 % entre 1995 et 1999 pour atteindre 993 millions d'euros (soit 6,517 milliards de francs), ce qui équivalait à presque un an de subventions de fonctionnement ou à 230 jours de dépenses de fonctionnement , alors que la norme retenue pour le niveau du fonds de roulement par le ministère de l'Education nationale est de 90 jours de dépenses de fonctionnement.

La Cour des Comptes concluait ainsi la monographie consacrée au budget de l'enseignement supérieur dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 2000 : « ... ce montant signifie que les ressources disponibles dans les établissements d'enseignement supérieur représenteraient ainsi un volume de près de 4 milliards de francs. Un tel montant, qui ne peut [certes] pas être assimilé à la seule thésaurisation des subventions reçues de l'Etat, appelle [toutefois] analyse et action de la part du ministère ».

Quoi qu'il en soit, on peut préciser que l'augmentation des moyens de fonctionnement des établissements prévue dans le projet de budget pour 2002 (soit 78 millions d'euros à structure constante) se décompose pour l'essentiel entre :

- la hausse de 65 millions d'euros (+ 7,6 %, après + 2,2 % en 2001), à 931 millions d'euros, des subventions de fonctionnement aux universités , dont 9 millions d'euros au titre de l'impact mécanique de la revalorisation du point de la fonction publique sur les rémunérations versées sur les crédits de subvention (notamment les heures complémentaires) et 2,1 millions d'euros au titre du financement d'une expérimentation de dévolution du patrimoine à certains établissements ;

- la hausse de 6 millions d'euros (+ 5,3 %, après + 2,6 % en 2001), à 121 millions d'euros, des crédits de fonctionnement des bibliothèques universitaires ;

- la hausse de 2,4 millions d'euros (+ 26 %, après + 23 % en 2001), à 11,6 millions d'euros, des crédits réservés à l'action internationale . Alors que la forte progression de 2001 avait principalement bénéficié à EduFrance, à l'agence Socrates-Leonardo da Vinci et aux universités franco-allemande et franco-italienne, l'augmentation demandée pour 2002 devrait notamment permettre le développement des « universités européennes d'été » ;

- la hausse de 1,2 millions d'euros (+ 8 %), à 16,5 millions d'euros, des subventions de fonctionnement de fonctionnement de l'Institut national de la recherche pédagogique (INRP) ;

- l'augmentation de 1,2 millions d'euros (+ 23 %), à 5,3 millions d'euros, des crédits de fonctionnement de l'établissement public du musée des arts et civilisations Paris (le musée des arts premiers), cofinancé par l'enseignement supérieur ;

- la hausse de 0,6 millions d'euros (+ 1,6 %, après + 13 % en 2001), des subventions de fonctionnement accordées aux laboratoires universitaires de recherche.

e) Les dépenses d'intervention

Les dépenses d'intervention de l'agrégat (titre IV), qui avaient baissé de 9 % en 2001, sont stables à 36,2 millions d'euros (soit 235 millions de francs).

Cette stabilité recouvre en fait deux évolutions divergentes :

- d'un côté, la réduction à 16 190 euros (contre 0,9 million d'euros en 2001 et 3,8 millions d'euros en l'an 2000) des crédits demandés pour l'article 43-11.20 « Activités de bibliothèques et muséologie », le ministère ayant désormais entièrement achevé sa participation au budget d'acquisition du musée des arts premiers (soit 75 millions de francs sur trois ans) ;

- de l'autre, la progression de 0,9 million d'euros (+ 2,6 %, après + 2,5 % en 2001), à 35,5 millions d'euros, des crédits destinés à l'enseignement supérieur privé et aux subventions aux associations , qui constituent désormais 98 % des crédits d'intervention de la section budgétaire. Cette progression pourrait notamment permettre le doublement des crédits destinés à la formation des élus étudiants (0,96 million d'euros, soit 6 millions de francs).

f) Les dépenses en capital

Les crédits d'investissement (titres V et VI) demandés pour 2002 représentent un peu plus de 8 % du budget de l'enseignement supérieur, à 723 millions d'euros, soit une baisse de 13,7 % (après une hausse de 1,6 % en 2001).

Ces crédits sont répartis sur quatre chapitres : deux chapitres de construction à maîtrise d'ouvrage Etat (chapitre 56-10) ou à maîtrise d'ouvrage déléguée (66-73) et deux chapitres consacrés respectivement à l'équipement (chapitre 66-71) et à la maintenance (chapitre 66-72).

• Les subventions d'équipement demandées pour la recherche universitaire, qui s'apparentent pour partie à des subventions de fonctionnement, s'élèvent en 2002 à 321 millions d'euros de crédits de paiement (soit 2,11 milliards de francs), en hausse de 5,9 % après une progression de 7,3 % en 2001, et à 330 millions d'euros d'autorisations de programmes (soit 2,17 milliards de francs), en hausse de 5,8 % après une progression de 10,7 % en 2001.
Au total, la progression des subventions d'équipement accordées à la recherche universitaire aura été dynamique et régulière sur la période 1997-2002 (+ 4,6 % par an en moyenne).

Par ailleurs, les subventions prévues pour l'entretien et la maintenance des laboratoires universitaires (article 66-72.50) baissent de 2,8  % en crédits de paiements, à 20,4 millions d'euros (après une baisse de 5  % en 2001), et sont stables en autorisations de programme à 19,8 millions d'euros.

Au total, la recherche universitaire bénéficiera de 341 millions d'euros de crédits de paiements en 2002, contre 325 millions d'euros en 2001, soit une hausse de 5,0 %.
• En revanche, les dépenses de maintenance et de mise aux normes de sécurité des bâtiments d'enseignement supérieur s'inscrivent en repli en 2002 à 211 millions d'euros de crédits de paiements , soit une baisse de 12,3 % après une baisse de 9,4 % en 2001, et à 150 millions d'euros d'autorisations de programmes, soit une baisse de 44 %, après - 4 % en 2001.
Cette baisse globale recouvre des évolutions divergentes.

En premier lieu, les subventions aux établissements d'enseignement supérieur pour des travaux de maintenance , qui s'apparentent aussi pour une large part à des subventions de fonctionnement, augmentent de 12 millions d'euros de crédits de paiements, à 112 millions d'euros en 2002, soit une hausse de 12 %, après une progression de 19 % en 2001.

En revanche, même si l'on ne prend pas en compte l'évolution des dotations prévues pour le campus de Jussieu, les crédits de paiement 14( * ) demandés pour les travaux de mise aux normes de sécurité , qui recouvrent  à la fois la participation de l'Etat au volet sécurité du plan « Université du troisième millénaire » (U3M) et les subventions aux établissements d'enseignement supérieur pour des travaux de mise aux normes de sécurité, connaissent une nette diminution, à 77 millions d'euros en 2002, contre 96 millions d'euros en 2001, soit une baisse de 20 %.

Enfin, les crédits de paiement demandés pour le désamiantage du campus de Jussieu s'inscrivent en très net repli : de 88 millions d'euros en l'an 2000 à 46 millions d'euros en 2001, puis à 22,9 millions d'euros en 2002 . En deux ans, ces crédits auront donc été divisés par quatre .

Cette baisse s'explique selon le ministère par les difficultés techniques rencontrées dans les opérations de désamiantage, qui se traduisent par d'importants reports de crédits de paiement.

Au 31 décembre 2000, le fonds de roulement de l'établissement public du campus de Jussieu (EPCJ) s'élevait ainsi à 101 millions d'euros (662 millions de francs), ce qui correspond au double des crédits de paiements demandés pour 2001 ou à 1,24 fois l'ensemble des crédits engagés sur toute la période 1997-2000.

On peut rappeler que le coût total de ce programme avait été estimé à 3,8 milliards de francs en 1999. Au rythme de la période 1997-2000, les travaux pourraient ainsi se poursuivre au moins jusqu'en 2025.

Depuis l'an dernier, la date d'achèvement des travaux annoncée par le ministère a d'ailleurs reculé de deux ans, de 2006-2007 à 2008-2009.

Les dépenses de personnel de l'EPCJ, qui employait 27 personnes à la fin de l'an 2000, ont pourtant doublé entre 1998 et l'an 2000.

Ces évolutions confirment les difficultés du ministère à maîtriser la gestion de ses crédits d'investissement, qui avaient relevées par la Cour des Comptes pour les chapitres de construction dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000 (cf. encadré ci-dessous).

Les conclusions de la Cour des Comptes sur la gestion des crédits d'investissement du budget de l'enseignement supérieur.

Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'année 2000, la Cour des Comptes concluait (pages 206-207) d'une synthèse consacrée au budget de l'enseignement supérieur que :

«... les conditions d'utilisation des crédits sur [les chapitres] 56-10 et 66-73 [constructions universitaires] ne cessent de se dégrader. Le niveau des reports sur ces deux chapitres atteint en 2000, 1 596 millions de francs, contre 668 millions de francs en 1997, ce qui représente pour l'exercice sous revue [2000], un montant équivalent à celui des dotations initiales.

La période 1997-2000 montre l'accélération du phénomène : les crédits de paiement disponibles, sous l'effet de reports de plus en plus abondants, augmentent de façon régulière (+ 23  ) et ce en dépit d'un ajustement à la baisse des dotations initiales ; le tassement des dépenses (- 17 %) accélère la diminution du taux de consommation qui passe en 4 ans de 75 % à 50 %...


... Cette sous-utilisation des moyens , si elle tient pour partie à des raisons conjoncturelles (lancement du projet Université du troisième millénaire) et des nouveaux contrats de plan Etat-Régions (CPER), reprise économique du bâtiment, défaut de prévision sur les dépenses de l'exercice 2000...) traduit également une maîtrise d'ouvrage défaillante . La multiplicité des intervenants, les difficultés rencontrées dans les marchés publics et l'insuffisante finalisation de nombreuses opérations se conjuguent pour retarder la mise en oeuvre des travaux et la consommation des crédits ».

Cette critique est d'ailleurs réitérée et précisée par la Cour des Comptes quelques pages plus loin pour les crédits du chapitre 56-10 (sous maîtrise d'ouvrage Etat) :

« La gestion du chapitre 56-10 est insuffisante ... La consommation des autorisations de programmes (AP) affectées ne cesse de se dégrader et il faut [en moyenne] 2,6 années pour engager des AP... Si un certain nombre de difficultés techniques, nées de la complexité des projets ou des effets conjoncturels de l'amélioration de la situation des bâtiments peuvent être invoquées, il apparaît surtout que l'insuffisante finalisation des projets, dont les financements sont mis en place alors que les conditions de leur réalisation ne sont pas toutes réunies est pour une part importante à l'origine de cette situation ... le suivi approximatif par l'administration centrale de la gestion des crédits en région ne permet pas encore une nette amélioration de la gestion du chapitre . »

Enfin la Cour des Comptes relève une irrégularité significative dans l'exécution du chapitre 56-10 en l'an 2000 :

« Par un arrêté du 15 novembre 2000, 59 millions de francs ont été annulés en crédits de paiement et en autorisations de programmes afin de régler le coût de l'acquisition par le ministère de l'Education nationale des bâtiments de la rue de Grenelle affectés jusqu'alors au ministère de l'Economie, des Finances et de l'Industrie... L'opération a ainsi conduit à détourner des crédits affectés aux constructions universitaires , dont les dotations étaient certes importantes, au profit des équipements de l'administration centrale moins bien dotés sur la section scolaire. »

• S'agissant des crédits de paiement, le budget de l'enseignement supérieur pour 2002 tient compte de ce constat d'échec, au contraire du budget précédent.
En effet, les crédits de paiements demandés pour la construction de nouveaux bâtiments diminuent à 150 millions d'euros (0,99 milliard de francs) en 2002, contre 272 millions d'euros (1,79 milliard de francs) en 2001, soit une baisse de 45 %, contre une hausse de 7 % en 2001.

En d'autres termes, comme l'indique le ministère de l'Education nationale 15( * ) « le volume des crédits de paiement a été recalibré pour tenir compte du rythme effectif d'engagement des travaux ».

Ces crédits de paiement peuvent être décomposés comme suit :

- 74 millions d'euros (484 millions de francs) pour les travaux de construction sous maîtrise d'ouvrage Etat , contre 92 millions d'euros en 2001 (603 millions de francs), soit une baisse de 20 %.

Au total, les crédits de paiement de ce chapitre auront ainsi connu des fluctuations de grande ampleur au cours de la législature 1997-2002, comme l'illustre le tableau ci-dessous.

Evolution des crédits de paiement du chapitre 56-10
constructions sous maîtrise d'ouvrage Etat (en millions d'euros)

LFI

1997

1998

1999

2000

2001

2002

Crédits de paiement

197

141

132

70

92

74

Evolution

 

-27,9 %

-5,9 %

-47,6 %

+31,5 %

-20,0 %



- 97 millions d'euros (634 millions de francs) pour les autres travaux de construction, contre 180 millions d'euros en 2001 (1 180 millions de francs), soit une baisse de 46 %.

Ces dotations se subdivisent elles-mêmes entre 35,1 millions d'euros pour le musée du quai Branly  (contre 13 millions d'euros en 2001), 14,2 millions d'euros pour la rénovation du Museum d'histoire naturelle (contre 12 millions en 2001), et 47,6 millions d'euros pour les travaux de construction sous maîtrise d'ouvrage des établissements ou des collectivités locales proprement dits 16( * ) (contre 155 millions d'euros en 2001, dont 9,15 millions d'euros ont toutefois été annulés en mai 2001, en contrepartie d'une ouverture de crédits d'un montant équivalent au chapitre 56-10).

•  Au contraire des crédits de paiement ainsi recalibrés à la baisse pour tenir compte du retard des travaux en cours, les autorisations de programme destinées aux constructions nouvelles s'inscrivent en hausse de 5 % dans le projet de budget de l'enseignement supérieur pour 2002, à 404 millions d'euros (2,65 milliards de francs), contre 385 millions d'euros en 2001 (2,52 milliards de francs).
Ces autorisations de programme se répartissent entre :

- 363,6 millions d'euros (2,39 milliards de francs), contre 313 millions d'euros en 2001, dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions, dont 317,9 millions d'euros au titre des engagements de l'Etat en matière d'enseignement supérieur et 45,7 millions d'euros au titre des engagements de l'Etat en matière de recherche la recherche et

- 40,55 millions d'euros hors contrats de plan Etat-Régions, dont 18,75 millions d'euros pour le musée des arts premiers (contre 49,3 millions d'euros en 2001) et 21,8 millions d'euros pour le Museum d'histoire naturelle (comme en 2001) ;

Compte tenu des observations précédentes sur les retards et les difficultés de pilotage des programmes d'investissement du ministère cette accélération des autorisations de programmes pourrait toutefois davantage constituer une mesure d'affichage qu'une réelle impulsion en faveur du développement universitaire.

A cet égard, on peut d'ailleurs rappeler que l'ouverture d'autorisations de programmes n'est rien d'autre qu'une reconnaissance de dette de la part de l'Etat lorsqu'elle ne s'accompagne pas de la mise de place de crédits de paiements.
• On peut ainsi s'inquiéter du rythme de financement par le ministère de l'enseignement supérieur de ses engagements au titre des contrats de plan Etat-Régions 2000-2006.
En effet, sur la période 2000-2002, le ministère de l'Education nationale aura certes mis en place 980 millions d'euros (6,427 milliards de francs) d'autorisations de programmes correspondant à des projets inscrits dans les CPER 2000-2006, soit un peu plus des trois-septièmes des engagements du ministère au titre de l'enseignement supérieur (2180 millions d'euros, soit en moyenne 14,3 milliards de francs sur sept ans).

Néanmoins, le ministère de l'Education nationale n'aura mis en place à ce titre que 77 millions d'euros de crédits de paiement en l'an 2000, 78 millions d'euros de crédits de paiement en 2001 et 100 millions d'euros de crédits de paiement en 2002, soir un total cumulé de 255 millions d'euros sur la période 2000-2002, qui ne représente que 12 % des engagements de l'Etat au titre des CPER 2000-2006.

A ce rythme, le ministère de l'Education nationale aura mis en place les crédits de paiement correspondant à ses engagements contractualisés en 2025.

Certes, ce retard est pour partie imputable aux délai de lancement de certains travaux.

Cela signifie toutefois que le ministère de l'Education nationale devra désormais consacrer en moyenne chaque année sur la période 2003-2006 environ 0,48 milliard d'euros (soit plus de 3,15 milliards de francs) de crédits de paiements aux opérations prévues dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions, soit près 5 fois plus que les crédits de paiement prévus à cet effet dans le projet de budget pour 2002.

Il s'agit là d'une « bombe à retardement » budgétaire .

Le plan U3M et les contrats de plan Etat-Régions 2000-2006

Entre 1991 et 1999, l'Etat et les collectivités locales ont financé à parité, à hauteur de 40 milliards de francs, le plan U2000 , qui a principalement permis la construction de 3,5 millions de m 2 de locaux universitaires permettant de pallier les principales carences en capacité d'accueil des étudiants.

Le plan U3M 2000-2006 se veut plus global , et ne concernera pas seulement la construction de locaux universitaires, mais aussi la restructurations des sites existants (notamment à Paris-centre et à Toulouse), la vie étudiante (notamment les bibliothèques, le logement et la restauration), la recherche et le transfert de technologie. Son application relève à la fois du ministère de l'Education nationale et du ministère de la Recherche.

Les financements mobilisés dans le cadre du plan U3M s'établissent comme suit :

- 42,5 milliards de francs dans le cadre des contrats de plan Etat-Régions 2000-2006 , dont 18,2 milliards de francs pour l'Etat, parmi lesquels 14,3 milliards de francs pour le ministère de l'Education nationale. 25 % de ces crédits seront consacrés à la vie étudiante et aux bibliothèques ;

- 3,8 milliards de francs de l'Etat pour le campus de Jussieu ;

- 2,7 milliards de francs de l'Etat pour le plan de sécurité, qui s'inscrit notamment dans le cadre des contrats Etat-Universités et poursuit le plan 1996-1999 ;

- 1 milliard de francs de l'Etat pour la rénovation du museum d'histoire naturelle ;

- 0,6 milliards de francs de l'Etat pour le musée du quai Branly.

Hormis les opérations récurrentes de maintenance courante et les subventions d'équipement aux laboratoires universitaires, le plan U3M, à travers les grands travaux, le plan sécurité et les contrats de plan Etat-Régions, absorbe dès aujourd'hui la totalité des autorisations de programmes du budget de l'enseignement supérieur .

2. Action sociale

Composé exclusivement de dépenses ordinaires, cet agrégat connaît dans le projet de loi de finances pour 2002 une progression nettement ralentie à 1,581 milliard d'euros (10,37 milliards de francs), contre 1,565 milliard d'euros en 2001(10,26 milliards de francs), soit une hausse de  1,3 % .

Après avoir augmenté de 8,2 % en 1999 et en 2000, puis de 6,8 % en 2001, soit au total de 25 % sur la période 1999-2001, en raison de la mise en place du « plan social étudiant », les dépenses d'action sociale inscrites au budget de l'enseignement supérieur atteignent donc un palier.

La part des dépenses d'action sociale dans les dépenses de fonctionnement et d'intervention du budget de l'enseignement supérieur se replie ainsi à 19,8 %, après avoir augmente de 19,1 % en 1998, à 20,3 % en 2001.

Ce ralentissement concerne davantage les aides directes (dont la hausse est limitée à + 1,2 % en 2002, contre + 29,7 % sur la période 1999-2001), puisque la progression des aides indirectes est identique à celle des trois années précédentes (+ 1,6 % par an).

Récapitulation des dépenses d'action sociale

au titre du budget de l'enseignement supérieur

(en millions d'euros)

 

LFI1998

LFI1999

LFI2000

LFI2001

PLF 2002

Aides indirectes (fonctionnement du CNOUS et des CROUS)

253

263

269

265

269

Evolution en %

+ 0,2

+ 4,0

+ 2,1

- 1,2

+1,6

Nombre de lits subventionnés (en milliers) 17( * )

100,1

99,5

99,8

99,4

99,4

Nombre de repas subventionnés (en millions)

63,3

62,1

60,7

 
 

Aides directes (bourses, secours d'étude et contribution de l'Etat aux transports collectifs parisiens)

1002

1094

1197

1299

1315

Evolution en %

+0,7

+9,3

+9,4

+8,5

+1,2

Etudiants boursiers 18( * ) (en milliers)

410

454

476

nc

 

Taux d'étudiants boursiers 19( * )

24,1%

27,2%

28,2%

30 ,0%

 

Total pour l'action sociale

1255

1367

1466

1564

1584

Source : ministère de l'Education nationale

a) Les objectifs assignés à cet agrégat

Les objectifs assignés à l'action sociale du ministère ne répondent qu'à la seule préoccupation « d'efficacité socio-économique ».

Contrairement aux préconisations conjointes du bon sens et de la direction du budget (cf. les observations de votre Rapporteur spécial), ces objectifs ne répondent ainsi ni à des préoccupations de bonne gestion, ni à des préoccupations de « qualité du service ».

En matière d'aide sociale, la qualité du service offert aux usagers, par exemple les délais d'octroi et de paiements des bourses, sont pourtant essentiels.

Quoi qu'il en soit, le projet de budget pour 2002 décline cet objectif « d'efficacité socio-économique » en quatre sous objectifs .

• Trois de ces sous objectifs concernent les aides indirectes . Ils consistent respectivement à :
- « offrir aux étudiants des logements à prix modérés », les indicateurs associés étant le loyer résiduel à la charge des étudiants ;

- « remettre à un niveau le patrimoine » des résidences universitaires, les indicateurs associés étant le nombre de lits crées ou rénovés, ces indicateurs de flux s'étant substitués à l'indicateur de stock utilisé dans le budget pour 2001 (le nombre de lits subventionnés), qui s'inscrivait en diminution ;

- enfin « offrir aux étudiants un repas équilibré à prix modéré », les indicateurs associés étant le prix et le coût moyen du repas en restaurant universitaire au 1 er janvier. Ces indicateurs se sont substitués dans le projet de loi de finances pour 2002 à l'évolution du nombre de repas servis. Il est vrai que cet indicateur, retenu en 2001, mettait tout particulièrement en relief la désaffection des étudiants envers les restaurants universitaires.

Les évolutions de ces indicateurs, telles qu'elles sont retracées dans le bleu budgétaire, sont édifiantes : tous ces indicateurs se sont dégradés entre 1997 et l'an 2000 .

En effet, le loyer résiduel en chambre de cité universitaire a augmenté de 25 % et le loyer résiduel d'un studio de résidence universitaire, ainsi que le prix et le coût d'un repas en restaurant universitaire ont augmenté de 8 % ; alors que l'indice des prix à la consommation n'a progressé que de 4 % en glissement annuel sur la même période. En outre, le nombre de lits créés a baissé de 15 % et le nombre de lits rénovés a baissé de 47 %.

En fait, ces évolutions traduisent bien la priorité exclusive accordée aux aides directes au détriment des aides indirectes.
• S'agissant des dépenses d'aide directes (soit près de 1,4 milliards d'euros), un seul sous-objectif leur est assigné : « atteindre un taux de 30 % d'étudiants aidés », l'indicateur associé étant le ratio étudiants boursiers / étudiants des formations du ministère de l'Education nationale susceptibles d'accueillir des boursiers.
Cet objectif est en fait la transcription directe de l'un et d'un seul des deux objectifs qui avaient été assignés au plan social étudiant lancé à la rentrée 1998, à savoir accroître de 23 % en 1997-1998 à 30 % en 2001-2002 la proportion d'étudiants bénéficiant d'une aide directe et augmenter de 15 % le niveau des aides.

Cet objectif appelle trois remarques :

- en premier lieu, entre les années universitaires 1997-1998 et 2000-2001, le montant moyen des bourses ne s'est accru que de 2,5 % en francs courants (de 16 100 francs à 16 507 francs), ce qui correspond à une baisse en francs constants. Contrairement aux assertions du dossier de presse 20( * ) de la rentrée universitaire 2001, le niveau moyen des aides n'aura donc pas augmenté de 15 % entre 1997 et 2001. Cela résulte d'un effet de structure : la création de bourses à taux zéro et l'élargissement de la proportion d'étudiants aidés tendent spontanément, à freiner le montant moyen des bourses (les nouveaux étudiants aidés disposant, toutes choses égales par ailleurs, de ressources supérieures et donc de montants de bourses inférieures), malgré le relèvement des taux de 15 % ;

- en second lieu, votre rapporteur spécial avait souligné dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 2001 que les statistiques publiées par le ministère de l'Education nationale relatives au nombre et à la proportion de boursiers étaient incohérentes et probablement fausses.

On peut ainsi rappeler que les estimations du nombre de boursiers pour l'année universitaire 1999-2000 s'établissaient ainsi à la rentrée 2000-2001 à 459.718 dans le dossier de présentation de la loi de finances réalisé par la mission de la communication du ministère, mais à 457.719 dans le bleu budgétaire et à 453.442 dans la réponse du ministère au questionnaire de la Commission des finances, trois documents pourtant concomitants. Un an plus tard, dans sa réponse au questionnaire de la commission des finances sur le projet de budget pour 2002, le ministère estime désormais très précisément le nombre de boursiers en 1999-2000 à 447.955.

On ne peut ainsi que s'étonner de l'incapacité du ministère à dénombrer rétrospectivement les boursiers de manière fiable ;

- on peut surtout s'étonner de ce que le ministère soit incapable d'estimer de manière satisfaisante le nombre d'étudiants boursiers de l'année universitaire en cours .

Dans le projet de loi de finances pour 2001 publié à la rentrée universitaire 2000-2001, le nombre d'étudiants boursiers était ainsi prévu à 490.000 en 2000-2001, alors qu'il est aujourd'hui estimé à 467.000, soit un écart de près de 5 %, que ne justifie aucunement l'évolution de la démographie étudiante (plus dynamique qu'escompté). Cette surestimation du nombre de boursiers s'est notamment traduite par une dotation excessive des crédits d'aide directe.

Au total, les systèmes d'information et les capacités de pilotage du ministère en matière de bourses semblent particulièrement défaillants .
b) Les crédits d' aides indirectes

Les aides indirectes sont désormais regroupées au chapitre 36-14 du titre III, qui recouvre l'ensemble des moyens de fonctionnement (y compris les rémunérations des personnels) du centre national des oeuvres universitaires (CNOUS), des vingt-huit centres régionaux (CROUS), de la Cité internationale universitaire de Paris, et de l'Observatoire de la vie étudiante (OVE), soit 269 millions d'euros en 2002 (+ 1,6 %).

Ces aides recouvrent pour l'essentiel :

- la rémunération des personnels du CNOUS et des CROUS , à hauteur de xxx 21( * ) millions d'euros en 2002 , contre 93,9 millions d'euros en 2001, soit une hausse de xxx % (contre + 0,6 % en 2001). Cette hausse s'explique notamment par la création de 42 emplois non budgétaires dans les CROUS à partir du 1 er septembre 2002 ;

- les subventions de fonctionnement aux restaurants universitaires , à hauteur de 95,1 millions d'euros prévus pour 2002 (sans changement par rapport à 2001), sur la base d'une subvention par repas de 10,27 F, et sous l'hypothèse de stabilité du nombre de repas d'étudiants constaté en l'an 2000, soit 60,8 millions.

Rappelons à cet égard que le nombre de repas étudiants servis par les restaurants universitaires s'est toutefois réduit de 6,2 % entre 1997 et 2000, en raison notamment du repli du nombre d'étudiants (- 1,2 %) de la transformation des pratiques alimentaires des jeunes (déstructuration des repas), mais aussi d'une certaine désaffection envers ce type de restauration, qu'un audit réalisé en 1998-1999 imputait notamment aux files d'attente et au manque de place. Au total, sur la base de deux repas par jour, les restaurants universitaires ne servent environ que 5 % des repas des étudiants durant l'année universitaire.

- les subventions de fonctionnement aux résidences universitaires (environ 99 000 lits). Ces subventions, qui pourraient atteindre 29,5 millions d'euros en 2002, se réduisent depuis 1995, en raison de la baisse du nombre de lits en résidence universitaires traditionnelles (- 9 % entre 1990 et 2000), d'une part, de la diminution de la part du fonctionnement pris en charge par l'Etat (de 26  % en 1995 à 19 % en 2002), au profit d'une hausse des redevances versées par les étudiants (+ 18% depuis 1995), d'autre part.

Néanmoins, le potentiel total d'accueil des étudiants (environ 149 500 lits, soit + 20% par rapport à 1990, mais - 0,1 % par rapport à 1997), pourrait se stabiliser en raison de la légère augmentation du nombre de studios et d'appartement nouvellement construits en application de la loi du 15 juillet 1985, dont l'équilibre financier est assuré par les seules recettes provenant des étudiants, mais qui ouvrent droit à l'aide personnalisée au logement (APL) ;

- les subventions prévues pour la rénovation et l'entretien des restaurants et résidences universitaires, qui s'élèvent à 38,4 millions d'euros en 2002 (sans changement par rapport à 2001) ;

c) Les crédits d'aides directes

Les aides directes constituent désormais la totalité du titre IV de cet agrégat. Elles sont regroupées dans un seul chapitre (43-71), pour lequel le projet de budget pour 2002 demande 1,315 milliard d'euros (8,63 milliards de francs) de crédits de paiement, soit une progression de 1,2 %, contre + 8,5 % en 2001.

• Ce chapitre recouvre en fait quatre articles d'importance très inégale :
- l'article 43-71.20 regroupe les crédits demandés pour le fonds de solidarité universitaire , soit 3,5 millions d'euros (22,8 millions de francs) en l'an 2002 (sans changement par rapport à 2001) ;

- l'article 43-71.40 regroupe les crédits destinés aux prêts d'honneur sans intérêt, remboursables au plus tard 10 ans avant la fin des études et accordés par un comité académique spécialisé. Les crédits demandés pour cette action s'élèvent à 3,05 millions d'euros (20 millions de francs) d'euros en 2002 (contre 3,96 millions d'euros en 2001, soit une baisse de 23 %). En cours de gestion, ces crédits sont traditionnellement abondés par les fonds de concours résultant des remboursements effectués par les étudiants (à hauteur de 3,05 millions d'euros en l'an 2000) ;

- l'article 43-71.70 regroupe l'ensemble des « bourses spéciales pour l'étranger », c'est à dire les bourses associées aux stages industriels et commerciaux (à hauteur de 914 6910 euros en l'an 2001), les « bourses d'enseignement supérieur et frais de voyage à l'étranger, notamment dans les pays de langue arabe » (à hauteur de 99 275 euros en l'an 2001), les autres secours exceptionnels aux enfants de familles françaises résidant à l'étranger (à hauteur de 2 623 euros seulement en l'an 2001), enfin et surtout les aides complémentaires aux bourses ERASMUS (à hauteur de 1,524 million d'euros en l'an 2001, soit en moyenne moins d'un euro par an par étudiant des universités).

Les crédits demandés pour cet article augmentent de 3,96 millions d'euros en 2002, pour atteindre 6,50 millions d'euros (soit 42,6 millions de francs), en raison notamment du doublement des aides complémentaires aux bourses ERASMUS à partir de la rentrée 2001. L'aide complémentaire reçue par les étudiants demeure toutefois très modeste (de l'ordre d'une trentaine d'euros par mois durant un semestre) ;

- l'article 43-71.10 comprend en fait en fait 99 % des crédits de ce chapitre, dont la nomenclature est sans doute à revoir . En effet, cet article regroupe à la fois des crédits destinés à des actions sociales diverses (« voyages de port à port », frais de transport des étudiants étrangers vers les établissements universitaires, etc.), pour un montant cumulé de 2 millions d'euros ; la contribution de l'Etat au financement de la carte « Imagine R » permettant aux étudiants franciliens de voyager avec 40 % de réduction dans les transports collectifs parisiens (290.000 étudiants étant concernés en 2000-2001), à hauteur de 11,4 milllions d'euros en 2001, enfin les bourses proprement dites, à hauteur de 1.276 millions d'euros en 2001, soit 99 % de l'article et 98 % du chapitre.

Les crédits demandés pour cet article s'élèvent à 1.302 millions d'euros en 2002, soit une hausse de 1 %.
• L'évolution des crédits demandés pour l'article 43-71.10 appelle quatre séries de remarques :
- les crédits demandés pour cet article ont progressé de 30 %entre 1997 (988 millions d'euros) et 2001 (1289 millions d'euros) ;

- la Cour des Comptes a toutefois souligné dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'an 2000 que les dépenses n'ont pas suivi le même rythme de progression sur la période 1998-2000, le taux de consommation des crédits du chapitre 43-71 s'établissant ainsi à 98 % en 1999 et à 95 % en l'an 2000.

La Cour des comptes conclut à cet égard : « certes, cette évolution est vraisemblablement due à un « effet retard » du plan étudiant, dont les crédits ont été mis en place en fonction de l'échéancier prévu, alors que le rythme de consommation habituel des crédits et la nouveauté de certaines mesures ont été un frein à leur mise en oeuvre. Mais on doit aussi remarquer que la sur-dotation des chapitres concernés est un phénomène ancien, constaté dès avant l'existence du plan social, qui n'a donc pas été résorbé, malgré les mesures successives d'annulation ayant concerné ce même chapitre depuis plusieurs années [8,28 millions d'euros en 1999 et 15,24 millions d'euros en l`an 2000] » ;

- à la fin de l'an 2000, le reliquat de fin de gestion des crédits du chapitre 43-71 atteignait ainsi 59 millions d'euros, soit près de 5 % des dotations initiales. Ce reliquat a été entièrement reporté le 22 mars 2001 sur les crédits pour 2001, une fraction (10,75 millions d'euros) en étant toutefois annulée le 21 mai 2001. Malgré cette nouvelle annulation, les crédits disponibles pour l'exercice 2001 demeuraient ainsi supérieurs de 4 % aux crédits votés en loi de finances initiale ;

- les crédits demandés pour 2002 pour le chapitre 43-71 ne progressent que de 16 millions d'euros. Cette faible progression est étonnante compte tenu des montants cumulés (environ 100 millions d'euros) de l'effet en année pleine des mesures déjà annoncées l'an passé pour la rentrée 2001 22( * ) (environ 76 millions d'euros) et de l'effet des mesures qui viennent être annoncées (26 millions d'euros). Ce paradoxe ne peut trouver que deux explications : ou bien les crédits demandés pour 2002 sont sous-estimés ; ou bien les crédits demandés pour 2001 ont été de nouveau grossièrement surestimés et les mesures d'ajustement prévues dans le projet de budget pour 2002 (- 10 millions d'euros) sont insuffisantes.

Dans les deux cas la gestion de ce chapitre soulève un problème de sincérité budgétaire (le chapitre servant délibérément de chapitre « réservoir ») et/ou de maladministration du dispositif d'aide sociale du ministère.

Les bourses d'enseignement supérieur,

le plan social étudiant et les autres aides en faveur des étudiants.

Les bourses d'enseignement supérieur financées par l'article 43-71.10 sont accordées par le recteur, après instruction des dossiers par les CROUS, aux étudiants suivant des formations habilitées (soit 1,7 million d'étudiants sur 2,1 millions).

Ces bourses se décomposaient traditionnellement comme suit :

- des bourses sur critères sociaux (environ 453.000 en 2000-2001) attribuées en fonction des ressources et des charges des parents ou du tuteur légal appréciées en fonction du barème national. Ces bourses ne concernaient pas les étudiants de troisième cycle. Leur montant maximum était de 21.402 francs par an en 2000-2001;

- des bourses sur critères universitaires (environ 15. 000 en 2000-2001) accordées sur proposition des présidents d'université en fonction de critères universitaires et sociaux à des étudiants suivant des formations particulières (bourses de DEA et d'agrégation, d'une part, bourses de services public pour des étudiants préparant des concours de la haute fonction publique, au nombre de 577 en 2000-2001, d'autre part).

Composé d'un ensemble de mesures de portée inégale, le plan social étudiant lancé à la rentrée universitaire 1998 a consisté  jusqu'aux nouvelles mesures annoncées à la rentrée 2001 à :

- relever les plafonds de ressources ouvrant droit à l'octroi d'une bourse ;

- augmenter les taux nominaux des bourses (de 15 % au total en quatre ans, dont + 3 % à + 5 % selon les échelons à la rentrée 1998 ; + 0 % à la rentrée 1999 ; + 0 % à +3,5 % à la rentrée 2000, et + 7,5 % à la rentrée 2001), ce qui correspond à une revalorisation du pouvoir d'achat d'environ 10 %, la progression du montant moyen des bourses allouées étant toutefois nettement plus faible en raison d'un effet de structure ;

- créer la carte de transport « Imagine R » pour les étudiants franciliens ;

- mettre en place à partir de la rentrée 1999 des nouvelles bourses sur critères sociaux (des bourses à taux zéro, au nombre de 30. 000 en 2000-2001, permettant seulement aux étudiants de bénéficier de l'exonération des droits d'inscription et de sécurité sociale et des bourses de cycle, au nombre de 36.000 en 2000-2001, permettant aux étudiants de conserver leur bourse alors même qu'ils rencontrent des « difficultés dans leurs études », le plus souvent un redoublement) ;

- mettre en place à partir de la rentrée des « allocations d'études » destinées à aider les étudiants confrontées à des situations personnelles difficiles (par exemple la rupture des liens familiaux) mais ne répondant pas aux critères sociaux (notamment lorsque les ressources de leurs parents sont au dessus des plafonds prévus). Le contingent de ces allocations d'études fut porté de 7.000 à la rentrée 1999 à 11.000 à la rentrée 2001.

Comme votre rapporteur l'avait déjà souligné, ces contingents ne sont toutefois pas entièrement consommés , seules 5.368 bourses sur 7.000 en 1999-2000 et 8.009 bourses sur 9.000 en 2000-2001 ayant été effectivement attribuées. Cela résulte à la fois d'un défaut d'information des étudiants et des difficultés de gestion d'un dispositif parcimonieux et par essence relativement discrétionnaire ;

- créer des bourses de mérite d'un montant maximum de 40.005 francs par an pour les étudiants bacheliers avec mention très bien issus de familles modestes et se destinant aux études de médecine ou aux études menant vers les concours d'entrée à l'ENA, à l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) ou aux grandes écoles scientifiques. Le nombre de ces bourses a été progressivement porté de 200 à la rentrée 1998 à 800 à la rentrée 2001, le taux de consommation de ces bourses étant toutefois en repli (95 % en 1998-1999; 91 % en 1999-2000 ; 83 % en 2000-2001).

Les mesures nouvelles annoncées à la rentrée universitaire 2001 , qui sont d'effet immédiat, visent à :

- l'extension aux étudiants inscrits en DESS du système des bourses sur critères sociaux, pour un coût de 18,6 millions d'euros en 2001, le dispositif antérieur de bourses sur critères « sociaux et universitaires » étant toutefois maintenu ;

- la création d'un contingent de 36.000 mois de bourses de mobilité destinées à permettre à environ 12.000 étudiants déjà boursiers sur critères sociaux de suivre une formation à l'étranger en bénéficiant d'un complément de bourse de 384 euros (2.519 francs) par mois durant en moyenne trois mois. Le coût de ce dispositif est en de 13,8 millions d'euros en année pleine ;

- la revalorisation du taux des bourses de 1,2 % à la rentrée 2002.

Au total, le dispositif mis en place par le plan social étudiant apparaît très touffus , un même étudiant pouvant parfois bénéficier de cinq ou six dispositifs alternatifs ou complémentaires, ce qui soulève des problèmes d'information .

Pourtant, ce dispositif ne recouvre qu'une minorité des aides allouées aux étudiants . Alimenté par une fraction des droits universitaires (55 francs), le fonds d'aide à la vie étudiante (FAVE), mis en place à la rentrée 1991 consacre ainsi environ un tiers de ses ressources (85 millions de francs en 1998, dernière année connue) à des actions sociales.

Surtout, comme le rappelait notre collègue M. Roland MUZEAU dans son rapport au nom de la commission des affaires sociales sur « l'allocation autonomie des jeunes de moins de vingt-cinq ans » 23( * ) , les étudiants bénéficient d'aides au logement majorées par rapport au droit commun et de nombreuses aides sont déployées indirectement (c'est à dire par l'intermédiaire de leurs familles) ou directement en faveur des jeunes de 16 à 25 ans : allocations familiales et complément familial versées aux familles au titre des jeunes de moins de 20 ans, majoration des aides au logement attribuées aux familles du fait des enfants âgées de moins de 21 ans, majoration du RMI du fait d'un enfant à charge de moins de 25 ans, avantages fiscaux au titre du quotient familial ou au titre de la déduction d'une pension alimentaire, exonération sous un certain plafond des revenus perçus à l'occasion d'emplois occasionnels, etc.

Le dispositif d'aide aux étudiants apparaît ainsi d'une extrême complexité .

Cependant, le rapport « regards sur l'Education » publié en l'an 2000 par l'OCDE suggérait que les aides publiques attribuées aux étudiants en France étaient sensiblement inférieures à celles attribuées à leurs homologues en Allemagne et aux Etats-Unis.

C'est dans ce contexte que des rapports successifs du Commissariat général du Plan (en février 2001) et du Conseil économique et social (en mars 2001) ont prôné la création respectivement d'une allocation d'autonomie pour les jeunes (18-25 ans) en contrepartie d'une formation et/ou d'un travail et d'une contribution de formation insertion, puis que fut créée par voie législative une « Commission nationale pour l'autonomie des jeunes » chargée de rendre ses conclusions avant le 31 décembre 2001.

II. PRINCIPALES OBSERVATIONS DE VOTRE RAPPORTEUR SPÉCIAL

Votre rapporteur spécial souhaite formuler cinq observations sur le budget de l'enseignement supérieur pour 2002.

Votre rapporteur approuve certaines orientations de ce budget, comme la priorité accordée aux dépenses d'équipement des laboratoires, aux dépenses de maintenance des locaux et aux subventions de fonctionnement des universités, ainsi que le rééquilibrage de la structure des emplois au profit des personnels techniques et d'administration.

Votre rapporteur se félicite plus particulièrement de l'accélération des efforts consentis, tant en emplois qu'en moyens de fonctionnement, pour moderniser les bibliothèques universitaires , pour améliorer leurs conditions d'accueil et pour accroître l'amplitude de leurs horaires d'ouverture. Ces efforts devront bien sûr être poursuivis pour faciliter leur intégration dans la société de l'information.

Votre rapporteur se félicite également des avancées du plan social étudiant , notamment de la revalorisation des plafonds et des taux des bourses : ce plan aura permis d'améliorer l'autonomie et les conditions de vie des étudiants issus des familles les plus modestes ou des classes moyennes, qui étaient pénalisées par le système antérieur, sans pour autant se traduire par la création d'un statut spécifique de l'étudiant susceptible de créer de nouvelles inégalités au détriment des autres jeunes.

Votre rapporteur souligne par ailleurs son attachement au développement des bourses attribuées selon des critères de mérite .

Votre rapporteur se réjouit des progrès de la construction de l'espace européen de l'enseignement supérieur , notamment de la hausse du nombre d'étudiants étrangers accueillis en France et de la mise en place de bourses de mobilité, et approuve les principales mesures annoncées par le ministre de l'Education nationale en application de la résolution du Conseil européen du 14 décembre 2000 portant plan d'action pour la mobilité, notamment la diffusion du système européen d'unités capitalisables et transférables (système ECTS).

Enfin, les observations formulées en l'an 2000 par votre rapporteur ont été entendues sur deux points particuliers au moins.

En premier lieu, le projet de budget pour 2002 prévoit 26 créations de postes d'infirmière et 10 créations de postes d'assistante sociale pour pallier l'insuffisance des services médico-sociaux (une infirmière pour 4.000 étudiants et une assistante sociale pour 20.000 étudiants en moyenne), dans un contexte où les pratiques sanitaires des étudiants se dégradent (tabagisme, alcoolisme, pratiques à risques).

En second lieu, la présentation de l'information budgétaire , dont votre rapporteur dénonçait l'an passé la mauvaise qualité, le manque de clarté et les inexactitudes, s'améliore : la transmission du budget coordonné de l'enseignement supérieur fut cette année moins tardive ; le fléchage des crédits correspondant aux engagements de l'Etat pour les contrats de plan Etat-Régions progresse et les données retranscrites dans le bleu budgétaire sont plus précises et plus lisibles.

Votre rapporteur s'inquiète de la déshérence des oeuvres universitaires, dont les crédits n'auront progressé que de 0,2 % par an en volume durant la législature 1997-2002, alors que leurs coûts unitaires (notamment leurs coûts salariaux) connaissaient une hausse soutenue et que les CROUS sont désormais confrontés à de nouvelles difficultés, comme le passage aux 35 heures et la diffusion d'un sentiment d'insécurité parmi leurs résidents et leurs personnels.

Tous les indicateurs sans exception retenus par le bleu budgétaire en matière d'aides indirectes aux étudiants se dégradent

Il semble ainsi que le gouvernement néglige , sans doute au profit de mesures plus spectaculaires, les chantiers de longue haleine que sont la réhabilitation de la restauration universitaire et la rénovation des résidences universitaires , où sont pourtant logés les étudiants les plus modestes et les étudiants étrangers, notamment ceux qui sont accueillis dans le cadre du programme ERASMUS. En atteste de manière anecdotique la réponse adressée à votre rapporteur concernant l'état de mise en oeuvre des préconisations de l'audit des restaurants universitaires effectué en 1998-1999 : au mot près, cette réponse est identique à celle de l'an dernier.

Votre rapporteur rappelle par ailleurs que l' entretien des locaux universitaires demeure insuffisant En effet, l'Etat possède aujourd'hui, notamment grâce aux efforts financiers des collectivités locales, plus de 14 millions de mètres carrés de locaux universitaires, hors CROUS. Compte tenu du coût actuel d'un mètre carré universitaire (environ 1.500 euros plus 500 euros d'équipement), et des durées conventionnelles d'amortissement des bâtiments (30 ans) et des équipements (5 ans), l'Etat devrait ainsi prévoir plus de 2 milliards d'euros par an de dotation aux amortissements pour ces bâtiments. Or l'Etat ne consacrera en 2001 que 232 millions d'euros de crédits de paiement à l'entretien, aux travaux de mise en sécurité et la maintenance des bâtiments (désamiantage de Jussieu compris) et 321 millions d'euros aux équipements de recherche universitaire. Dans ces conditions, l'état de délabrement de certains bâtiments n'est guère surprenant, et on peut s'inquiéter de la pérennité des nouveaux locaux cofinancés à grands frais par les collectivités locales.

Enfin, votre rapporteur s'inquiète des retards pris par le désamiantage du campus de Jussieu et par la mise en oeuvre des contrats de plan Etat-Régions.

Le désamiantage du campus de Jussieu est tellement lent que la date prévue d'achèvement des travaux a reculé de deux ans depuis l'an dernier : de 2006-2007 à 2008-2009. En fait, au rythme actuel de consommation des crédits, l'achèvement de ces travaux pourrait prendre encore deux ou décennies.

De même, la mise en oeuvre effective des projets inscrits dans les contrats de plan Etat-Régions 2000-2006 prend un retard considérable : les crédits de paiement mis en place à cet effet depuis l'an 2000 ne représenteront à la fin de 2002 que 12 % des engagements de l'Etat sur toute la période 2000-2006. Pour respecter ses engagements contractualisés, l'Etat devra ainsi multiplier par cinq en moyenne à partir de 2003 les crédits de paiement consacrés chaque année aux CPER en matière d'enseignement supérieur, ce qui constitue une bombe à retardement budgétaire .

Ces retards trouvent pour une large part leur origine dans les carences des systèmes d'information , du contrôle de gestion , des procédures de pilotage et de la réflexion prospective du ministère de l'enseignement supérieur, carences que votre rapporteur avait déjà soulignées l'an passé.

La Cour des Comptes a d'ailleurs confirmé dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour l'an 2000 qu' « il n'existe actuellement aucune procédure formelle pour le contrôle de gestion et pour le pilotage et le suivi des crédits. L'absence d'outils de gestion et d'indicateurs permettant de mesurer la réalisation des objectifs budgétaires et financiers est illustrée par la sobriété des comptes rendus budgétaire... limités à trois pages [en l'an 2000] ».

Dans son avis 24( * ) au nom de la délégation du Sénat à l'aménagement et au développement durable du territoire sur le projet de schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche, notre collègue Mme Yolande Boyer concluait parallèlement que la démarche soulignait de même « le manque de capacités de projection et de prospective du ministère ».

Enfin, un rapport 25( * ) publié par le Comité national d'évaluation en février 2001 attirait de manière convergente l'attention sur « les problèmes liés à l'absence d'une politique de recherche en éducation en France ».

Votre rapporteur déplore donc que le ministre de l'Education nationale ne se préoccupe guère de l'amélioration de la gestion et de l'administration de l'enseignement supérieur, comme en témoignent les objectifs assignés aux grands agrégats du projet de budget pour 2002.

On peut en effet rappeler que les objectifs assignés à chaque agrégat depuis le projet de loi de finances pour 2002 doivent être en principe déclinés selon trois axes : l'efficacité socio-économique (quel est le bénéfice final de l'action de l'Etat ?), la qualité du service rendu aux usagers , enfin l'efficacité de la gestion (progresse-t-on vers l'optimisation des moyens employés ?).

Or aucun objectif d'amélioration de la gestion n'est associé aux deux agrégats (« enseignement supérieur » et « action sociale ») du budget 2002 et aucun objectif visant à améliorer la qualité du service rendu aux usagers n'est associé à l'agrégat « action sociale », qui recouvre pourtant la gestion des bourses, les résidences universitaires et les restaurants universitaires.

Par surcroît, les objectifs et les indicateurs d'efficacité socio-économique associés à l'agrégat « enseignement supérieur » sont mal formulés . Par exemple, l'indicateur « évolution du taux d'accès en second cycle universitaire », qui est associé à l'objectif « favoriser l'accès en deuxième cycle universitaire » n'est guère significatif puisqu'il tend à se dégrader lorsque la proportion des titulaires d'un DEUG qui poursuivent leurs études hors de la sphère universitaire (grandes écoles, écoles paramédicales et sociales, etc.) augmente.

De même, on peut s'étonner du manque d'indicateurs relatifs à l'évolution des inégalités , comme de l'absence d'objectifs relatifs à la formation tout au long de la vie et à l'ouverture de l'enseignement supérieur à de nouveaux publics, qui constituent pourtant des priorité affichées dans le schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche.

Dans ces conditions, on peut s'inquiéter de la capacité du ministère de l'Education nationale à mettre en oeuvre la réforme de l'ordonnance organique relative aux lois de finances.

Votre rapporteur regrette de même que l'accélération des créations d'emplois (1.000 postes d'enseignants-chercheurs et 1.000 postes de personnels administratifs et techniques) et la progression soutenue des subventions de fonctionnement aux universités (qui augmentent de 7 % dans le projet de budget pour 2002), ne se soient pas accompagnée d'une refonte de leurs critères de répartition .

En effet, le système mathématique San Remo (acronyme de « système analytique de répartition des moyens ») est obsolète . Le CNESER estimait ainsi en 2001 que « les graves déficiences que génère ce système, comme l'opacité des critères de détermination qu'il utilise ne sauraient perdurer ou se reproduire sans mettre en cause l'unité, le développement et la démocratisation du service public ». La Cour des comptes a d'ailleurs montré 26( * ) que le ministère de l'enseignement supérieur était conduit à opérer des « corrections » aux résultats issus du système San Remo, mais le faisait sans continuité, sans règle du jeu claire et parfois sans logique apparente. Enfin, la portée de la procédure est étroitement limitée par la méconnaissance des effectifs réels de la part du ministère et par le fait qu'elle ne joue qu'à la marge, aucun redéploiement de postes d'enseignants-chercheurs n'ayant été opéré entre établissements au cours des dix dernières années.

La progression des emplois et des subventions de fonctionnement dans un contexte de quasi-stabilisation de la population étudiante rendait pourtant une réforme d'ensemble moins difficile.

Il s'agit là sans nul doute d'une occasion manquée .

Au total, compte tenu du défaut de volonté politique visant à résorber ces carences en matière de systèmes d'information, de contrôle de gestion et de capacités de pilotage du ministère, il n'est guère étonnant :

- que l'exécution de certains chapitres budgétaires fasse régulièrement apparaître des mauvaises estimations récurrentes des dépenses ;

- que le ministère ne puisse ou ne veuille s'assurer du respect effectif de certaines obligations réglementaires, comme l'anonymat des copies d'examen, en principe obligatoire depuis 1984 ;

- que les rapports commandés par le ministre constatent sans relâche, à l'instar de celui de M. Fitoussi 27( * ) sur l'enseignement de l'économie, que des mesures théoriquement impulsées depuis plus dix ans, comme le tutorat, sont modérément appliquées et, à l'instar du rapport de M. Petit sur « les améliorations pédagogiques à l'université », proposent de les « réactiver » ;

- que « le volet évaluation de la politique contractuelle [entre l'Etat et les établissements] (dont dépend pourtant la pertinence et la réussite de la démarche) apparaisse encore marginal, ... le flou des procédures, l'absence de réelles sanctions et la faiblesse des indicateurs ne permettant pas, en particulier, d'apprécier l'emploi des moyens contractualisés au regard des objectifs et des priorités qui ont été arrêtés », comme le souligne la Cour des Comptes ;

- de manière plus générale, que les conclusions des évaluations ne soient presque jamais tirées, de sorte que les appels de la conférence des présidents d'universités en faveur du renforcement du dyptique évaluation / autonomie des établissements demeurent pour l'essentiel sans écho.

Après le défi de la quantité, l'enseignement supérieur français doit pourtant relever le défi de la qualité .

Le nombre d'étudiants de l'enseignement supérieur est globalement stable depuis le milieu des années 1990 - il aura baissé de 0,3 % entre la rentrée 2001 et la rentrée 1995 - et, selon les projections du ministère, cette situation pourrait se prolonger.

Votre rapporteur s'en félicite. En effet, cette évolution ne résulte pas seulement des évolutions démographiques, mais d'un coup d'arrêt à la course au diplôme qu'a connue la France au début des années 1990, lorsque la dégradation des perspectives d'insertion professionnelle des jeunes, et la baisse corollaire du coût d'opportunité des études, se sont traduites par un allongement incontrôlé de la durée moyenne des études (plus de deux ans et demi en moyenne entre 1986 et 1995), à l'origine d'un gâchis social (le déclassement des jeunes diplômés), d'inégalités accrues (l'allongement de la durée moyenne des études les plus prestigieuses pénalisant, toutes choses égales par ailleurs, les étudiants issus de familles modestes, et la banalisation des diplômes renforçant l'importance relative des facteurs sociaux pour l'accès à l'emploi), et de l'affaiblissement de la notion de seconde chance (en raison de la diminution du rendement relatif des formations continues longues).

La baisse de la pression quantitative sur notre système d'enseignement supérieur (les taux d'encadrement étant revenus au niveau de 1987) rend aujourd'hui les réformes de fond beaucoup plus aisées .

Ces réformes n'en sont pas moins nécessaires . En effet, l'enseignement supérieur français doit désormais relever le défi de la qualité , c'est à dire s'adapter à une population étudiante désormais diversifiée et développer son attractivité internationale.

Le défi de la qualité concerne d'ailleurs aussi bien le système dans son ensemble, que chaque établissement pris individuellement : la diminution des effectifs tend en effet à accroître la concurrence entre établissements.

Or les premiers travaux réalisés à ce sujet suggèrent que les taux de réussite du DEUG en deux ans , corrigés du profil des étudiants (série et âge d'obtention du baccalauréat) et de la répartition disciplinaire, varient du simple au double entre les universités , sans d'ailleurs que les étudiants n'en soient informés.

Votre rapporteur regrette ainsi que le ministre de l'Education nationale, avant tout soucieux de satisfaire tout le monde, diffère les décisions relatives aux réformes de structure.

Certes, son discours lyrique et mobilisateur emporte souvent l'adhésion, et le projet de budget pour 2002 comporte un foisonnement de micro-mesures sympathiques, comme la création de bureaux de la vie étudiante, le doublement des crédits de formation des élus alloués aux associations représentatives des étudiants ou la mise en place d'une indemnité significative pour les membres du Conseil national des universités.

Avec le recul, on s'aperçoit toutefois que de nombreuses mesures annoncées il y a un an par le ministre de l'Education nationale dans son discours d'orientation du 11 octobre 2001 sont toujours en tout ou partie dans les limbes : l'institutionnalisation d'une fonction de directeur des études de première année, « des efforts importants » pour accroître les capacités d'hébergement des CROUS ; les mesures d'harmonisation pour un accès universel des étudiants aux bibliothèques en Europe ; « une réalisation rapide, efficace, exemplaire de projets importants... comme... Jussieu » ; l'ouverture de 56.000 m2 de bibliothèques universitaires supplémentaires en 2001 28( * ) ; la mise en place d'un dispositif de cautionnement mutuel pour aider les étudiants à se loger, etc.

Certes, le ministre de l'Education nationale multiplie les nouveaux organismes , par exemple en créant un haut comité de suivi des concours de recrutement de l'enseignement scolaire, un Institut français des Amériques et, dans un secteur déjà caractérisé par la profusion de structures mal coordonnées, un Conseil pour l'accueil des étudiants étrangers.

Il poursuit également avec constance sa politique de commandes de rapports à des personnalités prestigieuses. Certains rapports, comme celui confié à Mme Blandine Kriegel sur « les nouvelles voies qui s'ouvrent aux étudiants s'orientant vers les filières de lettres et de sciences humaines » sont pourtant toujours en cours depuis plus d'un an. Quant à ceux qui ont été rendus, ils ont été pour la plupart suivis du lancement de réflexions complémentaires ou de l'annonce de que le ministre demandait à ses services de formuler des propositions sur les propositions énumérées par les rapporteurs.

Pour le reste, à l'exception des évolutions proposées en matière de décentralisation, qui ont été écartées, le ministre « lance des pistes » mais esquive ou repousse les principales décisions .

Ainsi, les orientations relatives à l'avenir des IUT et des sections de techniciens supérieur dans le cadre de l'évolution vers un système 3/5/8 ne sont pas connues.

De même, le ministère n'a pas vraiment répondu à la question de votre rapporteur lui demandant de détailler, mesure par mesure, les suites données aux préconisations formulées en mai 2000 par la mission d'évaluation et de contrôle (MEC) de l'Assemblée nationale en matière de modernisation de la gestion des universités 29( * ) . Et pour cause, puisque aucune suite n'a été donnée à nombre de ces préconisations, parfois pourtant aisées à mettre en oeuvre, comme la parution rapide des décrets d'application de la loi du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la recherche.

Cette combinaison d'un discours mobilisateur et d'une politique temporisatrice est dangereuse, car elle est de nature à susciter des frustrations chez les acteurs et à décourager durablement les bonnes volontés.

Dans certaines domaines, comme la redéfinition des tâches des enseignants-chercheurs, les décisions concrètes sont pourtant urgentes , en raison :

- de l'ampleur des dérives et des dysfonctionnements actuels, longuement exposés dans le dernier rapport 30( * ) de la Cour des Comptes sur la fonction publique de l'Etat ;

- de ce que, comme le souligne le rapport de la commission animée par M. Eric Espéret 31( * ) , de très nombreux recrutements seront réalisés dans les années à venir pour compenser les départs à la retraite (près d'une moitié des enseignants étant renouvelés en dix ans).

A cet égard, on peut également s'étonner de l'écart entre les intentions affichées dans le schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche - la mise en oeuvre d'une politique ambitieuse de lissage des recrutements - et les moyens effectivement alloués au développement de la gestion prévisionnelle des enseignants chercheurs, un seul agent étant en charge de ce dossier au sein des services centraux du ministère 32( * ) ?

Enfin, votre rapporteur déplore que le nouveau ministre de l'Education nationale, en rupture sur ce point avec ses prédécesseurs, accorde nettement la priorité à l'enseignement scolaire par rapport à l'enseignement supérieur.

On peut en effet rappeler qu'entre 1975 et 1999, la dépense intérieure d'éducation par élève avait déjà augmenté, à prix constant, de 86 % pour le premier degré et de 68 % pour le second degré, contre seulement 25 % pour l'enseignement supérieur. En l'an 2000 la dépense moyenne pour un étudiant de l'université était en France inférieure de 19 % à la dépense consentie pour un lycéen de l'enseignement général. De même, la dépense en faveur d'un étudiant d'IUT est sensiblement inférieure à la dépense consentie pour un élève de lycée professionnel ou technologique.

Comme le soulignait M. Claude Allègre lors de son audition par votre commission des finances le 11 octobre 2001, la France est ainsi dans une situation singulière parmi les pays développés, puisqu'elle est un des pays de l'OCDE qui dépensent le moins pour l'enseignement supérieur, tout en dépensant plus que la moyenne pour l'enseignement scolaire.

Ces constats, qui font l'unanimité des observateurs, ne sont pas sans conséquences concrètes. Par exemple, En l'an 2000, selon les estimations effectuées par le ministère à partir d'un échantillon d'établissements, les universités ne disposaient en moyenne que d'un ordinateur pour 27 étudiants, soit nettement moins que les lycées. Compte tenu des horaires d'ouverture des salles, cela ne représente en moyenne qu'environ 2 heures par semaine et par étudiant d'accès à un ordinateur. En outre, les besoins non satisfaits en matière de vie associative, de sport, d'accessibilité aux handicapés, etc. sont considérables.

En conséquence, votre rapporteur est surpris que les crédits de l'enseignement scolaire progressent près de deux fois plus vite que ceux de l'enseignement supérieur dans le projet de budget de loi de finances pour 2002 (+ 4,1 % contre + 2,2 %).



1 La forte progression du budget de l'enseignement supérieur entre l'an 2000 et 2001 résulte pour une large part de l'inscription au budget de l'enseignement supérieur, à partir de 2001, à hauteur de près de 330 millions d'euros, du financement des cotisations patronales d'assurance maladie des fonctionnaires du département ministériel, alors que cette opération faisait jusqu'en l'an 2000 l'objet d'un transfert en gestion à partir du budget des charges communes.

2 Déflaté de l'indice implicite des prix du PIB.

3 En neutralisant l'impact du changement de structure intervenu en 2001 (cf. note de bas de page n°1 de la page précédente).

4 Changement de source statistique et de périmètre à partir de 1994-1995.

5 Hors territoires d'Outre-mer.

6 Déflaté de l'indice implicite de prix du PIB.

7 Cette augmentation résulte à hauteur de 168 millions d'euros d'une opération de transfert interne, les oeuvres sociales en faveur des étudiants étant portées à partir de 2001 au titre III et non plus au titre IV.

8 Cette baisse résulte de l'opération de transfert interne ci-dessus.

9 Cette hausse résulte pour une large part de l'inscription au budget de l'enseignement supérieur, à partir de 2001, à hauteur de près de 330 millions d'euros, du financement des cotisations patronales d'assurance maladie des fonctionnaires du département ministériel, alors que cette opération faisait jusqu'en l'an 2000 l'objet d'un transfert en gestion à partir du budget des charges communes.

10 A structure 2002 constante.

11 soit 983 nouveaux emplois d'IATOS (dont 314 emplois de personnels administratifs, 201 ingénieurs d'études et de recherche, 77 assistants ingénieurs, 191 techniciens de recherche et adjoints techniques de recherche, 150 emplois de personnels de bibliothèques et 30 infirmières), ainsi que 300 emplois de maître de conférences, 256 postes d'allocataires temporaires d'enseignement et de recherche (ATER) et 19 postes d'élèves d'Ecole normale supérieure, auxquels on peut ajouter le recrutement de 60 enseignants associés à temps partiel supplémentaires (dont 16 associés de médecine générale).

12 Ingénieurs, administratifs, techniciens, ouvriers et de service.

13 Etudiants des seuls établissements dépendant du budget de l'enseignement supérieur.


14 Le projet de budget pour 2002 ne prévoit aucune ouverture d'autorisations de programme pour ces opérations, mais le ministre de l'Education nationale a annoncé l'inscription dans le projet de loi de finances rectificative pour 2001 de 263,4 millions d'euros d'autorisations de programme (soit 1,73 milliards de francs) correspondant à l'intégralité du solde des autorisations de programme nécessaires à la mise en oeuvre du plan de sécurité des établissements du programme U3M (2000-2006).

15 Cf. le dossier de presse de la rentrée universitaire 2001, page 11.

16 Ces 47,6 millions d'euros se subdivisent eux-mêmes entre 28,4 millions d'euros pour les constructions universitaires et 19,2 millions d'euros pour la recherche.

17 Prévisions pour 2001 et pour 2002.

18 Y compris les allocations d'étude effectivement allouées et les bourses de mérite (contrairement aux chiffres retenus par le bleu budgétaire, qui ne comprennent pas les allocations d'étude et les bourses de mérite)

19 Nombre d'étudiants boursiers / nombre d'étudiants dans les formations du ministère de l'Education nationale et susceptible d'accueillir des boursiers (soit environ 1 700 000 étudiants), tel que calculé par le ministère de l'Education nationale.

20 Page 21.

21 Les données correspondantes n'ont pas encore été transmises par le ministère.

22 C'est à dire le relèvement des plafonds de ressources du 1 er échelon, la hausse de 7,5 % des taux des différentes aides, la création de 1.000 bourses universitaires et 200 bourses de mérite supplémentaires, ainsi que l'accroissement de la participation du ministère au complément ERASMUS.

23 Rapport du Sénat n°371, 2000-2001.

24 Rapport du Sénat n°395, 2000-2001.

25 « Les IUFM au tournant de leur première décennie ».

26 Dans le tome II de son rapport particulier sur la fonction publique de l'Etat publié en avril 2001.

27 Page 152.

28 Seulement 37.000 m2 supplémentaires sont aujourd'hui prévus pour 2001.

29 Cf « Moderniser la gestion des universités : quels outils pour quels enjeux ? » , Alain Claeys, rapport n°2357 de l'Assemblée nationale.

30 « La fonction publique de l'Etat », tome 2, rapport particulier de la Cour des Comptes, avril 2001.

31 « Nouvelle définition des tâches des enseignants et des enseignants-chercheurs » dans l'enseignement supérieur français », septembre 2001.

32 Cf. à cet égard les observations de la Cour des Comptes, in « La fonction publique de l'Etat », tome 2, rapport particulier de la Cour des Comptes, avril 2001, page 201.