CHAPITRE
II
DES CONSÉQUENCES MAJEURES QUI S'IMPOSENT AVEC UNE
PROGRESSIVITÉ ACCÉLÉRÉE
I. DES CONSÉQUENCES MAJEURES
L'essor des nouvelles technologies d'information et de communication affecte, sous pratiquement tous leurs aspects, les activités économiques, culturelles et sociales, le fonctionnement des services publics et le développement de la recherche.
A. Les conséquences économiques
1. Une importance considérable
a) Des effets globaux
Ce qui frappe, dans l'incidence économique des nouvelles techniques d'information et de communication, c'est son caractère global. Ces techniques impliquent, en effet, la production massive de biens et services nouveaux auxquels ont recours, à grande échelle, les principaux secteurs (sociétés, ménages, institutions, administrations) et la plupart des grandes branches de l'économie (industrie, commerce, services marchands, transports et télécommunications...).
Il s'agit à la fois de biens d'équipement professionnels et ménagers (ordinateurs), de biens intermédiaires (l'informatique, les télécommunications et l'électronique grand public représentent 80 % des débouchés des semi-conducteurs) et de biens de consommation (CD-ROM, jeux vidéo).
Le développement des technologies considérées accentue la "tertiarisation" et la mondialisation de l'économie, puisqu'il affecte dans une plus grande mesure les services et universalise les transactions et l'accès aux données. Il accélère aussi la diffusion des savoirs et renforce ainsi la tendance à faire de la maîtrise des connaissances un facteur clé de compétitivité dans le monde d'aujourd'hui.
b) La modification des frontières des secteurs industriels traditionnels
L'avènement de la société de l'information touche en priorité les acteurs industriels majeurs Télécom et informatique .
Le rapport des force était le suivant en 1993 :
Chiffre d'affaires en milliards de $ | % du PIB mondial | Taux de croissance annuel | ||
Télécom | 510 | 1,92 | + 3,0 % | |
Informatique | 445 | 1,67 | + 6,7 % |
Source OMSYC, 1993
Si les tendances que traduit ce tableau se confirmaient (ce qu'il est permis de penser), le chiffre d'affaires de l'informatique dépassera, en l'an 2000, celui des télécommunications [1] .
Chacun des deux secteurs subira, en son sein, des modifications de répartition d'activités :
• croissance des services au détriment des équipements dans les télécommunications (malgré le développement rapide actuel des mobiles et des équipements pour satellite) ;
• augmentation toujours très forte, dans l'informatique, du chiffre d'affaires des logiciels et des ventes de micro-ordinateurs et d'équipements et services de réseaux ; déclin des gros ordinateurs ( "mainframe" et même station de travail) et des grands systèmes propriétaires ;
c) Les secteurs des industries du contenu
Ces chiffres ne tiennent pas compte, ou fort peu, de l'industrie des services, des contenus et des programmes. L'édition et l'édition électronique, de même que le secteur audiovisuel et de la radiodiffusion, vont indiscutablement -et cette opinion est partagée par tous les experts- constituer un domaine où l'on voit très mal se structurer les industries du futur.
Citons quelques marchés émergents :
• créations de nouveaux contenus pour de nouveaux supports (jeux vidéo, CD-ROM dont le marché, tiré par les ventes de jeux, d'encyclopédies et de titres ludo-éducatifs, explose littéralement...) ;
• démarrage, encore timide, du commerce "en ligne" sur des réseaux privés ou sur Internet ;
• autres téléactivités ou téléservices (informations, transactions financières, immobilières, services bancaires...) et offres de télétravailleurs indépendants ;
Quelques marchés émergent :
• Jeux vidéo (consoles haut de gamme) : de 1,1 milliard de $ en 1995 à plus de 2 milliards en 2000
• CD-ROM : 3,7 milliards de $ (+ 68 %) en 1994, dont 70 % de jeux
• Services en ligne : environ 2,6 milliards de $ : 1,6 milliard en France (Minitel) et le reste, 90 %, aux USA.
• certains estiment que le développement de la distribution en ligne de produits et services devrait aboutir à créer un lien beaucoup plus direct entre les consommateurs et les créateurs et éditeurs de contenus ou fournisseurs de services.
La nouveauté des techniques, des contenus et des services, la multitude des partenariats nécessaires et la complexité des problèmes à résoudre entraîneront par contre un recours croissant à des consultants, tiers de confiance, gestionnaires de bouquets de services, etc.
Les nouvelles techniques permettent en effet, s'adressant à un marché immense, de le segmenter finement en abolissant les distances et de personnaliser les services. Il devient ainsi possible, par des offres adaptées, de répondre aux besoins latents de certaines catégories de clients, par exemple des amateurs isolés de produits rares (vieux disques) ou de sports confidentiels (lutte gréco-romaine) rassemblés en communautés virtuelles de consommateurs, téléspectateurs et clubs de discussion.
Cette évolution correspond, par exemple, à ce que serait, dans le secteur de l'habillement, le passage d'une solution "prêt à porter" à une solution sur mesure ou, en agriculture, à celui de méthodes de monoculture extensive à une polyculture intensive.
d) Un potentiel favorable
Le potentiel économique des nouvelles techniques d'information et de communication apparaît comme étant globalement prometteur. En effet, la contribution de ces techniques à la croissance et, par tant, à l'emploi et à l'équilibre budgétaire, semble positive.
Tel est, en tout cas l'avis de l'O.C.D.E. [2] qui, de façon générale, affirme que " la technologie crée des emplois " ayant constaté, notamment, que les industries de haute technologie ont enregistré, de 1970 à 1993, une progression de leurs effectifs (contrairement à la tendance constatée dans le reste du secteur manufacturier), malgré d'importants gains de productivité.
S'agissant plus particulièrement des technologies de l'information, l'organisation estime qu'" elles sont une abondante source de produits, de services et, par conséquent, d'emplois nouveaux. (...) Elles concourent largement à créer de la valeur ajoutée et des emplois, d'abord en elles-mêmes, mais aussi par leur contribution indirecte à l'expansion de la production et des échanges dans de nombreux autres secteurs (...)".
Ce processus, toutefois, ne va pas sans entraîner des transferts de main d'œuvre entre entreprises et secteurs mais il s'agit, au total, d'une " destruction créatrice ". " Dans le passé -note l'O.C.D.E.- les effets générateurs de revenus des technologies nouvelles se sont révélés plus puissants que leurs effets d'éviction de main d'œuvre ; le progrès technologique s'est accompagné, non seulement d'une production et d'une productivité plus fortes, mais aussi d'un niveau d'emploi globalement plus élevé. "
Des inégalités apparaissent, cependant, entre les pays : " ceux qui se sont le mieux adaptés aux technologies nouvelles et ont orienté leur production et leurs exportations vers les marchés de haute technologie ont eu tendance à créer davantage d'emplois ".
De fait, selon le magazine Business Week (numéro du 8 avril 1996), les secteurs de l'informatique, des communications et des loisirs ont créé au total 400.000 emplois en un an aux États-Unis (20 % du total des nouveaux postes) et le téléphone 54.000 (en deux ans), malgré la libéralisation.
En Europe, les effectifs dans les services liés aux logiciels et à l'informatique ont quasiment triplé depuis 1980 pour représenter 750.000 personnes. Dans les services audiovisuels, la croissance de l'emploi a été de 37 % entre 1983 et 1992.
Les perspectives restent bonnes dans ces secteurs à moyen terme. Selon un récent rapport, les effectifs dans le secteur du logiciel, par exemple, pourraient croître de 15 à 16 % jusqu'en 2000, ce qui correspondrait à la création de 97.000 nouveaux emplois...
En France, les effectifs dans l'industrie des semi-conducteurs qui étaient d'environ 15.000 personnes, se sont accrus de 10 % en 1995 et devraient continuer à augmenter. Une enquête réalisée par le magazine Usine Nouvelle (numéro du 12 septembre 1996) montre que l'électronique, l'informatique et les télécommunications sont les secteurs qui embauchent le plus de cadres actuellement (31 % des entreprises prévoient d'augmenter leurs effectifs.
Par ailleurs, des prévisions du B.I.P.E. [3] pour la période 1995/2001 font état d'un taux de croissance annuel moyen en volume bien supérieur à celui du PIB en ce qui concerne les semi-conducteurs, les matériels informatiques, les ventes de téléviseurs et les services informatiques ou les programmes de télévision.
Enfin, selon le rapport de Thierry Breton, les téléservices pourraient représenter en France de 200.000 à 400.000 emplois en 2005 (contre 65.000 en 1993).
Perspectives de croissance (exemples)
• Télécommunications (selon l'OMSYC)
1995 626 milliards de $ (2,23 % du PIB mondial)
2000 731 milliards de $ (2,4 % du PIB mondial)
• Micro-ordinateurs (selon Dataquest)
+ 17 % en moyenne à partir de 1996 jusqu'en 2000
• Semi conducteurs (selon WSTS)
1995 144,4 milliards de $
1999 234,6 milliards de $
• Marché de l'informatique et des télécommunications (selon l'Observatoire européen des technologies de l'information)
En 1996 : Europe + 8,7 %
USA + 6,5 %
Japon + 6,1 %
Du point de vue de l'aménagement du territoire, l'existence, dans le domaine des technologies de l'information, de pôles attractifs susceptibles d'accueillir des investissements étrangers ou français, constitue déjà un atout précieux pour quatre régions :
• Provence-Alpes-Côte d'Azur avec les récents investissements d'Atmel et de SGS-Thomson et le développement de Sophia Antipolis, où plus de 10.000 personnes, pour la majorité cadres ingénieurs et chercheurs, travaillent dans le domaine des inforoutes ;
• Rhône-Alpes qui bénéficie de l'implantation du LETI, d'un laboratoire du CNET et de l'usine SGS-Thomson de Crolles en ce qui concerne les semi-conducteurs et qui a accueilli à Grenoble des centres de recherche de Hewlett-Packard et de l'INRIA, sans compter le centre de développement de Bull à Echirolles ;
• le département de l'Essonne, en Ile de France, avec l'ouverture à Corbeil d'une unité de production de mémoires électroniques (600 emplois directs) par IBM (Digital Equipment, Hewlett-Packard sont déjà présents dans la région) ;
• enfin, en Bretagne, la métropole de Rennes avec France-Télécom et Thomson Multimédia, Mitsubishi, Canon, etc...
Le potentiel de croissance des nouvelles technologies d'information et de communication apparaît indéniable, au niveau de l'ensemble des pays de l'O.C.D.E. et de l'Asie.
Des défaillances statistiques
L'appareil statistique actuel rend difficilement compte de phénomènes tels que l'accroissement de l'investissement immatériel (parfois assimilé à une réduction de coûts de production).
La délimitation entre industrie et services et entre différentes catégories de services apparaît souvent par ailleurs comme floue.
Enfin, une curieuse évolution dénommée "paradoxe de la productivité" a été constatée ces dernières années. Il s'agit d'une chute de moitié du rythme d'augmentation de la productivité globale de la main d'œuvre par rapport à celui des années soixante-dix, malgré les progrès de l'investissement immatériel, et d'un maintien de la progression tendancielle de l'emploi, en dépit d'un net fléchissement de la croissance.
Les technologies de l'information et de la communication sont souvent invoquées pour expliquer ce paradoxe : la croissance en volume et les gains de productivité induits par l'utilisation de ces techniques seraient sous-estimés, l'accent serait davantage mis désormais sur la différenciation et l'amélioration de la qualité des produits et la création de nouveaux services. Autre explication, enfin, celle d'un décalage dû au temps d'assimilation nécessaire pour que les gains de productivité attendus des nouvelles techniques produisent leurs effets.
Leur importance économique relative devrait s'accroître notablement, du fait d'une croissance nettement plus rapide que celle de la production d'autres biens et services. D'ici la fin de ce siècle, le marché des industries de la communication et du traitement de l'information pourrait ainsi passer de 5 % à 10 % du PIB européen. D'ores et déjà, les chiffres d'affaires des industries de l'électronique, de l'informatique et des télécommunications sont du même ordre, en Europe, que ceux de la chimie et de l'automobile.
Au total, comme le rappelle Thierry Miléo dans son récent rapport, " le marché mondial des industries de la communication pris dans son ensemble (électronique grand public, informatique, télécommunications, médias, loisirs) devrait plus que doubler d'ici l'an 2005 pour atteindre 15.000 milliards de francs. "
Cependant, pour que le développement de ces techniques tienne ses promesses en France et en Europe, un certain nombre de conditions, qui seront examinées plus loin, devront être respectées (en matière d'investissements, de formation, de mobilité professionnelle, de stratégie...).
Le contenu en emplois de la croissance sera enrichi par la création de services.
2. Un bouleversement des conditions d'exercice des activités des entreprises
L'utilisation par les entreprises des réseaux et des nouvelles techniques d'information renforce leur efficacité. Elle implique de leur part une réorganisation qui peut déboucher sur une remise en cause des modèles hiérarchiques traditionnels et un recours croissant au télétravail.
a) Une efficacité renforcée
Le téléphone demeure l'outil de communication de base des entreprises (dont la consommation représente 50 % du trafic total et les trois-quarts du trafic international). Mais bientôt le nombre de stations de travail et de micro-ordinateurs sera du même ordre de grandeur que celui des postes téléphoniques.
Après s'être dotées de réseaux téléphoniques internes, avec autocommutateurs, les entreprises ont relié leurs ordinateurs à l'intérieur de réseaux locaux. Ces derniers ont pu être progressivement étendus, soit par interconnexion mutuelle, soit par des liaisons à haut débit leur permettant l'accès à des serveurs éloignés ou à d'autres réseaux (constitution de réseaux de réseaux).
Les entreprises ont pu ainsi bénéficier successivement des effets du passage d'une informatique centralisée à une informatique distribuée, puis d'une augmentation progressive du rayon d'action de cette dernière.
Les nombreuses applications de l'informatique en réseaux se sont enrichies au fur et à mesure qu'elles s'affranchissaient des distances. On est passé du simple échange de données à une gestion et une utilisation commune de celles-ci, puis à des applications partagées simultanées (à l'occasion, par exemple, de visioconférences) pouvant déboucher sur une véritable prise en commun de décisions, parfois dès le stade de la conception d'un produit ou de l'ingénierie d'un projet.
Des pionniers du travail coopératif en réseaux
• Schlumberger : mise en place d'un système de gestion des données techniques et d'une base de données "composants" communs aux différents sites (Clamart, Austin et Houston, Tokyo) et, plus tard, aux sous-traitants.
• Renault : réseau ATM, visioconférence + partage d'applications, bibliothèque de composants sur un serveur WEB .
• Aérospatiale (Cannes) et Alenia Spazio (Turin et Gênes) : mise au point commune d'un système de contrôle thermique embarqué sur satellite. Partage de données et de logiciels à distance + visioconférence. Réseau ATM (projet Adonis ).
• Dassault/ONERA/Université de Stuttgart : partage à distance de résultats de calculs aérodynamiques via des réseaux à haut débit, visioconférence.
D'après Usine Nouvelle , 21 novembre 1996
L'informatique communicante devient ainsi, à travers des applications variées de plus en plus interactives, un outil non seulement de partage d'informations, mais de gestion et d'aide à la décision (voir encadré).
Quelques exemples d'application de l'informatique en réseaux
1. En bureautique
• EDI (échange de données informatisé)
• GED (gestion électronique de documents)
• Gestion de composants documentaires
• SGDT (système de gestion de données techniques)
• Workflow * (automatisation de la circulation de documents à travers les circuits de prise de décision)
2. En production
• GPAO : gestion de production assistée par ordinateur (en réseau)
• MES ( manufacturing execution system ) : suivi de production
• CAO : conception assistée par ordinateur (en réseau)
3. Aide à la décision
• SGBR : système de gestion de bases de données relationnelles
• EIS : Executive Information System
• Data Mining (prospection de données) : analyse de bases de données (détection de corrélations, d'écarts ou d'anomalies) pouvant déboucher sur des prédictions de comportements ou de tendances.
* Le workflow peut s'intégrer dans des offres de collecticiels (logiciels de travail en groupes, groupware en anglais) comportant d'autres fonctions : messageries, agendas de groupe (exemple : Lotus Notes ).
Les relations clients/fournisseurs [4] , la coordination avec les sous-traitants et les partenaires et entre les différents départements de l'entreprise (bureaux, laboratoires, unités de production) peuvent aussi bénéficier de ces techniques. Il en résulte au total, grâce à une rationalisation des modes de prise de décision et à un raccourcissement des délais de conception et de réalisation des produits, un effet favorable sur les facteurs de compétitivité des entreprises : réactivité, fluidité du processus de production (respect des impératifs "zéro stock" et "flux tendu"...), suivi de la qualité.
b) Une remise en cause des modèles hiérarchiques traditionnels ?
L'utilisation des applications partagées de l'informatique implique presque toujours une réorganisation préalable des structures de l'entreprise. Ces restructurations, destinées à favoriser un travail plus coopératif, peuvent conduire à une certaine remise en cause des modèles hiérarchiques traditionnels. [5]
Ce n'est cependant vraisemblablement pas vers un système d'autogestion que l'on s'achemine, mais plutôt vers une évolution de la notion d'autorité devenant moins coercitive et plus persuasive et plus liée à la sensibilisation et la formation.
Un travail plus coopératif à la base, une communication facilitée avec le sommet de la hiérarchie pourraient surtout affecter les échelons d'encadrement intermédiaires, sans remettre en cause la nécessité d'instances dirigeantes. L'information serait cependant accessible à tous et le processus de prise de décision deviendrait beaucoup plus ouvert, sinon collectif.
Mais les techniques modernes d'information peuvent aussi être un moyen d'uniformisation, de renforcement de divers types de contrôle, voire d'inquisition [6] .
3. Le télétravail
L'essor du télétravail peut enfin constituer une des conséquences économiques importantes des nouvelles techniques d'information et de communication. Ce mode de travail, qui tire parti des outils téléinformatiques, est encore peu développé en France (16.000 personnes en 1993). Mais, selon le rapport Breton, il pourrait croître spontanément pour concerner 200.000 personnes à l'horizon 2000 et de 300.000 à 500.000 en 2005. Il s'agit d'une activité, indépendante ou salariée, exercée par une personne physique à distance et sans contrôle direct du donneur d'ordre.
Pour l'entreprise, l'avantage de cette formule peut consister à économiser des surfaces de bureaux ou à mieux coller, sur le terrain, aux besoins de la clientèle (activités de maintenance par exemple). Pour les commerciaux itinérants, les nouvelles techniques peuvent contribuer, soit à rendre leur mobilité plus efficace [7] , soit, au contraire, à les sédentariser dans la mesure où les réseaux peuvent leur permettre de rentrer en contact avec le consommateur.
Du point de vue de l'aménagement du territoire, le télétravail ne saurait avoir le même impact que la constitution de pôles techniques spécifiques. Cependant, d'une façon plus diffuse, la lutte contre la désertification économique et sociale de grandes parties de notre territoire peut s'en trouver facilitée ainsi que le décongestionnement de la région parisienne (cf. l'encadré ci-après).
Exemples de télétravail (grandes entreprises)
• IBM : 2500 ingénieurs commerciaux "nomadisés" en Ile de France à partir de 1994. Extension à la maintenance (5000 personnes touchées sur 12.500). Économie de 85.000 m2 et de plusieurs dizaines de millions de francs.
• Andersen Consulting (Paris) : bureaux partagés. Réservation obligatoire et utilisation payante.
Sources : Le Monde et Usine Nouvelle
Dans le cas d'opérations de délocalisation, l'obstacle fréquemment rencontré du maintien de l'emploi du conjoint peut aussi, de la sorte, être surmonté.
Pour le télétravailleur, enfin, l'avantage de la formule réside dans la liberté qu'elle autorise, encore que les nouvelles techniques puissent permettre de surveiller de très près ceux, parmi les personnes concernées, qui se trouvent être salariés.
Beaucoup plus répandu qu'en France, dans les pays nordiques, ainsi qu'en Grande Bretagne et en Irlande, le télétravail représenterait déjà 15 % des emplois aux États-Unis.
Il s'agit aussi (voir plus loin la partie consacrée à la modernisation des services publics) d'un mode d'activité qui peut être pratiqué par les fonctionnaires en permettant, par la même occasion, de rapprocher l'administration des administrés.