2. L'état de la recherche en nutrition humaine

S'agissant de la recherche biologique et médicale, un bilan des forces et des faiblesses de la recherche en nutrition humaine a été établi :

- Points forts :

un potentiel de recherche identifié : au travers de l'Action thématique concertée INSERM (ATC), suivie d'un appel d'offres INSERM/INRA, a été identifié un fort potentiel de recherche en nutrition à l'INSERM et à l'INRA et dans d'autres organismes de recherche,

une production scientifique qui atteint le très haut niveau de la discipline mais de manière irrégulière,

des « Centres de recherche en nutrition humaine » : Les CRNH de Lyon (métabolisme des substrats, génomique), Nantes (glucides) et Clermont-Ferrand (protéines et vieillissement) sont actifs et leur évaluation a montré une structuration et une activité scientifique de bon niveau. Un projet de création de CNRH est actuellement à l'étude en Provence Côte d'Azur (lipides) et en Ile-de-France (comportement alimentaire),

des interactions entre équipes INSERM-INRA et avec des groupes CEA, CNRS ou autres : l'ATC nutrition INSERM a été l'occasion de mettre en place de nombreux projets coopératifs.

- Points faibles :

la lisibilité de ce dispositif est largement insuffisante,

les CRNH ne sont pas suffisamment interactifs,

il persiste une dispersion des moyens et des redondances,

les plates-formes d'investigation ne disposent pas d'un niveau d'équipement compétitif avec les grands centres européens de recherche en nutrition tels que celui de Maastricht,

les réseaux nationaux ou européens sont en nombre limité,

on observe des difficultés d'évaluation transdisciplinaire et entre organismes et certaines discriminations thématiques (relation activité physique et nutrition, économie, sociologie),

le soutien de l'industrie agroalimentaire à la recherche publique reste marginal. Celui de la grande distribution est quasiment nul.

Compte tenu de ces acquis et de ces faiblesses, il serait donc souhaitable de mettre en place un programme national de recherche en nutrition permettant :

- d'établir des masses critiques sur des thématiques prioritaires,

- d'intensifier les effets actuels de décloisonnement déjà entrepris dans ce domaine,

- d'identifier et d'encourager les plates-formes performantes à l'échelon européen,

- de renforcer la coopération européenne afin d'éviter les redondances.

Ce nouveau dispositif devrait être mis en place.

Ceci sans préjudice de dotation financière supplémentaire qui devrait, en priorité, dériver de l'assurance maladie dont le moins que l'on puisse penser est qu'elle a intérêt à agir dans ce domaine.

On ajoutera, notamment en matière d'obésité, qu'il serait utile d'associer plus étroitement les sciences humaines à ce programme, en particulier :

- en essayant de mettre en oeuvre des études sociologiques plus fines sur la relation entre le statut socioculturel et l'obésité - dont la corrélation avec la pauvreté est patente mais qui, comme le montre l'exemple américain, ne se résume pas à ce seul constat,

- et en investissant un domaine très peu exploré par la recherche publique en France, la psychologie du comportement alimentaire .

On ne pourra pas non plus éviter de poser la question de la dimension sociale de la problématique alimentation/santé. La fracture sociale doit aussi être combattue au niveau de la santé et du mode alimentaire .