3 - Les aides de l'Etat aux entreprises dans la concurrence mondiale

Ce phénomène se prolonge lorsque les Etats, non seulement assument des obligations financières qui autrefois relevaient du secteur privé, mais offrent en plus des subventions aux entreprises afin, soit d'améliorer leur position compétitive, soit d'attirer leurs investissements.

Le premier cas est à relier à la transformation des modalités du protectionnisme, qui est passé de mécanismes générateurs de ressources budgétaires (comme les droits de douane) à des mécanismes coúteux en ressources budgétaires (comme les subventions). Aux Etats-Unis, on estime que 85 milliards de dollars par an sont consacrés à des aides diverses aux entreprises, soit presque la moitié du déficit budgétaire. Inversement, le déclin des ressources budgétaires apportées par les tarifs douaniers est particulièrement visible dans les pays en développement. Au Maroc, par exemple, on estime que le manque à gagner dans ce domaine, à la suite d'une plus grande ouverture commerciale, sera de l'ordre d'un-quart des revenus du gouvernement central.

Or, de plus en plus, les Etats qui subventionnent leurs entreprises nationales n'en récoltent pas les fruits, car les créations d'emploi s'effectuent à l'étranger, ainsi que d'autres activités comme la recherche et le développement, etc. On assiste à une remise en cause des termes du contrat tacite, de l'échange de bons procédés entre le secteur privé et le secteur public.

Les subventions destinées, non plus à promouvoir les entreprises nationales, mais à attirer les flux d'investissements étrangers, relèvent également de la logique du dilemme du prisonnier, puisqu'elles s'annulent mutuellement. La Thaïlande a ainsi consacré près de 0,5 % de son PIB en subventions destinées à attirer les investissements pour l'exportation 2( * ) .

4 - Le manque de coordination des politiques fiscales

La mobilité des capitaux destinés à l'investissement permet aux entreprises de "faire jouer la concurrence" entre les Etats. Mais la mobilité des capitaux financiers permet aussi aux entreprises et aux individus d'exploiter les différences de régime fiscal entre les Etats - d'où encore un manque à gagner pour ces derniers. Les revenus fiscaux en proportion du PIB ont diminué, dans les pays en développement, de 21 % en 1970, à 17,5 % en 1995.

Ces quatre exemples montrent les changements structurels induits par la libéralisation des échanges internationaux, et ses conséquences sur les équilibres budgétaires des Etats - et l'on pourrait encore citer d'autres mécanismes contribuant au même résultat. On est loin de l'idée simple qui veut que les déséquilibres budgétaires soient dus à des "dépenses sociales" excessives. Au contraire, on assiste à un affaiblissement de la capacité des Etats à faire face aux besoins de sociétés ballottées par la rapidité des changements induits par les grands mouvements de l'économie mondiale. D'après la Banque Mondiale, la proportion des actifs dont l'emploi est "protégé" des fluctuations de l'économie mondiale passera d'environ les deux-tiers dans les années 1970, à un dixième à la fin des années 1990.

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