2. Sur le plan médiologique
Les médias parviennent le plus souvent à se succéder, non seulement sans se détruire, mais en développant même parfois, entre eux, des synergies. Cela n'empêche pas leurs relations de s'apparenter à des formes d'émulation, voire de rivalité, à des formes de concurrence, de rapports de force ou de domination.

Certaines craintes, on l'a vu pour les relations de la télévision et du cinéma, ne sont pas fondées. La télévision n'a pas tué le cinéma et celle-ci devrait survivre à l'ordinateur multimédia, en s'en démarquant par la qualité du son et de l'image ainsi que par le recours au grand écran (concept de cinéma à domicile).

Ainsi, la haute définition, que l'on a peut-être enterrée trop vite dans ses habits analogiques, pourrait resurgir parée de nouveaux vêtements numériques, dans le contexte d'une concurrence entre la télévision et l'ordinateur, d'autant qu'elle se prête, quel que soit l'écran, à des applications professionnelles (télémédecine).

D'autres types de résurgences méritent d'être mentionnés.

Ainsi, pour Mac Luhan , les époques de Gutenberg et de Marconi sont antithétiques car la civilisation, qui transporte l'homme barbare de l'univers de l'ouïe à celui de la vue, fait mauvais ménage avec celui de l'électronique. De sorte que " L'interdépendance nouvelle qu'impose l'électronique - affirme-t-il - recrée le monde à l'image d'un village global ". L'intellectuel canadien insiste beaucoup sur les perturbations que provoquent chez l'homme la modification, par les médias, de ses modes de perception sensoriels et sur les conséquences culturelles qui en résultent. Il évoque ainsi " la vision prophétique qu'a eue Pope du retour de la conscience tribale ou collective " ou " le dilemme de l'individu occidental face aux conséquences collectives ou tribales de ses technologies ".

La coexistence de technologies et de conscience, caractéristique de la nouvelle galaxie électrique, " traumatise - selon lui - toutes les personnes vivantes et les soumet à une tension. Elle a déjà pénétré profondément la galaxie Gutenberg ".

En bref, l'électronique consacre pour Mac Luhan le retour de l'oral et du collectif mais dans un contexte marqué par une coexistence de technologies, de média et de perceptions sensorielles correspondantes.

Pour Umberto Eco , en revanche, " nous ne vivons plus à l'époque de l'image : nous sommes revenus à l'époque de l'écriture... une époque de nouvelle alphabétisation accélérée... la plus grande part de ce que nous serons amenés toujours davantage à voir sur l'écran, dans les années à venir, sera parole écrite plutôt qu'image ; une parole qu'il nous faudra lire à une vitesse considérable ".