a) Les conséquences sur le fonctionnement des entreprises et pour les souscripteurs

L'introduction de l'euro entraînera une simplification du fonctionnement des entreprises en matière prudentielle et de gestion des actifs.

Dans un premier temps cependant, pendant la période transitoire, le passage à l'euro aura un coût logistique pour les entreprises dont aucune estimation n'a encore été proposée par les organisations professionnelles. Une question essentielle en la matière est de savoir si les banques, dont certaines filiales sont par ailleurs concurrentes des sociétés d'assurance, percevront ou non des commissions chaque fois qu'une conversion euro/franc sera nécessaire. Le fait pour celles-ci de percevoir de telles commissions aurait pour conséquence un accroissement de charges pour les compagnies d'assurance ou leurs clients. Cette situation pourrait placer les sociétés d'assurances dans une situation moins favorable dans la concurrence qui les oppose à ces mêmes banques, dès lors que celles-ci n'imputeraient pas des frais de change de façon identique à leurs filiales ou à leurs concurrents.

En matière prudentielle, les règles concernant la nature, la dispersion et l'allocation des actifs ne seront pas affectées par l'introduction de l'euro. Par contre, l'obligation de congruence qui impose de représenter des engagements exigibles dans une monnaie par des actifs libellés dans la même monnaie, n'aura plus d'application dans la zone euro où le risque de change aura disparu.

Enfin, la règle de la localisation des actifs trouvera une application étendue à l'ensemble des sites sur lesquels les titres pourront être mobilisés.

Dans le domaine de la gestion financière des actifs, l'euro devrait permettre d'évoluer de marchés financiers locaux segmentés par devises, vers un marché européen des capitaux. Le développement d'un marché obligataire européen sera favorisé par la transformation en euro des dettes publiques des pays membres et, sous réserve d'une harmonisation des conventions de marché et de place, les placements bénéficieront de la liquidité et de la performance accrue du marché financier qui résultera de cette expansion. L'introduction de l'euro devrait également favoriser la création d'un indice unique européen représentatif du marché des actions et contribuer à la mise en place d'un dispositif réglementaire français permettant l'utilisation des produits dérivés par les sociétés d'assurance. Une liquidité accrue et la disparition du risque de change devrait permettre le développement des investissements en actions qui pourront se fonder sur une approche sectorielle dont les contours seront plus larges.

S'agissant des relations entre assurés et assureurs, les conséquences de la substitution de l'euro aux monnaies nationales seront faibles.

Du point de vue contractuel, le principe de continuité juridique des contrats a été confirmé en décembre 1996 (accord de Dublin) : l'introduction de la monnaie unique ne pourra conférer à aucune des parties le droit de modifier les termes des contrats ni de les résilier unilatéralement ; une clause de " bascule " automatique doit être prévue dans les contrats se poursuivant postérieurement au passage à l'euro. La valeur de l'euro sera fixée par rapport à chacune des monnaies nationales des pays participant sur la base d'un taux de conversion à six chiffres significatifs, des règles d'arrondi étant précisées par le règlement et valant pour toutes les opérations.

Certaines difficultés peuvent cependant se poser en matière de contrats indexés. La profession préconise que soit effectuée une double publication des indices en franc et en euro pour les indices valorisés en francs pendant la période de transition. Pour pouvoir être opposables aux tiers de manière incontestable, les seuils et les plafonds utilisés devraient faire l'objet de tableaux de correspondance officiels. En cas de disparition d'un indice de référence, l'indice le plus proche devra s'appliquer conformément à la jurisprudence en vigueur en la matière.

En ce qui concerne les assurances de dommages, les contrats sont généralement de durée annuelle, reconduits tacitement. Le montant des garanties, des franchises, de la cotisation sera exprimé en euro par simple conversion lors du renouvellement du contrat. Pour les branches vie et capitalisation, les contrats en monnaie nationale ne seront pas affectés, il y aura simple substitution de monnaie sans influence sur la valeur du contrat.