C. LE BESOIN DE FINANCEMENT ET LA DETTE DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

• Exprimé en pourcentage du PIB, le besoin de financement des administrations publiques, au sens de la Comptabilité européenne , se réduirait continûment en projection : de 2,9 % du PIB en 1998 à 1,2 % en 2003. L'essentiel de la réduction du déficit public s'opérerait toutefois en début de période (- 0,6 point de PIB en 1999 et - 0,4 point en 2000) (cf. tableau ci-après).

Pour autant qu'il soit possible de passer de la nomenclature de Comptabilité nationale à celle de la Sécurité sociale, on peut déduire des évolutions macroéconomiques décrites par la projection et des hypothèses relatives à l'évolution des prestations sociales, que les comptes des régimes sociaux se rééquilibreraient progressivement , sans majoration des cotisations. En effet, l'augmentation annuelle moyenne des prestations sociales en valeur entre 1998 et 2003 (3,6 %) serait inférieure à celle du PIB en valeur (3,9 %) et à celle de la masse salariale en valeur, qui progresse en projection légèrement plus vite que le PIB (4,1 %).

En particulier, les comptes du régime d'assurance-maladie ne se dégradent pas en projection, malgré l'hypothèse retenue par les experts de l'OFCE d'une accélération des dépenses maladie par rapport aux évolutions observées de 1991 à 1997 (cf. page 100). Malgré cette hypothèse, celles-ci progresseraient en effet sensiblement comme la masse salariale.

• Lorsque le taux d'intérêt moyen de la dette publique est supérieur au taux de croissance de l'économie - cet écart est communément qualifié d'" écart critique " -, il faut un excédent budgétaire primaire - c'est-à-dire hors charges d'intérêts - pour stabiliser le ratio dette / PIB. Cet excédent stabilisant le ratio dette / PIB doit être d'autant plus substantiel que le stock de dette existant est élevé et que la différence entre le taux d'intérêt et le taux de croissance est importante.

L'hypothèse d'une baisse des taux d'intérêt en Europe (de 5,7 % en 1997 à 4 % en 2003 pour les taux à long terme) et l'accélération de la croissance du PIB observée en projection concourent à réduire l'écart entre taux d'intérêt et taux de croissance et, ainsi, le niveau de l'excédent budgétaire requis pour stabiliser le ratio dette / PIB.

Selon les calculs des experts de l'OFCE, ce niveau est pratiquement atteint en 1999, la dette publique n'augmentant que de 0,2 point de PIB, puis dépassé par la suite, permettant une réduction de la dette publique de 2,3 points de PIB entre 2000 et 2003.

Le ratio dette publique / PIB passerait ainsi de 58,4 % en 1998 à 56,3 % en 2003.

L'incidence favorable de la baisse des taux d'intérêt et la réduction du ratio de dette publique concourraient ainsi à la diminution de la charge nette des intérêts versés par les administrations publiques, exprimée en pourcentage du PIB : celle-ci passerait de 3,2 % en 1998 à 2,7 % en 2003.

ÉVOLUTION DE LA CAPACITÉ DE FINANCEMENT ET DE LA DETTE

DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES

(en % du PIB)

 

1997

1998

1999

2000

2003

- Capacité de financement (1) (2)

- 3,0

- 2,9

- 2,3

- 1,9

- 1,2

- Dette (3)

57,7

58,4

58,6

58,5

56,3

(1) Capacité de financement au sens de la Comptabilité européenne.

(2) Résultats tirés du modèle MOSAÏQUE.

(3) Calculs de l'OFCE.


ANNEXE N° 2

IMPACT DE LA CRISE ASIATIQUE ET INCERTITUDES DANS L'ÉCONOMIE MONDIALE EN 1998-1999 : QUELQUES ÉVALUATIONS AVEC MIMOSA


Etude réalisée par la Division économie internationale
du Département analyse et prévisions de l'OFCE
(Hervé LE BIHAN et Christine RIFFLART)



Introduction

Des contraintes internes (taux d'intérêt élevés, faible demande intérieure, ajustements budgétaires) ont alimenté une " croissance molle " en Europe depuis le début des années quatre-vingt-dix. Le dynamisme retrouvé de la demande intérieure semblait promettre aux économies européennes pour les années 1998-99 une vigoureuse expansion, analogue à celle connue de 1986 à 1990. Le choc de la crise asiatique et son extension à différentes zones émergentes sont venus mettre en question ce scénario.

Après un retour sur l'émergence et la propagation de la crise asiatique, notre étude présente une évaluation macroéconomique quantitative de l'impact sur l'économie mondiale de la crise asiatique et de son extension aux pays émergents. Elle illustre ensuite certaines incertitudes caractérisant l'environnement international actuel : les aléas relatifs à la crise japonaise ; l'impact de la baisse du dollar ; les réactions de la politique monétaire à la crise asiatique. L'étude n'intègre pas cependant le repli récent des cours boursiers dans les pays de l'OCDE, dans la mesure où une part notable n'est pas liée directement à la crise asiatique.

La crise asiatique et sa propagation : bref historique

Emergence et crise des économies dynamiques d'Asie

Après le décollage des NPI d'Asie (Corée du sud, Singapour, Taiwan, Hongkong) pendant la décennie quatre-vingt, une deuxième génération de pays (Indonésie, Malaisie, Philippines Thaïlande) a pris le relais, portant le taux de croissance moyen de la zone Asie en développement à 8,5 % 48( * ) par an sur la première moitié des années quatre-vingt-dix (dont 10,5 % pour la Chine).

La vigueur de cette expansion a été soutenue par une stratégie d'industrialisation reposant sur trois principes : développement des exportations, libéralisation des mouvements de capitaux et stabilité des taux de change face au dollar. La part des exportations dans le PIB s'est accrue sensiblement pour atteindre 45 % du PIB dans les NPI et près de 30 % en moyenne dans les autres pays. Rassurés par l'absence du risque de change et les bonnes perspectives de rendement, les capitaux étrangers sont venus compléter une épargne domestique déjà abondante. Les dépenses d'investissement ont augmenté fortement pour atteindre 43 % du PIB en Thaïlande et en Malaisie et 30 % en Indonésie au milieu de la décennie. Cette croissance s'accompagnait de déficits courants faibles jusqu'en 1994 ; l'excédent de financement externe venait gonfler les réserves en devises des banques centrales locales.

En 1995, cette croissance apparemment vertueuse a commencé à montrer ses limites. Le renchérissement du dollar vis-à-vis des monnaies européennes et surtout japonaise conjuguée à des tensions sur les prix de production ont affaibli sensiblement la compétitivité de ces pays, déjà confrontés à un moindre dynamisme de la demande qui leur était adressée. Le déficit des balances courantes s'est accru, particulièrement en Thaïlande et en Malaisie, nécessitant la mise en place de politique restrictives dans l'ensemble de la zone.

Le ralentissement d'activité a mis à jour les dysfonctionnements internes qui découlaient de la stratégie de change retenue et de l'absence de régulation financière. Le maintien de l'objectif de stabilité des taux de change face au dollar est devenu de plus en plus incompatible avec la possibilité de mener la stabilisation conjoncturelle appropriée. L'afflux de capitaux externes, sous forme d'investissements directs mais aussi de prêts, a donné lieu à une croissance incontrôlée des crédits bancaires du fait d'une régulation interne des systèmes financiers très insuffisante (opacité des comptes, non respect des règles prudentielles,..). De 1990 à 1997, les taux d'expansion du crédit bancaire au secteur privé atteignaient 18 % en Indonésie, Philippines et Thaïlande et 16 % en Malaisie, soit 2 à 2,5 fois plus rapide que la croissance du PIB. En 1997, ces crédits représentaient 100 % du PIB en Thaïlande et Malaisie. Enfin, si l'emballement du crédit a nourri l'investissement productif, il a également été utilisé à des fins purement spéculatives, notamment sur les marchés boursiers et immobiliers. En 1996, la capitalisation boursière atteignait 315 % du PIB en Malaisie, 100 % aux Philippines et à Taïwan contre 110% aux Etats-Unis, 68% au Japon, 29% en Allemagne.

Prenant tardivement et brutalement conscience des limites de cette envolée financière de plus en plus déconnectée de la sphère réelle, les marchés ont réagi violemment. La crise de défiance qui a éclaté le 2 juillet 1997 vis-à-vis du baht thaïlandais (la Thaïlande est le pays qui présentait le plus de fragilité) s'est traduite par un retrait massif des capitaux de la zone entraînant la chute des marchés boursiers et, par un effet de conversion des actifs en dollars, la chute des monnaies. Ce mouvement s'est propagé dans l'ensemble de la zone. Entre le début de la crise et le point bas de janvier 1998, les monnaies se sont dépréciées de 70 % en Indonésie, 50 % en Thaïlande et en Corée du sud, et de 40 % en Malaisie et aux Philippines.

Le renchérissement en monnaie locale des engagements extérieurs en dollars, combiné à la forte dévalorisation de l'actif des établissements financiers, ont conduit à la montée des créances douteuses et à l'insolvabilité de nombreux établissements financiers. La crise de liquidités qui s'est étendue a fragilisé les entreprises et créé d'importants problèmes à l'offre productive. La Thailande, l'Indonésie, et la Corée du sud ont été obligés de recourir à l'assistance financière du FMI.

La Chine dont le risque de change reste faible du fait d'une convertibilité limitée de la devise, n'a pas été épargnée par la tourmente. La dévaluation du Yuan en 1994 qui avait relancé la compétitivité à l'exportation a été effacée par celles des pays voisins. Le soutien à la croissance recherché à l'extérieur pour compenser l'effet des restructurations internes, notamment des entreprises d'Etat, est fortement remis en cause, surtout dans un environnement international très déprimé.

Des politiques d'ajustement classiques, sous la conduite ou largement inspirées du FMI ont été mises en place : relèvement des taux d'intérêt pour stabiliser les parités et resserrement de la politique budgétaire. Simultanément, des plans de restructurations des systèmes financiers locaux ont été proposés dans les pays les plus sinistrés. En Indonésie, Corée du sud et Thaïlande, les créances douteuses atteignent 40 % du PIB.

L'activité au premier semestre 1998 a été particulièrement déprimée en Indonésie et en Thaïlande (la production industrielle a chuté de près de 20 % un an). En Corée du Sud, Malaisie et Hong Kong, la récession est installée depuis le début de l'année (chute du PIB de 6,6, 6,8 et 5 % respectivement sur un an au deuxième trimestre). La Chine qui évoluait au rythme de 8 % au second semestre 1997, a ralenti à 7 % ; les inondations de l'été 1998 pourraient amputer encore de plus d'un point la croissance. La forte intégration régionale de cette zone crée un enchaînement dépressif cumulatif renforcé par le fait que l'économie japonaise qui aurait pu constituer, comme les Etats-Unis en 1995 pour le Mexique, un moteur de croissance via les exportations, est elle aussi en récession.

L'impact maximal du choc financier en Asie a été atteint vers le milieu de l'année 1998. Les marchés des changes se sont stabilisés et dans certains pays (Corée du sud, Thaïlande), les taux d'intérêt ont pu être desserrés. Par contre, la baisse du yen à 145 yen pour un $ durant les mois d'été a contribué à relancer les craintes d'un nouveau round de dévaluations compétitives dans la région, intégrant cette fois la Chine. Le scénario retenu dans les prévisions de l'OFCE (voir OFCE 1998b) considère que le yen retrouvera un niveau de parité avec le dollar de 133, plus acceptable pour les pays voisins. Dans ces conditions, on peut attendre une stabilisation de l'activité dans les pays en crise au deuxième semestre. Au total, la croissance dans l'ensemble de la zone devrait être nulle en 1998 et repartir timidement en 1999.



Source : The Economist

La baisse du prix du pétrole et des matières premières

Le prix du baril du pétrole est tombé de 19 $ en novembre 1997 à 13,5 $ en mars 1998, puis aux alentours de 12 $ jusqu'à la fin du mois de septembre. Cette franche baisse a pu être influencée par différents facteurs, dont des facteurs d'offre, notamment le relèvement des quotas de production décidé par les pays de l'Opep en décembre dernier et des niveaux de stocks élevés chez les pays industriels. Mais elle est essentiellement due au recul de la demande en provenance d'Asie qui reste un important consommateur. Selon des estimations du Department of Energy américain faites en juin, l'impact de la crise sur la demande de pétrole serait d'environ 0,6 mbj.

Malgré la réduction de la production de pétrole décidée en mars et en juin dernier pour tenter de stabiliser les cours, les prix du Brent sont restés à un niveau plancher, plombés par un excédent d'offre qui devrait perdurer en 1999.

Les cours des matières premières sont également fortement orientés à la baisse du fait de la crise asiatique : en septembre dernier, l'indice global a baissé de 22 % sur un an, et celui concernant les métaux de 25 % (- 35 % pour le cuivre). L'Asie consomme 35 % de la production mondiale d'aluminium, 40 % de celle de cuivre et 60 % de celle de coton.

La propagation à l'Amérique Latine

La première moitié des années quatre-vingt-dix a été marquée en Amérique latine par la mise en place de politiques de lutte contre l'inflation qui ont pesé fortement sur la croissance régionale : celle-ci a été de 3 % par an en moyenne dans la région avec des rythmes malgré tout différentiés selon qu'il s'agisse du Brésil (1,5 % par an) ou de l'Argentine (6,8 % jusqu'en 1994) et du Chili par exemple. Ces politiques d'ajustement ont reposé essentiellement sur l'ancrage des monnaies locales au dollar, soit par un système de currency board 49( * ) comme en Argentine, ou par un système à crémaillère ( crawling peg ) 50( * ) . Ces politiques ont permis de réduire significativement l'inflation mais les résultats restent fragiles. Les capitaux étrangers ont été attirés par la confiance dans l'absence de risque de change et par de vastes programmes de privatisations mais leur forte volatilité en fait des facteurs d'instabilité. Confronté à des problèmes de compétitivité et à un déficit courant très élevé en 1994, le Mexique a été contraint à dévaluer massivement le peso et de faire face à une crise de défiance. Depuis, le peso flotte librement sur le marché. De telles turbulences avaient également touché l'Argentine qui avait dû faire face à une sévère récession. A l'orée de la crise asiatique, les conditions de croissance latino-américaine étaient cependant favorables. Les déséquilibres étaient en voie de résorption (inflation, endettement extérieur, finances publiques, volatilité des flux de capitaux). En 1997, l'activité avait progressé de 5 % en moyenne et les perspectives de croissance pour 1998 étaient satisfaisantes.

L'impact de la crise asiatique en Amérique latine transite par différents canaux. Tout d'abord, de nombreuses économies sont fortement exposées à la baisse de la demande en provenance d'Asie. Ce marché représente 33 % des exportations du Chili, 23 % de celles du Pérou, 15 % de celles du Brésil et 10 % de celles de l'Argentine.

Ensuite, l'avantage de change des pays d'Asie devrait renforcer leur compétitivité sur les marchés tiers (pour la Corée du sud, les prix à l'exportation en dollars ont baissé de 20 % sur un an au premier semestre) alors que l'exposition des produits d'Amérique latine à la concurrence asiatique porte sur la moitié des ventes à l'étranger. Par ailleurs, la compétitivité des produits d'Amérique latine est déjà dégradée du fait de la surévaluation des monnaies locales.

Par ailleurs, l'effet dépressif de la crise asiatique sur le cours du pétrole et des matières premières fragilisent certains pays fortement engagés sur les secteurs primaires, comme le Vénézuela ou l'Equateur dont les exportations dépendent à 75 % et 30 % respectivement, du pétrole.

De plus, la crise asiatique a eu des répercussions financières sensibles. A partir d'octobre dernier, après la chute des cours sur les principales places boursières asiatiques, une crise de défiance s'est installée vis-à-vis de l'ensemble des pays émergents, provoquant une chute des bourses locales et une fragilisation des changes. Des politiques monétaires restrictives ont été très rapidement mises en place, créant un rempart de protection. Au Brésil, pays le plus affecté, les taux d'intérêt ont doublé pour atteindre 45 % (40 % en terme réel), créant par un effet pervers, un renchérissement du service de la dette interne et un creusement du déficit budgétaire. Le resserrement monétaire s'était accompagné d'un ajustement budgétaire. Cette préférence pour des placements plus sûrs ( flight to quality ) avait fait augmenter les primes de risques en Amérique latine.

Cette première crise a été suivie d'une période de rémission de plusieurs mois, qui a permis une certaine détente monétaire. Mais les turbulences de l'été 1998 en Asie (nourries par la chute du yen, la récession japonaises et la crainte de voir dévaluer le yuan chinois), et la crise russe (défaut de paiements de la dette et forte dévaluation du rouble) ont alimenté une nouvelle crise de défiance vis-à-vis de l'Amérique latine, plus sévère que la précédente.

De nouveau, les politiques d'ajustement sont entrées en vigueur très rapidement pour freiner l'hémorragie de capitaux : au Brésil, plus de 30 milliards de $ seraient sortis depuis la mi-août. Les attaques spéculatives qui sévissent sont alimentées par plusieurs facteurs structurels : les taux de change régionaux restent fortement surévalués ; les déficits budgétaires se creusent (forte dépendances des recettes fiscales aux exportations de matières premières dans certains pays, ralentissement de la croissance, hausse du service de la dette) ; les déséquilibres courants restent élevés.

Le peso colombien et le sucre équatorien ont déjà été contraints à la dévaluation (9 et 15 % respectivement). Les marchés anticipent un décrochage prochain du peso vénézuelien (crainte d'un défaut de paiement à la suite des élections présidentielles de décembre prochain). Le real brésilien reste très fragile.

Face à la propagation à l'échelle mondiale de l'instabilité financière et des risques qu'elle pose, la communauté internationale s'implique de plus en plus dans la gestion de cette crise pour trouver une solution de sortie et tenter de stabiliser les marchés.

L'hypothèse faite dans cet exercice est que l'Amérique latine résistera aux pressions des marchés et donc que les principales monnaies (le réal en particulier) ne dévalueront pas. Il n'empêche que les grands pays ne pourront éviter la récession en 1999, et que les autres continueront de pâtir du bas prix de leurs exportations de matières premières.

L'impact sur les pays de l'OCDE

Les canaux de transmission principaux de la crise aux économies de l'OCDE 51( * ) incluent à la fois les liens commerciaux, les marchés financiers et les prix des matières premières. Les effets de la crise jouent dans des sens contraires : la contraction des importations des pays asiatiques liée à la fois à la chute de la demande interne et leurs gains de compétitivité devraient pénaliser les pays de l'OCDE, tandis que sur les marchés financiers, la fuite vers la qualité provoque une baisse des taux longs favorable à la croissance.

Les taux d'intérêt de long terme ont rapidement été baissés dans les pays de l'OCDE : sur les titres publics, ils atteignent mi-septembre 1998 5,2 % aux Etats-Unis contre 5,6 % en avril et 6,5 % en juin 1997 ; en Allemagne 4,2 contre 4,9 et 5,6 ; au Japon, 1,0 contre 1,7 et 2,6 .

Il est encore prématuré de dresser un bilan de l'impact commercial de la crise. A la mi-1998, les gains de compétitivité des pays asiatiques ne se sont pas traduits par des gains de parts de marché dans l'OCDE. Cependant une dégradation du commerce extérieur de l'OCDE vis-à-vis des pays en crise a déjà été observée dont la source principale est le recul des volumes exportés. Ainsi dans le cas de la France, les exportations vers l'Asie ont contribué pour - 1 point à la variation des exportations totales entre le premier semestre 1997 et le premier semestre 1998 (voir OFCE, 1998c). L'ampleur du choc pour les différents pays de l'OCDE dépend de leurs degrés respectifs d'ouverture extérieure et de présence sur les marchés en crise (tableaux 1 et 2). Le Japon est le pays de l'OCDE le plus exposé sur les marchés asiatiques. Les Etats-Unis viennent en seconde position mais la plus forte part des marchés asiatiques dans leurs exportations est compensée par un taux d'ouverture plus faible que celui des pays européens. Si l'on inclut le commerce avec l'Amérique Latine les Etats-Unis deviennent aussi exposés que le Japon : les exportations totales vers les deux zones représentent 3,1 et 3,3 % de leurs PIB respectifs. Pour l'Europe, ce ratio n'est que de 2,2 %.


1. Part des pays émergents dans les exportations des grands pays et zones (en % des exportations totales)

 

Etats-Unis

Japon

Alle-magne

France

Italie

Roy.-

Uni

UE Nord

UE Sud

Autre UE

Autre Europe

Autre OCDE

PECO

CEI

Amér. latine

Moyen- Orient

Afrique noire

NPI

Autre Asie

NPI

8,1

15,4

1,5

1,9

2,1

3,4

1,7

0,7

1,7

3,6

3,6

2,0

3,5

2,8

5,3

7,5

7,7

14,0

Autre Asie

5,9

13,2

2,5

2,9

2,2

4,4

2,7

1,9

2,6

2,9

4,5

2,2

5,5

2,5

5,7

2,9

13,1

5,6

Amér. Latine

15,5

4,4

1,9

3,9

2,8

1,8

1,3

3,8

2,2

2,8

2,4

1,5

2,0

20,1

2,9

2,0

2,4

2,8

CEI

0,7

0,7

1,1

0,9

1,7

1,6

5,3

0,9

2,4

1,0

0,8

8,3

0,0

0,7

3,8

1,1

0,9

2,0

Source : base de donnée MIMOSA ; année : 1995.

2. Part des exportations de marchandises dans le PIB (en % du PIB)

 

Etats-Unis

Japon

Alle-

magne

France

Italie

Roy.-

Uni

UE Nord

UE

Sud

Autre UE

Autre Europe

Autre OCDE

PECO

CEI

Amér. latine

Moyen- Orient

Afrique noire

NPI

Autre Asie

Biens

10,4

10,0

29,8

25,1

27,5

27,2

57,6

27,6

37,7

35,7

30,5

32,2

22,6

17,6

31,6

26,2

45,1

27,7

Source : base de donnée MIMOSA ; année : 1995.

Evaluation quantitative : les hypothèses

Méthode

Cette section présente une évaluation de l'impact de la crise asiatique sur l'économie mondiale au cours des années 1997 à 1999, réalisée en utilisant le modèle multinational MIMOSA. La variante présentée met à jour l'étude réalisée en avril 1998 (voir Régnault, 1998) en incorporant les informations désormais disponibles sur l'approfondissement de la crise en 1998, ainsi que des hypothèses sur l'impact des chocs les plus récents (extension à Amérique Latine et à la Russie).

Si un modèle multinational constitue un instrument adapté à l'analyse des interactions internationales, il convient de rappeler les nombreuses incertitudes de ce type d'exercice. D'une part simuler l'impact de la crise suppose comme référence un scénario d'absence de crise. La pertinence et la cohérence d'un tel scénario sont sujettes à caution si l'on considère que les régimes de change et de financement de la Thaïlande, l'Indonésie etc. n'étaient pas soutenables à moyen terme. On a ici construit un scénario fictif de croissance régulière où les pays émergents poursuivaient leur expansion au rythme tendanciel des années 1991-96, tandis que le prix des matières premières évoluaient de façon régulière et que les taux d'intérêt connaissaient leur évolution cyclique habituelle.

La crise asiatique s'est propagée à nombreuses zones géographiques et marchés (financiers, matières premières). Il est difficile et parfois arbitraire de départager les événements qui doivent lui être rattachés de ceux qui, bien que simultanés, relèvent essentiellement d'une évolution autonome. Une telle question se pose par exemple dans le cas de la crise russe, la crise asiatique ayant au plus un rôle de déclic compte-tenu de l'ensemble des déséquilibres internes. Nous avons choisi d'écarter de la variante deux événements notables des derniers mois : la baisse récente des cours boursiers dans l'OCDE relève en partie d'une correction attendue d'une hausse excessive ; son effet sur l'économie réelle est difficile à évaluer ; l'aggravation de la récession japonaise en 1998 s'explique surtout par des facteurs internes ; elle fait cependant l'objet d'une évaluation séparée. Les hypothèses précises de notre simulation figurent dans le tableau 3.

Pays asiatiques : scénario de croissance et commerce extérieur

L'Asie est décrite dans le modèle MIMOSA en deux zones agrégées : les NPI et le reste de l'Asie. La variante retient le scénario suivant pour ces deux zones 52( * ) :

la croissance du PIB est réduite de 6 % en 1998 et 5 % en 1999 dans les NPI ; et de 7 % et 4 % dans le reste de l'Asie,

la croissance des importations est réduite de 15 % puis de 5 à 7 % en 1999 dans les deux zones ;

la modification des parités est intégrée, mais, en raison des comportements de marge et de la pénurie de devises, la dépréciation n'est que partiellement répercutée dans les prix à l'exportation en dollar des pays asiatiques. Ces derniers sont plus bas de 10 % à partir de 1998,

les exportations des pays d'Asie sont moins élevées, à la fois en raison du recul du commerce intra-zone, et en raison des problèmes de trésorerie et de désorganisation de la production qui empêchent de tirer pleinement parti du gain de compétitivité.

Prix des matières premières

Contrairement aux prévisions du début de l'année 1998, le prix du pétrole ne s'est pas redressé. En moyenne annuelle il est passé de 19,1 dollar le baril à 13,0 entre 1997 et 1998. Nous incorporons une baisse de 30 % à partir de 1998 du prix du pétrole. Le prix des matières premières a également baissé. Nous introduisons un choc de 10 % à la baisse sur le prix des matières premières en 1998.

Taux d'intérêt

Les taux d'intérêt courts des Etats-Unis et de l'Allemagne sont grosso modo stables depuis 1997. Cependant, nous estimons que dans le scénario de référence, i.e. en l'absence de crise, une hausse de ces taux aurait accompagné en 1998 et en 1999 le développement de la reprise européenne et le risque de tensions inflationnistes aux Etats-Unis. Aussi, notre variante attribue-t-elle à la crise asiatique une baisse de 0,6 point en 1998 et de 1 point en 1999 des taux courts dans l'OCDE.

En ce qui concerne les taux longs, en moyenne pour l'OCDE, la variante inclut des taux longs plus bas de 1,7 point en 1998, de 2 points en 1999 que dans le scénario " hors crise ". Cette évaluation inclut la baisse observée ainsi que la hausse évitée liée au scénario des taux courts. Les différences mineures entre Etats-Unis, Japon, UE tiennent à l'ampleur inégale de la baisse observée en 1998.

Taux de change du yen

De mi-1997 à mi-1998 la parité du yen est passée de 121 yens par dollar à 136, soit une baisse de 11 %. Là aussi, il est difficile d'isoler la part de cette évolution due à la crise des économies émergentes d'Asie, au travers son impact sur les perspectives commerciales et financières nipponnes, de celle due aux évolutions proprement internes au Japon. Nous incorporons donc une baisse de 5 % du yen à partir de 1998.

La contagion aux autres économies émergentes

A la suite de la contagion de la crise à l'Amérique Latine, la demande interne, privée et parfois publique, devrait se contracter. Nous retenons un scénario indicatif d'un recul des importations de 5 % puis de 15 % relativement au compte central. La crise financière a également frappé la Russie à l'été 1998, en partie en raison de la chute du prix des matières premières, principales sources de devises de ce pays. Elle devrait se traduire par un recul du PIB et des importations de la CEI. Elle devrait se traduire par un recul du PIB (chiffré ici à 3 % en 1998, 6 % en 1999) et des importations de la CEI (évalué à 5 % en 1998 et 20 % en 1999).

3. La crise asiatique, résumé des hypothèses

 

Scénario sans crise

en % sauf (b) et (c)

Effet de la crise :

écart cumulé en %

 

1997

1998

1999

1997

1998

1999

NPI d'Asie

 
 
 
 
 
 

PIB

 

6,0

(a)

- 0,7

- 7,0

- 13,4

Importations

 

8,5

(a)

- 3,9

- 21,7

- 26,8

Prix d'exportation

 

1,0

(a)

- 0,6

- 9,6

- 9,1

Exportations

 

15,0

(a)

- 2,6

- 12,0

- 14,2

 
 
 
 
 
 
 

Autre Asie

 
 
 
 
 
 

PIB

 

8,5

(a)

- 2,3

- 8,6

- 12,5

Importations

 

10,0

(a)

- 4,4

- 17,2

- 21,6

Prix d'exportation

 

1,0

(a)

- 1,9

- 9,8

- 9,5

Exportations

 

15,0

(a)

- 1,2

- 10,3

- 14,5

 
 
 
 
 
 
 

Amérique Latine

 
 
 
 
 
 

PIB

 

4,5

(a)

0

- 2,5

- 4,5

Importations

 

10,0

(a)

0

- 5

- 15

 
 
 
 
 
 
 

Russie

 
 
 
 
 
 

PIB

 

2,0

(a)

0

- 3,0

- 6,0

Importations

 

7,0

(a)

0

- 5

- 20

 
 
 
 
 
 
 

Prix du pétrole

 

19,1

(a)(b)

0

- 30

- 30

Prix des matières

premières

 

3

(a)

0

- 10

- 10

 
 
 
 
 
 
 

Taux de change

 
 

(c)

 
 
 

Yen

121

128

128

0

- 5 %

- 5 %

 
 
 
 
 
 
 

Taux d'intéret court

 
 
 
 
 
 

Etats-Unis

5,3

5,8

5,7

- 0,25

- 0,8

- 1,0

Japon

1,0

1,1

1,7

- 0,25

- 0,6

- 0,9

UE

3,5

4,2

4,9

- 0,25

- 0,7

- 1,0

Taux d'intéret long

 
 
 
 
 
 

Etats-Unis

6,7

7,0

7,2

- 0,25

- 1,6

- 1,7

Japon

2,4

3,0

3,7

- 0,25

- 1,8

- 2,0

UE

5,9

6,5

6,5

- 0,25

- 1,9

- 2,0

Notes : hypothèses ex ante pour taux de change, taux d'intérêt, prix des matières premières

Pour les autres variables, les évolutions sont le résultat d'hypothèses ex ante et de la simulation du modèle.

(a) moyenne 1997-99.

(b) dollars par baril.

(c) yen par dollar.

Les conséquences de la crise asiatique

Selon notre évaluation (tableau 4), la crise réduit le taux de croissance mondial de 1,7 % en 1998 et de 1,5 % en 1999. Le ralentissement dans les pays de l'OCDE 53( * ) , certes moins marqué, est notable : 0,6 %, puis 0,9 %. L'importance de cet impact provient de l'ampleur du choc initial (le volume des importations des pays émergents est réduit d'environ 1,2 % du PIB mondial en deux ans), et aux effets de bouclage que le modèle prend en compte. Un effet multiplicateur (la réduction des exportations conduit dans chaque pays à une baisse des revenus et de la demande interne) et une propagation par les liens commerciaux (des pays peu exposés directement au choc sont affectés car les pays les plus touchés réduisent leurs propres importations) sont en effet à l'oeuvre.

En raison de ses liens commerciaux avec les pays en crise, le Japon est le pays de l'OCDE le plus touché par la crise. Elle contribue pour 1,4 point au recul de la croissance japonaise en 1998. Cependant notre estimation de l'effet de la crise n'est que peu augmentée par rapport à l'évaluation menée en avril. En effet la dépréciation du yen permet de limiter la dégradation du commerce extérieur. Ainsi en 1999, le rythme de croissance des exportations japonaises est ainsi réduit de 2 points contre plus de 3 pour celui des Etats-Unis. Ces derniers subissent en 1999 l'effet de la contraction en Amérique Latine, ce marché représentant 15 % de leurs exportations. Leur croissance est réduite de 1 %, recul qui vient aggraver le retournement cyclique en cours aux Etats-Unis. Moins exposée commercialement, l'Europe est la zone la plus épargnée par les chocs. Certes elle subit l'effondrement russe en 1999, mais cette zone (moins de 2 % des exportations de l'UE) représente pour elle une destination commerciale moins importante que l'Amérique Latine pour les Etats-Unis. Au total à l'horizon 1999 la crise lui aura fait perdre 4 points d'exportations contre plus de 8 points aux Etats-Unis et au Japon. La croissance de l'Union Européenne est amputée de 0,6 point en 1998 et de 0,8 point en 1999 : en l'absence de crise des pays émergents, la croissance en Europe aurait avoisiné 3,5 % en 1998 et 1999.

Dans les pays de l'OCDE, la baisse des taux d'intérêt (la hausse évitée, dans le cas des taux courts) accompagne ce repli de l'inflation, permettant de tempérer la réduction de la croissance. Le tableau 5, qui propose une décomposition des effets de la crise pour l'UE, indique que la baisse des taux d'intérêt contribue positivement pour 0,6 point à la croissance en 1998 et 0,7 point en 1999, tandis que la contraction réelle dans les pays émergents exerce une contribution négative de 1,2 puis 1,5 point. La baisse des taux d'intérêt a selon cette évaluation divisé par deux l'impact de la crise. Il demeure néanmoins significatif : dans tout l'OCDE, le chômage augmente, et les soldes publics connaissent une dégradation mécanique.

La dynamique mondiale de désinflation est alimentée par le cumul de plusieurs facteurs : la baisse du prix du pétrole et des matières premières, la baisse du prix des importations due aux dépréciations, et enfin la hausse du chômage résultant de la moindre croissance. En 1998 et en 1999, le rythme d'inflation est abaissé de 0,6 % au Etats-Unis et de 0,4 % en Europe. Cette désinflation exerce un effet modérateur sur la crise notamment en stimulant la consommation. Au Japon, et dans les NPI d'Asie, par contre, les dévaluations vont dans le sens d'un surcroît d'inflation importé, mais l'ampleur de la récession interne diminue les tensions inflationnistes.

La crise opère une redistribution des soldes commerciaux à l'échelle mondiale, déjà partiellement observable dans les statistiques récentes. Selon nos évaluations, la crise dégrade à l'horizon 1999 le solde courant américain de 12 milliards de dollars, le solde japonais de 28 milliards, le solde de l'Union européenne de 73 milliards. Au total le solde courant de l'OCDE se dégraderait de 130 milliards, redevenant déficitaire comme au début des années quatre-vingt-dix. En dépit d'un recul plus important des exportations, les Etats-Unis connaissent une dégradation du solde courant moindre que l'Europe. En effet ils bénéficient d'une baisse plus marquée des prix à l'importation. De plus selon le modèle MIMOSA, les exportateurs américains ont un comportement de price maker tandis que les européens ajustent à la baisse les prix d'exportation. Enfin l'effet de compétitivité qui tend à accroître les volumes d'importations, ne joue que lentement (courbe en J). La répartition au sein de l'OCDE de la dégradation des balances courantes reste cependant délicate à évaluer. La contrepartie du creusement des balances courantes des pays les plus avancés est le spectaculaire rétablissement des soldes du reste du monde. L'Asie (hors Japon) améliore ainsi en 1999 sa balance courante de près de 150 milliards par rapport au scénario sans crise. L'amélioration pour l'Amérique Latine est de 37 milliards. En revanche, la zone Moyen-Orient Maghreb est particulièrement affectée par la chute des importations en provenance d'Asie et celle du prix du pétrole. Cette zone connaît à la fois un recul marqué de la croissance et un creusement de la balance courante.


4. Impact de la crise selon le modèle Mimosa

Ecart au compte central

Année

1997

1998

1999

PIB en %

 
 
 

Etats-Unis

- 0,2

- 1,3

- 2,3

Japon

- 0,4

- 1,8

- 2,8

Union Européenne

- 0,3

- 0,9

- 1,7

Dragons

- 0,7

- 7,0

- 13,4

Autre Asie

- 2,3

- 8,6

- 12,5

Amérique Latine

0,0

- 2,2

- 4,5

Moyen-Orient Maghreb

- 1,0

- 4,5

- 7,9

CEI

0,0

- 3,0

- 6,4

 
 
 
 

Monde

- 0,5

- 2,2

- 3,7

Prix de la consommation en %

 
 
 

Etats-Unis

0,0

- 0,6

- 1,3

Japon

0,1

0,1

- 0,2

Union Européenne

0,0

- 0,4

- 0,8

Balance courante en milliards de $

 
 
 

Etats-Unis

0

8

- 12

Japon

- 4

- 19

- 28

Union Européenne

- 8

- 34

- 73

OCDE

- 13

- 58

- 133

Dragons

8

56

99

Autre Asie

11

39

49

Amérique Latine

- 2

1

37

Moyen-Orient Maghreb

- 4

- 34

- 44

CEI

0

4

17

Chômage en point

 
 
 

Etats-Unis

0,1

0,5

1,1

Japon

0,1

0,5

0,9

Union Européenne

0,1

0,3

0,7

Solde public en point de PIB

 
 
 

Etats-Unis

- 0,1

- 0,3

- 0,6

Japon

- 0,1

- 0,2

- 0,4

Union Européenne

- 0,1

- 0,3

- 0,6

Taux d'intérêt à court terme en point

 
 
 

Etats-Unis

- 0,3

- 0,8

- 1,0

Japon

- 0,3

- 0,6

- 0,9

Union Européenne

- 0,3

- 0,7

- 1,0

Taux de change en %

 
 
 

Japon

0,0

5,0

5,0

Source : OFCE , modèle MIMOSA.

5. Impact de la crise des marchés émergents sur l'UE : une décomposition

 
 
 
 
 

Année

1997

1998

1999

Impact sur la croissance de l'UE

- 0,3

- 0,6

- 0,8

dont :

 
 
 

Crise en Asie

- 0,4

- 0,9

- 0,6

Extension à l'Amérique Latine et la Russie

0,0

- 0,3

- 0,9

Baisse des taux d'intérêt

0,1

0,6

0,7

Baisse du prix des matières premières

0,0

0,1

0,1

Baisse du yen

0,0

0,0

- 0,1

Impact sur le taux d'inflation de l'UE

0,0

- 0,4

- 0,4

dont :

 
 
 

Crise en Asie

0,0

- 0,1

- 0,3

Extension à l'Amérique Latine et la Russie

0,0

0,0

- 0,1

Baisse des taux d'intérêt

0,0

0,1

0,3

Baisse du prix des matières premières

0,0

- 0,4

- 0,3

Baisse du yen

0,0

0,0

0,0

Note : en raison des arrondis, le total peut différer de la somme des composantes

Source : OFCE , modèle MIMOSA.

Une mise en perspective

Pour mettre en perspective les résultats obtenus, il est utile de les confronter à ceux d'autres travaux. Les résultats de l'évaluation menée par l'OCDE en juin sont rappelés dans le tableau 6. Cette étude attribue à la crise un impact à deux ans sur le PIB de l'UE et des Etats-Unis trois fois moins important que la nôtre ; un effet est légèrement moins marqué pour le Japon (2,0 contre 2,8 pour MIMOSA). Pour l'ensemble des pays de l'OCDE, l'impact calculé par MIMOSA est de 2,2 points de PIB en moyenne contre 0,9 selon l'OCDE.

Une première source de divergence provient des hypothèses sur le champ de la crise. Ainsi l'asymétrie moindre entre Japon d'une part et Etats-Unis et Europe d'autre part dans notre simulation s'explique par notre choix d'associer à la crise une dépréciation du yen. En ce qui concerne la profondeur de la crise, l'OCDE retient les hypothèses suivantes : le volume des importations en 1999 est réduit de 34 % en Corée, de 18 % dans le reste de l'Asie ; les taux d'intérêt réels baissent de 0,5 % aux Etats-Unis et dans l'Union Européenne. Notre évaluation retient un choc plus important pour l'Asie et surtout inclut une chute des importations en Russie et Amérique Latine. Au total le choc ex ante sur les importations des pays émergents est 1,6 fois plus important dans notre simulation (une baisse de 22 % à deux ans des importations totales des trois zones concernées Asie, Amérique Latine, Russie contre 14 % dans la simulation de l'OCDE). Les hypothèses faites sur le taux d'intérêt sont globalement analogues : si les taux réels courts sont stables dans notre simulation, les taux réels longs baissent de près d'un point. Notre simulation retient en outre l'impact, favorable pour l'OCDE de la baisse du prix de matières premières.

Si l'on compare grossièrement les deux simulations en normalisant les hypothèses sur l'ampleur du choc commercial, il apparaît que, toutes choses égales par ailleurs, l'effet estimé par MIMOSA est environ 1,5 fois plus élevé que celui de l'évaluation de l'OCDE. Ce chiffre donne un ordre de grandeur de la différence due aux propriétés internes des modèles utilisés ( i.e . aux choix de spécification, aux différences économétriques tenant à la période et aux données d'estimation) et de l'incertitude entourant cette évaluation.

6. Impact de la crise asiatique selon l'OCDE (juin 1998) et MIMOSA

 

OCDE

MIMOSA

 

PIB (en %)

Balance courante
(milliards de $)

PIB (en %)

Balance courante
(milliards de $)

 

1998

1999

1998

1999

1998

1999

1998

1999

USA

- 0,4

- 0,8

- 13

- 27

- 1,3

- 2,3

+ 8

- 12

Japon

- 1,3

- 2,0

- 12

- 22

- 1,8

- 2,8

- 19

- 28

UE

- 0,4

- 0,6

- 19

- 28

- 0,9

- 1,7

- 34

- 73

Corée

- 6,8

- 9,2

+28

+34

--

--

--

--

Dragons

--

--

--

--

- 7,0

- 13,4

+ 56

+ 99

Sources : OCDE (1998), et tableau 4 (cf infra).

Les incertitudes de la conjoncture mondiale 1998-99

La rechute de l'économie japonaise

L'année 1998 a vu la rechute de l'économie japonaise. La croissance envisagée dans notre prévision d'avril doit être fortement révisée à la baisse : la chute de l'activité japonaise en 1998 devrait atteindre 2,2 %, alors que les observateurs anticipaient au début de l'année une croissance légèrement positive. L'impact de la crise de l'Asie émergente, tel qu'évalué plus haut, ne suffit pas à en rendre compte de cette rechute. Si la politique budgétaire devenue temporairement restrictive en 1997 a joué un rôle, cette dégradation conjoncturelle a sa cause principale dans la contraction spectaculaire de l'investissement privé. Dans une situation de taux d'intérêt nominaux quasi-nuls, cette contraction s'explique par les fortes incertitudes sur la croissance nippone, par la croissance du nombre de faillites, par un comportement bancaire de rationnement du crédit lié à l'accumulation de créances douteuses et une normalisation tendancielle du taux d'investissement japonais (voir Passet, 1998).

On simule ici l'impact d'une chute autonome de l'investissement privé de l'ordre de grandeur de celle intervenue, relativement à l'évolution prévue au début de l'année 1998. Le PIB se contracte ex post de 2,3 points, améliorant mécaniquement la balance courante. La hausse initiale des prix doit être interprété avec prudence : il reflète le fait qu'historiquement l'ajustement de l'emploi au Japon était lent, en sorte que selon les équations du modèle, la productivité diminue fortement en cas de récession, ce qui augmente le coût unitaire du travail. La variante indique que la conséquence d'un tel choc sur l'Union européenne ou les Etats-Unis est une réduction de la croissance de l'ordre de 0,3 point.

Ceci n'implique bien sûr pas que la croissance prévue en avril pour l'UE doive être à ce point révisée à la baisse : la demande intérieure européenne s'est finalement révélée particulièrement dynamique, et notre prévision d'avril sous-estimait sensiblement la croissance des plus petits pays européens. Cependant l'intérêt de cette simulation est d'illustrer le risque que ferait porter à l'économie mondiale un nouveau report de la reprise japonaise.

7. Impact d'une rechute conjoncturelle au Japon

Ecart en % au compte central

Année

1998

1999

PIB en %

 
 

Etats-Unis

- 0,4

- 0,4

Japon

- 2,3

- 2,1

Union Européenne

- 0,3

- 0,3

Prix de la consommation en %

 
 

Etats-Unis

0,0

- 0,1

Japon

0,5

0,0

Union Européenne

0,0

- 0,1

Balance courante en point de PIB

 
 

Etats-Unis

0,0

0,0

Japon

0,4

0,4

Union Européenne

- 0,1

0,0

Chômage en taux

 
 

Etats-Unis

0,1

0,2

Japon

0,6

0,7

Union Européenne

0,1

0,2

Solde public en point de PIB

 
 

Etats-Unis

- 0,1

- 0,1

Japon

- 0,6

- 0,7

Union Européenne

- 0,1

- 0,2

Une dépréciation du dollar

La prévision présentée en avril retenait une valeur de 1,79 DM par dollar en 1998 et 1,65 en 1999. Si la baisse récente du dollar correspond à une évolution anticipée, le recul observé au cours des dernières semaines a été particulièrement marqué : le dollar a chuté de 8 % en un mois, passant de 1,81 DM fin août à 1,66 fin septembre. Plusieurs facteurs font porter les risques du côté d'une accentuation de ce mouvement, et donc d'un niveau plus bas que prévu du dollar en 1999 : le ralentissement américain, la perspective d'une baisse des taux unilatérale aux Etats-Unis, et les réallocations de patrimoine liées à l'introduction de l'euro.

Pour mesurer les conséquences des incertitudes sur la valeur du dollar, nous avons réalisé une variante illustrative de baisse de la devise américaine face à toutes les monnaies. Le dollar est supposé plus bas de 5 % que prévu à partir de 1999, ce qui correspond à une valeur de 1,52 DM et 5,10 francs, si l'on prend comme référence l'hypothèse d'un dollar à 1,60 DM en 1999, incluse dans la prévision de l'OFCE de septembre (OFCE, 1998b). Les taux d'intérêt nominaux sont inchangés.

Une telle évolution réduirait la croissance d'environ un demi-point dans l'Union européenne et au Japon en 1999, et accentuerait encore la désinflation (tableau 8). L'évolution des balances courantes est peu tranchée à l'horizon considéré en raison des effets de " courbe en J " ( i.e. l'évolution contradictoire des prix et des volumes). Cette simulation souligne la nécessité d'une politique monétaire européenne plus active si les différents risques négatifs associés à notre projection se confirmaient.

8. Dépréciation de 5 % du dollar

Ecart en % au compte central

Année

1999

2000

PIB en %

 
 

Etats-Unis

0,3

0,6

Japon

- 0,4

- 0,8

Union Européenne

- 0,5

- 0,7

Prix de la consommation en %

 
 

Etats-Unis

0,2

0,3

Japon

0,0

0,0

Union Européenne

- 0,2

- 0,6

Balance courante en point de PIB

 
 

Etats-Unis

- 0,1

0,0

Japon

0,1

0,0

Union Européenne

- 0,1

0,0

Chômage en taux

 
 

Etats-Unis

- 0,1

- 0,2

Japon

0,1

0,2

Union Européenne

0,2

0,3

Taux de change en %

 
 

Japon

- 5,0

- 5,0

Union Européenne

- 5,0

- 5,0

Source : modèle MIMOSA,OFCE.

Un scénario de baisse concertée des taux d'intérêt

Dans la variante d'évaluation de la crise asiatique, nous avons supposé que celle-ci avait annulé ou différé la perspective d'une hausse des taux d'intérêt dans les pays de l'OCDE. Du fait de la révision en baisse des perspectives de croissance, une stratégie monétaire plus active peut être envisagée. La présente simulation illustre une telle stratégie, en évaluant l'impact d'une baisse concertée des taux d'intérêt 54( * ) . On suppose que pour contrer la crise, l'Union européenne et les Etats-Unis abaissent leurs taux à court terme d'un demi-point. En dépit de l'ampleur de la récession qu'il connaît, le Japon ne peut participer au mouvement, ses taux courts ayant atteint un niveau plancher (0,25 % en septembre 1998). On suppose, en outre, que les taux longs s'ajustent immédiatement, i.e. qu'ils baissent d'un demi-point simultanément. Les taux de change sont supposés inchangés. Cette simulation étant illustrative, elle est présentée en année pleine.

La baisse des taux d'intérêt (tableau 9) stimule principalement l'investissement productif et logement. Dans certains pays, elle provoque aussi une hausse de la consommation. Dans cette simulation, l'Italie se singularise en Europe : du fait de la taille de la dette publique, les revenus d'intérêt net sont une partie importante du revenu disponible des ménages (près de 10 % contre moins de 3 % en France) et les ménages subissent un effet revenu défavorable lors d'une baisse des taux. L'effet y est dépressif sur la consommation et donc moins expansionniste sur le PIB. Au total, la croissance augmente de 0,2 % aux Etats-Unis et dans l'UE l'année où la politique est mise en oeuvre et encore de 0,1 % l'année suivante. Le Japon bénéficie d'un effet d'entraînement favorable.

Selon le modèle MIMOSA une baisse des taux de l'ordre de grandeur d'un demi-point soutient ainsi la croissance, mais ne permet pas de faire face à des aléas très importants, comme par exemple un prolongement de la contraction japonaise. Aussi si un fort ralentissement se concrétisait aux Etats-Unis, un recours à la politique budgétaire serait nécessaire ; il serait facilité par les marges de manoeuvre disponibles : le solde public devrait être excédentaire de 0,4 point de PIB en 1998 ; le solde primaire structurel (hors charges d'intérêt et à conjoncture moyenne) est excédentaire de 1,7 points de PIB 55( * ) . La même nécessité pourrait apparaître en Europe, où les marges de manoeuvre budgétaire pourrait sembler un peu moins favorables. Le solde public serait certes déficitaire de 2 points de PIB en 1998, mais le solde primaire structurel est excédentaire de 2,5 points de PIB. Le solde effectif est creusé par le niveau élevé des taux d'intérêt pratiqués jadis et par l'écart persistent entre la production et la production potentielle.

9. Baisse des taux d'intérêt d'un demi-point en Europe et aux Etats-Unis

Ecart en % au compte central

Année

1998

1999

2000

PIB en %

 
 
 

Etats-Unis

0,2

0,2

0,3

Japon

0,1

0,1

0,2

Union Européenne

0,2

0,3

0,3

Allemagne

0,3

0,5

0,5

France

0,2

0,4

0,4

Italie

0,1

0,2

0,2

Royaume-Uni

0,2

0,3

0,3

Consommation en %

 
 
 

Etats-Unis

0,1

0,2

0,2

Japon

0,0

0,1

0,1

Union Européenne

0,1

0,1

0,1

Allemagne

0,2

0,3

0,3

France

0,1

0,2

0,2

Italie

- 0,1

- 0,2

- 0,2

Royaume-Uni

0,1

0,1

0,1

Investissement productif privé en %

 
 
 

Royaume-Uni

0,1

0,1

0,1

Etats-Unis

0,3

0,7

0,9

Japon

0,1

0,2

0,3

Union Européenne

0,6

1,3

1,4

Allemagne

0,9

1,6

1,5

France

0,5

1,2

1,3

Italie

0,2

0,5

0,6

Royaume-Uni

0,9

2,0

2,3

Investissement logement en %

 
 
 

Etats-Unis

1,0

1,2

1,1

Japon

0,2

0,4

0,5

Union Européenne

0,6

1,0

1,2

Allemagne

0,5

1,3

2,2

France

1,3

1,9

1,8

Italie

- 0,1

- 0,3

- 0,4

Royaume-Uni

0,8

0,8

0,5

Prix de la consommation en %

 
 
 

Etats-Unis

0,0

0,0

- 0,1

Japon

0,0

0,0

0,0

Union Européenne

0,0

0,1

0,2

Balance courante en points de PIB

 
 
 

Etats-Unis

0,0

0,0

0,0

Japon

0,0

0,0

0,0

Union Européenne

0,0

- 0,1

- 0,1

Chômage en taux

 
 
 

Etats-Unis

0,0

- 0,1

- 0,1

Japon

0,0

0,0

- 0,1

Union Européenne

- 0,1

- 0,1

- 0,2

Solde public en point de PIB

 
 
 

Etats-Unis

0,1

0,1

0,2

Japon

0,0

0,0

0,1

Union Européenne

0,1

0,2

0,2

Taux d'intérêt à court et long terme

 
 
 

Etats-Unis

- 0,5

- 0,5

- 0,5

Japon

0,0

0,0

0,0

Union Européenne

- 0,5

- 0,5

- 0,5

Références bibliographiques

EQUIPE MIMOSA (1996) : " La nouvelle version de MIMOSA, modèle de l'économie mondiale ", Revue de l'OFCE , n° 58, juillet.

OCDE (1998) : Perspectives économiques , n° 63, juin 1998

OFCE (1998a) : " Bascule transatlantique, Perspectives pour l'économie mondiale ", Revue de l'OFCE , n° 65, avril.

OFCE (1998b) : " Dans la tourmente financière... Perspectives pour l'économie mondiale ", Revue de l'OFCE , n° 67, octobre.

OFCE (1998c) : " La croissance quand même. Perspectives pour l'économie française ", Revue de l'OFCE , n° 67, octobre.

PASSET O.(1998) " La conjoncture japonaise à la mi-98 ", Lettre de l'OFCE , n° 178, septembre.

RÉGNAULT R.(1998) : " Perspectives à moyen terme de l'économie mondiale", Rapport du Sénat n° 443 , Délégation pour la Planification.

ANNEXE N° 3

RÉSULTATS DES SIMULATIONS RÉALISÉES

À L'AIDE DE MODÈLES MACROÉCONOMIQUES

D'UNE MODIFICATION DU FINANCEMENT

DE LA PROTECTION SOCIALE



I - RÉSULTAT DE LA SIMULATION DU REPROFILAGE DES COTISATIONS SOCIALES

Le tableau 56( * ) ci-dessous propose le résultat d'une simulation réalisée à l'aide du modèle multinational MIMOSA d'une baisse des cotisations employeurs ciblée sur les bas salaires 57( * ) , pour un montant équivalent à 1 point de PIB, dans l'ensemble des pays européens (soit 85 milliards de francs en France, ce qui correspond à une baisse du coût du travail de 9 % pour les salariés concernés), financée par une augmentation des cotisations sociales sur les autres salariés.

BAISSE DE 1 POINT DE PIB DES COTISATIONS EMPLOYEURS DANS L'UE,

CIBLÉE SUR LES BAS SALAIRES, FINANCÉE PAR

REPROFILAGE DES COTISATIONS SOCIALES
58( * )

Taux de change et taux d'intérêt endogènes.

Ecart au compte central en %.

Effet à ...

1 an

3 ans

5 ans

6-10 ans**

PIB

0,2

- 0,2

- 0,9

- 0,6

Prix

0,0

0,1

0,2

0,3

Solde public*

0,2

0,2

- 0,2

- 0,1

Solde extérieur*

0,0

0,0

0,1

0,1

Investissement

0,3

- 0,8

- 2,8

- 1,3

Emploi

0,3

0,6

0,4

0,4

Chômage*

- 0,2

- 0,4

- 0,1

- 0,2

* En points.

** En moyenne.

Source : modèle MIMOSA, OFCE.

A l'horizon de 5 ans, le reprofilage des cotisations sociales se traduirait ainsi par une amélioration de l'emploi (+ 0,4 %, soit + 100 000 emplois environ), mais au prix d'un ralentissement temporaire de la croissance (- 0,9 point de PIB cumulé).

II - RÉSULTAT DE SIMULATIONS D'UN TRANSFERT DES COTISATIONS SOCIALES EMPLOYEURS VERS D'AUTRES TYPES DE PRÉLÈVEMENTS

1. Sous l'hypothèse habituelle des modèles macroéconomiques selon laquelle la substitution capital / travail est peu significative en France.

EFFETS SUR L'EMPLOI À 10 ANS (EN MILLIERS) DU REMPLACEMENT DE L'ASSIETTE COTISATIONS EMPLOYEURS

PAR UNE ASSIETTE ALTERNATIVE POUR UN MONTANT DE 50 MILLIARDS DE FRANCS

 

Modèle AMADEUS (INSEE)

Modèle MOSAÏQUE (OFCE)

Modèle METRIC (1) (Direction de la Prévision)

CSG

+ 100

+ 65

+ 100

Cotisation à la valeur ajoutée

Taxe sur le capital

I.S.

NS

NS

NS

- 6

2

96

 

NS = Non significatif.

(1) Effets à 5 ans.

Source : Rapports Etat/partenaires sociaux sur l'assurance chômage (1994) et Direction de la Prévision.

2. Sous l'hypothèse selon laquelle le capital et le travail sont en partie substituables

EFFETS SUR L'EMPLOI À 10 ANS (EN MILLIERS) DU REMPLACEMENT

DE L'ASSIETTE COTISATIONS EMPLOYEURS PAR UNE ASSIETTE ALTERNATIVE

POUR UN MONTANT DE 50 MILLIARDS DE FRANCS

(ET SOUS L'HYPOTHÈSE D'UNE SUBSTITUTION CAPITAL / TRAVAIL)

 

Modèle MOSAÏQUE (OFCE)

Modèle AMADEUS (INSEE) (1)

Cotisation à la valeur ajoutée (2)

Taxe sur le capital (3)

+ 72

+ 194

+ 177

+ 413

(1) Sous l'hypothèse supplémentaire que les administrations ristournent les bénéfices (en terme de dépenses et de recettes) résultant des effets positifs de la mesure sur l'emploi. Cette hypothèse démultiplie l'effet favorable de la mesure.

(2) Cela correspond à une hausse de 2,5 % du coût relatif du capital par rapport au travail.

(3) Cela correspond à une hausse de 6 % du coût relatif du capital par rapport au travail.

Source : Rapports Etat/partenaires sociaux sur l'assurance chômage (1994) et Direction de la Prévision.



3. L'assiette proposée pour la cotisation à la valeur ajoutée (CVA)


Les tableaux ci-dessous présentent l'assiette de la CVA à partir d'une décomposition du chiffre d'affaires de l'ensemble des entreprises françaises en 1996 (en milliards de francs) :





Chiffre d'affaires

8 370

 

Valeur ajoutée brute

4 180

 

Valeur ajoutée nette

3 610

 
 
 
 
 

Profits 565

 

Coût

du

travail



Valeur

Impôts (IS, TP, etc) 475

ajoutée nette

Cotisations
sociales 1 020

3 610

Salaires

nets 1 550

 
 

Amortissements 570

 
 
 

Achats de

biens et

services

4 190





4. Qui paie les cotisations sociales ou pourquoi alléger les cotisations sociales employeurs et non les cotisations sociales salariés ?

Formellement, les cotisations sociales sont payées pour partie par les salariés, pour partie par les employeurs.

D'un point de vue strictement économique, la pertinence de cette distinction est néanmoins débattue : en effet, les cotisations sociales " patronales ", comme les cotisations sociales " salariés " financent in fine des prestations pour les salariés immédiates (comme l'assurance maladie) ou différées (comme les retraites). A priori, il pourrait ainsi être envisagé de transformer l'ensemble des cotisations sociales " patronales " en cotisations sociales " salariés " sans que le coût du travail, ni les salaires nets, ne soient pour autant modifiés.

Des arguments empiriques plaident toutefois en sens inverse :

- certaines études économétriques suggèrent que les conséquences d'une hausse des taux de cotisations " salariés " sont différentes de celles d'une hausse des taux " employeurs " : dans le premier cas, le coût total du travail augmenterait finalement moins que dans le second ;

- cela résulterait notamment de ce que les négociations salariales portent sur le salaire brut (hors cotisations sociales employeurs).

Dès lors qu'il s'agit d'alléger le coût du travail pour favoriser l'emploi, ces arguments plaident donc pour un allégement ciblé sur les cotisations sociales employeurs.

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