SEANCE DU 4 AVRIL 2001


M. le président. Par amendement n° 14, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose, à la fin du dernier alinéa du I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 6 du code forestier, de remplacer les mots : « présentant de faibles potentialités d'exploitation économique et des intérêts écologiques limités » par les mots : « offrant de faibles potentialités économiques et ne présentant pas d'intérêt écologique important et reconnu ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. L'article 6 du code forestier fixe le seuil de dix hectares de forêt, modulable par département, à partir duquel un plan simple de gestion doit être établi, tout en prévoyant des aménagements, voire des exonérations, pour les forêts publiques ou privées présentant un faible potentiel économique et des intérêts écologiques limités.
Dans ce cas, les propriétaires pourront relever de règlements types de gestion ou d'un code des bonnes pratiques sylvicoles.
La possibilité de lever l'obligation d'établir un plan simple de gestion présentant de faibles potentialités d'exploitation vise à résoudre le cas de forêts dans lesquelles le coût de l'établissement d'un plan simple gestion est disproportionné par rapport au revenu.
Néanmoins, on peut craindre que, s'agissant d'intérêts écologiques limités, la formulation retenue ne soit susceptible d'une interprétation trop extensive, sachant que la richesse de la biodiversité est répartie sur 80 % des territoires naturels et ruraux.
Il vous est donc proposé de retenir une formulation prévoyant que, pour ces forêts où les potentiels d'exploitation sont faibles, le refus de lever ou d'adapter l'obligation d'un plan simple de gestion pour des motifs écologiques sera limité aux seuls cas où les intérêts écologiques sont « importants » et « reconnus », par exemple par une mesure de classement au titre d'une réglementation de protection : réserve naturelle, arrêté de biotope, directive Natura 2000.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Sagesse.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 234, M. Poniatowski et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent, dans le premier alinéa du II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 6 du code forestier, de remplacer le chiffre : « dix » par le chiffre : « cinq ».
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. En vue d'améliorer la productivité des massifs et compte tenu du morcellement excessif de la propriété privée, il importe d'inciter au maximum au regroupement.
Cette proposition ne constitue pas une contrainte pour les petits propriétaires forestiers, puisque c'est « sur leur demande » qu'ils pourraient approuver un document de gestion dès lors qu'il concernerait un ensemble de parcelles forestières d'une surface totale d'au moins 5 hectares.
Fidèle à ma logique, je préfère convaincre, inciter plutôt qu'imposer.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François, rapporteur. On peut avoir des doutes sur la capacité des CRPF à répondre aux demandes des propriétaires qui sollicitent un plan simple de gestion à titre facultatif. L'abaissement du seuil obligatoire de 25 à 10 hectares dans certains départements entraînera fatalement des files d'attente. L'abaissement à 5 hectares proposé par M. Poniatowski accentuerait encore ce phénomène.
Le règlement type de gestion introduit par le projet de loi ou encore la faculté pour plusieurs propriétaires de présenter en commun un plan simple de gestion ne constituent-ils pas des solutions plus adaptées à ces petites surfaces ? En conséquence, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Pour ma part, je ne m'en remettrai pas à la sagesse du Sénat.
Monsieur Poniatowski, pendant toute la discussion générale, les sénateurs de la majorité sénatoriale m'ont reproché de créer des contraintes supplémentaires pour les propriétaires privés. Or que faites-vous ? Vous en ajoutez une. Vous portez, en effet, à 5 hectares le seuil de 10 hectares prévu par le projet de loi au motif qu'il n'est pas suffisant.
Honnêtement, vous en faites trop. Les contraintes que vous faites peser sur les petits propriétaires privés sont excessives. N'en faites pas trop, ou alors cessez vos remarques sur les contraintes que le Gouvernement ferait peser par ce projet de loi sur les petits propriétaires privés.
Monsieur Poniatowski, je vous en supplie pour les petits propriétaires privés, retirez votre amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 234, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 235, M. Poniatowski et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent, dans la première phrase du deuxième alinéa du II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 6 du code forestier, de remplacer le chiffre : « dix » par le chiffre : « cinq ».
Cet amendement n'a plus d'objet.
Par amendement n° 15, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de supprimer la deuxième phrase du deuxième alinéa du II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L.6 à insérer dans le code forestier.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Cet amendement vise à supprimer la mention « rendant possible la gestion en commun de plusieurs parcelles par un mandataire unique », cette disposition n'ayant aucune valeur normative et relevant de la seule volonté des parties.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche.
La possibilité de faire appel à un gestionnaire en commun pour la gestion coordonnée des parcelles boisées ou à boiser appartenant à plusieurs propriétaires et dont la surface totale est au moins égale à 10 hectares me paraissait une incitation utile. Je propose donc le rejet de l'amendement n° 15.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 16, M. François, au nom de la commission des affaires économiques, propose de supprimer le dernier alinéa du paragraphe II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 6 à insérer dans le code forestier.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe François, rapporteur. Le dernier alinéa de l'article L. 6 du code forestier ajouté par l'Assemblée nationale prévoit la consultation par le public des documents d'orientation régionale et des documents d'aménagement des forêts relevant du régime forestier. Une partie de ce dispositif ayant été insérée à l'article L. 4, il vous est proposé, mes chers collègues, de supprimer cet alinéa. Simplifions, simplifions !...
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. J'étais défavorable à l'amendement tout à l'heure, car je savais bien qu'on allait proposer ultérieurement une suppression. Or vous venez de reconnaître, monsieur le rapporteur, que vous n'avez proposé de transférer à l'article 4 du code forestier qu'une partie du dispositif qui figure à l'article L. 6. Pour ma part, je suis contre cette restriction de l'ouverture au public d'un certain nombre de documents. Je demande donc le maintien de cet alinéa et le rejet de l'amendement n° 16.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 6 du code forestier.

(Ce texte est adopté.)
M. le président. Mes chers collègues, en une heure trois quarts, nous avons examiné cinquante-trois amendements, ce qui me semble un assez bon rythme. Je souhaite que le débat continue ainsi de façon à pouvoir terminer demain soir, comme prévu.
Nous allons interrompre maintenant nos travaux. Nous les reprendrons à seize heures quinze.
La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à douze heures cinquante-cinq, est reprise à seize heures vingt-cinq, sous la présidence de M. Guy Allouche.)