Appartenance politique :
Groupe Socialiste
État civil :
Né le 31 mars 1902
Décédé le 7 mars 1994
Profession :
Directeur de services industriels
Département :
Corrèze

Elu le 8 décembre 1946
Elu le 7 novembre 1948
Elu le 19 juin 1955
Fin de mandat le 26 avril 1959 (Elu(e) sénateur de la cinquième République)

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

CHAMPEIX (Marcel)

Né le 31 mars 1902 à Masseret (Corrèze)

Décédé le 7 mars 1994 à Limoges (Haute-Vienne)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Corrèze)

Conseiller de la République, puis Sénateur de la Corrèze de 1946 à 1958

Secrétaire d'Etat chargé des affaires algériennes du 1er Février 1956 au 13 Juin 1957, puis du 19 Juin au 6 Novembre 1957

Au terme de ses études secondaires effectuées au lycée de Tulle, Marcel Champeix entre tôt dans la vie active comme instituteur, et dans la vie politique, comme militant de la SFIO. Il milite au sein du syndicat interdépartemental des instituteurs de la Corrèze, et brigue son premier mandat électif aux législatives d'avril 1936, dans la circonscription de Brive-Nord ; à l'issue du premier tour, il se plie à la discipline républicaine en se retirant en faveur du candidat radical, mieux placé.

Mobilisé en septembre 1939 comme officier de réserve, son courage au combat lui vaut la Croix de guerre.

De retour à Masseret en juin 1940, il fait l'objet de menaces incessantes de la part de la Légion française des combattants, du fait de son engagement politique et syndical antérieur. Sur ordre, l'administration de l'éducation procède à son déplacement d'office ; pour ne pas s'éloigner de son village natal, Marcel Champeix obtient alors un congé pour convenances personnelles.

Résistant actif, c'est à Toulouse, dans l'imprimerie d'un journal clandestin, qu'il est arrêté en 1942 ; détenu d'abord au camp de Compiègne, il est ensuite déporté à Mauthausen. Il se trouve encore en détention lorsqu'il est élu en avril 1945 à la mairie de Masseret.

Puis, en octobre 1945, il devient conseiller général d'Uzerche, mandat que son père avait détenu avant guerre durant près de trente ans.

Il se consacre alors entièrement à l'action politique, avec son élection comme député de la Corrèze aux deux Assemblées nationales Constituantes, en tête de la liste SFIO. Au sein de la première Constituante, il siège à la Commission des affaires économiques et à la Commission de l'agriculture ; il est également nommé juré à la Haute Cour de Justice, fonction où il est reconduit dans la seconde Constituante. Il dépose, en février 1946, une proposition de loi portant organisation de la recherche agronomique, et création d'un Institut national de la recherche agronomique.

Puis, dans la seconde Constituante, il est membre de la Commission de l'agriculture et de la Commission de l'éducation nationale, et rédige, en août 1946, une proposition de loi sur l'enseignement post-scolaire agricole.

Mais il ne peut conserver son siège aux législatives du 10 novembre 1946, et se présente alors au Conseil de la République, le 8 décembre suivant : avec 118 voix sur 619 suffrages exprimés, il remporte le siège attribué sur le plan interdépartemental.

Le 7 novembre 1948, il conduit la liste d'Union socialiste, radicale et républicaine, qui remporte dès le premier tour les deux sièges à pourvoir ; lui-même recueille alors 494 voix sur 722 suffrages exprimés. Puis il est aussi facilement réélu le 19 juin 1955, sur la liste commune d'Union socialiste, radicale et républicaine : il obtient alors 416 voix sur 734 suffrages exprimés.

Au Conseil de la République, il siège à la Commission de l'agriculture et à la Commission de l'éducation nationale. Sa première intervention publique porte sur le statut des déportés et internés politiques, situation qu'il connaît bien pour l'avoir vécue lui-même.

Puis il est chargé par la Commission de l'intérieur, où il siège depuis janvier 1949, du rapport sur le projet de loi portant autorisation de transformation d'emplois et réforme de l'auxiliariat, discuté en décembre de la même année. Il s'exprime, en 1951, sur l'élection des membres de l'Assemblée nationale, ainsi que sur l'institution d'un compte spécial du Trésor, la situation économique et scolaire de la Martinique, et les dépenses de l'aviation civile et commerciale.

En décembre 1952 est organisé un débat consécutif à sa question orale sur la reconstruction de l'école normale de Tulle et, en mars 1954, un débat sur la manufacture nationale d'armes de cette ville.

Marcel Champeix prend également part à la discussion sur la réforme de la Constitution, en 1954. Son influence croissante au sein du groupe socialiste se traduit, en janvier 1955, par son élection à la vice-présidence du Conseil de la République, fonctions qu'il conserve jusqu'à sa nomination au gouvernement ; il intervient, en 1955, sur les accords de Paris, puis sur l'état d'urgence en Algérie.

C'est d'ailleurs le poste délicat de secrétaire d'Etat à l'intérieur, chargé des affaires algériennes, que lui confie Guy Mollet au sein du gouvernement qu'il constitue le 1er février 1956 ; il gardera ces fonctions dans le cabinet Bourgès-Maunoury.

L'action qu'il préconise alors est résumée dans un discours qu'il prononce à Aubusson, en mai 1956 : « Ce n'est point une guerre que nous avons à gagner, c'est l'âme d'un peuple ». Mais les relations entre la métropole et l'Algérie sont déjà trop compromises pour qu'une telle politique puisse s'appliquer. Néanmoins, après son départ du gouvernement, Marcel Champeix exprime ses convictions toujours intactes lors du débat, en janvier 1958, sur les institutions de l'Algérie.

Le 2 juin 1958, il vote contre les pleins pouvoirs, et ne prend pas part au vote du 3 juin sur la révision constitutionnelle.

Il est réélu aux sénatoriales d'avril 1959.

Ve République

CHAMPEIX (Marcel, Roger, Gabriel, Gustave)

Né le 31 mars 1902 à Masseret (Corrèze)

Décédé le 7 mars 1994 à Limoges (Haute-Vienne)

Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Corrèze)
Conseiller de la République puis sénateur de la Corrèze de 1946 à 1980

Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, chargé des Affaires algériennes du 1er février 1956 au 13 juin 1957

Secrétaire d'Etat à l'Algérie du 19 juin 1957 au 6 novembre 1957

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français, 1940-1958, tome III, p. 92-93)

Bien que proche de Guy Mollet, le sénateur Marcel Champeix est hostile au retour au pouvoir du général de Gaulle en juin 1958. Il siège néanmoins au Comité consultatif constitutionnel que dirige le Président Paul Reynaud à l'été 1958. Quelques mois plus tard, les élections sénatoriales du 26 avril 1959 sont considérées comme la dernière étape de la mise en place des institutions de la Ve République. Marcel Champeix y conduit une liste « d'Union socialiste, radicale et républicaine ». Il est alors réélu très confortablement sénateur de la Corrèze, obtenant 468 voix sur 701 (66,8%).

Fidèle au groupe socialiste, l'ancien secrétaire d'Etat siège à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale du Sénat de 1959 à 1980. Il occupe la vice-présidence de cette commission permanente dès octobre 1960 et la conserve jusqu'en 1980 également.

Pendant les premières années de la Ve République, c'est sur la question algérienne que Marcel Champeix s'exprime le plus volontiers en séances publiques. Il en a en effet assumé la responsabilité dans deux gouvernements successifs sous la IVe République. La politique menée par le général de Gaulle et Michel Debré en Algérie suscite d'abord sa méfiance : il craint que les gaullistes « veuillent une intégration de l'Algérie à la métropole sans [pour autant consentir à de] profonds changements internes à l'Algérie ». Il prononce ces propos au Sénat, le 25 juin 1959, sans se résoudre à envisager « l'abandon ou la perte de l'Algérie » à cette époque. Le 26 novembre 1959, il critique durement le projet de loi relatif à la promotion sociale en Algérie au nom du groupe socialiste. Marcel Champeix prédit que ce texte restera « un cadre vide », ses moyens de financement étant « imprécis et aléatoires ». Il accorde toutefois les pouvoirs spéciaux au gouvernement de Michel Debré pour ramener l'ordre après la semaine des barricades en Algérie (3 février 1960).

Mais l'ancien secrétaire d'Etat reste avant tout un élu de la Corrèze. Il en défend les intérêts au lendemain des terribles inondations d'octobre 1960, qui ont compromis le fragile équilibre économique du département (séance du 1er décembre 1960). Lorsque le IVe Plan arrive en débat devant la Haute assemblée, le sénateur socialiste ne cache pas que les moyens prévus pour accélérer le développement économique de l'Auvergne et du Limousin lui paraissent insuffisants. Il juge possible de développer au contraire dans ces régions un « tourisme populaire » d'un nouveau genre, et d'y rationaliser l'exploitation forestière (5 juillet 1962). Ses critiques à l'encontre du pouvoir gaulliste vont crescendo après 1962, comme celles des socialistes et d'une majorité de sénateurs. Ainsi ne voit-il dans la loi portant amnistie politique des actes commis pendant le conflit algérien que « condescendance résignée d'un pouvoir sans vraie grandeur », le 12 mai 1966. En prévoyant que l'amnistie puisse être décidée par décret dans son article 5, ce texte soumet à ses yeux la paix civile au « bon plaisir du prince » et confond sciemment la grâce et l'amnistie, pour mieux ôter au Parlement le droit de décider de cette dernière. Marcel Champeix reproche au gouvernement de Georges Pompidou d'user des promesses de subventions comme arguments électoraux (question orale déposée le 11 avril 1967) et interprète les événements de mai 1968 comme une révolte de la société et de la jeunesse française contre un pouvoir insuffisamment libéral. Au nom des sénateurs du groupe socialiste, il dépose dès le 9 mai 1968 une proposition de loi pour que les faits afférents aux manifestations d'étudiants des semaines précédentes soient amnistiés. Marcel Champeix se rend même au théâtre de l'Odéon le 16 mai 1968, afin de convaincre le groupe d'artistes, de gens de théâtres, d'étudiants et de travailleurs qui l'occupe que les « anciens partis » comme la SFIO peuvent « renforcer » le mouvement de contestation dans son opposition au pouvoir gaulliste. Il combat ensuite avec détermination en faveur du « non » au référendum du 27 avril 1969 et ne tempère guère ses critiques après le départ du général de Gaulle. Son autorité au sein du groupe socialiste du Sénat est très solidement établie au début des années 1970.

Marcel Champeix approuve les initiatives « libérales » comme la réforme des régimes matrimoniaux (11 mai 1965) ou la légalisation de la contraception médicamenteuse (5 décembre 1967).

Il revient à l'ancien ministre de Guy Mollet d'assumer localement une partie de la responsabilité des nouvelles orientations stratégiques du Parti socialiste dès 1969 et plus encore après le congrès d'Epinay. Contrairement à une partie des socialistes corréziens, il se montre en effet fidèle à Alain Savary puis à François Mitterrand. Il soutient même le rapprochement avec les communistes et les radicaux de gauche, que consacre le Programme commun de 1972, alors qu'il a longtemps été considéré localement comme un adversaire déterminé du PCF.

Or, l'emprise de la gauche modérée sur la Corrèze est « bousculée » par les gaullistes Jean Charbonnel et Jacques Chirac à partir du milieu des années 1960. Les sénatoriales du 26 septembre 1971 en témoignent. Pour la première fois sous la Ve République, Marcel Champeix doit y affronter un second tour pour être réélu, par 358 voix sur 669 (53,5%), cependant qu'un candidat « de droite », Jacques Coudert, arrache le second siège disponible.

Paradoxalement, Marcel Champeix est conduit dans les années 1970 à jouer un rôle national plus important, quand son influence en Corrèze tend à s'éroder. Après le décès d'Antoine Courrière, il lui succède en effet comme président du groupe socialiste au Sénat en 1974. Ces responsabilités nouvelles le conduisent à prendre plus fréquemment la parole en séance publique au Palais du Luxembourg. D'un peu plus de trois interventions par an en moyenne entre 1962 et 1969, il passe à près de 15 entre 1975 et 1980. Le 5 mai 1977, il invite par exemple le gouvernement de Raymond Barre à un changement de perspective dans la conduite de sa politique pour l'emploi : le sénateur de la Corrèze affirme en effet avec force que le chômage doit désormais être considéré comme un problème structurel et non plus conjoncturel.

Pour autant, les positions du groupe socialiste du Sénat perdent peut-être en « spécificité » par rapport à celles du parti dans la seconde moitié des années 1970, dans un contexte de forte polarisation politique il est vrai. L'initiative que Marcel Champeix prend au nom du groupe socialiste, en déposant une proposition de loi sur la décentralisation sur le bureau du Sénat, le 15 janvier 1980, répond en revanche à une préoccupation ancienne des sénateurs de la gauche modérée, en même temps qu'elle fait écho aux projets désormais endossés par le Parti socialiste sur ce sujet. Le 25 février 1980, lors du débat sur le projet de loi d'orientation agricole, le sénateur de la Corrèze dresse un bilan très sévère de la politique agricole conduite depuis le début des années 1960. Il croit pouvoir constater en particulier que la loi d'orientation agricole du 5 août 1960 a échoué dans ses objectifs de réduction de la disparité des revenus entre les agriculteurs et les autres catégories de population.

Le sénateur socialiste de la Corrèze s'oppose à la création des régions (29 juin 1972) mais se prononce en faveur de l'abaissement de l'âge de la majorité à 18 ans (28 juin 1974). Il vote les lois sur l'interruption volontaire de grossesse (20 décembre 1974) et la réforme du divorce (18 juin 1975).

Membre du Conseil régional du Limousin et maire de Masseret, Marcel Champeix semble toujours aussi bien implanté à la fin des années 1970, quoiqu'il ait abandonné son mandat de conseiller général d'Uzerche plusieurs années auparavant. Dans l'allocution qu'il prononce en qualité de doyen d'âge pour l'ouverture des travaux du Conseil régional du Limousin, le 26 janvier 1980, il s'autorise même des critiques si vives contre le Gouvernement que le préfet de région préfère quitter la salle pour ne pas donner l'impression de les cautionner. Cet épisode a-t-il affaibli politiquement Marcel Champeix ? Lors des élections sénatoriales du 28 septembre 1980, la personnalité attachante de l'ancien instituteur, son influence nationale et la fidélité des grands électeurs socialistes ne suffisent plus à compenser une certaine usure liée au cumul des mandats dans le temps. L'échec de Marcel Champeix se dessine dès le 1er tour de scrutin, puisqu'il n'obtient que 159 suffrages sur 680, contre 300 pour le gaulliste Henri Belcour et 355 pour l'ancien maire de Tulle, Georges Mouly. Même en cas de retrait du candidat communiste, Roger Lajoinie, lors du scrutin décisif, le total des voix de gauche n'aurait pas permis au sénateur socialiste d'être reconduit. Seules 183 voix se portent sur son nom au second tour. Ce choix des grands électeurs corréziens marque une nouvelle étape dans le contrôle du département par Jacques Chirac. Après sa défaite, Marcel Champeix transmet à la presse locale une déclaration d'une rare élégance, ne souhaitant pas « altérer [...] par des commentaires la spontanéité et la profondeur de [s]es sentiments de gratitude » envers les Corréziens, qu'il a représentés à Paris pendant plus de trente ans.

Ses anciens collègues manifestent leur estime à Marcel Champeix en le faisant Président d'honneur du groupe socialiste du Sénat dès l'automne 1980. L'ancien secrétaire d'Etat se réjouit de la victoire de François Mitterrand en mai 1981 et reste maire de sa commune natale de Masseret jusqu'en 1983. Puis il se retire de la vie publique et se consacre tout entier à sa passion pour la poésie. Il meurt à l'hôpital de Limoges, quelques jours avant de fêter son 92e anniversaire.

Marcel Champeix était commandeur de la Légion d'honneur et grand officier de l'ordre national du Mérite. Il avait également été décoré de la Croix de guerre 1939-1945 avec palme, de la Croix de combattant volontaire de la Résistance et des Palmes académiques.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Marcel CHAMPEIX

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