État civil :
Né le 10 mai 1919
Décédé le 3 février 2002

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Assemblée nationale de la République francaise

Groupe démocratique pour la Communauté

secrétaire du Sénat

Membre de la commission de la législation
Membre de la commission de la recevabilité

Député de l'Assemblée nationale française

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République

DILIGENT (André)

Né le 10 mai 1919 à Roubaix (Nord)

Décédé le 3 février 2002 à Villeneuve d'Ascq (Nord)

Député du Nord de 1958 à 1962

Sénateur du Nord de 1965 à 1974 et de 1983 à 2001

C'est à peine 8 mois après l'armistice de 1918 qu'André Diligent naît à Roubaix. Fils de Victor Diligent, figure du Sillon, il est le filleul de Marc Sangnier. Après avoir fréquenté l'Institution Notre-Dame-des-Victoires jusqu'à son baccalauréat, il entend poursuivre la tradition familiale en obtenant une licence de droit à la faculté de Lille. Alors que la guerre éclate, il est mobilisé et affecté à Marrakech où il peut finir ses études. Revenu en métropole fin 1942, André Diligent intègre la Résistance au sein d'un syndicat de confectionneurs. Il tirera de cette expérience, 20 ans plus tard, un livre Un cheminot sans importance (1975, prix littéraire de la Résistance 1979). En septembre 1944, alors que la Libération progresse, il est nommé un temps commissaire adjoint à l'information pour la région du Nord et parallèlement devient avocat dans sa ville natale. S'il mène une brillante carrière professionnelle, il se passionne pour le monde médiatique. Il réussi à combiner cette attirance avec son ancrage local : en 1975, il devient actionnaire du groupe Nord-Eclair-éditions (éditeur du quotidien régional Nord-Eclair) puis président de son Conseil d'administration de 1979 à 1989.

André Diligent entame sa carrière politique dès les élections municipales de 1947 : il devient ainsi conseiller dans une ville acquise historiquement à la gauche mais où le catholicisme social, mué en démocratie chrétienne, rencontre un certain écho. Participant à une singulière coalition locale SFIO-MRP-Indépendants, il est nommé adjoint par le maire Victor Provo de 1949 à 1954 et de 1965 à 1977. Battu en 1977, les électeurs l'élisent maire six ans plus tard. Réélu en 1989, il doit abandonner la première magistrature de sa ville natale en 1994 pour raison de santé à son adjoint René Vandierendonck.

Dans les années 1950, alors qu'il considère comme imprenable la mairie de Roubaix, il projette de s'investir au sein du département du Nord. Mais, candidat MRP, il échoue par deux fois : en 1955 dans le canton de Roubaix-Est et en 1958 dans celui de Roubaix-Ouest. Son investissement local le pousse à être pendant quelques mois conseiller régional de novembre 1973 à septembre 1974 en tant que parlementaire. Il réintègre l'assemblée du Nord-Pas-de-Calais de 1986 à 1992 en prenant la tête d'une liste UDF qui réalise 14,21% des voix.

Dans la lignée de son père, André Diligent s'est constamment investi dans les différents partis politiques de la sphère démocrate chrétienne. Membre du bureau national du MRP dès 1963, il s'implique ensuite dans le Centre démocrate comme membre du comité directeur à partir de 1967. En 1973, il en est le vice-président et conserve cette position au sein du Centre des démocrates sociaux (CDS) dès sa création en 1976. Ami de François Bayrou, il le côtoie ensuite au sein de Force démocrate (1995-1998) puis uniquement de l'UDF.

C'est sous les couleurs du MRP qu'il est élu député de la 8e circonscription du Nord le 30 novembre 1958. A l'Assemblée nationale, membre du groupe des Républicains populaires et du centre démocratique (RPCD), il est nommé à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales durant tout son mandat. En juin 1961, il rédige un rapport au nom de cette dernière sur une proposition de loi tendant à étendre le bénéfice des allocations familiales aux familles des apprentis durant toute la durée de l'apprentissage. Mais c'est surtout dans le domaine des médias qu'il se spécialise. Membre de la commission chargée de la surveillance et du contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence (1960), il appelle à la plus grande vigilance sur les contenus amoraux. Les questions concernant l'ORTF focalise particulièrement son activité parlementaire. Il dépose ainsi plusieurs propositions de loi sur ce sujet en 1961 et 1962 et dénonce régulièrement l'emprise, qu'il juge trop forte, de l'exécutif sur les contenus, comme lorsqu'il déclare en novembre 1961 « un service public ne doit pas être confondu avec un service de gouvernement ». Dans un tout autre domaine, le 4 octobre 1962, il dépose une proposition de loi tendant à fixer à 20 ans la majorité électorale et la majorité civile.

En séance, il prend aussi régulièrement la parole à propos de la presse, de la radio et de la télévision. Il intervient également dans des domaines aussi divers que l'éducation nationale, la politique de l'énergie ou la guerre d'Algérie. Ainsi, en juin 1962, il prend part au débat sur la question orale de Patrice Brocas relative au rapatriement des Français musulmans. Dénonçant le grave danger que ceux-ci courent du fait de leur soutien à la France, il demande à Louis Joxe et à Pierre Messmer de prendre des mesures afin de garantir leur sécurité. A l'automne 1962, ses électeurs ne lui renouvellent pas leur confiance. En tant que député, André Diligent avait été élu par ses pairs au Sénat de la Communauté, en juillet 1959, dont il occupa le poste de secrétaire pendant les quelques mois de son existence.

Le 3 février 1960, alors que le MRP est représenté au sein de l'exécutif, le Roubaisien vote la loi autorisant le gouvernement à prendre, en vertu de l'article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'Etat, à la pacification et à l'administration de l'Algérie. Le 4 octobre 1962, il vote la motion de censure visant à renverser le gouvernement Pompidou.

L'avocat roubaisien revient au Parlement en 1965 comme sénateur du Nord à la tête d'une liste MRP, la Liste d'action sociale, familiale et rurale. Au palais du Luxembourg, il rejoint le groupe des Républicains populaires et du Centre démocratique (RPCD) qui devient le groupe de l'Union centriste des démocrates de progrès (UCDP) en 1968. De 1965 à 1967, André Diligent est membre de la commission des affaires culturelles puis de 1967 à 1974 de celle des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Elu très actif, il se spécialise ici encore dans un domaine qu'il maîtrise bien, les médias, sur lesquels il écrit un ouvrage de réflexion en 1965, La télévision, progrès ou décadence. Rapporteur des budgets de l'ORTF pour les projets de lois de finances de 1967 à 1974, il pose aussi des questions orales sur ce sujet : à propos des problèmes d'antennes (1966), de diffamation et d'injures (1967) ou encore de la publicité (1968). Son intérêt se porte aussi sur les questions de l'habitat et du logement, de la politique de la ville ou encore sur tout ce qui concerne l'activité économique de sa région. Ainsi s'intéresse-t-il aux différents projets de tunnel sous la Manche (1968, 1973) et à leurs incidences en matière d'emploi, ou encore à l'avenir de l'industrie textile de sa région. Dans une moindre proportion, les questions sociales font aussi l'objet de son travail, comme les questions liées à l'autorité parentale (1970), à l'adoption (1972), au proxénétisme (1972) ou aux drogues et stupéfiants (1973). Aux élections sénatoriales de septembre 1974, André Diligent n'est pas réélu.

Cependant, de 1979 à 1984, il est élu député à l'Assemblée des Communautés européennes sur la liste UDF - Union pour la France en Europe conduite par Simone Veil.

Les grands électeurs du Nord lui font de nouveau confiance en 1983 et en 1992 pour les représenter au sein de la Haute assemblée. Il retrouve alors le groupe UCDP qui devient Union centriste (UC) à partir de 1984. Au cours de ses 18 années de mandat, il est membre de la commission des lois (1983), puis de la commission des affaires économiques (1983-1984), puis de celle des affaires sociales (1984-1987 et 1994-1995), et enfin de celle des affaires culturelles (1987-1994 et 1995-2001). Ses domaines de prédilection restent les mêmes mais il se concentre moins sur le domaine audiovisuel, bien qu'il soit membre du conseil d'administration de France 3 de 1995 à 2001. L'aménagement du territoire, les finances locales, la politique migratoire s'ajoutent à ses centres d'intérêt, que ce soit dans les propositions de loi qu'il cosigne ou dans ses interventions en séance. De 1989 à 2001, André Diligent est aussi juge à la Haute Cour de justice et de 1990 à 1994, il est membre du Haut Conseil à l'intégration créé par Michel Rocard.

Au palais du Luxembourg, André Diligent vote la loi Neuwirth en 1967 facilitant la contraception. Il s'abstient en 1972 lors du vote sur la loi portant création et organisation des régions. L'année d'après, il apporte sa voix à la loi Royer sur la préservation de l'artisanat et du petit commerce. Peu après l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à l'Elysée, il soutient l'abaissement de l'âge de la majorité à 18 ans. En 1988, l'élu centriste est favorable à l'institution du revenu minimum d'insertion. Il vote également la réforme de la Constitution en vue de l'adoption du traité de Maastricht en 1992, et la réforme des retraites et de la protection sociale en 1993. Alors que la gauche est revenue au pouvoir, il s'oppose à la loi Aubry sur la réduction du temps de travail en 1998 mais est favorable au PACS l'année suivante. Doutant de son opportunité, il s'abstient lors du vote de la loi constitutionnelle relative à l'égalité entre les femmes et les hommes en 1999.

Alors que son échec aux sénatoriales de 2001 met un terme à 54 années d'une riche carrière politique, André Diligent décède quelques mois plus tard à l'âge de 82 ans. Surnommé amicalement le « candide du Sénat » pour la défense de ses idéaux, il a toujours refusé de recevoir la Légion d'honneur.

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